La lettre de Nabil Karoui
Le candidat de "Au cœur de la Tunisie" à la présidentielle, Nabil Karoui a adressé une lettre aux Tunisiens, ce jeudi 12 septembre 2019, depuis sa prison, mettant en garde contre le laxisme observé face aux pratiques menaçant la Constitution et le processus de transition démocratique.
Le texte de la lettre en intégralité :
« Au grand peuple tunisien
Mon objectif à travers cette lettre est de m’adresser à tous les électeurs et électrices ainsi qu’aux acteurs politiques et la société civile pour les mettre en garde contre le danger du laxisme face au retournement contre la Constitution et tout le processus de transition démocratique.
Je ne veux pas approfondir davantage votre sentiment de douleur et colère quant à la situation de notre pays ces derniers jours à cause des tentatives de détérioration du processus électoral à travers des pratiques connues par tout le monde et celles d'écarter des millions d’électeurs tunisiens.
Grand peuple tunisien
La fête électorale s’est transformée en un ring d’injustice. J’ai été arrêté et privé de mes droits constitutionnels. J’ai été empêché de communiquer directement avec le peuple et de m’adresser à lui comme tous les candidats dans les places publiques. Les choses ne se sont pas arrêtées là, mais j’ai aussi été empêché d’assister, comme tous les prétendants, aux débats télévisés et les plateaux, chose qui constitue une violation flagrante du principe de l’égalité des chances.
J’ai appris que mes partisans, les membres de "Au cœur de la Tunisie", mon équipe de campagne et ceux qui les ont rejoints, ont été victimes d’ennuis et de harcèlement. Je félicite leur persévérance et leur militantisme avec plus de force. Je salue, également, les femmes de mon pays, les hommes et les jeunes qui se sont alliés à notre cause nationale.
Grand peuple tunisien
Nous n’accepterons aucun recul, nous ne reviendrons pas sur nos acquis et nous n’accepterons pas la trahison du sang des martyrs, et le prix payé par les militantes et les militants pour la liberté, la démocratie et la dignité.
Mon incarcération, mon interdiction de mener ma campagne électorale et d’exercer mon droit de vote garanti par la Constitution et les lois électorales m’ont donné plus de force et de détermination pour faire face à l’injustice et la tyrannie.
Suite à quoi, j’annonce que j’entame une grève de la faim à partir de ce jeudi 12 septembre 2019 ».
S.H