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Ramadan : manger et dormir beaucoup, travailler et produire peu
05/05/2019 | 15:59
5 min
Ramadan : manger et dormir beaucoup, travailler et produire peu

 

Voici arrivé le mois saint, celui de l’ascèse et de la purification, celui de la méditation et de l’élévation. Si dans les préceptes, Ramadan est une période de privation et de pardon, il n’y a qu’à aller creuser un peu, ou même juste gratter, pour se rendre compte que dans nos contrées la réalité est toute autre. Quand on tape « Ramadan Tunisie » sur un moteur de recherche les résultats sont édifiants : on ne parle que d’attentat, de viande, de feuilletons et de sitcoms, de dattes, de cafés et d’horaires administratifs…comme chaque année, depuis des années…

 

 

Ramadan frappe à nos portes et amène avec lui son lot de magie et aussi ses contraintes. Si la plupart des Tunisiens sont préoccupés par leur couffin et se ruent vers les grandes surfaces et autres marchés pour s’approvisionner, quelques-uns, planifient déjà leurs crimes pour maculer du sang des innocents ce mois saint. Hier, samedi 4 mai, ministère de l’Intérieur a annoncé que les sécuritaires ont réussi à mettre en échec des attaques terroristes qui allaient se produire durant le mois de Ramadan.

Les forces de sécurité sont aux aguets et les opérations se succèdent pour capturer les terroristes membres du groupe Okba Ibn Nafaâ.  Suite à l’arrestation du terroriste Raed Touati, elles ont réussi à avoir, lors de l’interrogatoire, des informations très importantes qui leur ont permis de déjouer des attaques prévues pour le mois de Ramadan. Le mois du jeûne est désormais une période très « sensible », depuis 2013 quand était assassiné l’opposant Mohamed Brahmi et 2014 quand furent attaqués et tués 15 soldats au mont Châambi. Des mesures ont été prises pour parer aux attaques et depuis 2016, ramadan échappe à l’horreur des hommes.

 

Sans aller jusqu’à tuer les « mécréants », l’Etat fait aussi ce qu’il juge adéquat pour « protéger » la foi des pratiquants de ces tentateurs qu’on se doit de cacher et d’isoler. Chaque année, la quasi-totalité des restaurants et cafés baissent leurs rideaux au mois de ramadan ou se déguisent en gazettes bondées et enfumées. Pour cette saison toutefois, une lueur d’espoir semble se faire voir. Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, René Trabelsi a annoncé l’ouverture « exceptionnelle » de certains cafés et restaurants au mois de Ramadan. Il s’agit essentiellement des cafés situés dans les zones touristiques du pays, a-t-il souligné.

 

René Trabelsi n’a pas omis de relever que la coïncidence du mois de Ramadan avec les festivités du pèlerinage de la Ghriba porte un message de « tolérance et de coexistence ». C’est sans doute cette « tolérance » qui fera coexister cette année quelques cafés et des jeûneurs. Une nouvelle qui n’est pas du goût de tous, bien évidemment.

 

 

 

Noureddine Bhiri, ancien ministre de la Justice et actuellement député du mouvement islamiste Ennahdha, a indiqué, pour sa part, qu’il est contre l’ouverture des cafés et des restaurants durant les journées de Ramadan.

« Les propriétaires des cafés doivent respecter les jeûneurs. Saviez-vous ce qui différencie les pays développés aux pays en voie de développement : c’est le respect de l’autre ! Et c’est d’ailleurs pour cette raison que les musulmans vivant à l’étranger n’ont pas été importunés. Ce n’est malheureusement pas le cas en Tunisie !», a déclaré le parlementaire ajoutant qu’il n’est pas bien de prendre en photo ou de filmer les non-jeûneurs ou même de les agresser. Une précision de taille, quand on sait que chaque année ceux qui ne jeûnent pas font l’objet d’une chasse aux sorcières et que nombreux prennent les devants et se filment eux-mêmes pour narguer les gardiens de la foi. Une opposition qui donne lieu à des agissements et des propos encore plus ridicules chaque année. C’est aussi cela ramadan.  

 

Ramadan est à l’ère des photos et des films, des posts Facebook et des groupes secrets, mais reste profondément marqué par un archaïsme imposé tant au niveau des messages qu’on lui fait porter que de sa datation. Hier, une photo a été massivement partagée sur les réseaux sociaux, celle d’un décret promulgué en 1960 par le président Habib Bourguiba concernant la fixation des dates de début et de fin du ramadan. Ce décret dispose que les dates de début et de fin des mois du calendrier de l’Hégire, dont ramadan doivent être fixées à l’avance grâce aux calculs astronomiques scientifiques, et ce dans le but de mieux organiser la vie commune. En 2019, cela dit, les dates de début et de fin des mois de l’Hégire restent déterminées par l’observation du croissant de lune, selon une méthode bien ancestrale à des années-lumière de toute modernité.

Cet archaïsme est aussi observé dans la gestion du calendrier du mois de Ramadan, car bien que nous disposions de toutes les commodités que nous offre la technologie et que nous ne vivions pas en plein désert sous une tente, Ramadan reste inexorablement le mois de la séance unique. Pendant un mois tout entier, les administrations fermeront leurs portes à 14h30 alors que la rupture du jeûne n’est prévue qu’aux environs de 19h. Un paradoxe en plus qui vient s’ajouter à la gloutonnerie qui caractérise le mois du jeûne. 

 

Outre les 1000 tonnes de dattes qui seront mises en vente dans les grandes surfaces au mois de Ramadan en vertu d’un accord entre le ministère de l’Agriculture, les fournisseurs et exportateurs, 140 tonnes de viandes ovines surgelées seront importées d’Espagne et commercialisées à 22,5 dinars le kilogramme, pour réguler le marché durant le mois de Ramadan avait annoncé le PDG de la Société Allouhoum, Abdelkader Timoumi.

Le prix de vente de la viande au mois de Ramadan a aussi été le sujet d’actualité. Une rumeur avait circulé il y a quelques semaines, annonçant des prix de l’ordre de 35dt/kg de viande et avait fait l’effet d’une bombe. Très vite démentie par le ministère du commerce qui a annoncé une série de mesures en vue de rationaliser les prix et de les fixer autour de 22dt.

 

De nombreux internautes ont déjà commencé à s’amuser à énumérer les sujets qui vont tourner en boucle durant le mois saint. Des programmes télévisuels très attendus de la saison, à la recherche désespérée du parfait dessert libanais ou encore le meilleur plan pour rompre le jeûne dans un restaurant de la ville en passant par la guerre éreintante entre jeûneurs et non jeûneurs, Ramadan 2019 ne dérogera sans doute pas à la règle établie : manger et dormir beaucoup, travailler et produire peu.  Il va sans dire que Ramadan enregistrera aussi surement des consommations record de différentes denrées, observable déjà par la ruée des supermarchés. A croire que c’est une parenthèse dans la crise et que la faim crée les moyens…

 

Joyeux Ramadan à tous nos lecteurs.

 

Myriam Ben Zineb

 

05/05/2019 | 15:59
5 min
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Commentaires (12)

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Citoyen de Tunisie
| 10-05-2019 09:37
Ramadan en Tunisie :
- Le farniente professionnel
- La flambée des prix
- La croissance des profiteurs
- La croissance du gaspillage
- Les commerçants malhonnêtes
- Les commerces éphémères (d'ailleurs que font ces commerçants au cours des autres 11 mois)
- La montée de la corruption
- L'abondance des sucreries surtout de bon marché, à ce qu'il parait les cellules cancéreuses s'alimentent du glucose
- Le "m'as-tu vu" des mosquées
- etc..........
Le Ramadan exigeait par Dieu est presque non respecté en Tunisie dont les administrations entrent en hibernation.

EL OUAFI
| 06-05-2019 19:28
La presse qui frappe les tunisiens en particulier en ce mois de Ramadan sacré, non on ne rempli pas les recommandations du Coran les paroles d'Allah on est quelque part ailleurs pensant aux préoccupations de la vie,la bonne pratique est alleatoir c'est au grès des uns suivant l'intensité ou la profondeur de leur croyance.
Les Nord-africains habitués à la paresse intellectuelle et physique la responsabilité ce n'est pas leur tasse de thé !
Voyez-vous nous la diasporas en Europe il n'y a pas de séance unique pendant le Ramadan le rendement est impératif dans les usines les chantiers des travaux publiques qu'il neige ou il vente il faut aller à la "mine " le sérieux et la conscience professionnelle autrement la (lourde) porte qui vous attend !
Patronats ou administrations sont logés à la même enseigne le travail c'est le travail et avec sérieux et responsabilité.
Le facteur climat est le même en Europe c'est des mauvaises habitudes héritées d'une vieille époque.
Pour pouvoir échapper à la misère perpétuelle il faut prendre le taureaux par les cornes et ôter de l'esprit ce mal qu'est la paresse.
Le travail c'est la seule condition sine qua non pour vous rapprocher du monde moderne si vous êtes digne et des vrais Musulmans. (Manai )

Abder
| 06-05-2019 09:11
Tout à fait d'accord avec l'auteure en ajoutant toutefois la pratique pernicieuse de l'endettement tant à l'échelle individuelle qu'au niveau national. Voilà le drame du pays et le comble de l'irrationnel . On est à mille années lumières de l'esprit et de la lettre du mois de Ramadan. Dans les années soixante, on se contentait de peu et on travaillait beaucoup, y compris durant le mois saint dont l'horaire de travail était similaire aux autres mois de l'année. Bourguiba ne disait-il pas à ses concitoyens : libre à chacun d'observer ou de ne pas observer le jeûne mais tout un chacun était tenu de s'acquitter des tâches qui lui incombaient. A cette époque, on était des jeunes dans les classes terminales du Secondaire, on arrivait à concilier études et observance du jeûne et selon le prof de Maths qui était de confession juive, les jeûneurs obtenaient en moyenne de meilleurs notes que les non jeûneurs! Aujourd'hui il est vrai qu'on vit à l'ère de la société de consommation. Mais pour en profiter pleinement, il faut doubler d'ardeur et de ténacité pour avoir sa place dans un monde globalisé et non de faire la manche.La propension à toujours quémander pour se nourrir et se gaver est une pratique aussi révoltante qu'indigne!

Mohamed 1
| 06-05-2019 01:43
Bourguiba s'est essayé à s'attaquer au phénomène de "dormir beaucoup (la journée), travailler et produire peu". La religion elle-même a été mise à contribution pour essayer de résoudre ce problème. A ceux qui, par manque d'énergie, n'arrivaient plus à produire pendant ramadan, il a proposé de considérer l'effort d'édification du pays comme étant un "jihad" permettant de se soustraire au jeûne. Le but étant d'éviter la fatigue continue due au jeûne et due aux soirées interminables également.
Quelle a été la réaction ? Une grande dame, Madame Faouzia Charfi, sur Leaders, a détaillé cet épisode riche en enseignements de notre Histoire:

https://www.leaders.com.tn/article/27047-faouzia-charfi-ramadan-la-fatwa-de-bourguiba?fbclid=IwAR0LQjCZC7eXsGVALquyTiGrBT1vycl5pWCZ0GfvOFaPWG7NROu6i1MIIYw

Citoyen_H
| 05-05-2019 22:13
à tous les patriotes.


Halim
| 05-05-2019 21:22
Ramadan ou pas, le tkarkir et la paresse sont dans nos veines...

HAtemC
| 05-05-2019 18:44
C'est en fréquentant les non jeûneurs que musulman pratiquant peut vérifier s'il fait son devoir par conviction et en toute religiosité, ce qui suppose une honnêteté et une sincérité à toute épreuve,

Vous avez transformé une religion tolérante en une religion rétrograde et liberticide et brutale '?'. HC

HatemC
| 05-05-2019 18:36
Et c'est tout ? Non non vous oubliez l'essentiel '?'. LA VIOLENCE '?'
Quand on dit que les violences augmentent pendant le ramadan '?'
Durant le mois sacré, les incidents violents augmentent, accidents du travail ou de la route ..

La ministre danoise à l'Immigration et l'Intégration a appelé les musulmans à prendre des congés pendant le Ramadan au nom de la sécurité au travail. « Je veux appeler les musulmans à prendre des congés pendant le mois de Ramadan pour éviter des conséquences négatives sur le reste de la société danoise » '?'

Ramadan ?, Ramadan, dans l'imaginaire musulman, est un mois de solidarité, d'amour, de paix et de cohabitation.

Malheureusement, la réalité est bien éloignée de cet idéal. Chaque année on assiste aux mêmes comportements: énervements, agressions, rixes dans les marchés et les stations routières, meurtres, viols, incendies, escroqueries et fraudes.

Donc on RAJOUTE au titre VIOLENCE puis SURCONSOMMATION et GASPILLAGE '?'.

Le mois de ramadan, mois d'abstinence et de transcendance est pourtant devenu le mois de la surconsommation et du '?'.gaspillage, hausse considérable des dépenses, consommation effrénée, gaspillage ..

Ramadan est devenu un NON SENS '?'.

Les dépenses pour les citoyens lambda augmentent de plus de 30% '?'.

LE VRAI SENS DE RAMADAN '?'.S'abstenir de manger, de boire, transcender ses désirs, maîtriser sa LANGUE'?' afin de s'élever spirituellement pour atteindre la piété, tel est le sens profond du jeûne en islam '?' nous sommes donc bien loin de cela ou je me trompe

Les musulmans ne jeunent plus pour s'élever spirituellement mais pour gagner la RECOMPENSE DIVINE, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés '?' Or vu son comportement contraire aux vrais valeurs, le musulman ne récoltera pas cette récompense '?' MECREANCE TOTALE de tous les musulmans sans exceptions '?'.

Le jeune n'est plus bien appliqué '?' c'est devenu une corvée et surtout un mois de terreur puisque le non jeuneur est terrorisé par les soit disant bon musulman '?' AUCUNE TOLERANCE '?' HC

Forza
| 05-05-2019 18:21
le Ramdan est ancré dans la société. Je pense qu'il est inévitable de voir un ralentissement mais il est légitime de demander aux gens pendant un Ramadan Coindidant avec l'été de travailler jusqu'à 16: 30. Maintenant l'économie peut vivre avec le fléchissement d'un mois, en Europe il y a fléchissement de deux semaines en fin d'année mais notre problème à nous est les mois de paresse juillet et aout. il faut annuler la séance unique pour ces mois. Les Américains ont des régions désertiques et chaudes comme le Texas, Arizona etc. et malgré ça ils bossent aussi l'été.

Abel Chater
| 05-05-2019 16:56
Il n'y a pas un autre mois de l'année qui régénère la paix sociale des Tunisiens, comme partout ailleurs dans le monde musulman, comme le mois saint de Ramadan. Malgré tout, les "Klugscheisser" pleurnichent, ce dont les Tunisiens le font depuis 1440 longues années. Ils n'ont jamais compris, que la balance a deux plateaux qui font l'équilibre et l'équité dans le monde.
Vive l'Islam. Vive Ramadan le mois du Coran. Vive les Arabes. Vive les Musulmans.
Aux autres, qu'ils recensent leurs cas dépressifs et le gigantesque nombre de leurs suicides, puis, qu'ils reviennent nous faire des leçons.
Le Dalaï Lama dit à leur sujet:"Ce qui me surprend le plus en Occident, c'est qu'ils perdent la santé pour accumuler de l'argent, ensuite, ils perdent leur argent pour recouvrer la santé. Et ils se perdent dans d'anxieuses pensées sur le futur, au point de ne plus vivre ni le présent ni le futur. Ils vivent comme s'ils n'allaient jamais mourir, et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu.
L'Islam de par la lucidité d'un Bouddhiste.
Allahou Akbar.