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Chroniques
"Aider" la Tunisie et le lui rappeler pour mieux l’humilier
Par Ikhlas Latif
12/07/2019 | 16:59
3 min

 

On dit que les Tunisiens n’aiment pas qu’on leur dise la vérité. Qu’ils sont susceptibles sur les bords et qu’ils se la jouent un peu trop chauvins. Ce n’est pas totalement vrai. Les Tunisiens savent parfaitement ce qui se passe dans leur pays, et quand ils ignorent quelque chose, ils n’auront de cesse d’en connaitre les détails et d’aller en parler librement et publiquement sur leur réseau social de prédilection. Mais les Tunisiens n’aiment surtout pas qu’un étranger vienne leur donner des leçons, qu’on s’immisce dans les affaires du pays et qu’on porte atteinte à son image. Ça, c’est une ligne rouge, pour une grande majorité d'entre eux (parce que certains de nos compatriotes cultivent précieusement l’art de la courbette envers les chancelleries étrangères).

 

Une ligne rouge qui a été franchie récemment sur les colonnes du journal Le Monde, par l’ambassadeur de l’UE à Tunis. Son Excellence a, depuis, essuyé les critiques les plus acerbes, conséquence logique de déclarations qui pourraient nuire à l’image de la Tunisie, d’autant que ses déclarations surviennent au moment où le pays négocie l’Accord de libre-échange complet et approfondi Aleca. Est-ce un hasard ? Permettez-moi d’en douter.

« C’est exagéré ! En France aussi, il y a des familles qui contrôlent certains secteurs. La Tunisie est un petit pays qui compte plusieurs hommes d’affaires qui travaillent dur et qui contribuent à ramener des devises. Je suis étonné par ces propos. Qu’une personne non-tunisienne vienne donner son avis de la sorte me dérange ! ». Il s’agit de la réponse du ministre du Tourisme, René Trabelsi, partagée d’ailleurs par la plupart de ses compatriotes.

 

Ce qui est d’autant plus étonnant, c’est qu’il y a à peine quelques semaines, M. Bergamini ne disait que du bien de l’économie tunisienne qui devait, selon lui, connaitre un essor et se rétablir à l’aune de la signature de l’Aleca. Un revirement qui semble curieux pour certains, sauf que le timing est bien choisi. La Tunisie se prépare à organiser des élections législatives et présidentielle et à accueillir donc une nouvelle équipe au pouvoir, alors que du côté de l’Europe, les nouvelles équipes se mettent en place. Les négociations sont en quelque sorte en ralentissement provisoire pour causes électorales. Et puis la Tunisie ne compte pas signer sous des conditions qui ne lui seraient pas favorables.

 

En défendant l’Aleca et les bienfaits qu’il aura sur l’économie tunisienne, l’ambassadeur ne manque pas de rappeler aux Tunisiens les aides ‘concédées’ par l’Union européenne. Merci de nous le rappeler à tout bout de champ, comme s’il s’agissait d’une simple charité, pour mieux nous humilier, pour mieux nous assujettir. On s’auto-gratifie des aides versées en insinuant que l’autre partie ne peut rien faire sans nous et on s’attend bien sûr à son éternelle reconnaissance.

Reconnaissance qui se traduirait, à titre d’exemple, du côté de la Tunisie par lâcher du lest dans les négociations en cours, de ne pas être trop regardant sur les équilibres à établir et les avantages à en tirer. Pourtant ses aides présentées à chaque fois comme étant une aumône, n’en sont pas une. Le rappeler à chaque fois, ne peut être vu que comme moyen de pression. Ces aides entrent dans un processus bien établi et une politique globale de l’Union européenne avec les pays concernés par le libre-échange. Dons, crédits ou autres sont bien évidemment conditionnés.

 

Les gentils qui font le bien pour les beaux principes (en l’occurrence ici, aider la jeune démocratie naissante et tout le baratin) n’existent que dans les Disney, et encore !

Par Ikhlas Latif
12/07/2019 | 16:59
3 min
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Commentaires (19)

Commenter

zba
| 17-07-2019 16:38
Qui reflecit à linjustice entre les regions?
certainement pas les familles ou les politiques.
les familles ne sont pas patriotes , loin de là

pit
| 15-07-2019 15:21
Quand arrêterons-nous de nous sentir humiliés, diminués, bafoués, escroqués, baratinés, bref, b....s de toute part " (hier par exemple nous avons perdu le match car l'arbitre était pour le Sénégal,)...en dépit de cause c'est alllaralb ! soyons responsables, arrêtons de nous prendre pour la petite Couette, acceptons les critiques d'ou qu'elles viennent, évoluons et marchons vers un avenir meilleur... en allant voter pour ne pas laisser les coudées franches aux islamistes par exemple ! Tahia tounes

Citoyen_H
| 13-07-2019 18:43
Il y a des investissements à court, à moyen et à long terme.
Quant au H, il a plusieurs interprétations potentielles.
A vous d'interpréter comme bon vous semble.
Salutations




Maxula
| 13-07-2019 16:16
" sans toutefois se plier à leurs exigence[s] au[x] dépens de nos intérêts vitaux."

Pourriez-vous nous préciser, si ce n'est pas trop vous demander, quels sont donc ces "intérêts vitaux" auxquels l'Union Européenne "cherche, veut, aspire, rêve, fantasme" de porter atteinte ?
Merci d'éclairer ma lanterne !
Maxula.

Maxula
| 13-07-2019 16:06
" les pays qui avaient commandité "l'hiver" arabe."
"leurs mercenaires massivement stationnés en Libye"

Question : les pays occidentaux (puisque c'est d'eux dont il s'agit) investiraient donc, et à fonds perdus, des sommes colossales, pour "détruire" la Tunisie, certains disent "pour l'humilier", et d'autres affirment que c'est pour "livrer" le pays aux hordes islamo-fascistes qui piaffent d'impatience, après les avoir fait venir en Libye !
Etc. Etc.

Vous avez dit "logique" ?
Ben, j'dirais que c'est tellement éblouissant comme démonstration qu'on en reste interdit devant une telle **** (autocensure).
Maxula.

Maxula
| 13-07-2019 15:47
Si je ne m'en tiens qu'au titre : "Aider"(*) la Tunisie et le lui rappeler "pour mieux l'humilier" !

Croyez-vous VRAIMENT que la préoccupation essentielle de l'Union Européenne c'est "d'humilier" la Tunisie ?
Ou bien est-ce là le prurit tenace de l'ego surdimensionné d'un(e) complexé(e), qui porte sa tare à fleur de peau, qui voit le mal partout et le bien nulle part ?
Maxula.
(*) Guillemets ou pas, et qu'on le veuille ou non, c'est quand-même une "aide" de la part de l'UE.

Fs
| 13-07-2019 12:44
Ces faucons qui ont réussi jusque là, à mordre à plein dents dans la "révolution ", à tirer le maximum d'avantages fiscaux et autres.
Il voulait simplement dénoncer cette Tunisie qui prétend à être totalement prise en charge tout en refusant de souffrir le moindre du monde.
Chez lui et en Europe, la recherche va bon train, les hommes d'affaires innovent tous les jours pour satisfaire la demande intérieure et pourquoi pas" conquérir" de nouveaux marchés. Chez lui et en Europe, on s'abstient d'agresser la ménagère. Ce n'est pas le paradis peut-être, mais là, on travaille assez dur pour sauvegarder l'édifice,pour pérenniser leurs valeurs morales et républicaines.
Ici enTunisie, on est en train de s'amuser. Les Tunisiens semblent dire qu'ils ont trop souffert de l'ère Ben Ali, et se la.issent aller dans la compassion et la compromission. Ils ne travaillent pas dur pour marquer des points et emprunter le chemin du progrès. Ils se limitent lamentablement aux plaisirs immédiats. Les élus de la croissance baignent dans le luxe sans vraiment générer de la valeur ajoutée réelle, alors que les finances publiques s'enfoncent encore et encore.
Entre-temps, la classe politique de démène dans les atermoiements, et affiche un déficit flagrant de bonne gouvernance. Attawafok, quelle invention !
Dommage que notre Président se soit laissé berner par ce petit jeu néfaste. Son entourage aurait pu le prévenir que la démocratie ne réussit pas dans une société composée à 10% de prédateurs et à 90% de fénéants.

Nephentes
| 13-07-2019 11:22
Vous écrivez que les Tunisien s savent parfaitement ce qui se passe chez eux

Foutaise

Je pense que vous êtes de mauvaise foi, et ridicule de légèreté et mépris envers vos lecteurs

Le détournement de fonds étrangers d appui au développement le blanchiment d argent et l évasion fiscale ont atteint des sommets ces 6 dernières années

Des centaines de milliards quittent le pays annuellement en toute illégalité et discrétion.

Sous le regard absent du troupeau occupé à mâchonner des glibettes et à gambader en mode chimpanzé devant les écrans géants........

BN svp cessez de prendre vos lecteurs pour des cons

Les bailleurs de fonds savent eux qui ils ont affaire à des escrocs dénués de tout sens patriotique accumulant au Luxembourg a Istanbul Londres ou à Malte des sommes faramineuses d argent détourné

Ils agissent en conséquence : avec mépris et cynisme

Parlez nous plutôt des raisons pour lesquelles le GIZ ce remarquable dispositif d appui et d assistance à interrompu ses programmes dans trois gouvernorats.........

Zohra
| 13-07-2019 10:30
http://attacmaroc.org/fr/2018/01/28/les-impacts-des-accords-de-libre-echange-conclus-par-le-maroc-accentuation-de-la-dependance-et-pillage-des-ressources/

Voilà pourquoi la rétessance

Oligarche
| 13-07-2019 09:21
L Amssadeur de l UE est paye pour que la Tunisie "lache du lest" dans toute les negociations qui ne vont pas dans l interet de Bruxelles et les interets de cette derniere sont parfois contraires au interets du pays. Les interets du pays ne sont cependant pas synonymes des interets des oligarchies familliales politico-affairistes maffieuses de l ancien regime, toujours au pouvoir, qui font tout pour perpetuer leur hegemonie en empechant toute reforme, toute concurrence et toute transparence en alliance avec une bureaucratie parasitaire etatique,au risque de tuer l economie du pays et de par la la democratie.
Que l ambassadeur essaye eventuellement d imposer les interets de son employeur au depend de l autre partie, c est son travail, cela ne signifie pas que son analyse sur les familles archaiques qui dominent l economie et la politique du pays et dont l hegemonie est une menace pour la croissance economique et la stabilite du pays, n est pas correcte. Que les tunisiens qui ont fait de la mendicite internationale une profession et un art, cessent de s offusquer lorsque autrui identifie cette nouvelle profession