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Chroniques
Comment expliquer les entreprises communautaires au FMI ?
Par Marouen Achouri
01/12/2021 | 15:59
5 min
Comment expliquer les entreprises communautaires au FMI ?

 

Ce ne sera pas facile d’expliquer à l’une des institutions les plus conservatrices au monde le principe des entreprises communautaires que Kaïs Saïed veut mettre en place. Il est vrai aussi que nous n’en savons pas beaucoup sur cette mystérieuse initiative où chaque habitant aurait une action et qui permettrait, toujours selon le président de la République, de réaliser un essor économique et social fulgurant. Nous pouvons déjà affirmer que l’argument selon lequel : « l’esprit humain ne s’arrête pas aux textes et peut innover et créer », ne va pas convaincre l’institution de Bretton Woods. Ça c’est l’argument qui nous est servi à nous, pauvre populace ignorante qui ne mérite aucun éclaircissement supplémentaire.

 

Mais avant d’en arriver là, il faut d’abord savoir que la Tunisie est en négociation avec le Fonds monétaire international, chose que nous ne méritions pas de savoir. Selon un communiqué de la présidence de la République, il existe même tout un plan de réformes que nous allons présenter au fonds en vue d’obtenir quelques subsides. Dommage que les services de la présidence n’aient pas concocté l’habituelle vidéo de ce type de rencontres avec un discours de Kaïs Saïed. Nous aurions pu, au moins, avoir une idée sur la profondeur du gouffre dans lequel il nous entraine. Car, hormis les vidéos du président, le gouvernement ne communique pas. Que prévoit ce plan de réformes qui, s’il est adopté, engage tout le pays et les générations futures ? Nous n’en savons rien. Que prévoit la Loi de finances 2022 ? Mystère. Mais sinon, tout roule et nous devons être à la hauteur du moment historique instigué par son excellence Kaïs Saïed.

 

Tout cela peut encore passer chez nous, tant qu’on n’a pas besoin des autres. Le peuple tunisien a cette étonnante capacité de se bercer d’illusions et de croire le premier venu, pourvu qu’il soit différent. Mais dans les bureaux du FMI notre dossier servira à faire rire autour de la machine à café, surtout s’ils voient le communiqué de la présidence à l’occasion de la rencontre avec les décideurs économiques de l’Etat. « Le président a insisté, dans ce cadre, sur la nécessité de donner la priorité aux classes défavorisées dans ce plan de réformes, renforcer la gouvernance et assurer la transparence des finances publiques », d’après le texte du communiqué. Venant d’un gouvernement et d’un président qui ont publié une loi de finances complémentaire en catimini dans le Jort, qui préparent la Loi de finances 2022 dans le plus grand secret pour être publiée par décret présidentiel, c’est assez gonflé de parler de transparence. Encore une fois, en Tunisie nous aurons Haykel Mekki ou Mongi Rahoui pour nous « convaincre » du bien fondé de toute cette démarche et pour faire des envolées lyriques. Mais encore une fois, au sein du FMI, cela ne passera pas.

 

Le pouvoir tunisien veut donc convaincre le Fonds monétaire international qu’il est légitime et que ce gouvernement est habilité à parler en son nom. Il doit aussi le convaincre d’un plan de réformes que personne ne connait, que personne n’a vu, malgré les injonctions passées du même FMI sur la nécessité d’établir des réformes concertées pour qu’elles puissent être applicables. Et pour finir, il faudra les convaincre du génie tunisien qui a mis en place les « entreprises citoyennes » en tant que levier de développement et de création de richesses. Nous avons été incapables, depuis une trentaine d’années, de régler le problème des entreprises publiques. Nous avons même maquillé les comptes publics, à un moment donné, pour tenter de présenter un bilan positif juste avant des élections, merci Youssef Chahed. Nous avons l’un des ratios Salaires de la fonction publique/PIB les plus élevés du monde. Mais, attention, nous avons le génie de créer un nouveau type sociétés dans lesquelles tout le monde est actionnaire. Il va sans dire que personne ne compte nous expliquer ce que c’est, ni comment ça fonctionne. Par exemple, comment faire passer une ligne de chemins de fer entre deux villes s’il faut, à chaque délégation, consulter la société concernée ? On fait comment si elles ne sont pas d’accord ? Personne ne le sait. L’architecte du projet le sait-il au moins ? Le doute est permis car ce même architecte a prévu un mode de financement tout à fait cocasse. L’argent, pour ces sociétés, viendra des poches des méchants corrompus qui bénéficieront de l’autre lubie qui est l’amnistie pénale selon Kaïs Saïed. Pour résumer, les corrompus qui ont volé « l’argent du peuple » vont le restituer et l’investir dans ces sociétés pour éviter la prison. Chaque délégation déterminera, à travers son entreprise citoyenne, les projets qu’elle souhaite voir mis en place. A partir de là, chaque délégation voudra son hôpital, son université et son tronçon d’autoroute. Le tout sous la supervision du même corrompu qui a payé pour tout ça, et qui devra aussi assurer l’entretien et la maintenance du « projet » pendant dix ans. La pilule à faire passer au FMI est beaucoup trop grande. Cette pilule ne passe même pas en Tunisie.

 

Les rêves c’est important. C’est ce qui permet d’avancer et d’avoir de l’espoir. Les rêves et les illusions peuvent même vous faire gagner des élections. Mais il en faut beaucoup plus pour faire de vous un président. Le « y a qu’à faut qu’on » ne nous sortira pas de la mouise dans laquelle nous sommes. Kaïs Saïed et son équipe de subalternes ont, apparemment, préparé un plan de réformes. Entre faire la différence entre millions et milliards, et élaborer un plan de réformes à présenter au FMI, il y a de la distance. Il semble être loin le temps de « ommek sannafa » et de la Tunisie qui ne serait pas un élève qui reçoit des leçons. Il est loin le temps de la véhémence de Kaïs Saïed et de ses fans qui se réjouissaient des propos de leur champion. La dernière sortie du président contient des insultes aux tavernes. Il insultait auparavant les hommes d’affaires. Pourtant, ce sont ces deux catégories qui financent largement le budget de l’Etat. Aujourd’hui, on va tendre la main au FMI en espérant qu’il consente à nous tirer, même un peu, de la mouise dans laquelle nous sommes.   

Par Marouen Achouri
01/12/2021 | 15:59
5 min
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Commentaires
Anyssa
Ouvrez vos yeux et vos oreilles...vous allez comprendre les USA et son FMI !
a posté le 03-12-2021 à 14:11
Voici un lien que je partage avec vous et vous invite ô combien à l'écouter attentivement, parce qu'il va vous donner des infos et analyses qui vont vous permettre d'être un peu plus éclairé sur qui commande qui et qui fait fait quoi pour qui et pour quoi...
Et ainsi, vous comprendrez comment la bête avance ses pions en Europe, Afrique et grignote petit à petit pays par pays pour s'accaparer le monde...la vidéo est longue mais mérite le détour pour le travail réalisé. Vous finirez par comprendre et analyser quel est le rôle réel du FMI et Cie qui tue à petit feu TOUS les Tunisiens d'ici ou d'ailleurs !


Qui gouverne la France et l'Europe? - Version Intégralehttps://www.youtube.com '?' watch

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Wissem
Charlatanisme
a posté le à 12:29
Ont ne manque pas de charlatans pour que tu nous ramène des charlatans de France...
Mansour Lahyani
J'ai comme une illumination, très fortuite !
a posté le 02-12-2021 à 15:56
Comment expliquer au FMI le concept des "entreprises citoyennes" ? Je ne vois qu'une personne pour le faire, le génial concepteur de ce concept tout-à-fait improbable ! Le temps dont il aura besoin pour s'extirper de son illustration, tous les délais seront épuisés, même celui du remboursement de nos dettes auprès du FMI... et nous serons quitte envers ce Fonds... et personne n'en parlera plus ! Ce n'est pas vraiment ingénieux, mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour nous sortir de ce mauvais pas ! Si vous avez mieux, allez-y : le Monde nous regarde avec insistance ! Mais évitez autant que possible de déranger le Kayssar dans sa démonstration, vous risqueriez de lui faire perdre le fil de son discours!
Anyssa
Bla..bla..bla...pas de recette miracle.
a posté le 02-12-2021 à 15:02
Depuis 2011, on vous a TOUS embourbés dans un passage sans issu duquel vous ne pourrez vous en sortir qu'à une condition : que la dette soit EFFACEE !

Les loups de la finance ne sont pas prêts à lâcher le morceau de barbaque...
Pas aussi simplement que ça.
Pas avant de vous avoir vu vous saigner aux quatre veines !

Donc, ils ne vous reste qu'une chose à faire, c'est réclamer vos droits à l'EFFACEMENT DE CETTE P....N DE DETTE QUI VOUS RONGE LES TRIPES !
C'est ce qui vous permettra de rebondir.
Sans cela, tout le reste n'est que blabla !
Wissem
Charlatanisme
a posté le à 12:32
Toujours ton charlatanisme. Effaçons la dette et plus aucune banque ou état ne voudra nous prêté de l'argent.
Tounsi Fakhour
Précisions
a posté le 02-12-2021 à 14:45
D'abord la fonction publique. Elle est surchargée de fonctionnaires et accablée. La Tunisie ne peut pas être l'état-providence. C'est une évidence.
C'est différent dans le secteur privé :
De l'argent (capital), il y en a
Du travail, il y en a, même pour les handicapés
L'emploi, c'est autre chose :
Il correspond à un travail rémunéré par l'employeur (le capital) et qui rapporte suffisamment de valeur ajouté à celui-ci.
Gg
Et comment expliquer aux tunisien...s
a posté le 02-12-2021 à 13:39
...que les emplois ne se décrètent pas? Qu'ils sont le résultat d'une économie qui marche? Que la fonction publique ne peut plus embaucher les chomeurs? Que le crédit à des limites, et qu'elles sont dépassées?
Qu' il faut travailler lorsqu' on a un emploi?
Wissem
Oust
a posté le à 12:33
Occupe toi de ton pays !!
zozo Zohra
Absolument
a posté le à 14:12
Apparemment, c'est très difficile ça ne rentre pas dans leurs neurones de paresseux.
Ils attendent toujours que ça tombe du ciel.
Mansour Lahyani
Oui... Bonne chance !
a posté le 02-12-2021 à 12:09
Il a déjà bien du mal à en expliquer le concept aux pauvres Tunisiens, pas seulement aux Tunisiens pauvres !!! Bonne chance, quand même ! Et celui qui y parviendra méritera une mention au Prix Nobel...
Crow_hbs
Looool
a posté le 02-12-2021 à 09:52
Des entreprises citoyennes...autant dire un retour au collectivisme. Le FMI ne va apprécier.
Et qui va y travailler? les fameux chômeurs qui se disent "empêchés" de travailler alors que les chantiers, les plantations et les resto peinent à trouver de la main d'?uvre
Fares
Lablabi Inc. et Mlawi limited
a posté le 02-12-2021 à 01:26
Quel genre de sociétés? Personne ne le sait. Et vu le "tbalbiz" que Saïed n'arrête pas de faire depuis le 25 honni, on n'a vraiment pas confiance ni dans ses talents de visionnaire, ni dans sa sagesse pour ne pas dire autre chose.

Les américains devraient l'appeler The Julia Child Guy, Julia Child étant la Ommek Sannefah du pays de l'oncle Sam.

Inchallah le prix Nobel de l'économie "ala krib" Monsieur le Président.
A4
@Fares
a posté le à 11:31
Effectivement. La théorie qui dit que l'on peut devenir riche sans travailler et sans rien produire, mérite bien un prix Nobel !
Je vote pour !!!
Fares
@A4
a posté le à 12:25
Il y a bien le vieux principe de conservation de l'énergie qui dit: rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. Si on transpose ce principe à la richesse, on peut énoncer qu'il n'y a pas de création spontanée de richesse.

Toutefois, ce principe n'est pas vrai dans le monde quantique, peut-être que notre pays tout comme son président sont après tout des singularités qui sont régies par les lois de la physique quantique.
walii eddine
Il n'y a pas de quatrième voie
a posté le 01-12-2021 à 17:37
Le Président Kaïs Saïed veut nous faire croire qu'il a inventé une quatrième voie de développement économique en plus du libéralisme, du communisme et de la troisième voie de Kaddafi. En réalité, il ne fait que nous servir un mauvais remake de "la troisième théorie universelle" de l'ex dirigeant libyen. Ses entreprises citoyennes ne sont qu'un succédané des fameux "chourakaa la Oujaraa" (associés et non salariés) et sa démocratie participative à travers les assemblées locales et régionales ne diffère pas beaucoup de celle des congrès populaires de feue la Jamahiria Arabe Libyenne. Si le régime de Kaddafi a tenu près de quarante ans grâce à la manne pétrolière, le système de Kaïs Saïed ne tiendra pas une seule année dans un pays aux ressources naturelles aussi limitées que la Tunisie.
A4
Questions:
a posté le 01-12-2021 à 17:09
Robocop a-t-il durant toute sa vie géré autre chose que son salaire de fonctionnaire ?
Robocop est-il capable de comprendre qu'il ne comprend pas grand chose dans beaucoup de domaines ?
Robocop est-il capable d'arrêter de se prendre pour un dieu ?
habib
toi
a posté le 01-12-2021 à 16:44
Tu vas t'en charger cher ami
Charlot
Ce machin n'existe nulle part!
a posté le 01-12-2021 à 16:30
L'entreprise citoyenne n'existe nulle part et c'est une invention purement Kaisienne. Notre pays n'est pas un laboratoire pour tester des idées farfelues qui nous font perdre beaucoup de temps et d'argent et qui vendent de l'air à qui veut y croire. Ce qui existe par contre c'est le concept d'entreprise sociale qui émane de l'économie sociale et solidaire et pour laquelle une loi a déjà été promulguée'?'.mais comme toujours on attend les décrets d'application. Les entreprises sociales peuvent être crées à but non-lucratif et même lucratif. Toutefois l'ESS ne remplace pas l'économie d'un pays mais peut en constituer un socle important. A part cela, il y'a les cooperatives, les mutuelles et les associations qui remplissent différentes fonctions utiles pour la société mais qui sont loin de constituer l'ossature d'une économie. Notre président ferait mieux de se limiter à son domaine de compétence (et voir) et ne pas fureter dans un domaine qu'il est bien loin d'assimiler même si quelqu'un prenait la peine de le lui expliquer (si jamais il apprenait à écouter).
MH
ça s'appelle le socialisme
a posté le 01-12-2021 à 16:22
Le FMI comprendra vite que la Tunisie veut tester le socialisme qui a échoué le siècle dernier.