
Le président de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (Conect), Aslan Berjeb, a indiqué que l’utilisation du chèque comme moyen de garantie était le résultat de la difficulté d’accès au financement et de la dégradation du pouvoir d’achat. Il a également souligné que cette situation s'explique par un manque d'alternatives pour les citoyens et les entreprises face aux restrictions économiques actuelles.
Invité le 3 février 2025 à « Sbeh El Ward » de Hatem Ben Amara sur Jawhara Fm, Aslan Berjeb a affirmé que la nouvelle réglementation sur les chèques était désormais une réalité à laquelle nous devons faire face. Selon lui, les acteurs économiques ne sont pas encore tous prêts pour cette transition. Il a ajouté que le consommateur s'était vu contraint d'utiliser le chèque comme garantie dans des situations de financement difficiles.
« Un citoyen dont le revenu est de 1500 dinars ne peut pas s’offrir un climatiseur de deux mille dinars autrement… Je ne suis pas d’accord avec l’approche purement juridique selon laquelle une personne qui n’a pas d’argent n’a pas la possibilité d’acheter. Cela s’oppose à toute théorie favorisant une dynamique économique… Nous aurions pu peut-être bénéficier d’une période de transition plus large », a-t-il déclaré.
Le président de la Conect a estimé que la réalité économique soulevait plusieurs questions, notamment celles liées à l’infrastructure technique et financière. Selon lui, la Tunisie s’est engagée dans un processus de réforme et ne pouvait plus faire marche arrière. Il a précisé que le secteur financier devait mettre en place de nouvelles solutions pour répondre aux besoins des acteurs économiques, citant l'exemple des cartes bancaires "Buy Now Pay Later", qui permettent le paiement échelonné.
« La nouvelle réglementation sur les chèques représente un pas en avant vers la numérisation des transactions financières… Il existait une relation de confiance basée sur une approche répressive… En ce qui concerne les professionnels, ces derniers s'approvisionnaient généralement auprès des fournisseurs à travers le chèque de garantie… Aujourd'hui, la seule alternative est la lettre de change… Mais il est essentiel de renforcer son rôle », a-t-il déclaré.
Aslan Berjeb a indiqué que la numérisation visait à limiter le nombre d’intermédiaires dans une transaction, ce qui permettrait ainsi de réduire les frais. Il a estimé que la période à venir serait similaire à une phase de test permettant d’évaluer la fiabilité de la plateforme dédiée aux chèques, notamment durant les week-ends. Il a également souligné que de nombreux acteurs économiques n’avaient pas été informés de la nouvelle réglementation. De plus, il a révélé que certaines banques n’avaient pas encore eu accès à la plateforme pour des raisons techniques.
Par la suite, le président de la Conect a abordé la question des autorisations et des cahiers des charges. Selon lui, c’est l'une des priorités de l’organisation. Il a expliqué que le système des autorisations bloquait l’accès à certains secteurs économiques. Il a également précisé que certains cahiers des charges étaient encore plus complexes que les autorisations elles-mêmes. « Notre message est clair : non à tout document empêchant un petit acteur économique d’accéder au marché… Prenons l’exemple du secteur des transports… On exige un nombre minimum de véhicules pour intégrer ce secteur. Pourquoi ne pas permettre au propriétaire d’un seul véhicule d’y accéder ? De même pour la location de véhicules », a-t-il conclu.
Aslan Berjeb a expliqué que ceci permettait l’ouverture des marchés et qu’il suffisait de mettre en place un système de contrôle adéquat. Il a déploré les longues périodes d’attente pour l’obtention d’une autorisation ou pour avoir une réponse favorable à la suite de l’étude d’un cahier des charges.
« Nous avons un problème au niveau de l’industrie… Les sociétés fournissant des services sont en expansion… Mais, nos sociétés de services coopèrent avec des entreprises basées à l’étranger et non en Tunisie… Nous avons peur de voir l’économie tunisienne se transformer en une économie de demande au lieu d’une économie d’offre… Nous devons encourager les sociétés de services… D’un autre côté, plusieurs zones industrielles ont été créées dans les régions intérieures, mais sont restées vides… D’autres zones industrielles se trouvant dans de grandes villes ne répondent pas aux critères d’une zone industrielle de notre ère… Il s’agit de simples terrains… Or, il faut faire appel aux nouvelles technologies et une vision adaptée à chacune d’entre elles », a-t-il ajouté.
Aslan Berjeb a expliqué que les acteurs économiques investissaient dans des projets de développement de leurs activités, mais n’investissaient pas dans de nouveaux projets. Il a appelé à soutenir les investisseurs nationaux avant de se pencher sur la question des investisseurs étrangers. Il a expliqué que les entrepreneurs tunisiens étaient des ambassadeurs de la Tunisie. Il a, dans ce sens, évoqué l’importance d’une stratégie liée à l’investissement. Il a expliqué que la Conect avait élaboré une stratégie de fusion des différentes agences de l'investissement dans le but d’harmoniser les efforts.
Aslan Berjeb a, également, mis l’accent sur l’importance de la restructuration et le sauvetage des entreprises en difficulté financière. Selon lui, la législation en vigueur à ce sujet est archaïque et ne répond pas aux attentes de ces structures. Il a expliqué que le sujet touchait même les entreprises publiques.
S.G



Ce matin mon agence me confirme que les nouveaux carnets barrés(obligatoire pourquoi) de 10 chèques seulement ne sont pas prêts et que probablement, les anciens chèques pourraient être encore utilisés.
Quelle gabegie !
Vraiment, cette situation confuse est inadmissible.
Ceux qui ont préparé cette réforme n'ont pas été capables de prévoir les délais nécessaires pour passer d'une situation ancestrale à un nouveau système dont la mise en place nécessite plus de temps.

