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Recrutements à la CPG : Une malédiction déguisée !
18/12/2018 | 19:59
5 min
Recrutements à la CPG : Une malédiction déguisée !

Depuis la révolution, l’activité de la CPG a témoigné d’innombrables vacillements dus essentiellement aux fluctuations économiques ainsi qu’aux pressions sociales traduites par les grèves récurrentes de ses employés. Le gouvernement a tenté de résorber la crise à travers des recrutements massifs à la CPG et dans les sociétés environnementales et l’ouverture des concours dont le dernier date d’hier. Néanmoins, cette solution apparente ne ferait qu’aggraver la stagnation que vit la CPG.


La Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) et ses filiales ont annoncé, le 17 décembre courant, l’ouverture d’un concours externe destiné à former, en vue de recrutement, 2000 agents d’exécution et de travaux originaires du gouvernorat de Gafsa notamment des délégations de Metlaoui, Redeyef et Mdhila. Il s’agit du 2ème concours de l’année 2018 où le 1er a été annoncé en juillet de la même année pour recruter 579 agents de spécialités technique et administrative qui seront répartis sur différentes régions à savoir le bassin minier, Gafsa, Gabès, Skhira, Sfax et Tunis.

Cette dernière annonce a, en effet, coïncidé avec la grève des employés de la CPG à Mdhila. Une grève entamée aujourd’hui en signe de protestation contre le non-versement de leurs primes notamment la prime de production au titre des années 2016, 2017 et 2018. Ainsi, il n’est pas présomptueux de juger que le timing de ce recrutement est, pour le moins inapproprié.

 

Indéniablement, la CPG dont le capital social s’élève à 268 MD et la contribution à la valeur ajoutée du secteur des phosphates représente 70% de l’activité économique du gouvernorat de Gafsa, n’était pas épargnée des poids des enjeux sociaux et environnementaux qui lui ont imposé de lourdes contraintes. L’entreprise qui contribuait à environ 4% du PIB national et à 10% de la valeur des exportations, a vécu des périodes de forte production avant la révolution. Ensuite, la CPG a subi plusieurs pressions économiques et sociales engendrant la chute de la production et déstabilisant les équilibres financiers de la compagnie.

La CPG assure, en effet, l’industrie des phosphates dans sa phase d’extraction et d’enrichissement alors que le Groupe chimique tunisien (CGT), dont elle fait partie, se charge de la transformation et la valorisation d’environ 80% de cette production en produits dérivés phosphatés. La Tunisie était classée 5ème parmi les producteurs mondiaux de phosphate avec une production dépassant annuellement les 6 millions de tonnes pendant les deux dernières décennies pour atteindre les 8,2 millions de tonnes en 2010 rapportant 1000 MD à l’Etat tunisien. Cependant, après la révolution, la production de phosphate n’a cessé de diminuer où la Tunisie ne produisait annuellement que 4,5 millions de tonnes causant la perte de certains marchés, notamment l’Inde et le Brésil. Face à la baisse des exportations, la Tunisie était appelée à combler un déficit dépassant les 2 milliards de dollars.

 

La production du phosphate marchand a également diminué de 25% pendant les 9 premiers mois de l’année 2018 où la Tunisie n’a produit que 2,6 millions de tonnes. Ce fléchissement a été aggravé par les perturbations au niveau des sites de production et du transport ferroviaire du phosphate brut causées par les grèves récurrentes des employés de la CPG et des réclamations inhérentes essentiellement aux concours de recrutement de la compagnie.

En dépit des difficultés qui plombent la CPG et la baisse de production, la compagnie a augmenté son effectif à maintes reprises pour passer de 4898 à 7036 employés en 2014 sans compter les 1600 emplois créés pour le transport minier et les 4700 agents recrutés par les sociétés d’environnement affiliées à la CPG et créées après la révolution. Les recrutements se sont succédé, par la suite, dans une tentative d’apaiser le climat social et de répondre aux revendications des jeunes de la région.

Les sites de production du bassin minier de Redeyef, Metlaoui, Om Laârayes et Mdhila ont attesté des mouvements de protestation depuis le 20 janvier 2018, date de la publication des résultats d’un concours conduisant au recrutement de 1700 agents sur 12 mille candidatures. Les recalés du concours ont ainsi bloqué toute activité de production manifestant contre le manque de transparence dans les différentes étapes de ce concours. Une deuxième grève a suivi après moins d’un mois où les cadres et agents de la CPG ont suspendu le travail à Gafsa, Tunis et Sfax contestant la paralysie de la production au bassin minier en raison de protestations sociales.

 

La présidence du gouvernement a réagi à ces blocages rappelant les protestataires à l’ordre et annonçant avoir décidé de suspendre tous les recrutements de la CPG et avoir entrepris des mesures de poursuites judiciaires à l’encontre des manifestants ayant entravé délibérément la production et le transport du phosphate. Suite à cela, la production de phosphate a été reprise en mars 2018 dans une tentative de réduire les pertes cumulées de la CPG approchant les 600 millions de dinars.

Toutefois, les grèves étaient loin d’être achevées. Le 8 juin 2018, les agents de la CPG travaillant sur les sites de Mdhila, Redeyef et Om Laârayes ont décrété une grève ouverte réclamant le versement de leurs primes, pour être annulée le lendemain suite aux négociations entre les syndicats et l’administration.

Dans les derniers mois, d’autres mouvements de protestation ont, en outre, été enregistrés. En septembre 2018, des candidats ayant réussi le concours de la CPG ont provoqué l’arrêt de la production dans toutes les unités de la compagnie. Parmi leurs revendications, la mise en place d’un calendrier sur l’annonce des résultats et sur les dates du contrôle médical. Un mois après, l’activité dans les unités de production de Redeyef, Mdhila et Om Laârayes a été bloquée. Certains protestataires ont même fermé tous les bureaux administratifs relevant de la CPG à Metlaoui ainsi que les administrations gouvernementales et les institutions éducatives à Redeyef réclamant la révision des résultats du concours.

 

Quoiqu’il en soit et malgré les crises successives qui secouent le secteur des phosphates en général et la CPG en particulier, les solutions susceptibles d’y remédier existent. Encore faut-il considérer, loin des solutions de facilité, l’instauration d’un système de gouvernance adoptant les principes de la transparence et de la redevabilité en vue de palier, même en partie, la dégradation galopante de la situation de ce secteur.

 

Boutheïna Laâtar

 

 

18/12/2018 | 19:59
5 min
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Commentaires (5)

Commenter

Mouza
| 19-12-2018 14:15
La seule solution car dans 2 ou 3 ans les clients de la CPG se fourniront tous en Algérie et au Maroc ! Faut pas se leurrer ! Fermez cette ***** CPG et employez tous les agents dans une grande entreprise qui nettoiera pour au moins 20 années la pollution qu'elle a causé au pays ! Financez la par l'ONU BERD....

veritas
| 19-12-2018 10:02
Les khwanjias avait un programme de destruction de l'economie et du pays ,faire main basse sur les resources miniers du pays pour les mettres a l'arrêt Via des sabotages de tout genres détruire le tourisme par les attentats terroristes bruler les oasis des dattiers dans le sud pour porter un coup a l'exportation des dattes ,bref anéantir toutes sources de rentrer de devises pour mettre le pays et les tunisiens à genoux voilà chose faites et que tout tunisien peut se rendre compte du projet destructeur des khwanjias qui perdure encore .

ftouh
| 19-12-2018 07:53
..des primes de rendement ?
lequel ?

Plutot des primes de greves..oui.

Le travail, son respect, le respect de soi et des autres , la ponctualité n' ont plus de sens dans ce contexte.

HatemC
| 18-12-2018 22:26
Des imbéciles qui parlent de Révolution ..; HC

DHEJ
| 18-12-2018 21:45
La première chose est de bien caler ce groupe?

Un calage d'après les activités principales et seclndaires... d'ailleurs où est le ministère du commerce extérieur?