2019 est une année électorale par excellence. Les échéances législatives et présidentielle sont à nos portes, ce qui présage une année mouvementée, voire très mouvementée. Partis et personnalités politiques se préparent déjà à mener la bataille des urnes et les spéculations vont bon train sur les candidats (sérieux) qui brigueront Carthage.
Nous aurons sûrement une flopée de prétendants à la succession de Béji Caïd Essebsi. Comme lors des dernières élections, une multitude de candidats se présenteront ; la plupart farfelus et n’ayant pas une once de chance de remporter ne serait-ce que quelques voix (ça fait partie des joies de la démocratie), d’autres qui joueront dans la cour des grands jusqu’au bout.
L’enjeu est de taille. On se prépare donc à se jeter dans la bataille, on place ses pions, on peaufine sa stratégie, on affute ses couteaux, on attend son heure pour décrocher le gros lot.
Yamina Zoghlami déclarait hier que le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi est le candidat du parti à l’élection présidentielle… selon le règlement intérieur, bien évidemment. « Nous considérons que Rached Ghannouchi, qui a été élu et non pas désigné, dispose de toutes les compétences pour se porter candidat à la présidentielle. Rached Ghannouchi a toujours servi les Tunisiens et œuvré à promouvoir l’image de la Tunisie. Il a aussi toujours visé à attirer les investisseurs étrangers ainsi qu’à établir la stabilité politique ».
Cela nous rappelle un certain 10ème congrès d’Ennahdha où plusieurs clauses du règlement intérieur ont été amendées essentiellement pour donner plus de latitude au chef du parti islamiste. Des changements qui n’avaient pas plu à tous les congressistes contestant une certaine hégémonie.
En principe donc et selon le règlement intérieur, révisé sur mesure, le président du mouvement est devenu de ce fait le seul et unique candidat d’Ennahdha à tous les hauts postes de l’Etat, comprendre la présidence de la République, la présidence du gouvernement ou celle de l’Assemblée des représentants du peuple. Il est le candidat naturel de son parti, à moins qu’il ne décide de céder la place. Mais, pour la céder il faut que cette personne ait son plein aval.
Autant dire que les récentes déclarations de Yamina Zoghlami n’ont pas été formulées par hasard ou sans arrière-pensée aucune. Il pourrait s’agir d’un ballon d’essai bien évidemment pour tâter le pouls de la scène politique et médiatique à l’éventualité d’une candidature du cheikh. Toutefois, il ne faudrait pas ignorer tous les signaux envoyés depuis déjà quelques mois par l’entourage de Rached Ghannouchi et son attitude personnelle qui dénote d’une réelle aspiration à briguer le poste convoité.
Un Ghannouchi qui a délaissé le col de chemisier ouvert pour des cravates, renvoyant une image d’ouverture et de modernité. Un Ghannouchi qui a assimilé le dress-code du parfait candidat en s’affichant à toutes occasions, même religieuses, en costume. Un relooking parfaitement exploité par son équipe de communication qui, pour sa part, a délaissé la dénomination de « cheikh » à celle séculière de « Osteth ».
Tous les scénarios sont encore possibles et d’aucuns attendent par ailleurs de savoir si le chef du gouvernement envisage de se porter candidat.
Si Youssef Chahed affirme lors de sa dernière interview que les élections ne l’intéressent aucunement, ce n’est pas tout ce qui se passe autour de lui qui dissiperait le doute quant à ses intentions. Les membres de la Coalition nationale travaillent de pied ferme à mettre en place un nouveau projet politique. Un énième parti, en somme, qui viendrait grignoter dans le sempiternel électorat moderniste, centriste, nationaliste, etc. Un projet politique qui marchera sur les platebandes de Nidaa Tounes, dont sont issus plusieurs de ses instigateurs, à leur tête le jeune chef du gouvernement, ancien poulain du fondateur de Nidaa, Béji Caïd Essebsi.
Le parti de Chahed viendrait-il à se concrétiser, qui serait le candidat le plus à même de le représenter ? Le locataire de la Kasbah l’avait bien signifié, le Nidaa dans lequel il avait milité n’existe plus. Il ne se voit pas appartenir à ce parti et il avait à maintes reprises ouvert le feu sur la direction actuelle.
Pour le moment, Youssef Chahed dit ne pas penser à la candidature de 2019, qu’en tant que chef du gouvernement, il a d’autres priorités et préoccupations et que, surtout, il est fini le temps où un parti ne tournait qu’autour d’une personne. C’est ce qu’il dit, pour le moment, parce que d’ici fin 2019, les choses évolueront forcément et il sera amené à se prononcer sur ses véritables desseins.
Des desseins qui pourraient bien évidemment être contrariés par une éventuelle candidature de son mentor Béji Caïd Essebsi. Le chef de l’Etat sera-t-il candidat ou renoncerait-il à se présenter à sa propre succession? Cédera-il aux appels incessants qui se multiplient ces derniers temps? Le président de la République serait-il tenté de rempiler en refusant de mettre fin à une carrière politique prolifique? C’est ce qu’espèrent, en tout cas, les reliquats de nidaaiste qui misent sur une candidature du père fondateur pour pouvoir se repositionner.
Et dans ce différend qui oppose les deux têtes de l’exécutif faisant partie pourtant de la même famille politique, Ennahdha parachève les préparatifs et fignole sa stratégie certain de pouvoir remporter au moins les législatives tout en reluquant le palais de Carthage.
Ikhlas Latif
Commentaires (36)
CommenterA El Mornaguia
Il ne nous manque plus que ça !
Le peuple Tunisien n'est pas dupe pour accepter d'avoir un terroriste comme président par ce qu'il n'oublie jamais l'assassinat des martyrs Chokri et Brahmi et Nagdh et les sécuritaires et les soldats etc...
Les élections
De plus, sans une majorité agissante au sein de l'assemblée le parti du président de la République n'a aucune action sur les votes des députés et le programme annoncé durant la campagne électorale n'a aucune chance d'être réalisé puisqu'il
n'a pas la majorité requise pour appliquer le programme annoncé qui peut être mis à mal par les députés des partis de l'opposition.
De plus, d'ici l'échéance d'autres figures peuvent apparaître et changer la donne.
Et quoi d'autre
Vous voulez l'extermination de 80% du peuple tunisien !! ce sera au pire.
Sinon comme en 1994, il jettera ses électeurs aux fauves et il partira sous d'autres cieux.
Un peu de sérieux SVP.
@lariosss | 09-01-2019 19:0
Le discours
https://www.youtube.com/watch?v=swGfieUl2o0
Notre transition démocratique doit avancer contre vents et marées
devenir.......... ....
Erreur qui leur sera fatale
HILARANT
Démocratie !!!!
Diffusez son oeuvre pour comprendre que la démocratie à l'occidental, les urnes et tout le tralala n'est qu'une utopie dans nos contrées zarabo musulmanes ...
Lisez pour comprendre votre méconnaissance de la société humaine ...
Il explique l'émergence du pouvoir central dans les sociétés du Maghreb : la prise du pouvoir, la consolidation du pouvoir des différentes dynasties à travers l'histoire mais aussi leur échec et la perte de leur pouvoir.
Il constate que les sociétés du Maghreb ont connu successivement des périodes de prospérité et des périodes de décadence. Les différentes dynasties du Maghreb ont toutes une origine tribale ...
Le pouvoir par les urnes n'y comptez pas ce sera juste une formalité, le pouvoir est déjà pris par la TRIBU des IKHWANS ... pousse toi que je m'y mette.
Ils ont destitué le clan des Ben Ali / Trabelsi
La plupart des dynasties des abbassydes et omeyyades jusqu'à nos jours, ont connu le même devenir : fondées par un groupe tribal qui a pu s'emparer du pouvoir central, elles ont connu une période de prospérité puis une période de décadence jusqu'à ce qu'un autre groupe tribal ait acquis suffisamment de force et de maturité pour s'emparer à son tour du pouvoir central.
C'est le cycle des clans ...
Bourguiba a destitué les Beys grâce à la asabbiya (« cohésion sociale » )terme employé dans un contexte tribal ou de clan, lien fort au sein du clan, ( bourguiba, sayyeh, Alala Laouiti, Sfar, Materi ...) assimilé au Nationalisme moderne, le néo destour a été fondateur de leur grandeur et union, Bourguiba était animé de ce gène Nationaliste ... mais la asabbiya ne suffit pas il faut aussi une propagande politique, Ibn Khaldoun parle du concept de DAWAA ( le message )... Bourguiba avançait l'indépendance du pays, l'investissement sur l'humain comme seul capital, l'élévation dans l'échelle social, des concept que le peuple a entendu...
Sa fin de règne a coïncidé avec l'émergence d'un nouveau clan celui des BenAli, Ltaief, Trabelsi ... nouvel dynastie régnante jusqu'en 2011 le clan des 7 familles étaient fragilisé par la voracité de certains, un clan qui s'est installé dans la suffisance, le peuple s'est retourné contre lui, alors que le peuple vivait dans une certaine aisance '?'. Et une autre tribu, clan est arrivé celui des GHANNOUCH ...
Le clan des GHANNOUCH le chef du groupe tribal, fondateur de la dynastie des Ikhwans de Tunisie, soutenu par une forte asabbiya, obtenant l'allégeance de groupes tribaux de plus en plus nombreux, on voit bien que le centre névralgique de la asabbiya est le CONSEIL DE LA CHOURA, le concept de daawa, souvent traduit en terme de « propagande politico-religieuse » '?' prosélytisme religieux est leur PROPAGANDE, retour au source, des slogans qui sont très prisés par les peuples arriérés et inculte ..
Ne parlons pas de vote '?' c'est des dynastie qui émergent puis s'éteignent
C'est le cycle de la tribu des Ikhwans qui commencent et s'éteindra comme les autres,
Le cycle débutera ( mais a vrai dire a commencé ) et se terminera quand l'autosatisfaction s'installera ainsi que la dépendance à l'égard des biens matériels, avec l'émergence de la cherté de la vie, diminution du pouvoir d'Aicha ;o)), emprunt, mauvaise recette fiscal '?'.
Ce qui va permettre à un autre groupe tribal doué d'une forte asabbiya et nourrissant un projet politique de s'emparer à son tour du pouvoir central et de fonder une nouvelle dynastie '?' et ainsi va la vie '?' kallou les urnes, nos sociétés sont fondés sur le système tribal '?'
Même schéma au Maroc, Algérie, Libye.
Le Maghreb n'est pas encore assez mûr pour la démocratie à l'Occidentale, il manque encore d'esprit critique par manque d'instruction ... il est tj animé par cette structure de clanisme... il se sent protégé au sein de la tribu et pas assez mûr pour se prendre en main ...
Lisez Ibn Khaldoun et instruisez vous, sur nos origines et notre système social ... HC