alexametrics
samedi 20 avril 2024
Heure de Tunis : 03:04
A la Une
Les retraités devront-ils aussi prendre la mer ?
01/08/2018 | 19:59
5 min
Les retraités devront-ils aussi prendre la mer ?

Ils sont de plus en plus nombreux à crier au scandale. Ceux qui sont à la retraite et ceux qui y sont presque, vivent dans la peur de voir leurs pensions les réduire à une vie de précarité. Dans une Tunisie où le taux d’inflation est au sommet et le pouvoir d’achat considérablement grignoté, l’augmentation des pensions de retraite paraît inéluctable, légitime même, mais en totale inadéquation avec les réformes engagées par le gouvernement et proposées par le FMI…

 

Abdelkader Nasri, secrétaire général de la fédération des retraités, a récemment exprimé un ras-le-bol sur une radio nationale. Il a annoncé qu’une manifestation à travers le pays pourrait être organisée le jour de l’Aïd El Idha en contestation de la non-application par le gouvernement des accords conclus. Les retraités réclament, entre autres, que leurs pensions soient augmentées de 6% conformément à l’accord signé entre le gouvernement et l’UGTT.

Des centaines de retraités du secteur public s’étaient déjà rassemblés il y’a quelques mois, à la place Mohamed Ali à Tunis et effectué une marche de protestation jusqu’au siège de la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) à la capitale.

Ils avaient déjà contesté « l’inaction du gouvernement face à leurs revendications ». Les retraités, lésés par la crise des caisses sociales, ont encore appelé les autorités de tutelle à augmenter les pensions de retraite ainsi qu’à rattraper le retard de leur versement.

Parallèlement à cette marche un 2ème rassemblement s’était organisé, pour les mêmes raisons à Siliana, devant le siège régional de la CNRPS.

 

En 2017, un accord avait été trouvé concernant les augmentations des pensions de retraite, du régime général de la CNSS.

« Les augmentations seront versées à partir du 20 juin 2017 avec les pensions de ce mois. Il en est de même pour le complément, permettant d'assurer la rétroactivité de 5,65% à partir d’août 2016, et qui sera versé en même temps » avait affirmé un représentant de l’UGTT.

 

En juillet 2018, un accord a été trouvé entre le gouvernement et l’UGTT en ce qui concerne, cette fois-ci, les pensions de retraite des retraités du secteur public. Le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi a précisé qu’une partie du budget de l’Etat sera transférée à la caisse de retraite, comme prime exceptionnelle aux retraités permettant de soutenir leur pouvoir d’achat.

Une décision qui concorde avec le mécontentement exprimé par la Fédération générale des retraités qui a appelé, le 21 juin 2018, ses sympathisants et les retraités en général à entamer un  sit-in ouvert devant le ministère des Affaires sociales. Motif de la protestation : « la politique d’appauvrissement et de négligence que mène le gouvernement à leur égard ».

 

Le problème est donc symptomatique et illustre de la manière la plus crue qui soit la situation financière du pays. Accablé de toute part, le ministre des Affaires sociales a multiplié les apparitions médiatiques se voulant au mieux rassurant et annonçant des mesures jugées palliatives « qui ne résolvent en rien l’origine du problème ni son impact désastreux sur le moral des citoyens ».

« Les pensions de retraite de la fonction publique sont versées régulièrement et dans les délais par la CNRPS » avait affirmé, le 19 juillet 2018, Mohamed Trabelsi.

Le ministre a précisé que l’augmentation des pensions au titre de l’année 2017 a été jugée illégale par la cour des comptes, car il ne s’agit pas d’augmentations proprement dites mais de réductions d’impôts n’ayant pas été prises en compte dans les cotisations. « Des négociations ont été entamées avec l’UGTT pour trouver une formule permettant de conserver le pouvoir d’achat des retraités concernés. Nous avons convenu, vu que la mesure du crédit d’impôt sera achevée le 31 décembre 2018, de reprendre tout simplement l’autorégulation habituelle des pensions » avait-il expliqué.

 

La réforme du système de retraite est une priorité, cela est indéniable. Le FMI a évoqué dans son rapport la nécessité d’accélérer la réforme des retraites et de cibler au mieux les mesures sociales. « Le relèvement de l’âge de la retraite et des réformes paramétriques supplémentaires sont essentiels pour contenir les déficits du système de sécurité sociale » indique un communiqué de la Banque mondiale. L’augmentation du nombre de retraités, désormais supérieurs au nombre de cotisants, mais aussi l’augmentation de l’espérance de vie sont des facteurs d’autant plus aggravants de la situation des caisses sociales. Le nombre des retraités du secteur public a augmenté au rythme de plus de 6% alors que le nombre des actifs n’a évolué qu’au rythme de 2,1%. En même temps, la proportion des retraités bénéficiant d’une pension supérieure à 3 fois le Smig est passée de 25,5% à 46,6%, indique une étude menée par le Centre de recherches et d’études sociales (Cres) sur le niveau des pensions de retraite dans le secteur public.

Une étude qui a aussi relevé les défaillances au niveau des calculs des pensions, pour dire la complexité du sujet. Si tout le système est évidemment à revoir, il n’en est pas moins que le retraité, celui qui a accumulé des décennies de loyaux services et qui a cotisé toute sa vie pour espérer une retraite paisible, est aujourd’hui dans la tourmente.

 

Des jeunes qui se jettent dans la mer, des seniors qui paniquent à l’idée de se retrouver pauvres et dépouillés, voici à quoi ressemble la Tunisie 7 ans après la révolution. L’espoir est toujours permis, il est tout ce qui reste de gratuit aujourd’hui…

 

Myriam Ben Zineb

A lire également
01/08/2018 | 19:59
5 min
Suivez-nous

Commentaires (8)

Commenter

le berbère
| 06-08-2018 13:38
ce cours des comptes était en hibernation quand les islamo-sionistes s'incrustent dans les rouages des administrations de l'état et gagnent des rappels astronomiques ,ce même cours de merde n'a jamais dit un mot pour défendre ces anciens patrons qui lui ont offert le flambeau de la continuité pour le bien de l'état voire ses agents et commis ,le cours des comptes ferment les yeux sur les budgétivores et les voleurs et quand il s'agit d'un retraité ,alors il devient un érudit de la comptabilité .honte à vous tous et je ne peux que cracher que sur vos sales gueules .continuer d'ouvrir bien vos yeux sur les retraités et leurs pensions et tolérer bien les voleurs et les arnaqueurs .

LARIO
| 02-08-2018 22:33
La mauvaise gestion des deniers publics, l'injustice flagrante de la répartition des richesses, la corruption , le favoritisme des puissantes personnalités à l'égard de ses proches, de ses partisans, des recrutements inutiles et à l'aveuglette et les avancements à gogo aprés le soulévement de 2011 , et on peut citer mille causes qui ont occasionnées de lourdes dépenses et des déficits dans tous les domaines et les secteurs. Les retraités se sont trouvés les premiers victimes, les plus faciles à dépouiller et à se laisser démunir, alors que nos éminents gouvernants doivent avoir une perception plus juste ,plus respectable , et surtout bien pensée et intelligemment bien travaillée

Adnéne
| 02-08-2018 19:32
Les retraités de la fonction publiques sont les victimes du gouvernement de la troïka qui a admis à la retraite des milliers d'amnistiés, avec une revalorisation de carrière pour laquelle ils n'ont jamais travaillé, ni bien sur versé de contributions. Il est à espérer de voire ses responsables de la troïka se retrouverai face à une incapacité de la caisse à leur servir le moindre millimes quand ils atteindront l'âge de la retraite à leur tour....

Rationnel
| 02-08-2018 13:22
Le système de retraite est en panne:
- En avril les directeur de la CNRPS a déclaré que la CNRPS a besoin de 1500 millions de dinars pour combler le déficit des 8 derniers mois de l'année et pouvoir verser les retraites.
- En 2006 la somme totale des retraites était de 1884 MD, alors qu'il a atteint les 7162 MD en 2018.

D'après des études du Centre de recherches et d'études (CRES) :
- Le nombre des retraités du secteur public augmenté au rythme de plus de 6% alors que le nombre des actifs n'a évolué qu'au rythme de 2,1%.
- La proportion des retraités bénéficiant d'une pension supérieure à 3 fois le Smig est passée de 25,5% à 46,6%.
- Un fonctionnaire bénéficie d'une pension nette variant entre 91% et 97% de son dernier salaire. Il récupère le montant total de ses cotisations au bout 3 années et demie de retraite. Compte tenu de son espérance de vie, il gagnerait plus de 9 fois ce qu'il a versé en termes de cotisation, c'est-à-dire un taux de récupération de plus de 900%.
La méthode de calcul des pensions doit être revisitée. Le calcul de la pension sur la base des annuités n'est plus viable.

Les Tunisiens sont les plus âgés en Afrique (la moyenne du continent est de 16 ans) et dans le monde Arabe. La tranche d'âge de 60 ans et plus représente plus de 15% de la population.

MDO
| 02-08-2018 09:47
La situation des caisses sociales n'est pas en reste de celle de tout le pays et les retraités malheureusement n'ont pas pensé à ce jour lorsqu'ils étaient en activité ils ont travaillé dans des entreprises publiques déficitaires qu'on n' a pas pu développer par l'amélioration de la productivité de même celle du secteur privé qui ont une compétitivité faible ce qu n'arrange pas les choses à moyen et long terme d'un pays qui se base sur l'endettement pour octroyer des avantages sociaux parfois juteux.

Najib
| 02-08-2018 06:34
Ils sont , tout simplement , instrumentalisés par Tabboubi pour atteindre Youssef Chahed . Le régime de retraite qu'a actuellement la Tunisie n'existe nul part dans le monde . A 60 ans , la limite d'age maximale , le retraité touche une pension d'un montant qui dépasse son salaire quand il était actif . A cet age , encore jeunes , la majorité travaille en tant que privé ou salarié au noir . Tabboubi , avec ses impostures , tente de les mobiliser pour sa sale campagne contre Youssef Chahed , leur faisant croire que leurs droits sont bafoués et leurs pensions vont être diminuées .

Gg
| 01-08-2018 20:43
La troïka a prouvé sa nullissime incompétence, et malgré cela les tunisiens ne cessent de voter pour eux. En 2019, ce sera un raz de marée islamiste.
Ben voilà, on a ce qu'on veut...

Ali Baba au Rhum
| 01-08-2018 20:27
Les retraités paient aujourd'hui le prix de leur naiveté; le système des retraites a désormais vécu dans ce pays.