Le message subliminal de Zine El Abidine Ben Ali
La lettre publiée par l’ancien président de la République, Zine El Abidine Ben Ali à travers son avocat Mounir Ben Salha, a constitué l’évènement du jour. Tout le monde s’empressait pour découvrir les messages qu’il allait envoyer ou encore les révélations qu’il comptait faire. Certains ont applaudi, certains ont insulté, d’autres ont remis en cause l’authenticité de la lettre.
Plusieurs regards étaient braqués sur la page Facebook de l’avocat Mounir Ben Salha, pour découvrir le message que va adresser l’ancien président de la République, Zine El Abidine Ben Ali. Depuis l’annonce faite par son avocat, dans la soirée d’hier, l'intervention de l'ancien président a suscité un grand intérêt et les interrogations ont fusé sur l’heure, la manière et le lieu.
C’est à la fin de ce quinquennat, à l’approche de l’échéance électorale, à l’heure d’établir le bilan, une grande partie des Tunisiens commencent à exprimer leur regret de « l’ère Ben Ali ». Des propos qu’ils ne disent plus en cachette, mais qu’ils clament haut et fort. C’est en cette période bien précise que des informations ont circulé à propos de la dégradation de l’Etat de santé de Zine El Abidine Ben Ali. Des informations qui furent confirmées par le président de Machrouû Tounes, Mohsen Marzouk. « Selon des sources sûres, Ben Ali serait grièvement malade et aurait rédigé son testament, exprimant sa volonté d’être enterré en Arabie Saoudite ».
Un démenti immédiat a été publié, sous forme de photo, par son gendre le rappeur K2Rhym où on voyait Ben Ali passer des moments en famille. Une autre photo s’en est suivie et a été partagée par la journaliste Boutheina Jabnoun. Son avocat, Mounir Ben Salha a, également, été catégorique, assurant que l’ancien président se porte bien. Quelques jours plus tard, l’avocat publie une lettre au nom de l’ancien président adressée aux Tunisiens.
Dans un premier temps, Ben Ali a assuré qu’il se porte bien et que les rumeurs concernant la dégradation de son état de santé l’ont, fortement, affecté ainsi que sa famille. Toutefois, il n’a voulu donner aucune autre information concernant les circonstances l’ayant poussé à quitter la Tunisie. Il s’est attaché à l’obligation de réserve, soulignant qu’il vaut mieux éviter tout ce qui peut perturber davantage la situation du pays. Dans ce même contexte, il a refusé, catégoriquement, que sa personne soit le sujet d’une quelconque récupération politique. L’ancien président n’a pas manqué de rappeler qu’il suit de près tous les développements de la situation en Tunisie, tout en se positionnant comme un conseiller expert, recommandant aux Tunisiens de prendre soin du pays, de le sauver sur le plan économique et d’éviter les surenchères. Il a, donc, profité de cette occasion pour rappeler qu’il n’a jamais exploité les erreurs du passé pour justifier sa légitimité, précisant qu’il n’a jamais mis en jeu l’indépendance de la Tunisie, ni sa souveraineté, et encore moins le droit de son peuple au développement et à la prospérité.
Zine El Abidine Ben Ali a conclu son message en assurant qu’il va rentrer en Tunisie, remerciant « les milliers des Tunisiens qui l’ont submergé de lettres d’amour et de respect ». Une manière subtile de confirmer qu’il jouit encore d’un capital sympathie auprès des Tunisiens, à la suite de l’étiquette du dictateur détesté qu’on lui a collée juste après la révolution.
Cette lettre pleine de messages, directs ou directes, a été autant approuvée que critiquée, et les avis étaient mitigés entre les personnes révoltées de la situation actuelle, nostalgiques de l’ère Ben Ali et ceux qui n’arrivent toujours pas à lui pardonner les années de dictature et de tyrannie. D’autres n’ont même pas commenté le contenu de la lettre, remettant en cause son authenticité, comme ce fût le cas de Hassouna Nasfi, secrétaire général de Machrouû Tounes.
En tout état de cause, il est clair que l’ancien président Ben Ali ne laisse personne indifférent, et les Tunisiens sont curieux de découvrir tout ce qui se rapporte à sa nouvelle vie ainsi que la vérité autour des circonstances du 14 janvier 2011. Les Tunisiens s’intéressent à l’Histoire de leur pays, mais à une Histoire authentique et non rédigée par les instances ayant déjà porté allégeance aux ONG et autres organismes internationaux.
Sarra HLAOUI