alexametrics
samedi 07 décembre 2024
Heure de Tunis : 19:04
SUR LE FIL
L’édito poignant de Kaouther Zantour
29/10/2024 | 12:45
3 min
L’édito poignant de Kaouther Zantour

 

Sous d’autres cieux, un média qui ferme ses portes est un événement national. Les États font tout pour que cela n’arrive pas tant leurs dirigeants sont conscients de l’importance de la presse dans l’édification et la construction démocratiques. 

En Tunisie, la situation de la presse est calamiteuse depuis des années en raison de la crise économique, du Covid et de la situation politique. En raison aussi du business model basé exclusivement sur la publicité qui a bien atteint ses limites.

Dernier média victime en date, le journal Acharâa El Magharibi dont la directrice-fondatrice Kaouther Zantour a annoncé mardi 29 octobre 2024 dans un édito poignant le dernier numéro.

 

Mme Zantour évoque les différentes crises par lesquelles est passé son journal, ses dettes, les salaires impayés de ses journalistes depuis des mois ou encore le loyer impayé. Elle remercie les rares qui l’ont soutenu dans sa mésaventure, notamment l’homme d’affaires et mécène Moncef Sellami. Elle épingle surtout l’absence de tout soutien de l’État qui continue à inonder de publicité publique les journaux de caniveau et les journaux propagandistes et s’abstient de donner le moindre millimes aux médias qui respectent les normes de la profession et la déontologie.

Acharâa El Magharibi aurait eu 10% de l’argent que donne l’État quotidiennement à Echourouk ou à La Presse, il aurait été sauvé, ainsi que ses journalistes.

 

Sauf que l’État tunisien ne veut pas sauver les médias de qualité qui le critiquent ou qui défendent les valeurs démocratiques. Pourtant, il n’y a pas un pays démocratique au monde qui ne soutienne et ne subventionne les médias de qualité, car ce sont eux qui préservent la conscience collective et ce sont eux qui préservent la démocratie et défendent les libertés.

S’il ne les poursuit pas sur la base du décret 54, l’État tunisien laisse péricliter les médias de qualité jusqu’à leur mort.

 

Ce qui est arrivé aujourd’hui à Acharâa El Magharibi, reconnu pour sa grande qualité et son respect strict de la déontologie, peut arriver à d’autres demain.

Business News ne fait pas l’exception, malgré son déficit qui s’accumule d’une année à l’autre depuis quelques autres. Sans le soutien infaillible de ses actionnaires de référence Karim Guellaty et Nizar Bahloul, le journal aurait disparu. Il ne peut perdurer avec l’assèchement des revenus publicitaires, l’absence totale de subventions publiques et le retrait subit de la publicité des entreprises publiques (Tunisie Telecom, BH Bank, BNA) parfois contraire aux engagements contractuels fermes. À ces pressions financières, s’ajoute les pressions judiciaires.

Quelle que soit sa force, un journal ne peut pas résister à tant de pressions. 

Le cas d’Acharâa El Magharibi n’est pas unique. On ne compte plus les médias (de qualité ou pas) dont les journalistes ne sont pas payés depuis des mois. Le SNJT reçoit des missives presque quotidiennes.

Le dernier édito de Kaouther Zantour sonne comme un SOS pour toute la profession en Tunisie.

Sans médias libres et indépendants, respectant les normes de la profession, la Tunisie ne saurait construire une société juste, indépendante et consciente. C’est une évidence pour tous les pays développés et c’est pour cela que, dans ces pays-là, on fait tout pour soutenir la presse.

Que ces pays et ces médias semblent lointains de la Tunisie dont seuls les propagandistes et les exécrables du métier continuent à bénéficier du soutien de l’État !

 

Cliquer ici pour lire l’intégralité de l’édito de Kaouther Zantour.

29/10/2024 | 12:45
3 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous
Commentaires
Ben Mansour
Oxygène
a posté le 30-10-2024 à 07:33
Qu'on le veuille ou non, la presse représente l'oxygène pour le cerveau humain. Il est impossible sinon extrêmement difficile d'imaginer la possibilité de vivre dans un milieu sans presse. C'est le principal outil du développement des états peu importe le contenu car c'est le cerveau qui devrait être capable de trier les informations .
Abel Chater
Je ne veux vraiment pas être injuste, mais ce n'est pas ce même journal de "Maghreb" je ne sais quoi, qui fut le symbole d'horreur pour la Révolution tunisienne du 14 janvier 2011 depuis son début ?
a posté le 29-10-2024 à 21:38
Tout le monde se rappelle d'un certain journal du nom le Maghreb, qui fut symbole du mensonge et de l'intrigue en Tunisie!!!
S'il s'agit de ce journal, je lui dis "bon débarras" et "celui qui creuse une fosse y tombe, Et la pierre revient sur celui qui la roule".
Si ce n'est pas lui, je m'excuse beaucoup.
Allah yostirnè wè yostirkom wè yostir koll Moômen Billèh!!!
MM
confusion
a posté le à 09:01
Vous vous trompez de journal. Il s'agit de ACHARAA EL MAGHARIBI et non Le MAGHREB et la différence est évidente. Il a été fondé en 2015.
Abel Chater
@MM
a posté le à 10:02
Merci beaucoup pour l'information.
Bonne journée.
Slim
La notion du Média libre est une utopie universelle
a posté le 29-10-2024 à 17:32
Elle remercie Moncef Sallemi parmi les rares à l'avoir aidée et tout de suite après elle parle de média libre et indépendant. Si jamais un jour Moncef Sallami commet une connerie grotesque alors elle ne pourra jamais en parler. Ce raisonnement s'applique à tous les médias du monde où les investisseurs et actionnaires font la loi. Donc pour que le média soit libre il faut qu'il ne dépende de personne
Thoura
Internet
a posté le 29-10-2024 à 16:59
Il est grand temps que tous les journaux s'y mettent à l'abonnement via internet.
Y compris BN pkoi nous lisons tout les articles en libre .
On le voit tout les journaux à l'étranger l'accès aux articles est fait via abonnement.
L'édition en version papier coûte très cher ,et en plus presque plus personne n'achète un journal en papier, seul qcqs vieux de la vieille le font.
Néjib SAADOUN
Liberté et presse
a posté le 29-10-2024 à 15:05
Un titre qui disparaît est c'est tout un pan de la société qui tombe. Que l'on soit gauchiste ou libéral de Lénine qui disait "la presse est l'arme de la vérité" à Thomas Jefferson qui affirmait que "la presse est le baromètre de la liberté", tout le monde est d'accord sur la place de la presse dans la défense des intérêts des citoyens.
Une presse responsable qui respecte l'éthique du métier, dont les soucis sont d'informer, d'analyser et de recommander, ne peut être qu'une grosse perte pour le pays quand elle disparaît. Cette disparition peut faire la joie de ceux qui sont pire que les aveugles parce qu'ils ne veulent rien voir ou pire que les sourds qui ne veulent rien écouter, mais tomber dans la médiocrité ou dans la presse des "égouts" ne favorisera jamais le progrès et le développement.
Un appel à Kaouther Zantour, faites vos calculs, regardez ce qui est nécessaire à faire payer par les lecteurs fidèles et lancez une offre publique d'abonnement. Je peux vous assurer que de nombreuses personnes y adhéreront.
Bon courage.
veritas
Tout cela été prévisible .
a posté le 29-10-2024 à 14:50
Depuis 2011 des journaux et des magazines qui ont fleuris partout sans avoir les moyens nécessaires dans un pays saturés par la presse écrite et les tv pour un petit marché comme la Tunisie en plus l'arrivée des journaux électroniques a compliquer les choses pour les journaux classiques et dés 2011 beaucoup ont affirmer que les nouveaux journaux n'auront pas les moyens d'exister pour trop longtemps '?'.depuis quelques années il y'a des journaux qui ne cessent de disparaître faute de moyen ,à l'étranger la majorité des journaux sur le web sont payants.
Bannouri Rabii
Laissez nous vous aider
a posté le 29-10-2024 à 14:21
Oui, je suis pour un abonnement payant a Acharaa Al Magharibi, c'est la moindre des choses, puisse cela aider ou est ce trop tard? Laissez nous vous aider s'il est encore temps.
Merci pour tout ce que avez pu endurer pour nous servir toutes ces annees.
Bannouri Rabii
Quelle triste nouvelle
a posté le 29-10-2024 à 14:06
Quels mots dois je utiliser pour exprimer mon infinie tristesse pour l'arret de publication de notre journal, Acharaa Al Magharibi? Il n'y en a pas! C'est de la colere que j'ai en moi aujourd'hui, en cet instant suite a cette nouvelle et une question : pourquoi laisse-t-on deperir nos medias les plus serieux, les plus honnetes, les plus patriotes ? est ce que la verite et la difference sont devenus aujourd'hui si dangereux pour certains? il semble que oui. Tuer, de si vile maniere nos Medias les plus respecteux n'est pas digne de la revolution du Jasmin, n'est pas digne de la Tunisie et c'est une atteinte au droit du citoyen d'etre informe, et bien informe. Il est du devoir de nos dirigeants, aujourd'hui et de toute urgence, de sauver Acharaa Al Magharibi et tous les autres medias en deperdition. C'est la seule maniere pour eux de nous prouver qu'ils nous respectent et respectent notre droit a une information et de montrer un peu de respect a Kaouther Zantour et toute son equipe et a nos journalistes honnetes.
Gg
@ BN
a posté le 29-10-2024 à 13:32
Vous devriez créer un abonnement mensuel pour ceux de vos lecteurs qui voudraient vous soutenir.
J'ignore combien cela vous rapporterait, mais pourquoi pas?
Dites nous aussi si cela vaut le coup pour vous de cliquer sur vos encarts publicitaires?