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Agressions visant les journalistes : le nombre augmente d'année en année
12/12/2022 | 10:36
5 min
Agressions visant les journalistes : le nombre augmente d'année en année


Le Centre de sécurité au travail relevant du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a indiqué que 232 agressions contre des journalistes ont été enregistrées entre le 15 octobre 2021 et le 15 octobre 2022. Ces agressions ont touché 88 femmes et 139 hommes. Le SNJT a rappelé que le nombre d'agressions enregistrées était égal à 136 en 2018, 208 en 2019, 155 en 2020 et 224 en 2021. Il a, également, rappelé la disparition forcée des deux journalistes Sofiane Chourabi et Nadhir Ktari qui s'étaient rendus en Libye en 2014. Le syndicat a indiqué que trois établissements médiatiques et une émission télévisée avaient fait l'objet d'agressions durant la même période. Il a expliqué la hausse par la complexité de la situation ayant suivi l'annonce des mesures exceptionnelles prises par le chef de l'Etat, Kaïs Saïed, à la date du 25 juillet 2021.


Le Centre de sécurité au travail a présenté, le 11 décembre 2022, à l'occasion de célébration de la Journée internationale des Droits de l'Hommes sous le thème "Les Mécanismes de protection efficace et le rôle des structures professionnelles et des organisations de défense des droits de l'Homme dans la lutte contre l'impunité", le rapport annuel tout en évoquant une campagne d'incitation contre les journalistes. Celle-ci a conduit à une hausse notable des agressions pour la période décembre 2021 - janvier 2022 et juillet 2022. Le rapport indique que 17 agressions ont été enregistrées durant le mois de novembre 2021 contre 20 en décembre 2021 et 30 durant le mois de janvier 2022. Ainsi, les agressions ont évolué de 17,6% entre novembre et décembre et de 50% entre décembre et janvier. Le nombre d'agressions a chuté de 60% entre janvier et février puisqu'il est passé de 30 à 12 cas enregistrés. Pour ce qui est de la hausse des agressions durant le mois de juillet, le syndicat a expliqué la chose par la tenue du référendum à la date du 25 juillet 2022 et la campagne référendaire l'ayant précédée. Les agressions enregistrées étaient égales à 48 cas. On note que ce chiffre correspondait à seulement 18 cas durant le mois précédent. Les agressions contre les journalistes ont, donc, évolué de 166,66% entre juin et juillet.


Le rapport a indiqué que les agressions étaient des interdictions de travailler, des actes de harcèlement, d'agressions verbales et physiques, des incitations, des menaces, des poursuites en justice, des détentions arbitraires, des interférences avec le contenu du travail journalistique, la prison et la dissimulation d'informations. La même source a identifié les auteurs des agressions et les a répartis en fonction de leurs qualités. Il a indiqué que les chefs de centres de votes étaient coupables du plus grand nombre d'interdictions de travailler avec 13 cas enregistrés. Les policiers sont en tête du classement des actes de harcèlement avec 17 cas enregistrés. Les politiciens, les responsables régionaux et les blogueurs se départagent la tête du classement des agressions verbales avec trois cas enregistrés pour chaque catégorie. On retrouve les policiers encore une fois en tête du classement pour ce qui est des agressions physiques. Les blogueurs représentent les plus grands auteurs d'actes d'incitation et de menaces avec 18 et trois cas, respectivement, enregistrés pour chaque type d'agression. Les autorités judiciaires sont en tête du classement des poursuites judiciaires visant des journalistes et des interférences avec le contenu du travail journalistique avec six et cinq cas respectivement enregistrés. Le rapport a indiqué que deux condamnations à la prison ferme ont été émises par le tribunal militaire de Tunis et une autre par le tribunal de première instance de Nabeul. Pour ce qui est de la dissimulation d'informations, nous retrouvons les chefs de centre de vote en tête du classement des auteurs d'agression avec neuf cas enregistrés.

Concernant la qualité professionnelle des victimes, le rapport a précisé que 231 victimes avaient survécu aux agressions. Il s'agit de 180 journalistes, 34 photographes, trois présentateurs, quatre commentateurs, six accompagnateurs d'équipes journalistiques, trois établissements médiatiques et une émission télévisée. Le rapport a, également, procédé à la classification des victimes par type de sujet évoqué. Le plus grand nombre de cas revient, selon la même source, aux victimes travaillant sur des sujets d'ordre politique. En deuxième position de ce classement, se trouvent les sujets d'ordre social suivis par les sujets liés aux élections. L'éducation et la lutte contre la corruption se trouvent en bas de ce classement avec une agression enregistrée pour chaque sujet. Le syndicat a noté que la tenue du référendum, l'adoption d'une nouvelle constitution, la situation politique du pays et la hausse du nombre des mouvements sociaux concordaient avec ces données-là. Le Centre de sécurité au travail a indiqué que les agressions ont touché cinquante établissements privés, quatorze établissements publics, huit établissements associatifs et deux établissements confisqués par l'Etat. Le SNJT a, aussi, inclus un classement par type d'établissements. Il a précisé que 27 agressions ont touché des journaux électroniques, vingt radios, quatorze chaînes télévisées, sept agences de presse et six journaux.


Le rapport du Centre de sécurité au travail a affirmé que 197 agressions ont eu lieu dans la vie réelle contre 35 agressions enregistrées dans l'espace virtuel. Des 197 agressions liées au monde réel, 182 ont été enregistrées durant le travail de terrain, neuf dans les lieux de travail, trois par courrier et trois à travers les médias. Pour ce qui est des agressions dans l'espace virtuel, 34 ont eu lieu sur les réseaux sociaux et une seule agression a eu lieu sur un site web. La même source a inclus une répartition géographique des agressions. En tête de ce classement se trouve le gouvernorat de Tunis avec un total de 137 cas enregistrés. Il est suivi par les gouvernorats de Sfax et de Kairouan. Ils ont, respectivement, enregistré douze et dix agressions. Les gouvernements ayant enregistré le moins de cas sont ceux de Jendouba, de Zaghouan et de l'Ariana avec une seule agression pour chacun d'entre eux. 


S.G

12/12/2022 | 10:36
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