
Comme s’il n’y avait pas assez de choses interdites dans nos vertes contrées, le traitement de la météo avec certains modèles météorologiques non officiels va venir s’y ajouter. C’est ce qu’a révélé le ministre du Transport, Rachid Amri, devant le parlement lors de la discussion du budget de son ministère.
Un projet de loi visant à réglementer la diffusion de prévisions météorologiques non officielles sera prochainement présenté par l'Institut national de météorologie. L’objectif serait de mettre fin au désordre et à la désinformation causés par la diffusion sur les réseaux sociaux de données météorologiques provenant de sources non vérifiées. Un désordre que nous n’avons pas été en mesure de détecter puisque nous n’avons pas vu de manifestation ni de contestation ni un quelconque remous lié à la chose météorologique. Personne n’a été perturbé par le fait qu’il ait fait beau au lieu de pleuvoir, ou l’inverse. Mais le ministère et l’INM savent certainement de quoi ils parlent et ils voient une utilité à pondre une loi pour interdire de parler et de publier des choses non officielles sur la météo.
Il ne manquerait plus que la question banale : quel temps fera-t-il ? devienne passible de poursuites. Avant de parler de météo avec quiconque il va bientôt falloir lui demander quel modèle météorologique il utilise et vérifier si ce modèle est agréé par l’Etat ou pas. Sinon, ce serait de la propagation de fausses informations pouvant causer chaos et désordre. Pourtant, les premiers concernés par l’exactitude et la précision des données météo, comme par exemple les pêcheurs ou les pilotes, se basent exclusivement sur les prévisions et le travail de l’INM. Comme l’on s’en doute, les professionnels ne vont pas chercher leurs informations sur les pages Facebook. L’Etat veut-il faire voter une loi pour lutter contre les petites polémiques sans intérêt à propos d’un tsunami dans la méditerranée ou les publications improbables sur l’imminence d’un phénomène météorologique majeur ? Ne serait-ce pas comme chasser une mouche au lance-roquette ?
En tout cas, une large partie de l’opinion publique s’est saisie du sujet par la moquerie et la plaisanterie. Maintenant, il faudra se méfier si jamais un chauffeur de taxi vous demande ce que vous pensez de la météo et si vous avez une idée sur l’état du ciel dans les prochains jours. D’autres ont présumé que certaines projections météorologiques font certainement partie d’un énième complot qui viserait la Tunisie de cette nouvelle ère dans le but d’entraver son développement exponentiel. D’où la nécessité de mettre en place une loi pour y mettre un terme dans le cadre de la révolution législative dont on nous parle à longueur de journée. Certains ont exprimé, ironiquement, leur inquiétude en espérant ne pas voir l’horoscope interdit également. Il faudra également informer les touristes qui visitent notre pays que le fait de parler de la météo est soumis à des règles et que ce n’est pas un sujet à prendre à la légère. Même chose pour les Tunisiens qui vont à l’étranger, ils devront avoir à cœur de préserver la souveraineté météorologique de la Tunisie et ne pas se hasarder à évoquer des modèles non officiels.
Le citoyen tunisien doit se montrer météorologiquement conforme et responsable. On ne nous dit pas, par contre, si cette interdiction est extensible à la météo d’autres pays ou pas. Est-ce qu’on pourra ou non évoquer librement la météo de Tripoli ou l’état du ciel à Alger ? On ne le sait pas. D’ailleurs, la formulation même de ce projet de loi sera très intéressante à lire, particulièrement pour les juristes, eux qui ont été franchement gâtés ces dernières années. Si on pousse la plaisanterie plus loin, nous pourrions un jour avoir des réfugiés météorologiques, à ne pas confondre avec les réfugiés climatologiques, sujet autrement plus sérieux. Ils iront se réfugier dans les principales capitales du monde pour pouvoir parler librement de météo en utilisant le modèle qu’ils veulent.
La censure qui risque de frapper les informations non officielles sur la météo existe ailleurs dans le monde. D’après le journaliste Jamel Arfaoui, seuls deux autres pays la pratiquent : la Chine et la Corée du Nord. Un club assez sympathique pour vouloir y entrer. Ce projet de loi à propos des données météorologiques non officielles vient se greffer à un climat où de sérieuses inquiétudes sont nourries à propos de la situation des droits et libertés dans notre pays. Même s’il ‘agit d’une interdiction anecdotique qui fait plus sourire qu’autre chose, elle vient quand même dans un contexte où politiciens, journalistes et même des créateurs de contenu se trouvent en prison, parfois dans des conditions difficiles comme c’est le cas de Sonia Dahmani par exemple. Les charges qui pèsent sur eux et les peines qu’ils encourent ne font, par contre, pas du tout sourire. Il est vrai que l’ensemble de la scène nationale tunisienne attendait une détente et un certain apaisement de la part du pouvoir en place après l’élection du 6 octobre. Il n’en a rien été, évidemment. Mais de là à interdire de parler de météo…


Ce roman a façonné la compréhension moderne des concepts tels que la surveillance de masse, la manipulation de l'information et la suppression des libertés individuelles. Cet ouvrage reste terriblement pertinent aujourd'hui .En Tunisie, par exemple.
Sauf qu'en Tunisie, par les temps qui courent, même les atteintes aux libertés les plus fondamentales revêtent un caractère déjanté.
Est-ce grave Monsieur le Ministre ?
Ta vie tranquille va se transformer en tempête force 10, malheureux poète qui n'aime rien mieux que les doux zéphyrs...
Malheureusement, on persiste à être à côté de la plaque, à la limite d'une accusation avérée.
On percevert malgré tous les voyants qui se dessinent aux verts, pour une sortie du tunnel.
Irréductible à jamais !
Que faire ?
On attend que le ciel s'éclaircit, et la débauche s'écroule, on oserais en ce moment crier victoire.
On attend que la météo se calme messieurs, on aura le loisir de disséquer tout nos malentendus !
Bonsoir à vous.