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Les transgressions de Rached Ghanouchi auront-elles raison de lui ?
12/07/2020 | 17:26
5 min
Les transgressions de Rached Ghanouchi auront-elles raison de lui ?

 

 

Le dernier incident au Parlement, causé par Seïf Eddine Makhlouf a fait remonter à la surface, les appels à retirer la confiance à Rached de la présidence de l’Assemblée. Les démarches sont déjà entamées, par quatre blocs parlementaires. La machine est en marche pour évincer le chef du mouvement Ennahdha. Pour motivation, ses multiples transgressions du règlement et sa mauvaise direction de l'Assemblée. 

 

 

Le président du mouvement Ennahdha a tant bataillé pour accéder à la présidence du Parlement. Un poste qu’il a convoité et a fini par obtenir. Cependant, le chef du mouvement islamiste n’arrive pas à se défaire de son rôle de chef de parti et exerce ses fonctions en tant que tel au sein du Parlement. Sa gestion du Parlement ne fait pas l'unanimité et les multiples violations ont été rapidement pointées par les partis politiques représentés au Parlement, en l’occurrence, le PDL et Attayar.

 

Les premières dénonciations ont commencé à la suite de la nomination de Habib Khedher en tant que chef de cabinet de Rached Ghannouchi le 8 décembre 2019. Sa nomination n’a été annoncée qu’à la suite d’une correspondance adressée par Abir Moussi à la présidence du Parlement revendiquant des justifications de la présence de l'ancien élu d'Ennahdha, Habib Khedher aux réunions fermées, et ce sans statut légal.

 

D’autre part, le bloc démocrate a annoncé le 11 mai 2020, avoir déposé une requête portant annulation de la décision administrative de délégation de signature faite par Rached Ghannouchi en faveur de son chef de cabinet et neveu, Habib Khedher, lui permettant de signer tous les documents internes à l’exception des décisions à caractère procédural. Cette délégation de signature entrée en vigueur le 7 décembre 2019, lui donne effet rétroactif. Ainsi, les députés du bloc s'interrogent si le chef de cabinet n'aurait pas signé des documents à la place de Rached Ghannouchi, bien avant la décision de délégation.

 

Par ailleurs, le bloc parlementaire a tenu à préciser que cette délégation a été décidée en vertu du décret n° 75-384 du 17 juin 1975, autorisant les ministres et secrétaires d'Etat à déléguer leur signature. Or, le président du Parlement n’est ni un ministre, ni un secrétaire d’Etat pour qu’il puisse déléguer sa signature, indique le bloc démocrate ajoutant que l’article 50 du règlement intérieur permet au président de l’assemblée de déléguer certaines de ses prérogatives, exclusivement, à ses vice-présidents et non à son chef de cabinet.

 Jugeant cette délégation de signature contraire aux dispositions de l’article 50 du règlement intérieur, tout comme le décret n° 75-384 du 17 juin 1975, le bloc démocrate a intenté un recours auprès du Tribunal administratif, pour le report et l’arrêt d’exécution de cette décision du président du Parlement.

 

Une autre transgression vient s’ajouter sur le compte du bureau de l’assemblée présidé par Ghannouchi, le rejet de l’examen de la motion sur le classement des Frères musulmans, déposée par le PDL de Abir Moussi. Cette décision est illégale et constitue un dépassement flagrant de l’article 141 du règlement intérieur. En effet, le bureau de l’assemblée n’a pas le droit de discuter la motion quel que soit son contenu. Outre les multiples dépassements du règlement intérieur, à l’instar de l’empêchement des blocs parlementaires de présenter des propositions d’amendement aux projets de loi avant de les soumettre aux plénières ou encore la gestion des séances plénières et l’octroi des points d’ordres.

 

Mais ce n’est pas tout ce qu’on reproche à Rached Ghannouchi, ses relations extérieures douteuses et ses actions « diplomatiques », notamment, avec la Turquie et la Libye, ont été vivement critiquées. D’ailleurs, cela lui a valu une séance d’audition qui s’est poursuivie jusqu’à l’aube. Une première dans l’Histoire de la Tunisie où le chef d’Ennahdha avait essuyé une longue série d’interventions virulentes contestant ses rapports avec la Turquie, sa gestion, loin d’être neutre du dossier libyen, et son ingérence dans la diplomatie, prérogative exclusive du président de la République.

 

Cependant, le dernier scandale qui a eu lieu, avant-hier, au Parlement, à la suite du passage en force du chef du bloc Al Karama, Seïf Eddine Makhlouf a été la goutte qui a fait déborder le vase. Seïf Eddine Makhlouf a dépassé les agents de la Garde présidentielle, en introduisant, un visiteur à l’hémicycle bien qu’il ait été interdit. Aidé en cela par le chef de cabinet Habib Khedher, la démarche vers l’éviction de Rached Ghannouchi a été remise en marche.

 

Ainsi, quatre groupes parlementaires ont entamé les procédures de retrait de confiance au président de l'Assemblée des Représentants du Peuple Rached Ghannouchi, suite à un réunion tenue samedi, entre le bloc démocrate, le bloc de la Réforme nationale, de Tahya Tounes et le bloc national.

Le porte-parole d’Attayar a épinglé la transgression par ce qu'il nomme " la Troïka parlementaire", en allusion à la "coalition" Ennahdha-Al Karama-Qalb Tounes, de l'article 13 du règlement intérieur de l'ARP organisant les activités du Parlement. Dans ce sens, il a évoqué la commission d'enquête sur les suspicions de conflit d'intérêts liées au chef du gouvernement. Cette commission s'est réunie trois fois avant même que sa création ne fût annoncée en plénière, conformément à l'article 66 du règlement intérieur.

Les quatre groupes parlementaires dénoncent les agressions commises à l'encontre des femmes au sein du Parlement et affirment leur entière solidarité avec la députée Meryem Laghmani.

 

Force est de constater que la situation sur la scène politique nationale est plus que tendue. Avec le forcing du mouvement Ennahdha pour éjecter le chef du gouvernement, les autres partis tentent de faire pression en voulant destituer Rached Ghannouchi de la tête du Parlement. Une revendication initialement lancée par la présidente du PDL, Abir Moussi qui aura un impact important sur la suite des évènements en Tunisie. Si la motion de retrait de confiance à Ghannouchi passe, elle constituera le coup de grâce pour le chef du mouvement islamiste, ainsi qu’un nouveau tournant dans l’équilibre des forces sur l’échiquier politique. Ennahdha a toujours réussi, jusqu’à présent, à sortir des situations les plus complexes. Quel subterfuge trouvera le parti, cette fois-ci, pour esquiver cette offensive directe?

 

Sarra HLAOUI

12/07/2020 | 17:26
5 min
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Commentaires
JAMES-TK
Démocratie & Démoslamie
a posté le 16-07-2020 à 11:54
On aura tout vu, et tout entendu, pendant toute une décennie, plus précisément depuis 2011. Magouilles, clientélisme, tentatives de passages en forces, menaces déguisées, assassinats de responsables politiques, corruption, etc..., etc..., etc. !
Toutes ces man'?uvres le prouvent assez bien, que le mouvement des frères musulmans « ennahdha », ne pourra jamais s'acclimater avec un '?tat civil, encore moins avec la démocratie. Il restera à jamais condamné à rester à des années lumières du monde tel qu'il a été, toujours en mouvement, c'est à dire, en perpétuelle gestation.
Ce qui n'est pas le cas des mouvements radicaux, tout particulièrement tous les mouvements islamo-fascistes, resteront éternellement, figés dans l'espace et le temps.
mehdi
poux- voir
a posté le 14-07-2020 à 09:11
c'est tout à l'honneur de la jeune démocratie tunisienne de regler les conflits par le jeu parlementaire et d'autres ficelles politiques. Qu'il s'agisse de Ghanouchi ou de quelqu'un d'autre le vote est le meilleur moyen de reglement de compte dans la lutte pour le pouvoir.
moussa
retrait de confiance
a posté le 13-07-2020 à 20:54
la démocratie qui a mis les frères au pouvoir peut aussi les chasser de ce pouvoir.le parti ennahda se croit à l'abri grâce à la démocratie n'y avait pas songé. donc l'arroseur arrosé.
abouali
Je conseillerais à Ghannouchi de présenter sa démission
a posté le 13-07-2020 à 16:02
Mathématiquement, la motion a de fortes chances d'être votée à la majorité requise (109), puisque les soutiens d'Ennahdha ne dépassent pas la centaine, lorsqu'ils sont tous présents. Mais il faudrait que les autres blocs se mobilisent et se serrent les coudes pour éviter toute dérobade ou défection. Il est certain qu'ils vont être dans les prochains jours soumis à un harcèlement intense par les fidèles du gourou qui essaieront par tout moyen de faire changer d'avis certains d'entre eux. Les députés indépendants, quant à eux, constituent une inconnue dont il faudra tenir compte. Mais en tout état de cause, la détermination des initiateurs du retrait de confiance semble grande et continue à demeurer intacte. Avec quelques revirements du côté de Qalb Tounes, dont tous les membres ne partagent pas la soumission, pour des raisons d'intérêt judiciaire, de leur chef aux islamistes et qui pourraient le faire savoir à cette occasion. Khriji sera sans aucun doute la victime de son despotisme et de son mépris des règles et de l'avis des autres, mais également de la malhonnêteté, de l'indélicatesse et de la fourberie notoires de son âme damnée de neveu. Rappelons qu'Habib Khedher s'était déjà illustré lors de la rédaction de la constitution par quelques faux en écritures et des formulations d'articles qui ne correspondaient guère aux idées, positions et principes exprimés, et qui ont été violemment dénoncés par les constituants, ce qui a conduit au rejet de la première mouture et à la réécriture de nombreuses dispositions avant leur adoption. Un bonhomme rompu donc à la tricherie, à la falsification et à la fraude, ce qui explique les nombreux dépassements enregistrés. Ses multiples forfaitures ont porté un grand coup à la sérénité qui doit prévaloir dans une institution aussi emblématique, et ont dépassé le seuil de tolérance. Son maître, grâce à lui, est aujourd'hui dans une position où sa marge de manière reste extrêmement réduite, et il faut espérer, pour le bien de la démocratie, ou tout simplement le rétablissement de la normalité et de légalité bafouées, que sa mise à l'écart aboutisse ! Y compris par une démission qui sauverait "l'eau du visage", pour reprendre le conseil de Harouni au chef du gouvernement.
Tunisino
RG est une personne de qualité médiocre
a posté le 13-07-2020 à 11:57
La qualité des personnes clés est très importante pour le développement d'un pays. On ne peut pas avancer sans personnes de haute qualité, non seulement sur le plan Mental mais aussi sur les plans Formation et Valeurs. Tout tourne autour de ses trois mots clés depuis l'indépendance, et surtout après 2011. RG est une personne de qualité médiocre, ainsi il n'est même pas capable de s'entourer de compétences pour bien gérer l'ARP et servir les tunisiens, ce qui conduit même à réaliser son propre projet mais en douceur comme en Turquie. Doit-on être heureux que RG est si bête qu'il conduit Nakba et ses filiales à la disparition, ou doit-on être inquiet pour les années perdus depuis 2011!
Mansour Lahyani
Fakhfekh savait pourtant qu'il ne pouvait pas comme le gourou compter sur une armée de godillots !
a posté le 13-07-2020 à 10:45
Tout comme Fakhfekh, le gourou maudit s'est conduit de façon abusive, méprisant lui aussi les premiers principes, et les plus fondamentaux,de la démocratie. Là s'arrête, à mon avis, le parallèle : contrairement à Fakhfekh, le maudit gourou maudit peut encore compter sur ses arrières politiques et... idéologiques ! Il descendrait quelqu'un dans la rue de nombreux coups de revolver, il pourrait continuer à bénéficier de l'indulgence d'une partie de ce peuple, certes en régression évidente, mais assez nombreuse pour le sauver de tous les faux pas qui auraient pu lui coûter cher...
Fakhfekh n'a plus qu'à se rhabiller, et au plus vite : son imprudence ressemble trop à de l'inconséquence politique, et qui, désormais, pourrait faire confiance à un homme aussi inconséquent ?
Abir de Gabès
Le danger avéré des islamistes se confirme
a posté le 12-07-2020 à 23:10
http://kapitalis.com/tunisie/2020/07/11/le-rapport-du-congres-americain-qui-accable-les-freres-musulmans/
OUA
@ Zut et Flûte| OUI, la Cour constitutionnelle s´impose !
a posté le 12-07-2020 à 21:24
Pour la cour constitutionnelle j'irais même jusqu'à manifester chaque semaine !
dbh
il n'est pas quelqu'un de rassembleur
a posté le 12-07-2020 à 20:04
il a échoué. il ne remplit pas le poste. il n est pas équitable
son unique souci l'intérêt de son parti
sa destitution s'impose
Zut et Flûte
Cour Constitutionnelle
a posté le 12-07-2020 à 19:28
Ils ne veulent pas comprendre que c'est l'absence de cette Cour Constitutionnelle (ou Conseil Constitutionnel si vous préférez) qui est la cause de 90% des problèmes rencontrés;
Pour ma part,je me suis promis de ne plus intervenir que pour rappeler à chaque fois l'URGENCE et la N'?CESSITE de la création de cette INSTANCE suprême jouant le rôle d'arbitre;
On assiste à des matchs de football sans arbitre sur le terrain,la FOIRE à l'EMPOIGNE et chacun y va de son avis;déjà dans notre championnat tunisien avec un arbitre,regardez les palabres et les discussions,imaginez la chose sans arbitre où c'est aux joueurs de décider.....
Et bien,il en est exactement de même en politique:
Un exemple:Le Règlement Intérieur de l'ARP.
Avec une Cour Constitutionnelle,chaque projet de loi est soumis à l'approbation de cette CC pour sa validation ou pas;c'est une instance suprême qui est là pour vérifier si chaque loi est conforme ou pas à la Constitution,POINT BARRE;
La composition de cette CC est bien équilibrée avec autant de postulants de la présidence de la république,de l'ARP,et du Conseil de la Magistrature;
Il est évident que d'un point de vue politique ,voir ses projets de loi refusés pour inconstitutionnalité plusieurs fois décote l'homme politique et il s'y reprendrait à deux fois avant de faire de nouvelles propositions;
Bref,en l'absence de cette cour,chacun fait n'importe quoi,,avec discussions,palabres ,pertes de temps pour rien
là une décision rapide de l'arbitre:coup-franc,hors-jeu,corner rendrait le jeu plus fluide.
MH
Bilan catastrophique, oui, ce monsieur doit partir
a posté le 12-07-2020 à 19:03
Mais malin comme il est, il va bien préparer son coup et peut être il réussira à renverser la situation et sortira vainqueur. Comment ? il va exploser le gouvernement en demandant de retirer la confiance de Fackfack. Ce dernier lui offre une bouée de sauvetage in extremis.
Tunisien
Qui aime bien châtie bien
a posté le 12-07-2020 à 18:52
C'est bien mérité...