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Quelle alternative au Gouvernement d'Union Nationale ?
05/11/2011 | 1
min
Quelle alternative au Gouvernement d'Union Nationale ?
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Par Mustapha Mezghani

Dans un précédent article intitulé « Gouvernement d’Union Nationale : le retour du parti unique » je m’interrogeais sur les raisons qui poussent Ennahdha, vainqueur des élections de la constituante avec 37% des voix exprimées et 41% des sièges, à appeler à un Gouvernement d’Union Nationale.
Cet appel est d’autant plus surprenant que ce parti dispose de nombre de compétences en son sein, compétences qui ont, entre autres, contribué à préparer un programme riche de 365 points et que la Tunisie a vécu deux expériences majeures de Gouvernement d’Union Nationale dont l’une très négatives.

La première expérience de Gouvernement d’Union Nationale a été vécue au lendemain de l’indépendance et la deuxième, en 1988, au lendemain de l’arrivée de Ben Ali au pouvoir. Cette année là, et soit disant afin de faciliter l’instauration d’une Démocratie réelle et pérenne, un Gouvernement d’Union National a été mis en place regroupant différents courants politiques existants en Tunisie en leur attribuant des portefeuilles ministériels. En même temps, les portefeuilles clés ont été attribués à des fidèles afin qu’ils puissent s’en « occuper ». Des réformes ont été instaurées dans différents domaines afin d’amener le pays vers des meilleures horizons. Réformes qui porteront leurs fruits sous forme de croissance économique soutenue, de croissance de l’investissement et de croissance de l’emploi,… En même temps c’est au cours de la même période que les bases de la dictature et du régime présidentialiste ainsi que de la facilitation et de la légalisation des abus ont été instaurées et mises en place. En réalité, dans l’euphorie générale, tout le monde s’est attelé à sa tâche, essayant de faire de son mieux, baissant sa garde quant à ce que faisaient les autres et laissant passer certains écarts en raison d’une ambiance qu’ils ne voulaient surtout pas polluer. Résultats des courses : ce n’est sûrement pas une démocratie qui a été instaurée, loin de là.

Tout ceci aurait pu être évité si l’opposition n’avait pas été enrôlée dans le gouvernement, se retrouvant muselée de fait car il ne peut y avoir de démocratie solide sans une opposition solide. Le rôle de l’opposition n’est pas de pousser vers une situation de blocage, mais, composée de citoyens qui cherchent tout autant l’intérêt de leur pays que la majorité, elle fera des propositions et des critiques constructives.
N’oublions pas que nul n’est parfait. Ce gouvernement sans opposition peut se tromper, en toute bonne foi, ou passer à côté de certaines choses sans s’en apercevoir. Le devoir de l’opposition est d’en attirer l’attention. Le devoir de l’opposition est de jouer un rôle d’observateurs et de s’assurer que toute décision prise et que toute action entreprise mèneront le pays vers le bon chemin.
Ne s’est-on pas tous félicités d’avoir des observateurs partisans aux élections ? Pourquoi alors est-ce que des observateurs de l’action gouvernementale, l’opposition, serait néfaste ?

Dans ce cas, quelle alternative au Gouvernement d’Union Nationale si Ennahdha ne veut pas gouverner seule ?
Une alternative possible au Gouvernement d’Union Nationale, si on considère que le rôle de l’Assemblée Constituante est avant tout de rédiger la constitution, et si l’on veut préserver nos élus pour la confection de cette constitution, est d’avoir un gouvernement composé uniquement de technocrates, de vrais technocrates qui ne relèvent d’aucun parti qui seront chargé d’une mission claire et précise et qui rendront compte à leur chef du Gouvernement, un technocrate, et à l’Assemblée Constituante.
Le Chef du Gouvernement sera retenu sur la base de son programme, de sa vision de la politique générale du pays, et chacun de ses ministres sera retenu sur la base d’un programme ministériel. Le programme du Gouvernement devra ainsi prendre en considération les priorités du pays, à savoir plein emploi et éradication de la pauvreté, et travailler sur le court mais aussi le moyen et le long termes.

Une commission de suivi de l’action gouvernementale doit être créée au sein de la constituante. Cette commission, composée d’élus appuyés par des compétences, sera chargée de suivre régulièrement l’action gouvernementale et de vérifier qu’elle est vraiment sur le bon chemin par rapport à la vision et au programme proposé. Cette commission servira aussi de lien, de courroie de transmission, entre la constituante et le gouvernement facilitant la promulgation de lois et de textes spécifiques de nature à catalyser l’action gouvernementale ou à remédier à certaines insuffisances ou complexités des lois actuelles. La période à venir étant toujours une période transitoire, la réactivité devra être importante et les mesures à long terme, qui n’ont pas d’incidences positives à très court terme, sont à éviter et devront être remises à plus tard. Ainsi, et à titre d’exemple, les réformes relatives aux programmes de l’éducation et de l’enseignement supérieur ne devraient avoir lieu au cours de cette période, mais reportées à plus tard afin de s’assurer de leur conformité avec la future constitution (à part les modifications mineures visant à supprimer les déformations de l’histoire introduites par le régime déchu). Par contre le lancement de projets d’infrastructure, routes et autoroutes est à envisager car il permettra de résorber les problèmes de chômage à court terme, pendant la durée des chantiers, et mettra les bases du développement régional.
Nous sommes convaincus qu’un gouvernement de technocrates est la solution idéale en cette période de constituante.
05/11/2011 | 1
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