Il ne les a choisis que pour leur loyauté et leur penchant aigu pour la flagornerie, mais il a fini par les jeter pour absence de compétence. Très rapidement pour les uns, tardivement pour les autres, les flagorneurs ont la vie courte avec Kaïs Saïed.
Quand une entreprise privée cherche à recruter un dirigeant, elle émet un cahier des charges draconien dans lequel tout est passé au crible. Parcours universitaire, engagements associatifs, expérience, gestion de stress, management des ressources humaines, sociabilité, réalisations antérieures, capacité à remplir les engagements et les objectifs, voire même sa façon de conduire sont scrutés par les recruteurs, voire les cabinets de recrutement spécialisés. « Parfois, on met plus d’un an avant d’engager un futur dirigeant. On ne peut pas se permettre d’erreur. Les diplômes et l’expérience ne sont que deux composantes parmi tant d’autres atouts que le dirigeant doit obligatoirement posséder », témoigne un directeur tunisien dans une multinationale spécialisée dans les finances.
Dans le secteur public, les choses se font autrement. Les recrutements se font sur concours et on ne regarde guère les qualités humaines intrinsèques. Pire quand il s’agit de postes de haut rang au sein de l’État, on ne jure que par la loyauté.
C’était le cas sous la troïka, mais également sous Béji Caïd Essebsi et maintenant sous Kaïs Saïed. Combien de ministres sans expérience et sans compétence a-t-on vu ces treize dernières années ? Il y a même eu des chefs de gouvernement sans expérience managériale aucune et sans aucune compétence avérée pour le poste, tels Hamadi Jebali, Ali Larayedh, Najla Bouden ou Ahmed Hachani.
Si avec les islamistes d’Ennahdha, l’appartenance politique au mouvement islamiste et la loyauté envers ses dirigeants était suffisante pour occuper et perdurer dans un poste de ministre, de gouverneur ou de PDG, les choses ont légèrement changé sous Kaïs Saïed.
Pour seul cahier des charges, la loyauté supposée au président de la République est suffisante pour devenir haut commis de l’État. Sauf que cette loyauté ne garantit aucune longévité.
Depuis le 25 juillet 2021, on compte plus d’une centaine de dirigeants nommés puis limogés par le président de la République. Il n’y a jamais eu d’explication pour savoir pourquoi tel dirigeant a été nommé, ni aucune sur pourquoi il a été limogé.
Ce qui est certain, c’est que la loyauté à elle seule ne suffit pas. La compétence et l’efficacité peut-être ? Non plus, elles ne suffisent pas, comme il a été constaté avec les quelques rares ministres ayant fait preuve d’une certaine compétence tels Samir Saïed, Malek Zahi et Kamel Feki.
Conscients que la compétence et la loyauté ne garantissent aucune longévité, certains ont essayé la flagornerie et ont usé, à volonté, de la brosse à reluire.
De pareils cas, on en compte par dizaines. Le dernier en date est celui de Awatef Dali limogée jeudi 19 septembre, en pleine campagne électorale. Sans aucun doute, elle a été une des pires PDG de la Télévision nationale. Elle a bâillonné ses journalistes, elle a envoyé balader le Syndicat national des journalistes tunisiens, elle a transformé la télévision publique en outil de propagande au seul service du pouvoir de Kaïs Saïed, a fermé la porte devant l’opposition et a même accepté d’être humiliée devant les caméras. La dame s’est pliée en quatre pour satisfaire Kaïs Saïed et a tourné le dos à ses confrères et à l’éthique journalistique, mais cela ne l’a pas immunisé. Elle a été jetée sans ménagement. Sans explication, comme d’habitude, bien entendu. Elle aura duré au poste plus de trois ans, ce qui est assez long.
S’il y a un message qui sort du limogeage de Mme Dali, c’est bel et bien celui-là : la flagornerie ne garantit pas la pérennité et encore moins la promotion sous le régime de Kaïs Saïed.
On peut bien accéder aux hauts postes grâce à elle, mais on ne perdure pas.
Avant Mme Dali, plusieurs hauts commis de l’État se sont essayés à l’exercice de la flagornerie. Il y en a même dont l’unique bilan dont on se rappelle est une petite phrase louant le président de la République.
Les deux meilleurs exemples sont ceux des chefs de gouvernement Najla Bouden et Ahmed Hachani. À leur nomination, on ne leur connaissait aucune expérience et aucune compétence particulière. À leur sortie, on ne leur connaissait aucune réalisation, absolument aucune. En revanche, on se rappellera toujours de la fameuse réplique de Mme Bouden quand elle a dit « machallah » (grâce à dieu) au président de la République lorsqu’il lui a dit qu’il y avait 1,8 million de manifestants pour le soutenir. En réalité, il n’y en avait que quelques centaines. « Opposer la grâce divine à une intox proférée par le chef a de quoi vous assurer des lendemains heureux et tranquilles », commentait alors Business News.
Ahmed Hachani fera mieux que sa prédécesseure. Comme elle, il n’a laissé derrière lui aucune réalisation. Mais on se rappellera encore de son fameux « Azizi Kaïs Saïed » (mon cher Kaïs Saïed) durant la cérémonie d'ouverture de la 22e commission mixte tuniso–algérienne tenue le 4 octobre 2023 en Algérie. On se rappellera aussi de « Kaïs Saïed ma kifou had » (le président n’a pas son pareil) lors de la rentrée scolaire 2023. En plus de ses hochements de la tête systématiques devant son patron, c’est tout ce qui est resté de ce chef de gouvernement qui n’est resté qu’un an au poste.
Idem pour Ezzedine Chelbi, gouverneur de Ben Arous fraichement limogé dont on ne se rappelle que le dos littéralement rond devant Kaïs Saïed et sa fameuse phrase « limédha lam yankharitoun » (pourquoi ils ne se sont pas inscrits) à propos des faibles inscriptions à la consultation nationale décidée par le chef de l’État. Comme les deux chefs du gouvernement, M. Chelbi n’avait que sa supposée loyauté et sa certaine flagornerie pour seul bilan.
Pareillement pour l’ancienne ministre de la Culture, Hayet Guettat qui n’a même pas été capable de mener à terme l’unique projet dont le président l’avait chargée, le centre arabe de calligraphie, ou de l’ancienne ministre du Commerce qui a mis à terre un grand nombre de commerces et de boulangeries.
Si tous ces dirigeants sont restés un certain temps à leur poste, grâce à leur flagornerie, certains ministres ont eu moins de chances et ont été limogés après seulement quelques mois. C’est le cas de Salwa Abassi, ancienne ministre de l’Éducation, qui a martelé, devant des enseignants micro à la main au perron de son département, qu’elle est là pour exécuter les ordres de Kaïs Saïed. Elle connait le même sort que son prédécesseur Mohamed Ali Boughdiri, qui a totalement tourné le dos à sa famille syndicale pour servir son nouveau chef.
Cela devient évident, la flagornerie est une porte d’entrée moche dans le sérail de Kaïs Saïed, mais elle ne suffit nullement, à elle seule, pour perdurer. Les flagorneurs ont la vie courte sous Kaïs Saïed. Leur mièvrerie, en revanche, a longue vie.
Juste après leur limogeage, les nombreux adeptes des réseaux sociaux se sont moqués de ces flagorneurs en long et en large. La joie mauvaise observée au lendemain des limogeages de Ezzedine Chelbi, Ahmed Hachani, Salwa Abassi ou Mohamed Ali Boughdiri est à inscrire dans les annales.
Méprisés par la population, jetés par le pouvoir, ces flagorneurs se sont trouvés, à cause de leur choix, dans une position de perdant-perdant. D’eux, l’histoire ne retiendra que de la mièvrerie et ce n’est nullement beau à voir.
“La flatterie n'émane jamais des grandes âmes, elle est l'apanage des petits esprits qui réussissent à se rapetisser encore pour mieux entrer dans la sphère vitale de la personne autour de laquelle ils gravitent.” (Honoré de Balzac).
Raouf Ben Hédi
Ou 3, ou 4...
(Subhana allah) tout est gravés sur leur visages
banana republic with so many bhayem and one bghal..
Tout est archaïque en Tunisie, à commencer par la mentalité et l'interprétation de la religion.
La dignité est réservée aux hommes et femmes d'honneurs..
bonne soirée
L'expression consacrée « Le Maure a fait son devoir, le Maure peut partir » se lit dans sa version originale : « Le Maure a fait son travail, le Maure peut partir ».
Friedrich Schiller a mis cette phrase amère dans la bouche de Muley Hassan, le Maure de Tunis (La conspiration de Fiesco à Gênes).
Le reste est de la littérature.
Ils ont tous fait bonne figure mais aucune réalisation , aucun projet plien de voyages, des sourires, des grosses phrases qui nous pompent l'air.
Attendez ce n'est pas finit Robocop le clean va mettre une telle pagaille qu'on finira par nous déchirer.
Et l'arabe n'est pas rancunier...
Meskina Tounes. Reflechissez bon dieu on va retourner a l'âge de la pierre!!!
Vous aurez la honte pour le restant de vos jours.
Qui vous dit qu elle ne vivait pas mal ce poste avec ce president qui l avait deja humilié.
Dans tous les cas , la majorité de l article et juste meme si votre ton est revenchard.
Le pb que vous ne pointez pas est le suivant :
- le but de gens loyaux c qu ils vous soutiendront pendant les periodes ou temps difficile mais KS a créé le doute meme chez ses supporters ? Mourront ils pour lui ? Quand le peuple sera devant le palais retourneront ils leurs veste comme les ex RCD .
Ce genre de pouvoir sont helas faible si meme vos loyaux serviteurs ont des doutes sur le dirigeant alors imaginez les ennemis de KS qui doivent se sentir gonflé a bloc capable de toute les revolutions colorées.
Et ce n est pas les militaires qui viendront au secours