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Hôpitaux régionaux : des patientes décèdent faute de spécialistes
22/12/2015 | 21:40
5 min
Hôpitaux régionaux : des patientes décèdent faute de spécialistes

En l’espace de 24 heures, deux femmes  décèdent à l’hôpital de Tataouine, faute de soins. Le cas de femmes succombant lors de leur accouchement est loin d’être isolé. Un  cinquième décès serait enregistré ces deniers mois. Derrière ce drame, l’absence d’un médecin traitant devant prendre en charge des patientes dans un état critique. Le ministère de la Santé finit par réagir et appelle à l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités de chacun. « Trop peu, trop tard »...

 

 

Le ministère de la Santé a ordonné l’ouverture d’une enquête aujourd’hui, mardi 22 décembre 2015, suite à un décès enregistré dans l’hôpital régional de Tataouine et ce à cause de l’absence d’obstétriciens traitants. Faute de personnel pour être soignée, une jeune femme est décédée hier en chemin vers Djerba, à environ 150 kilomètres de Tataouine, transférée par le service obstétrique de l’hôpital régional où elle a été admise. S’exprimant à l’agence TAP, l’époux de la défunte a déclaré que sa femme, conduite à l’hôpital pour accoucher, n’a pu être soignée sur place à cause de plusieurs cas de césarienne opérés lors de précédents accouchements. Elle est donc morte sur le chemin avant d’arriver à l’hôpital de destination qui disposerait du personnel compétent.

Quant au deuxième cas de décès, constaté dans la soirée d’hier, la jeune femme a perdu la vie n’ayant pas pu accéder aux services d’un réanimateur sur place. On notera, cependant, que la regrettée avait un cancer au stade final.

 

Un communiqué publié dans la journée annonce que l’enquête devra « déterminer les manquements et les responsabilités dans cette affaire ». Parce que manquements il y a eu. En effet, il s'agit du deuxième décès en l’espace de seulement 24h dans l’hôpital de Tataouine et les deux cas sont similaires. Dans les deux cas, on pointe du doigt l’absence ou le manque d’un personnel soignant devant prendre, à temps, une patiente en charge, alors que son accouchement est imminent.

Dans une déclaration à l’agence de presse TAP,  Samar Samoud, conseillère du ministre de la Santé, a indiqué que le décès était survenu « suite à un problème d’organisation au niveau du roulement des équipes pendant ces deux derniers jours ». La conseillère explique, en effet, que deux médecins gynécologues ont commencé aujourd’hui à exercer dans l’hôpital régional de Tataouine précisant que cette affectation entre dans le cadre d’une politique de crise, décidée il y a maintenant 6 mois, pour combler les postes vacants dans certaines spécialités.

 

En réalité, le problème de l’absence de médecins spécialistes dans les hôpitaux régionaux des villes intérieures ne date pas d’hier. Il a été la patate chaude que Abdellatif Mekki a passé à Saïd Aïdi. Force est de constater que l’actuel ministre peine lui-aussi à y trouver une solution.

Il y a de cela deux mois, Saïd Aïdi annonçait dans une déclaration aux médias, donnée en marge d’une visite effectuée  en compagnie du chef du gouvernement Habib Essid à Sidi Bouzid, que le ministère entreprendra, « dans les plus brefs délais », la mise en vigueur d’un programme visant à palier le manque de médecins spécialistes dans les hôpitaux régionaux. Et ce, étant donné que « la majorité d’entre eux fait face aujourd’hui à un manque évident de spécialistes ».

 

Par ailleurs, le secrétaire régional de la Santé à Tataouine, Ahmed Fileli, est revenu, lors d’une déclaration sur Shems Fm aujourd’hui, sur la problématique du manque de spécialistes dans les régions. « La loi actuelle n’oblige pas les médecins à exercer dans les régions », a-t-il expliqué ajoutant qu’un concours a été lancé visant le recrutement de médecins spécialistes, sauf « qu’aucune candidature n’a été présentée à l’heure actuelle ».

 

 

De leur côté,  les syndicalistes n’ont pas attendu ce nouveau décès pour réagir. Depuis celui d’hier, ils se sont  dépêchés de lancer un ultimatum au ministère : « la fermeture immédiate de tous les services obstétriques de Tataouine, si un médecin gynécologue ne rejoint pas, aujourd’hui même, l’hôpital régional ». Les syndicalistes regrettent « l’atermoiement » du ministère de tutelle qui n’a pas réussi à trouver une solution à une problématique datant pourtant de nombreuses années. Une problématique qui ne toucherait pas uniquement l'hôpital de Tataouine mais concernerait les autres établissements régionaux.

 

« Combien de femmes enceintes devront mourir à Tataouine pour que le ministre réagisse enfin ? ». Cette question, posée par de nombreux observateurs, et syndicalistes notamment, remet sur le tapis le problème urgent de la restructuration et la réhabilitation des hôpitaux régionaux. Alors que le ministère de la Santé ne cesse d’annoncer des mesures et des plans d’action, la lumière devrait être faite davantage sur les établissements régionaux où une mauvaise gestion est clairement à pointer du doigt. On sait que d'ores et déjà que le ministre a obtenu l'aval des 26 MDT demandés à octroyer , en tant que primes, aux médecins qui se déplacent dans les régions. L'exécution de ce plan commencera le 2 janvier 2016.

 

Synda TAJINE

22/12/2015 | 21:40
5 min
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Commentaires (15)

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kartib
| 08-01-2016 22:16
on ne peut faire endosser au ministre la responsabilité des fautes accumulées durant plusieurs années.au sein de la fonction publique l'honneur du métier s'est ternit au fil des années tandis que le caractère humain de la médecine s'efface de plus en plus. et ceci est du en grande partie aux mauvais agissements des responsables centraux et régionaux. les solutions proposées ne font qu'aggraver la situation et rabaisser le médecin au plus bas de l'échelle. une seule pour palier à cette crise redonner le respect du médecin.

boubou
| 24-12-2015 10:11
bientot il n'yaura plus de medecins meme dans les grandes villes ,les medecins desertent les hopitaux au profit du secteur prive et des pays etrangers ,les conditions d'exercice etant nettement meilleures et par consequent plus de securite pour les patients ;,beaucoup de nos jeunes medecins n'ont aucune autorite sur le personnel paramedical incompetent largement soutenue par son syndicat (jamais de sanction meme minime) ce constat general aura des consequences a long terme dans la formation des medecins .Les institutions de tutelle doivent se pencher plus profondement sur tous les problemes et pas de demagogie sur le dos des medecins.

demission
| 23-12-2015 18:01
Non les médecins sont tunisiens ne sont pas comme on le dit. Ils sont doués, consciencieux le plus souvent.
Les solutions doivent être travaillés d'un commun accord.
La faute de Aidi a été de n'avoir pas profité de la situation qui s'offrait pour essayer de trouver une solution très difficile à trouver.

moi
| 23-12-2015 16:51
les tunisiens sont racistes et egoistes,ils n'aiment pas reellement leur pays.le conseil de l'ordre des medecins et l'ugtt sont directement impliqués dans ces meurtres.Et si ces deux femmes etaient a sousse.....? par ailleurs ;si les gens de tataouine bloquent l"approvisionnement en carburants(comme c'a eté le phosphate a gafsa) ;comment vous allez "carburer"mes chers responsables? unpeu de respect aux gens S V P.

Demission
| 23-12-2015 13:51
La conseillère botoxée multiplie les fautes.
L'arrogance de Aidi sont la cause de la catastrophe. Un peu de modestie de sa part aurait permis de sauver des vies.
La solution à ce problème n'est pas évidente, mais l'arrogance de Aidi et sa suffisance n'ont permis de régler aucun des problèmes du secteur.

anouar
| 23-12-2015 13:23
Aidi said n'est pas à sa place. il est guidé par une conseillère qui aurait besoin d'un conseiller.

sudiste
| 23-12-2015 12:37
Ces specialistes dont la grande majorite sont issues des classes aisees qui bien entendu ne payent pas les impots, ont etudie grace aux impots paye par ceux qui n ont pas le choic et payent leur impots, soit les pauvres et les classes moyennes.ils font partie de ces lobbys qui empechent toute reforme qui pourraient contribuer a plus de justice economique et sociale avec leur refus inhumain,anti social et anti patriotique de travailler dans les regions marginalisees,appauvries et dicriminees par les classes auquels appartinnent la grande majorite de ces specialistes dont les etudes ont ete financees par le petrole,les phosphates,l huile d olive et autres richesses des pauvres.ils s agit des medecins,des avocats,des grandes societes et les autres lobbys qui possedent 80% des richesses du pays. Aveugle par leur voracite,leur rapacite,ainsi que leur mentalite anti- sociale et parasitaire ils n arrivent pas a comprendre qu il y a un lien direct et indirect entre les femmes decedees, faute de soins de specialistes, leur refus de faire leur devoir en travaillant hors de leur ghettos embourgoises du grand tunis etc... et l attirance du terrorisme chez les jeunes tres sensibles a cette fracture enorme entre les classes sociales et regions en Tunisie...ces specialistes refletent le refus suicidaire des classes qui se sont enrichies grace a la dictature a vouloir se reformer.

Citoyen.
| 23-12-2015 11:26
Maintenant Stop Mr le ministre , il faut chercher des médecins des pays de l'est.
En France les hôpitaux la moitié des médecins sont des Roumains des Bulgares des Tchèques des Polonais et des Maghrébins qui ne veulent pas exercer dans leurs pays d'origine qui ont payé leurs études.
Donc ça suffit Mr le ministre du moment que nos médecins que l'état a payé leurs études et qu'ils ne veulent pas travailler dans ces régions cherchez des médecins de ces pays et arrêtez de payer les études à ces médecins qui profitent et restent dans les pays qui ont faits leurs études .

Fanfaron
| 23-12-2015 10:26
Je ne comprends pas. Les effets d'annonce ont une limite. Ce ministre est sorti au moins 3 fois pour nous annoncer qu'il a trouvé la solution aux spécialistes dans les régions. Pour la 4eme fois il nous l'annonce encore.
Aidi la solution n'est pas de dépenser de l'argent n'importe comment. Le problème est beaucoup plus complexe.

Dhoha
| 23-12-2015 10:18
ce ministre n'a d'autres solutions que de dépenser l'argent. Pour chaque problème il demande de l'argent. Il ne faut pas avoir fait polytechnique pour trouver ça. Souvenez vous de la prime Amal!
Il a manqué de courage et d'imagination. S'il considère qu'il est responsable il doit démissionner. C'est une jeune femme qui est morte.