
L’homme d’affaires Marouen Mabrouk est sous le coup d’une nouvelle inculpation depuis la semaine dernière. Treize personnes en tout ont été inculpées dans cette affaire qui soulève plein d’interrogations. Contrairement aux affaires précédentes qui touchent M. Mabrouk, celle-ci est une véritable affaire d’État.
Les mis en examen sont, Marouen Mabrouk, Youssef Chahed (ancien chef du gouvernement), Riadh Mouakher, Imed Hammami, Mabrouk Korchid, Mehdi Ben Gharbia, Samir Taieb, Salma Elloumi, Ridha Chalghoum, Anouar Maarouf, Khemaies Jhinaoui (anciens ministres), Lotfi Ben Sassi (ancien ministre-conseiller du chef du gouvernement) et Adel Grar (ancien directeur de la holding chargée de gérer les biens confisqués par l’État en 2011).
Contexte judiciaire et contours de l’affaire
Parler d’une affaire en cours devant la justice est à la fois délicat et interdit par la loi. Je n’entrerai donc pas dans les détails de l’affaire, malgré son importance, et me contenterai d’expliquer les principaux contours.
Marouen Mabrouk, co-actionnaire d’Orange Tunisie, est en conflit avec l’État tunisien pour récupérer certains de ses biens confisqués, estimant qu’ils lui reviennent de droit (grâce à son labeur et son héritage) et n’ont pas été le fruit d’un quelconque népotisme avec son ex beau-père, l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Parmi ces biens, des propriétés en Europe que l’Union européenne a gelées en 2011 à la demande des autorités tunisiennes.
Les affaires traînant en justice bien plus que nécessaire, et lassée d’attendre, Orange France a cherché à débloquer le dossier d’Orange Tunisie afin de pouvoir y investir davantage et la sortir de son marasme. Il s’agit d’un montant en devises équivalant à 161 millions de dinars. Sauf qu’Orange ne peut rien investir tant que Marouen Mabrouk a ses avoirs gelés en Europe.
Afin de débloquer cette situation, ce dernier a proposé à l’État tunisien (représenté par son gouvernement) une caution bancaire en Tunisie dont le montant est supérieur à l’ensemble de ses avoirs en Europe. Si la justice tunisienne le déclare coupable, la caution revient à l’État, qui récupère ainsi les montants mal acquis. Si la justice l’innocente, la caution tombe à l’eau.
La valeur estimée des biens en Europe est de douze millions de dinars ; Marouen Mabrouk a proposé à l’État une caution bancaire de trente millions de dinars.
Opacité gouvernementale et rumeurs
Un conseil des ministres s’est tenu sur le sujet le 18 janvier 2018, durant lequel Youssef Chahed a exposé la problématique et recueilli les avis de ses ministres.
Au vu des déclarations des uns et des autres, tout le monde était d’accord pour trouver une solution à une situation qui n’a que trop duré et qui va grandement bénéficier à la Tunisie au vu des investissements annoncés par Orange France. Précision en passant, rien de ce qui a été décidé n’a été fait. Le gel n’a pas été levé (contrairement à ce qui se dit), Orange France n’a pas investi.
En dépit des bonnes intentions affichées de tous les ministres présents, la présidence du gouvernement a maintenu l’opacité totale sur le sujet. Elle n’a rien communiqué au public, laissant libre cours aux rumeurs les plus folles. Elle a aussi offert à ses ennemis un bâton pour se faire battre.
L’ingérence d’I Watch dans le dossier
Surfant sur la polémique, l’ONG I Watch a déposé plainte en 2018 suspectant une malversation et la corruption de tout le gouvernement par et au profit de Marouen Mabrouk.
I Watch, c’est qui ? C’est une sulfureuse association tunisienne dont l’objectif déclaré est de lutter contre la corruption. Sauf qu’elle a toujours été sélective dans les dossiers qu’elle traite (ce qui est de son droit) et qu’elle présente souvent des informations tronquées et décontextualisées afin de salir les uns et de blanchir les autres (ce qui n’est pas de son droit).
Dans l’affaire Mabrouk, elle a totalement zappé le fait que l’homme d’affaires ait présenté une caution supérieure à la totalité de ses avoirs gelés à l’étranger, elle n’a communiqué que sur ce qui l’intéresse, conformément à ses obscurs objectifs. Peu importe pour elle les bénéfices qui allaient revenir à la Tunisie avec le déblocage de ce dossier, peu importe la présomption d’innocence, elle a agi uniquement en fonction de son propre agenda.
Au profit de qui a agi I Watch et pourquoi ? La question trouvera réponse un jour ou l’autre. Toujours est-il que l’association a voulu épingler Marouen Mabrouk, a sali la réputation d’une douzaine de ministres et a travaillé à l’encontre des intérêts du pays.
Des interrogations majeures
Le recours judiciaire déposé par I Watch a été accepté, l’instruction a été ouverte et ce n’est que sept ans après les faits que l’on a mis en examen les principaux protagonistes. La justice, on l’espère, déterminera qui est véreux et qui ne l’est pas et qui a travaillé pour l’intérêt de la Tunisie et qui a nui à ses intérêts.
Cette affaire impose cependant plusieurs interrogations.
Sept ans après cette plainte, I Watch fait à son tour l’objet d’une enquête judiciaire sur ses activités et ses financements par des puissances étrangères, des lobbys puissants et des ONG internationales dont les intérêts ne concordent pas systématiquement avec ceux de la Tunisie, d’Orange et de Marouen Mabrouk.
Si la justice a des suspicions sur les agissements et les objectifs réels d’I Watch, comment peut-elle donner du crédit à ses plaintes ? Première interrogation.
Youssef Chahed et ses ministres représentaient à l’époque le sommet de l’État tunisien. Leur conseil était souverain et engageait tout l’État. Ils agissaient pour l’intérêt de l’État et travaillaient pour l’intérêt de la Tunisie. Ceci est certifié dans le PV du déroulé du conseil entre les mains de la justice.
Quelles que soient les décisions de ce conseil, elles ont toute la légalité et la souveraineté de l’État. Une ONG n’a pas le droit et ne doit pas avoir le droit de s’immiscer dans des décisions souveraines de l’État, d’autant plus que ses financements sont majoritairement étrangers.
Une nouvelle fois, on s’interroge : comment la justice peut-elle accorder du crédit à un tel recours ? Deuxième interrogation.
Quand bien même la présomption d’innocence devrait l’emporter, supposons que Marouen Mabrouk et tous les autres ministres soient véreux et que la justice se doit d’enquêter sur leur intégrité et leurs supposées malversations. Sauf qu’il n’y a eu aucune malversation dans cette histoire, puisque le deal n’a pas été conclu. Passons le fait que tous les ministres ont mis en exergue l’intérêt de la Tunisie dans cette affaire. Troisième interrogation.
Ce qu’a essayé de faire Youssef Chahed en 2018 porte un nom : une séance de réconciliation avec un homme d’affaires suspecté d’avoir détourné des biens de l’État. Cela ressemble comme deux gouttes d’eau à ce qu’essaie de faire (en vain) Kaïs Saïed avec sa commission de réconciliation. L’actuel chef de l’État, lui aussi, tente de trouver une solution avec les supposés hommes d’affaires véreux, loin des palais de justice aux procédures chronophages.
Si la justice tunisienne enquête sur une affaire de réconciliation tentée par Youssef Chahed, cela voudrait-il qu’elle pourrait enquêter demain sur les dizaines d’affaires de réconciliation en cours ? Quatrième interrogation.
Une affaire politique aux conséquences lourdes
Youssef Chahed et ses ministres ont cru bien agir en 2018. Ils ont clairement dit, sans ambiguïté aucune, qu’ils défendaient et cherchaient l’intérêt de l’État.
Malgré tout ce que l’on pense de Kaïs Saïed et de sa politique despotique, on ne doute pas un instant qu’il agit, lui aussi, dans l’intérêt de l’État.
En revanche, on ne peut pas dire la même chose s’agissant d’I Watch qui, soit dit en passant, n’a déposé aucun recours contre Kaïs Saïed malgré les dizaines de dossiers de réconciliation en cours.
En tout état de cause, les décisions de MM. Chahed et Saïed sont souveraines. Le premier était chef du gouvernement et, à ce titre, avait toute la latitude de prendre des décisions au nom de la Tunisie. Le second est président de la République et, à ce titre, a toute la latitude de prendre des décisions au nom de la Tunisie.
En tout état de cause, l’État et la justice ne doivent pas donner de crédit aux manipulations grotesques d’une ONG financée par des pays étrangers et des lobbys.
En tout état de cause, la présomption d’innocence doit prévaloir et il faut instruire à charge et à décharge avant de se prononcer sur la culpabilité de quelqu’un, quel qu’il soit.
Ceci n’est pas le travail du public, ni des journalistes, ni des ONG, c’est exclusivement le travail de la justice.
Dans les affaires de Marouen Mabrouk, et encore plus cette dernière, tout le monde a eu son mot à dire… sauf la justice.

La liberte d expression non ?
J apportais juste des reponses a vos questions , il n y avait aucune calomnie juste un debat ouvert.
Réponse BN : Votre commentaire est censuré pour diffamation, ce qui est contraire à nos règles de modération et à la loi. Merci pour votre compréhension.
et l avantage que cela peut procurer face a d autre concurrent
Je presume que Bn check pourra verifier
Autrefois sous la constitution de feu Bourguiba, ils doivent être jugés par la haute cour et POUR HAUTE TRAHISON.
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Les faits concrets ne comptent plus. Tout dependra de la perception du personnage dans l'opinion publique: tu es sali jour et nuit dans ces plateaux et pages, alors tu es coupable. Tu es innocenté dans ces plateaux et pages, alors tu dois etre un ange sur terre.
D'ailleurs, cette manipulation désirée de l'opinion publique est une des causes du marasme qu'on est entrain de vivre aujourd'hui. De telle façon que le citoyen lambda est rendu incapable de nuancer les choses et de réfléchir avant de réagir. Que des zombies téléguides par ce qu'ils voient aux plateaux et pages facebook.
En passant, un rappel aux fanatiques de ce pouvoir. I Watch a bel et bien salué le putsch du 25/7. Alors c'est pas la peine d'essayer votre disque rayé de complot des associations étrangères contre votre gourou. Ils ne l'auraient pas applaudi s'il allait agir contre leur agenda.
Je dis ceci non pas pour dire que I Watch est iClean bien sûr.
BN a raison de démistifier I watch.