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80 mille emplois et 50 millions de dinars de chiffre dâEUR(TM)affaires !
31/10/2008 | 1
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80 mille emplois et 50 millions de dinars de chiffre dâEUR(TM)affaires !
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Un chiffre d’affaires estimé à 50 millions de dinars environ, 80 mille emplois et une part de 12% du marché de l’habillement, le commerce de la fripe a le vent en poupe en Tunisie. Cette activité, qui doit essentiellement son essor fulgurant à des prix défiant toute concurrence, donne du fil à retordre aux autres intervenants dans le secteur de l’habillment. Si l’industrie textile orientée à hauteur de 90% vers l’exportation paraît, pour l’heure, épargnée, le commerce des vêtements de deuxième main est en train de «froisser» le marché du neuf, limitant considérablement les bénéfices de plusieurs milliers de boutiques ayant pignon sur rue. Reportage.

Ils nous viennent notamment d’Italie, de France, d’Allemagne, de Suisse et des Etas Unis. Après un long voyage dans les containers, ils élisent domicile provoisoirement dans l’un des 47 entrepôts de douanes, chargés de l’importation et de la distribution de la fripe auprès d’une cinquantaine de grossistes titulaires d’une carte professionnelle délivrée par l’Union Tunisienne de l’industrie du Commerce et de l’Artisanat (UTICA).
Après quelques semaines chez la douane, les vêtements de deuxième main, plus connus sous l’appelllation italienne de "Robba vechchia" effectuent un nouveau voyage suite à une minutieuse opération de tri. Au cours de cette opération, les vêtemesnt sont disposés en balles de 45 ou 50 kg l’unité. Le prix de vente de la balle varie de 50 à 200 dinars en fonction du contenu. Ainsi, Une balle de chaussettes contenant environ 500 pièces est souvent cédée à 50 dinars. Une balle de sous-vêtements renfermant entre 500 à 600 pièces coûte entre 120 et 200 dinars, alors qu’une balle de chemises censée contenir entre 150 et 200 pièces est proposée à un prix situé entre 150 et 200 dinars.
Les ballots tombent par la suite sur les étalages dans des souks hebdomadaires, des espaces spécialement aménagées par les communes pour le commerce des vêtements de seconde main, comme les friperies de la Hafsia, de Mellasine, de la Manouba…. D’autres continuent toutefois leur chemin vers des commerces plutôt chics, qui poussent comme des champignons même dans les quatiers huppés. Motif : « Une part importante des vêtements est toute neuve. Elle provient particulièrement d’articles de fins de séries ou d’invendus que certaines entreprises européennes écoulent à des prix modiques. D’autres sont offerts à des associations caritatives, censées les expédier sous d’autres cieux », explique Lassaâd Gmati, gérant d’une boutique arborant une belle enseigne liminuse et portant l’indication "fripe de luxe".

Derrière ce commerce bien organisé se trouve un syndicat qui veille au grain pour parer à tout genre de dépassement: la Chambre syndicale nationale des grossistes de la fripe, relevant de l’UTICA. Selon les données de ce syndicat patronal, le secteur de la fripe représente 12% du marché de l’habillement en Tunisie et fournit quelque 80.000 emplois directs et indirects pour un chiffre d’affaires global estimé à 50 millions de dinars.
Samir Attia, président de la chambre syndicale estime que « la fripe a acquis ses lettres de noblesse », puisque les Tunisiens ne sont plus désormais obligés de se saigner aux quatre veines pour s’offrir des vêtements de marque. Un simple détour dans quelques boutiques proposant la fripe de luxe ou encore dans le souk de la Hafsia suffit, en effet, pour comprendre que la fripe est devenue un "opium" des fashion victimes en Tunisie. De la veste au pantalon, en passant par la lingerie fine, les chaussures, les chaussettes, les bonnets, les pulls, les sacs et tutti quanti…, les articles portent souvent les griffes des plus grandes maisons de mode européennes. « Ici, on trouve facilement des soutiens-gorge neufs arborant les marques Aubade, Etam ou Simone Pérèle à deux dinars la pièce, des ceintures Gucci à 3 dinars ou encore des Pantalons Levi’s à 15 dinars », explique Ramzi, commerçant à la Hafsia.
Moins cher ! L’argument est de taille par ces temps d’incertitudes liées à un bruit grandissant, relayé par les médias, sur la crise finanacière internationale. Il séduit de plus en plus de ménages, heureux de pouvoir se vêtir à moindres frais. D’ailleurs, la fripe ne semble plus faire honte à la petite bourgeoisie. «Le profil de la clientèle a changé. Il y a seulement quelques années, notre clientèle était essentiellement composée de gens désargentés, issus de quartiers populaires. Actuellement, des Tunisiens de toutes les couches se bousculent aux portillons de nos commerces pour s’approvisionner. On voit de plus en plus de femmes tirées à quatre épingles, lunettes de soleil de marque sur le nez, fouiller dans les étalages », indique fièrement Ramzi. Tel est le cas de Malek, cadre supérieur au ministère de l’Education nationale. « Une fois, j’ai acheté un manteau en cuir tout neuf à vingt-cinq dinars. Après quelques jours j’ai vu le même proposé à 300 dinars dans un centre commercial à El Manar. Il suffit de s’armer de patience pour dénicher des perles rares », note cette fidèle des commerces de fripe de luxe sur un ton sérieux.

S’il est vrai que la friperie fait à la fois le bonheur des commerçants et des clients, il n’en demeure pas moins qu’elle "indispose" le marché des vêtements neufs : « Depuis l’ouverture des boutiques spécialisées dans la vente de la fripe de luxe j’ai vu mon chiffre d’affaires se réduire, telle une peau de chagrin », confie Kamel, tenancier d’une boutique de prêt-à-porter de marque locale, sise en plein centre ville de Tunis.
A l’heure où les boutiques ayant pigon sur rue souffrent le martyr, les grossitses opérant dans le commerce de la fripe multiplient les commandes auprès des entreprises spécialisées européennes. Certains d’entre eux n’hésitent plus à utliser les nouvelles technologies pour s’approvisonner. A l’image de cette annonce qui circule depuis quelques mois sur certains forums sur Internet. « Bonjour, Nous sommes une société en Tunisie, nous achetons la friperie originale plus de 3000 tonnes durant l'année, prière nous faire parvenir un état de vos articles, vos prix et les régions de collectes. Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations les plus respectueuses, merci. En cas d'intérêt pour un travail ensemble, veuillez, Messieurs contacter par e-mail:****.***i@wanadoo.tn ». Edifiant !

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