L'ancien député d'Attayar et militant, Majdi Karbai, a estimé, mardi 29 octobre 2024, que la Tunisie devrait entamer un dialogue tuniso-tunisien sur la migration et les migrants, afin de déterminer ses besoins et pouvoir formuler des revendications à la partie italienne et européenne.
Notons qu’une délégation de la Commission européenne effectue, le 29 octobre 2024, une visite en Tunisie pour examiner « la conformité de la Tunisie avec le protocole d'accord signé en juillet 2023 entre la Tunisie et l'Union européenne », selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Ce dernier précise que la visite intervient dans un contexte de vives critiques concernant le coût humanitaire élevé de ce mémorandum « qui a transformé la Tunisie en un prestataire de services pour la surveillance des frontières européennes, avec des aspirations à établir des centres de détention de migrants ».
En réponse à une interrogation d’Amina Ben Doua lors de son passage téléphonique dans l'émission Midi Show, sur Mosaïque Fm, M. Karbai a expliqué que la partie européenne et italienne était bien préparée ayant des personnes spécialisées dans ce domaine alors que les Tunisiens, notamment les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères, ne le sont pas. Pour lui, il est primordial que la Tunisie ouvre un dialogue pour avoir l’avis de scientifiques, académiciens et d’experts comme notamment le FTDES qui est en train de donner des chiffres, des mesures et qui a une vision. L’objectif étant de permettre au pays de savoir sur quoi négocier, quelles sont les lacunes et ce qu’il doit faire.
Pour lui, l’Italie et l’Europe ont réussi à exporter la crise de la migration : ils ont rendu la Tunisie un point chaud de rassemblement de migrants, selon le programme de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, tout en lui jetant quelques miettes de temps en temps pour la faire taire. Pour preuve, le nombre de migrants parvenus sur le territoire italien a baissé passant de plus 140.000 pour l’actuelle période en 2023 à 55.000 migrants pour cette même période en 2024, soit une diminution de 100.000 migrants, dont la moitié se trouverait sur le territoire tunisien, a-t-il calculé grossièrement.
Autre chose importante, il recommande l’ouverture d’un dialogue avec les pays du voisinage, l’Algérie et la Libye, d’où vient le flux migratoire.
Pour lui, les aides fournies ponctuellement par l’Italie et l’Europe ne sont pas des solutions radicales, le nombre de migrants bloqués en Tunisie augmentant à vue d’œil, envenimant de ce fait la crise, notamment dans la zone d’El Amra et de Jebeniana dans le gouvernorat de Sfax.
I.N.