Malgré une conjoncture économique difficile avec des pressions de toutes sortes sur le marché automobile, City Cars, le concessionnaire de Kia Motors en Tunisie, a terminé l’année 2018 deuxième du marché VP, avec une part de marché de 9,6% et un résultat net en hausse. C’est globalement ce qui ressort de l’Assemblées générale ordinaire, tenue ce jeudi 30 mai 2019 au siège de la société au Kram, pour statuer les états financier de l’exercice 2018.
L'assemblée s'est tenue sous l’égide d’Amel Bouchamaoui, présidente du Conseil d’administration, des deux membres du Conseil Mohamed Chabchoub et Firas Saied ainsi que de Riadh Annabi son directeur général. Les actionnaires étaient satisfaits des performances de l’entreprise puisqu'ils auront droit cette année à un dividende brut en hausse de 0,950 dinar par action, mis en paiement à partir du 15 juillet 2017. Ils bénéficieront, aussi, très prochainement d’actions gratuites : 1 action nouvelle gratuite pour 3 actions anciennes, la société ayant décidé d’opérer une augmentation de capital par incorporation des réserves. Le capital social de la société passera à l’issue de l’opération de 13,5 MD à 18 MD.
L’année 2018 a été un véritable calvaire pour le secteur automobile. Au menu, baisse des quotas de 20%, hausse des droits de consommation de 25%, dépréciation du dinar (20,5% par rapport au dollar et 16,2% par rapport à l’euro), augmentation de la TVA de 1 point et hausse du taux du marché monétaire (TMM) de 35%.
« En dépit de tout cela, City Cars, comme à l’accoutumée, est au rendez-vous avec la performance réalisant en 2018 un résultat net en augmentation de 3,6% par rapport à 2017 : une performance exceptionnelle au regard de la tendance baissière de l’ensemble du secteur et malgré une augmentation notable de l’imposition à l’issue de la fin de période de rabattement à 20% durant les 5 premières années de cotation en bourse », a affirmé Mme Bouchamaoui à l’ouverture de la séance. Et d’ajouter : « Les atouts de nos produits Kia, nos valeurs et nos fondamentaux ont contribué à immuniser City Cars des effets néfastes issus de cette crise conjoncturelle touchant de plein fouet le secteur automobile ».
Introduisant Riadh Annabi, la présidente du Conseil d’administration a indiqué que le nouveau DG de la société depuis le 1er février 2019 est fort d’une vingtaine d’années d’expérience solide et diversifiée dans le secteur automobile.
« Nous sommes ravis de l’avoir parmi nous aujourd’hui et sommes également confiants de la valeur ajoutée qu’il sera capable de nous apporter pour booster davantage le train de la performance de notre société ».
Commentant son intégration à l’équipe City Cars, M. Annabi a déclaré : « J’inscris ma démarche naturellement dans la continuité du parcours exemplaire de City Cars. Je compte capitaliser sur ces acquis et assurer le développement nécessaire dans le but d’enchainer les succès ».
Le DG a noté que l’ensemble du marché automobile a baissé de 19,4%, mais concrètement le marché des véhicules particuliers (VP) a diminué de 23% contre seulement 10% pour le marché des véhicules utilitaires.
Il a expliqué que sur les 45 marques automobiles présentes en Tunisie, les premières marques historiques totalisent environ 70% du marché, six marques d’entre elles détiennent la moitié du marché. « Entre 2018 et 2017, Kia est toujours parmi les 5 premiers du marché toutes catégories confondues –NDLR le marché des véhicules légers (VL)– avec une part de marché de 6,8% en 2018 quasiment au même niveau que 2017. Par contre Kia est placé en 2ème position en VP avec une part de marché de 9,6% gagnant 0,2 point par rapport à 2017 », a-t-il précisé.
Outre les entraves précitées, le DG a évoqué l’institution d’une charge d’impôt additionnelle de 1% au titre de l’année 2018, la contribution sociale solidaire. Il a également rappelé que le taux l’impôt sur les sociétés est redevenu 25% pour Kia en 2018 à l’issue de la fin de période de rabattement à 20% durant les 5 premières années de cotation en bourse.
Riadh Annabi a soutenu que « le glissement du dinar est le principal soucis du secteur et le facteur le plus incontrôlable, qui amène souvent à des incertitudes quant aux prévisions ». Et de développer : « Entre 2017 et 2018, le prix moyen d’un véhicule neuf Kia a augmenté de 22,9%, passant de 34.800 dinars en 2017 à 42 800 dinars en 2018. Sur 5 ans, de 2014 à 2018, le dollar s’est apprécié de 81,8% face au dinar alors que l’euro s’est apprécié de 51,2% : certains modèles ont quasiment doublé de prix de vente ». Il a cité comme exemple, la Picanto de 26.000 en 2015 à 48.500 dinars aujourd’hui.
Pour revenir aux performances de City Cars, le concessionnaire a enregistré, en 2018, une hausse de 3,58% de son résultat net, qui est passé de 13,52 millions de dinars à 14,01 millions de dinars (MD), avec un impôt de plus de 4,11 MD (29,7%). Le chiffre d’affaires de la société a diminué, pour sa part, de 9,2%, évoluant de 160,06 MD en 2017 à 145,3 MD en 2018. L’activité vente des véhicules neufs ayant rapporté 139,85 MD (-9,8%) alors que l’activité après-vente a rapporté 5,45 MD (+7,2%).
Pour sa part, le résultat net consolidé s’est situé à 14,3 MD en 2018 contre 14,81 MD en 2017, en baisse de 3,6%. Le chiffre d’affaires consolidé a affiché une diminution de 9,63%, évoluant de 167,21 MD à 152,52 MD, entre 2017 et 2018.
Le cours de l’action a augmenté de 7,5% au cours de 2018, progressant de 10,75 à 11,40 dinars, avec un pic de 12,87 dinars en juillet 2018.
Ouvrant le débat, une analyste s’est interrogée sur le chiffre d’affaires prévisionnel de 2019.
Moncef Ouaghlani, secrétaire général de l'Association de promotion du marché financier, a exprimé sa satisfaction face aux bons résultats enregistrés malgré une conjoncture difficile. Il en a profité pour s’adresser à l’Ordre des experts comptables formulant son exaspération suite aux changements opérés sur les rapports des sociétés cotées qui réservent les remarques uniquement au conseil d’administration, ce qui représente pour lui un manque flagrant de transparence. Et de s’adresser au conseil pour les inciter à mettre en place des règles de bonnes conduites adoptées à l’étranger comme le plafonnement des salaires des DG, etc.
Abdessatar Ibrahim a également félicité le management pour les performances réalisées. Il s’est demandé les raisons qui ont amené la société à ne pas utiliser le contrat d’actions.
Un analyste s’est interrogé si la voiture populaire ne tue pas les autres voitures, vu la hausse des prix et les problèmes de financement.
En réponse, M. Annabi a noté que l’après-vente est un vecteur de développement qui a beaucoup de potentiel et qui peut être un véritable levier pour la vente de véhicules neufs. Et que ça leur arrive de réduire la marge sur la vente de véhicules, mais de la récupérer sur l’après-vente. Il a évoqué dans ce cadre un grand programme de digitalisation des process d’enquête de satisfaction.
S’agissant de la voiture populaire, il a indiqué qu’elle détruit la marge et ce que reçoivent les concessionnaires c’est plutôt une commission de 1.000 dinars. « Nous sommes très prudents par rapport à la voiture populaire, qui est en train de grignoter des parts sur les autres véhicules », a-t-il précisé.
En réponse à M. Ouaghlani, le commissaire aux comptes a souligné que lorsque quelque chose de significatif est repérée, elle est immédiatement signalée aux petits porteurs.
Le membre du conseil d’administration Firas Saied a, pour sa part, expliqué que pour l’objectif du contrat de rachat d’actions, il ne s'agit ni de spéculer, ni de manipuler le cours, mais d’essayer d’animer un peu le cours et d’assurer sa liquidité en rappelant que ce contrat est très réglementé par le Conseil du marché financier. L’intervention a été minime car le cours s’est maintenu naturellement : " On préfère que le cours de l’action reflète les performances de la société. Aujourd’hui, je pense qu’en présente l’un des meilleurs rendements en dividende sur la bourse de Tunis. On fait presque du 9%, en plus il y aura une distribution de dividende gratuite. Je crois qu’on ne peut pas satisfaire nos actionnaires et nous satisfaire nous-même".
La société poursuit ses efforts pour vaincre une conjoncture difficile. « Continuant sur cette même voie de la performance, la société City Cars a réalisé au courant du premier trimestre 2019 des résultats fort probants qui se sont traduits par une position de leader sur le marché des véhicules particulier (VP) avec une part de marché de 14% et une hausse substantielle de son chiffre d’affaires de 83,3% », a annoncé Amel Bouchamaoui.
En effet, malgré la baisse remarquable de 17,6% du marché VL au premier trimestre 2019, Kia a progressé de 28,8%. Elle est sur la 2ème marche du podium avec une part de marché de 9,8% contre 6,3% une année auparavant.
Pour sa part, le marché VP a enregistré une baisse de 14% alors que Kia a progressé de 32,9%. Elle est sur la première marche du podium, avec un taux de pénétration de 14%, en nette amélioration par rapport au premier trimestre 2018.
City Cars table sur 4.250 unités vendues en 2019 contre 3600 unités vendues en 2018, pour un chiffre d’affaires de 210 MD, a indiqué Riadh Annabi.
Imen NOUIRA
