Par Sofiene Ben Hamida
Nous nous sommes réveillés ce dimanche (pourquoi le dimanche ?) avec de nouvelles augmentations des prix du carburant. Ces augmentations entrent dans le cadre d’un système de régulation des prix qui, depuis son instauration, n’a jamais profité aux citoyens, pas encore. Mais il est certain que ces augmentations n’ont aucun rapport avec le limogeage annoncé vendredi du ministre de l’Energie, de son secrétaire d’Etat et de quelques autres hauts responsables du ministère qui a été rattaché au ministère de l’Industrie. Il est tout autant certain aujourd’hui que cette purge dans le département de l’Energie n’a aucun rapport, contrairement à ce qu’on a voulu faire croire aux Tunisiens, avec la lutte contre la corruption et s’insère tout simplement dans le cadre d’une guéguerre entre Carthage et la Kasbah qui perdure depuis des mois et qui ne finit pas de montrer l’incompétence et l’égoïsme des uns et des autres.
Toutefois, il faut bien se rendre à l’évidence que l’affaire de ce champ pétrolier est une affaire grave, un scandale comme l’a si bien montré notre collègue Imen Nouira dans son article sur Business News. On aurait compris donc, applaudi même, que le chef du gouvernement annonce l’ouverture d’une enquête et décide la réorganisation du département de l’Energie pour combler les lacunes évidentes. Mais de là à vouloir présenter ce dossier comme une affaire nouvelle, méconnue de ses services, découverte par hasard, désigner de facto les coupables et apparaitre comme le champion de la lutte contre la corruption, il y a là beaucoup à redire.
D’abord, ce dossier n’est ni méconnu, ni découvert par hasard comme s’est hasardé à le dire le porte-parole du gouvernement. Depuis 2009, date de l’expiration du contrat de la société en question, tous ceux qui sont passés par le ministère de l’Energie étaient au courant du dossier. Il s’agit de quatre ministres indépendants (Abdelaziz Rassaâ, Mehdi Jomaâ, Kamel Bennaceur et Héla Cheikh Rouhou), deux ministres islamistes (Lamine Chakhari et Mongi Marzouk) et un ministre de Ben Ali qui se trouve aujourd’hui conseiller auprès de Youssef Chahed : Afif Chelbi. Faire porter le chapeau au seul Khaled Gaddour est une manœuvre grossière, surtout que c’est lui et non le hasard, qui a alerté la présidence du gouvernement sur les lacunes de ce dossier à l’occasion d’une invitation adressée par cette entreprise pétrolière au chef du gouvernement pour l’inauguration de son puits.
L’enquête ordonnée par Youssef Chahed devrait aussi établir la responsabilité des chefs de gouvernements successifs qui se sont relayés depuis la révolution. Il serait anormal, sauf incompétence avérée, qu’un chef de gouvernement ne soit pas au courant d’un problème de cette ampleur dans un secteur stratégique comme le secteur énergétique. Il s’agit de Mohamed Ghannouchi, Béji Caïd Essebsi, Hammadi Jebali, Ali Laârayedh, Mehdi Jomaâ et Habib Essid.
Elle devra aussi déterminer la responsabilité de Youssef Chehed lui-même dans ce dossier scandaleux. En effet n’est-il pas au courant depuis longtemps de ce dossier sans prendre les mesures nécessaires? N’a-t-il pas présenté lui-même cette entreprise comme un exemple de réussite pour encourager les investisseurs étrangers à s’implanter dans notre pays lors des assises Tunisia 2020 ? Crier aujourd’hui au scandale est en lui-même scandaleux tant ils sont tous responsables, en attendant que la justice, elle seule dans le cadre d’un procès équitable, nous livre les noms des coupables.
Non ce scandale n’a rien à voir avec la lutte contre la corruption dont Youssef Chahed se veut le champion. C’est un dossier qui montre la déliquescence de l’Etat et l’incompétence des dirigeants. Il montre surtout que ces dirigeants avides de pouvoir, au lieu de régler les problèmes du pays, cherchent à les instrumentaliser pour atteindre des objectifs personnels et égoïstes.
Dans une déclaration donnée à propos de ce dossier, Youssef Chahed avait affirmé: « Je n’ai peur que de Dieu et du peuple tunisien ». Nul ne peut se hasarder à expliquer les raisons de sa peur de son Dieu. Mais s’agissant du peuple tunisien, il a toutes les raisons de s’en méfier compte tenu des couleuvres qu’il n’a cessé de lui faire avaler.




Commentaires (23)
CommenterCharité bien ordonnée commence par soi même .
"Pourquoi le Dimanche "?
Bref...!
A commencer par le titre, tronqué à mon goût, où l'auteur utilise "une variante" peu courante de la vraie expression, sinon la plus usitée ?
Peut-être a-t-il trouvé là un moyen peu coûteux de se distinguer'?'?'...plutôt que de proposer une solution à ce qu'il voit comme problème(s) ?
Maxula.
il vaut mieux tard que jamais
Tous coupables!!
Le cas de TOPIC/hal9 el menzel n'est pas isolé, en janvier 2014 Nawaat a présenté un dossier sur un autre cas "louche" concernant une autre Entreprise tunisienne opérant au nord Médenine avec un permis de production expérimentale qui s'éternise. ce qui prouve encore une fois que c'était un choix politique, et c'est dans ce cadre qu'il fallait en faire une évaluation sérieuse mais sereine de cette politique pour en tirer les conséquences.
La tirade de Y.Chahed elle, ne peut être interpreter que comme une tentative gauche de rachat politique par le biais de la sacro-sainte guerre contre la corruption, seul joujou qui reste pour le jeune chef de gouvernement afin de continuer à exister politiquement.
Il faut savoir ce que nous voulons
dans ce ministere depuis 2011 avant d etre ministre .il ne peut pas ignorer ses dossiers .une autorisation en 2011 a ete accordee a ce cet investisseur sans respecter la loi .par principe, c est une defaillance et personne ne doit tolerer cela apres 2011 .cet investisseur a arnaque l etap .
On savait SBH un peu dur de la comprenette, mais là, il bat tous ses précédents records !
Quant aux couleuvres qu'on veut nous faire avaler, Chahed n'est certainement pas le plus performant dans ce domaine : d'autres, notamment des chroniqueurs, se sont adonnés à cet exercice et y ont excellé au delà de toute espérance, et toute décence!
Le canif écorné de Sofien Ben Hamida
Mais que Si Sofiene ne se prenne pas pour un torero intrépide : n'est pas Juan Belmonte qui veut
Qu'il nous explique plutôt les mécanismes de malversation qui alimente TOUS les secteurs de notre économie , au profit de l'oligarchie mafieuse vis-à-vis de qui il a parfois montré une certaine.....distraction.
Et dont les agissements constituent un des principaux obstacles à l'investissement productif dans ce pays.
Affaire ministère de l'énergie
Une autre paire de manches à expérimenter..............


