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Le cri des jeunes médecins : nos revendications ne sont pas un luxe, mais un droit !
02/07/2025 | 11:20
3 min
Le cri des jeunes médecins : nos revendications ne sont pas un luxe, mais un droit !

 

Dans une intervention sur Mosaïque FM, Wajih Dhakkar, président de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM), est revenu, mercredi 2 juillet 2025, sur les raisons profondes du mouvement de protestation en cours. Loin d’un simple conflit salarial, il s’agit, selon lui, d’une crise de reconnaissance et de dignité pour une profession essentielle au fonctionnement du système de santé tunisien.

Wajih Dhakkar a tenu à rassurer les citoyens : malgré la grève, les hôpitaux publics continuent de fonctionner, notamment grâce aux services de garde assurés par les médecins hospitalo-universitaires et les spécialistes. « Le système ne s’est pas effondré. Nous aurions voulu ne pas en arriver là, mais ce qu’on considère comme une simple formalité administrative, nous, nous y voyons des personnes qui travaillent, parfois 24 heures, sans être payées », a-t-il souligné.

Il a dénoncé le fait que certains hôpitaux n’ont pas payé leurs jeunes médecins depuis plusieurs années, en dépit d’alertes répétées adressées au ministère de la Santé. Certaines revendications n’ont jamais reçu de réponse concrète.

Le président de l’OTJM a également alerté sur une situation inacceptable : des médecins en service dans les hôpitaux publics exercent sans statut légal clair, sans contrat stable, sans couverture sociale, ni droit à la carte de soins. « Comment peut-on leur demander de soigner les autres alors qu’ils ne peuvent eux-mêmes accéder aux soins ? », a-t-il lancé.

Interrogé sur une éventuelle suspension de la grève pour relancer les négociations, Wajih Dhakkar a répondu clairement : « Le dialogue ne peut se faire sous la menace. Nous avons été ouverts, nous avons frappé à toutes les portes. Mais on nous menace de poursuites judiciaires. »

Il affirme que les seules avancées constatées, comme la prise en charge de certains stages, sont le fruit de la mobilisation des jeunes médecins et de la volonté des doyens des différentes facultés, et non d’une initiative spontanée des autorités.

Wajih Dhakkar reconnaît néanmoins des signes positifs : les autorités ont manifesté leur volonté de reprendre les discussions. Il insiste toutefois : « Nos revendications ne sont ni excessives ni nouvelles. Il ne s’agit pas de bonus, mais de droits élémentaires. »

Il conclut en affirmant que la situation semble évoluer, que le dialogue devrait reprendre, et que la crise pourrait être désamorcée dans les semaines à venir.

L’OTJM a, rappelons-le, vivement dénoncé la décision du ministère de la Santé obligeant les médecins résidents à rester dans leurs centres d’affectation actuels. Elle estime que cette mesure viole les articles 8 et 37 de la loi sur les études médicales, compromettant ainsi le parcours académique et la formation scientifique des concernés.

Selon l’OTJM, cette décision s’inscrit dans une dynamique plus large de restriction des droits des jeunes médecins, notamment en limitant leur liberté de mouvement. L’Organisation a également exprimé sa colère à l’encontre du ministre des Affaires sociales, qui aurait menacé leur délégation de poursuites judiciaires lors d'une réunion de négociation tenue le 30 juin 2025, si le mouvement de protestation se poursuivait. Elle lui reproche en outre d’avoir minimisé l’ampleur de l’exode médical, alors même que le gouvernement se dit préoccupé par l’état des services de santé publique.

Le bureau national de l’OTJM a accusé les autorités de refuser le dialogue, une attitude jugée responsable de l’aggravation de la crise actuelle et de l’augmentation des départs de jeunes médecins vers l’étranger. L’Organisation a lancé un appel à la responsabilité aux professeurs hospitalo-universitaires et aux acteurs du secteur de la santé, les incitant à défendre un système de santé public, équitable et respectueux des droits des soignants comme des patients.

Par ailleurs, l’OTJM a rejeté les tentatives de politisation du mouvement, dénonçant les discours laissant entendre qu’il serait manipulé par des forces politiques. Elle a réaffirmé que son engagement est exclusivement au service du peuple et de la nation.

 

 

M.B.Z

 

 

02/07/2025 | 11:20
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