Le porte-parole de la Garde nationale, Houssemeddine Jebabli, a déclaré vendredi 29 novembre 2024, qu’une campagne de sensibilisation organisée par la direction générale de la Garde nationale sur l’avenue Habib Bourguiba était consacrée à la violence domestique.
Depuis 2022, les cas de violence domestique ont augmenté, comme en témoigne la hausse du nombre de plaintes enregistrées par les forces de l'ordre spécialisées, telles que la Garde nationale, la police régionale et centrale, ainsi que les unités chargées d’enquêter sur les crimes de violence contre les femmes et les enfants.
Lors d’une conférence de presse ce matin, M. Jebabli a déclaré que le taux de violence contre les enfants avait atteint 70 % au cours des six premiers mois de 2024, contre 51 % pour la même période en 2022. De plus, les incidents impliquant des personnes âgées sont passés de 40 % en 2022 à 64 % en 2024. Il a souligné que la majorité des cas de violence domestique concernent les enfants, qu'ils en soient les victimes directes ou qu'ils en soient témoins.
Houssemeddine Jebabli a affirmé que le ministère de l’Intérieur adopte une approche personnalisée, tenant compte de la complexité de ces situations qui impliquent de nombreux acteurs dès le début de la procédure. Il a précisé que cette campagne de sensibilisation porte le thème « Ta famille, ton capital », en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour le développement, qui collabore avec le ministère de l’Intérieur depuis 2011 dans le cadre du programme de réforme du secteur de la sécurité.
Dans ce cadre, le colonel Taoufik Belhaj Abdallah, chef de l’unité centrale spécialisée dans les enquêtes sur les crimes de violence contre les femmes et les enfants au sein du département des affaires judiciaires de la Garde nationale, a expliqué que cette initiative s’inscrit dans une approche collaborative mise en place par le ministère de l’Intérieur, en coordination avec de nombreux partenaires, en raison de la spécificité du sujet de la violence domestique et des liens familiaux entre l’agresseur et la victime.
Taoufik Belhaj Abdallah a ajouté que l’augmentation des signalements de violences s’expliquait par plusieurs facteurs. Il a mentionné la levée des barrières psychologiques qui empêchaient les victimes de signaler les violences, une sensibilisation accrue des citoyens à l’existence d’équipes spécialisées dans ce type de cas, et une prise de conscience grandissante de la gravité du phénomène.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi n° 58 contre la violence faite aux femmes, 58 unités ont été créées au niveau régional pour la Garde nationale, 70 autres pour la police nationale, ainsi que deux unités centrales dédiées à la lutte contre ces violences. Le colonel a également souligné des causes majeures de cette violence, telles que la consommation de drogues et l’abus d’alcool, en mettant l’accent sur les impacts psychologiques graves sur les victimes, qui nécessitent souvent une prise en charge par des spécialistes en santé mentale dans un cadre global incluant les dimensions légales, sanitaires et psychologiques.
Cette campagne de sensibilisation fait partie d’une série d’ateliers et d’activités organisés par le ministère de l’Intérieur dans le cadre de sa stratégie de lutte contre la violence. Des réunions ont eu lieu dans six ateliers régionaux à travers le pays, ainsi qu’un atelier central à la direction générale de la Garde nationale à l’Aouina, réunissant divers partenaires impliqués dans la lutte contre la violence domestique. La tente de sensibilisation sur l’avenue Habib Bourguiba vise à renforcer la collaboration entre les différentes structures et les composantes de la société civile pour faire face à la violence domestique et réduire ses effets sur la société, en partenariat avec plusieurs ministères. Une manifestation est prévue le 5 décembre pour faire le bilan des ateliers régionaux et des activités menées contre la violence domestique. La clôture de cette stratégie nationale interviendra le 10 décembre et portera sur la lutte contre la violence dans les espaces sportifs, éducatifs et domestiques, coordonnée par la direction générale de la Garde nationale.
H.K
Oui, l'augmentation du nombre de signalements ne signifie pas forcément une augmentation du nombre de cas.
Il est difficile de faire la part des choses, sur ce sujet hypersensible.
violance