Si, le phosphogypse peut devenir radioactif !
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Fatma Thabet Chiboub : le phosphogypse n’est pas radioactif !
Lors d’une séance plénière à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) le 12 mars 2025, la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, a déclaré que « des études scientifiques ont confirmé l’absence de matières radioactives dans le phosphogypse ». Elle a ajouté que cette substance industrielle pouvait être valorisée sans danger pour la santé publique, après validation du ministère de la Santé.
Cependant, ces affirmations vont à l’encontre des données scientifiques bien établies sur la composition du phosphogypse. Ce sous-produit de l’industrie des engrais phosphatés contient naturellement des éléments radioactifs, notamment l’uranium, le thorium et le radium, qui sont présents dans le minerai de phosphate d’origine.
Le phosphogypse est issu du traitement chimique des phosphates, largement exploités en Tunisie. Lors de ce processus, des radionucléides présents dans la roche phosphatée, notamment le radium-226, se retrouvent concentrés dans les résidus.
Des études menées dans plusieurs pays montrent que la radioactivité du phosphogypse peut varier entre 14 et 2 500 Bq/kg (becquerels par kilogramme), selon la provenance du phosphate. Ce niveau de radioactivité peut sembler faible, mais il est suffisant pour justifier une gestion prudente et des contrôles stricts.
L’un des principaux dangers du phosphogypse est l’émission de radon-222, un gaz radioactif incolore et inodore qui résulte de la désintégration du radium-226. Ce gaz peut s’accumuler dans des espaces clos et présenter des risques pour la santé humaine, notamment une augmentation du risque de cancer du poumon en cas d’exposition prolongée.
Le radon issu du phosphogypse peut contaminer l’air et les eaux souterraines si les déchets ne sont pas correctement stockés. Dans plusieurs pays, comme les États-Unis et certains États européens, l’utilisation du phosphogypse est fortement réglementée ou interdite en raison de ces risques.
R.A.
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Votre commentaire
Il s'est avéré à l'époque, que les quantités étaient minime et ne pourraient pas faire l'objet d'installations industrielles .
Le phospogypse comme sous-produit du traitement chimique des phosphates ne pourrait être donc que radioactif .C'est pourquoi , il serait très important de prendre toutes les précautions nécessaires lors de son utilisation pour le purifier tout d'abord convenablement .
D'ailleurs , le cerveau est fait pour ça ( éliminer les impuretés)
C'est tout ce que l'on peut en déduire !...
Sur le plan chimique, le phosphogypse est constitué majoritairement de sulfate de calcium dihydraté (CaSO'·2H'O), mais il peut également renfermer de nombreuses impuretés, en fonction de la nature de la roche phosphatée d'origine. Parmi celles-ci, on retrouve des métaux lourds (cadmium, plomb, mercure, chrome), des phosphates résiduels, du fluor, ainsi que des éléments radioactifs naturels, notamment le radium-226. Ce dernier est à l'origine de l'émission de radon, un gaz radioactif préoccupant pour la santé humaine en cas d'exposition prolongée.
La toxicité du phosphogypse est donc liée à la présence de ces substances, avec des risques pour l'environnement (contamination des sols et des eaux souterraines) et pour la santé humaine, notamment par inhalation de poussières ou de radon. Dans certains pays, il est classé comme déchet faiblement radioactif, ce qui en limite fortement l'usage ou impose des conditions strictes de manipulation et de stockage.
Malgré ces contraintes, des voies de valorisation du phosphogypse sont à l'étude ou en cours de développement. Il peut être utilisé dans les matériaux de construction (briques, ciment, plaques de plâtre), dans les travaux publics (remblais routiers, stabilisation des sols), ou encore en agriculture comme amendement pour les sols acides, bien que cette dernière application soit très encadrée. D'autres recherches visent à en extraire des éléments d'intérêt, comme le fluor ou certaines terres rares.
Ainsi, le phosphogypse représente à la fois un défi environnemental, en raison de son volume et de sa composition, et une opportunité, si des filières de valorisation sûres et encadrées peuvent être développées pour limiter son impact écologique. Les études réalisées sur le phosphogypse tunisien indiquent la présence des éléments toxiques mentionnés précédemment. Il est donc essentiel de faire preuve de prudence et de ne pas affirmer sa non-toxicité ni d'autoriser son utilisation dans un cadre non contrôlé. La vigilance doit être de mise pour tout usage industriel de ce déchet !