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Chroniques
Ceux-là ont déçu les Tunisiens en 2016
01/01/2017 | 16:51
4 min

 

A l’aube de cette nouvelle année 2017, les Tunisiens confortent l’impression d’être un peuple d’optimistes invétérés. Tant mieux, car leur réalité l’année écoulée n’a pas toujours été agréable à vivre. Mais si les choses se sont passées un peu mieux que prévu sur le plan économique et social, l’année 2016 aurait confirmé une fois de plus que les dossiers politiques, et particulièrement les acteurs politiques, sont les principaux motifs de déception des Tunisiens.

 

L’une des grandes déceptions des Tunisiens l’année dernière a été le président de la République. Les sondages d’opinion montrent d’ailleurs que sa côte de popularité a connu une chute vertigineuse durant les huit mois derniers. Pourtant, il a porté les espoirs d’une large frange de Tunisiens durant plus de trois ans. Mais au cours de l’année dernière, il a multiplié les écarts de langage et de comportement  qui ont visé notamment les journalistes. Il a fait des déclarations malhabiles, à l’intérieur du pays comme à l’étranger, qu’il a fallu rectifier par la suite. Il a forcé la main à tout le monde en proposant un gouvernement d’union nationale sans contenu réel et en imposant son poulain Youcef Chahed à sa tête sans lui donner réellement les moyens d’en être le chef, et en prenant un malin plaisir à montrer qu’il est le seul à continuer, depuis Carthage, à tirer les ficelles.

Ce que les Tunisiens attendent du président de la République cette année, c’est d’être le président rassembleur dans le cadre de ses prérogatives strictes telles qu’elles sont définies dans la Constitution de 2014. Ils attendent que le président et ses conseillers réduisent leurs interventions dans la gestion gouvernementale parce que ce comportement leur rappelle des épisodes douloureux de leur histoire. Ils espèrent enfin, et ça sera la cerise sur le gâteau, que le président prenne conscience que son fils n’est pas et ne sera jamais un homme politique de premier plan et qu’il saura par conséquent le convaincre de prendre des distances avec le parti Nidaa afin de sauver ce qui peut encore être sauvé du projet moderniste initial.

 

Le parti Ennahdha a été de son côté très décevant. On espérait sincèrement que les résolutions de son dixième congrès concernant l’ancrage de ce parti dans le paysage politique et civil du pays et la rupture entre l’action politique et la prédication émanaient d’une réflexion profonde et d’une conviction assumée. Depuis, les déclarations répétitives de ses dirigeants, notamment son président Rached Ghannouchi, nous ramènent aux interrogations anciennes sur la nature et l’identité du mouvement islamiste. Rappelons que, selon un communiqué officiel d’Ennahdha, seuls les déclarations du président du parti  Rached Ghannouchi, du secrétaire général Abdelkerim Harouni et les positions de l’institution de la choura engagent le mouvement islamiste.

Or malheureusement, c’est précisément Rached Ghannouchi qui, depuis quelques semaines, multiplie les déclarations consternantes concernant les terroristes daeshiens d’origine tunisienne. En premier lieu, il n’a voulu voir dans leur action sanguinaire que l’expression d’un islam en colère sans plus. Par la suite, il a tenté, sans succès, d’introduire l’idée du repentir en leur faveur.

En réalité, le chef du parti islamiste, ainsi que ses dirigeants, ont été surpris par la réaction vigoureuse de la société civile contre le retour des terroristes tunisiens au pays et se sont repliés derrière les positions de principe concernant le refus du terrorisme et la nécessité d’appliquer la loi en vigueur. Le degré de confiance des Tunisiens dans le discours des islamistes sera largement déterminé à la fin de l’année 2017 par la gestion du dossier des daeshiens d’origine tunisienne à leur retour au pays.

 

La troisième source de déception des Tunisiens au cours de l’année dernière aurait été la magistrature. La gestion catastrophique de certains dossiers notamment reliés aux assassinats politiques, l’extrême célérité dans la gestion de quelques cas très médiatisés et qui sentent l’intervention politique, la lenteur excessive dans la gestion d’autres dossiers non moins importants, l’instrumentalisation politique de la justice comme dans le cas des affaires des syndicalistes sécuritaires Walid Zarrouk et Issam Dardouri, ont fini par discréditer la justice et les magistrats. L’élection récente du conseil supérieur de la magistrature aurait pu inverser cette tendance et redonner espoir aux Tunisiens dans leur justice. Mais le corporatisme exacerbé de certains, les petits calculs personnels et les interférences politiques ont fait que le conseil supérieur de la magistrature qui était censé marquer le renouveau de la justice tunisienne est devenu un élément de clivage et de discorde supplémentaires au sein de notre magistrature.

 

Enfin, il n’est pas permis, en parlant de ceux qui ont déçu les Tunisiens en 2016, de ne pas accorder une mention spéciale aux locataires de l’ARP , censés porter la voix des Tunisiens, mais qui ont brillé par leur inefficacité, leurs chamailleries, leur absentéisme pour beaucoup, leur mauvaise foi pour certains et leur incompétence pour une large frange d’entre eux. Bien entendu, parmi les députés de l’ARP, il existe des individualités, des députés, femmes et hommes, au sein de tous les blocs parlementaires, qui ont émergé du lot et imposé le respect à tous par leurs compétences et leur sérieux. Mais ils sont peu nombreux pour redorer l’image de l’ARP, trop écornée aux yeux des Tunisiens.

 

01/01/2017 | 16:51
4 min
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Commentaires (16)

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Naima
| 05-01-2017 09:11
2016 ,une année décevante ,mais pas autant 'le cri politique semble apprendre beaucoup de leçons '.mais pas tout . Notre plus grand malheur , c'est que nous demeurons toujours à la recherche de l'autre coupable , qui soit bouc émissaire , nous étions partiales de ne pas se demander en quoi nous étions impliqués ? '.tous

Lario
| 03-01-2017 10:53
En général la vie politique de tout pays démocratique est basé sur la valeur, l'efficacité et la confiance de son peuple aux partis, mais malheureusement en TUNISIE , ses dirigeants actuels ont déraillé, ils ont tout fait pour décevoir leurs partisans, et ils les ont laissés fuir et dénigrer tout le systéme par leurs fantasmes, leurs égoismes e t leurs narcissisme et surtout par le constat de cette sordide situation d'une soit disant démocratie où le citoyen a espéré trouver son appétit, et se consacrer pour étre utile à sa nation, mais malheureusement sans attendre et au bout de compte il s'est trouvé inutile et dècu, aussi lorsqu'il constate que sa chére TUNISIE est devenue comme une proie où tous les charognards se jettent sur sa chair pour arracher le maximum de part et celui qui détient le plus du magot et de la magouille de l'intérieur ou de l'extérieur et qui est le plus disant et le plus offrant à la majorité de nos médias aura toujours raison et sera éternellement favori et au dessus du tout lot, espérons que tot ou tard tout se mettra à bon ordre et viendra le jour où notre démocratie sera de plus en plus transparente consistante et bien ancrée dans les esprits et les comportements, et l'avenir nous dira

Belgacem Snoussi
| 03-01-2017 10:29
Accuser le Chef de l'Etat, le premier parti de Tunisie et les députés de l'ARP, sans citer les journalistes montre le degré de partialité de M. Benhmida. Le journalisme continue depuis des années à faire un travail lamentable. Le metier de journalisme n'est pas ce qu'il devrait être. Il est à la solde des politiques.

Accuser Ennahdha de favoriser le terrorisme parce que son leader évoque leur retour est une preuve suffisante pour montrer le degré de partialité du journalisme tunisien. Rached Ghannouchi n'agit qu'en tant que potentiel chef d'Etat. Il n'avance pas des solutions démagogiques pour gagner le coeur de la population. Il propose des solutions avant tout faisable. Le droit international public et la Constitution ne permettent en aucun de refuser des nationaux, peu importe importe leur provenance ou leurs actions. Ce que l'Etat peut faire, c'est de les juger, d'anticiper leur retour inéluctable et agir en conséquent. Ce que propose Rached Ghannouchi relève de la raison.

Mounir
| 02-01-2017 18:45
Et même si on faisait de nouvelles élections législatives anticipées, la répartition des résultats des élections législatives anticipées sera très probablement la même qu'à l'état actuel des choses. Et ceci car 3 Millions de Tunisiens et même plus vont refuser d'aller voter comme en 2014!

toninho cereso
| 02-01-2017 16:06
Ennahdha déçoit. Mais le parti qui est censé gouverner ne déçoit pas avec ses guerres fratricides ???? Droles d'analyse (plutot mesquine).

N.Burma
| 02-01-2017 14:06
Votre chronique première de l'année intitulée « ceux-là ont déçu les Tunisiens en 2016 » critique avec toute la douceur qui vous caractérise trois gros de la vie publique à commencer par le président de la République, suivi du principal parti politique structuré en organisation islamiste sans foi ni loi et enfin la magistrature qui représenterait la justice indépendante pour ceux et celles qui auraient la naïveté d'y croire.
Il me semble que vous auriez oublié le principal qu'est le peuple de Tunisie qui déçoit depuis des années dans sa léthargie à dormir de plus belle , plongé dans un long sommeil, pareil aux malades en soins palliatifs, attendant l'heure fatale sans jamais se soulever, se réveiller, se révolter.
Aussi, me permettriez-vous cher chroniqueur, que je m'appuie sur la réflexion profonde de Georges Orwell réflexion par laquelle l'écrivain anglais qui fut aussi journaliste comme vous, au cours du siècle passé, Georges Orwell disait : « Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n'est pas victime ! Il est complice. ».
Sans vouloir accuser quiconque, permettez-moi de désigner ce peuple tunisien dans sa grande majorité, d'être un peuple complice, aussi corrompu que ses représentants aussi renégat, aussi imposteur et aussi traître que ceux qui aujourd'hui parlent en son nom.
La déception première est là, les autres découlent de cet état de fait !


EL OUAFI 2
| 02-01-2017 13:31
Par mes respects l'enlèvement du président Ben Ali il me semble que ses relations étaient meilleurs avec le mossade et la C I A pour l'intérêt du pays c'est la logique de la diplomatie en évitant de déclarer la guerre avec quiconque .
ce que ne voulez pas comprendre ce que Ben Ali était l'ami fidèle de kaddafi pour l'intérêt général et Ben Ali devra quitter la région pour facilité de déraciner Kaddafi ni plus ni moins et les présidents que aviez prendre comme exemple se sont la cause de la misère qui vive le monde Arabe il y a que le président Anour Essadatte qui est le meilleur président du moyen orient .
S V P je t'en pris de ne pas répondre à mon commentaire .

JOHN WAYNE
| 02-01-2017 12:20
A tous mes frères et s'urs nationalistes Tunisiens !
La Tunisie va vers une destruction certaine.
Aidé de traitres Tunisiens travaillant pour la CIA et le Mossad et autres services secrets d'obédience sioniste, le mouvement sioniste mondial s'est attaqué à notre glorieuse Nation et son illustre leader le général Ben Ali, sous prétexte d'une campagne pour la démocratie et les droits de l'homme.
Ce complot machiavélique a culminé en une fausse révolution qui a vu notre leader Ben Ali poussé à l'exil par une faction de l'armée Tunisienne loyale a l'OTAN, force colonialo-sioniste dont le but n'est autre que la destruction du monde Arabe au profit du projet du grand Israël.
Cette faction de l'armée a ensuite suivi une feuille de route imposée par le mouvement sioniste mondial qui a exigé l'avènement des islamistes Tunisiens, la destruction de la Libye et l'assassinat du martyr Mouammar Kadhafi, et une destruction systématique des pays Arabes par la création du mouvement DAECH dont les sponsors ne sont autres que Washington, Ankara, Doha, Ryadh, et Jérusalem.
La Tunisie sous le joug du mouvement sioniste mondial et grâce a des leaders marionnettes dépourvus de nationalisme et de dignité, a été le principal moteur de ce complot sioniste odieux qui a détruit la Syrie et causé la mort de millions d'innocents, détruit le Yémen, et qui tente par tous les moyens de détruire ce pays frère qu'est l'Algérie.
Nationalistes Tunisiens, notre pays est en danger de destruction !
Il n'est pas trop tard pour agir comme l'ont toujours fait les grands hommes de la Tunisie. Ceux qui l'ont défendue, libérée, bâtie, protégée, et aimée de toutes leurs forces.
L'année 2017 verra un aggravement de notre situation sécuritaire. Notre pays sera attaqué par ces mêmes agents du sionisme qui se pavanent au Palais de Carthage ou qui commettent des crimes contre l'humanité en Syrie et en Irak.
Il est grand temps pour vous d'agir et de sauver la Patrie !
Agissez comme l'aurait fait Bourguiba, lui qui n'a eu comme rêve dans sa vie qu'une Tunisie stable, indépendante, et prospère.
Agissez comme l'aurait fait le général Ben Ali, lui qui au lendemain du 7 Novembre 1987 sauva la Tunisie d'une guerre civile certaine comme celle qui endeuilla l'Algérie.
Agissez non pas au nom de l'Islam qui est le plus grand danger pour vous et pour le monde Arabe, mais au nom de la terre Tunisie, celle qui absorbe depuis des siècles le sang de ses héros et de ses martyrs.
Agissez comme l'ont fait les grands Nationalistes du monde Arabe lorsqu'ils offrirent à leur peuple la dignité : Nasser, Saddam Hussein, Ben Bella, et Yasser Arafat.
Agissez au nom de la Tunisie de Bourguiba celle qui fit l'envie du monde et celle dont l'hymne National vous donne encore les larmes aux yeux.
Agissez au nom d'Habib Bourguiba lui qui de sa tombe maudit les traitres et rêve d'une deuxième indépendance !

JOHN WAYNE
Ancien membre des Gouvernements d'Habib Bourguiba et de Zine El Abidine Ben Ali.

Abou Walid
| 02-01-2017 10:40
Certes, il y a des vérités dans cet article, cependant, la question que je ne peux m'empêcher de poser est la suivante : "Quels que soient son charisme et les échos qui peuvent lui parvenir, un journaliste peut-il se permettre de parler au nom de tous les Tunisiens ?

Mounir
| 02-01-2017 09:41
Je suis de votre avis que les calculs politiques de BCE sont bons, même très bons.

J'ai eu aussi le grand plaisir de lire son livre, il y a tout une intelligence dans ce qu'il fait et cette intelligence n'est pas à la portée de tout le monde.

Par contre, j'avertis que la démocratie n'a pas d'avenir en Tunisie sans le vote obligatoire, et BCE est conscient de la nécessité du vote obligatoire mais il ne fait rien dans ce sens.

Je me permets de compléter le dernier livre de Mr. Béji Caïd Essebsi par la phrase: "en pays d'Islam, la démocratie n'a pas d'avenir sans le vote obligatoire"

De même, je trouve que c'est complètement idiot d'exiger de Hafedh Caïd Essebsi de renoncer à ses ambitions politiques seulement afin de faire plaisir à Mohsen Marzouk et sa bande' Il y aura bientôt des élections municipales et on saura la réaction du peuple tunisien'

J'insiste encore une fois que BCE n'a arithmétiquement que deux choix possibles:
1) Une grande coalition ou
2) de nouvelles élections législatives.

Et même si on faisait de nouvelles élections législatives anticipées, la répartition des résultats des élections législatives anticipées seront très probablement les mêmes qu'à l'état actuel des choses. Et ceci car 3 Millions de Tunisiens et même plus vont refuser d'aller voter comme en 2014!


Oui, Ennahdha et le clan Ghanouchi sont pires que l'ex dictateur Ben Ali en ce qui concerne la corruption et le privilège de l'oligarchie et la bourgeoisie! Ennahdha et le clan Ghanouchi ne sont pas une meilleure alternative à l'ex dictateur en ce qui concerne la corruption'


ET avant de s'engager dans de nouvelles élections, il faut introduire le vote obligatoire afin que la démocratie fonctionne en terre d'Islam!

Je suis désolé de le dire, Mr. Sofiene Ben Hamida est très superficiel dans son article ci-dessus. En effet, il nous a habitués à des articles de meilleures qualités.