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Khedija Ghariani unira-t-elle les Arabes ?
26/02/2008 | 1
min
Khedija Ghariani unira-t-elle les Arabes ?
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Aussitôt élue, aussitôt déterminée et motivée, aussitôt au travail. L’ancienne secrétaire d’Etat, Khedija Ghariani, ne changera décidément pas et reste égale à elle-même. Travailler plus pour … faire gagner plus ! A la tête depuis quelques semaines de la toute nouvelle Organisation Arabe des Technologies de l’Information et de la Communication AICTO, Mme Ghariani nous parle déjà de beaux projets pour cette région qui en a très peu en commun. Réussira-t-elle cette mission draconienne d’unir enfin les Arabes autour d’un secteur qui avance à la vitesse de la lumière ? En ce qui la concerne, elle le croit vivement.

L’AICTO. Une organisation arabe de plus, destinée à réunir quelques hauts responsables de la région pour palabrer autour de quelques verres de thé avant de se donner mille et une promesses dont la plupart ne seront jamais tenues. C’est-ce que l’on serait tenté de penser de cette nouvelle Organisation arabe des TICs dont le conseil d’administration a tenu sa deuxième réunion samedi et dimanche derniers à Tunis. L’organisation a été récemment créée à la suite d’une assemblée de la Ligue arabe et sa secrétaire générale, Mme Khedija Ghariani, a été élue en novembre dernier.
Ses membres représentent un peu plus de la moitié de la région arabe : 13 sur 23. Beaucoup de pays, notamment et surtout du Golfe, n’ont pas encore ratifié leur adhésion. Son siège a élu domicile à Tunis au local du secrétariat d’Etat à l’Informatique à la rue du Brésil. En acceptant de voir l’un de ses plus grands « techniciens » quitter le gouvernement et en offrant un luxueux et nouveau local à l’organisation, la Tunisie semble beaucoup miser sur cette AICTO.
Aussitôt élue, Mme Ghariani s’est mise au travail. Elle connait très bien le secteur, ne peut ignorer ses tares et lacunes et ne peut donc perdre du temps à observer d’abord ce qui s’y passe. Elle ne se fait pas d’illusions non plus et sait parfaitement qu’elle ne peut projeter au-delà des quatre-cinq ans vu la rapidité exponentielle de la technologie. Nous avons cherché à en savoir davantage et comme nous l’avons toujours connue, ses portes sont ouvertes.
Comme nous l’avons toujours connue également, ses ambitions sont démesurées et nettement supérieures à ses moyens. N’empêche, elle sait d’expérience qu’il faut toujours viser beaucoup pour obtenir un maximum.
« Alors cette AICTO ? Une organisation d’arabes de plus ? », lui dit-on sur un ton mi-ironique, mi-sérieux. « Vous savez, répond-elle, le fait même que cette organisation siège à Tunis est un gage de sérieux. » La réponse ne laisse pas de réplique et en dit long.
Après avoir esquissé les grandes lignes en une phrase, Mme Ghariani nous fait plonger dans les détails de son programme. On y retrouvera la télévision sur internet et sur téléphone portable, l’unicité de la législation pour les certificats, des modèles communs ou presque pour les régulateurs, la convergence, la presse électronique, les ressources humaines arabes éparpillées de par le monde qu’il s’agit de réunir et, d’abord, d’identifier, la coopération et le partenariat dans le monde arabe, l’incitation aux investissements dans les domaines des TICs, l’échange d’expériences, etc.
Autant de projets qui nécessitent des efforts de Titan et qui pourraient prendre des années. « Je ne me fais aucune illusion, je connais la région et je connais le secteur, dit-elle. Je sais que l’on ne peut pas se projeter au-delà des quatre-cinq ans et je n’attaquerai donc que des projets réalistes et réalisables. »
Pour commencer, son premier grand projet est l’incontournable site internet, obligatoirement et inévitablement trilingue, de l’Organisation. Ce site se composera de trois parties : institutionnelle, naturellement, mais aussi une sorte de plateforme d’échanges d’expériences et de données chiffrées des TICs dans chacun de nos pays. Il y aura également une sorte d’annuaire pour répertorier nos très hautes compétences (docteurs et plus) en Amérique, en Europe et ailleurs. « Chaque jour, nous entendons parler d’une grande compétence arabe à la Nasa ou dans un grand labo de recherches, dit-elle. Nous savons tous qu’il y en a et qu’il y en a beaucoup. Mais où sont-ils et qui sont-ils ? »
Avec cette sorte d’annuaire, Mme Ghariani ambitionne de regrouper ces hautes compétences qu’on pourra recruter, débaucher ou leur proposer de meilleurs postes.
Elle ne s’arrête pas là avec ses grands projets réalistes et réalisables et elle nous invite à la réflexion, consciente, en bonne Tunisoise, qu’une seule main ne peut applaudir.
Tout cela parait beau, mais comment s’y prendre quand on sait que sur les 23 pays arabes, il n’y a que 13 membres officiellement adhérents à cette organisation ?
« A la différence d’autres organisations, l’AICTO n’a pas que les pays comme adhérents et a ouvert ses portes au secteur privé », dit-elle. On retrouve ainsi Orascom, Tecom et différents autres grands groupes arabes privés. Nous comptons pousser les pays avec leurs entreprises privées et nous avons déjà des membres du secteur privé appartenant à des pays qui n’ont pas encore ratifié leur adhésion. Les Emirats Arabes Unis par exemple. « De toute façon, leur adhésion ne saurait tarder vu qu’il y a un processus inévitable qui passe par les deux chambres parlementaires de chaque pays », dit-elle confiante. Est-ce donc une sorte d’UIT (Union Internationale des Télécommunications) ? « C’est exact et nous fonctionnerons exactement comme l’UIT avec des membres gouvernementaux et le secteur privé tout en étant ouverts aux organisations non gouvernementales et la société civile».
Côté moyens, on saura que le budget consacré à l’Organisation n’est pas faramineux (moins de 1,5 million de dollars en 2008 et moins de 2,5 millions de dollars en 2009). Khedija Ghariani ne s’inquiète pas pour autant et ne se laisse pas démotiver par de tels montants. Elle sait, d’expérience aussi, qu’on peut faire énormément de choses avec très peu de moyens. Quand on voit ce qui a été réalisé en Tunisie avec ses moyens fort limités, on ne peut que le croire. Avec de telles ambitions, Mme Ghariani et son AICTO, semblent très bien partis. Espérons de tout cœur, après cette formidable lancée et ce bel optimisme, qu’elle ne soit pas freinée, démotivée ou déçue par la réalité du terrain arabe fort connu pour être d’accord de ne jamais être d’accord ! C’est Ibn Khaldoun qui l’a dit il y a plusieurs siècles déjà et il n’est toujours pas démenti !


Crédit photos : Mohamed Abdelmoula 

26/02/2008 | 1
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