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Tunisie - Que reste-t-il encore du CPR et d'Ettakatol dans la Troïka ?
01/04/2012 | 1
min
Tunisie - Que reste-t-il encore du CPR et d'Ettakatol dans la Troïka ?
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Dans leur alliance avec Ennahdha, le CPR et Ettakatol n’étaient pas loin d’ignorer leur petite taille face à la «bête» islamiste, au pouvoir d’attiser les foules et de déchaîner les passions. Un «pacte avec le diable», privilégiant les considérations partisanes aux intérêts nationaux, que les deux partis ont préféré aux rangs de l’opposition.
Dans cette alliance contre-nature, les deux alliés adoptent une stratégie d’opposants laissant Ennahdha rafler la mise. Postes clés au sein du gouvernement, nominations des gouverneurs dans de nombreuses régions, main basse sur le secteur des médias. Le parti de Rached Ghannouchi semble avoir décroché le sésame d’une Troïka soumise et obéissante.


Si au sein de la Troïka, Ennahdha affiche d’emblée ses ambitions politiques, elle n’en demeure pas moins consciente que la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul parti reste dangereuse, voire, suicidaire. Un écueil qui a pu être aisément contourné par une coalition de forces opposées, présentée sous couvert de principes démocratiques.

Le CPR et Ettakatol, deux alliés timorés et tenus en laisse par des postes secondaires au pouvoir, font office de caution laïque à Ennahdha. L’os jeté par le parti au pouvoir a été le poste de président de la République, tant convoité par Moncef Marzouki. Un poste aux prérogatives honorifiques et limitées, mais qui permettra à l’homme d’avoir, enfin, sa place dans les livres d’histoire et de prendre sa revanche sur une dictature qu’il a longtemps combattue.
Même calcul du côté d’Ettakatol. Le troisième parti de la Troïka s’est contenté de peu et Mustapha Ben Jaâfar s’est vu élire président de l’Assemblée constituante, chargé d’orchestrer le débat et de donner des coups de marteau pour couper le temps de parole à certains députés impertinents. Une marge de manœuvre des plus limitées pour une personnalité qui souhaitait être au cœur du dispositif.
Hormis quelques rares concessions, Ennahdha n’a pas hésité à aller le plus loin possible. Le sort a été scellé dès l’élaboration du texte régissant la répartition des pouvoirs au sein des instances publiques, dirigée d’une main de fer par Ennahdha. La «mini-constitution» qui a vu le jour a fait nettement ressentir ce clivage net et bien tranché.

Dernière actualité en date, la nomination de 7 nouveaux gouverneurs dans les régions de Monastir, Sfax, Kairouan, Zaghouan, Nabeul, Le Kef et Médenine a provoqué un véritable tollé, auprès des partis d’opposition et des représentants de la société civile, dans la mesure où la grande majorité de ces gouverneurs est composée de cadres du parti Ennahdha.
Cette décision est contestée au sein même de la Troïka. Rappelons que Karima Souid, députée d’Ettakatol, a fustigé «l’absence d’une concertation avec Mustapha Ben Jaâfar et Moncef Marzouki» à ce sujet, et a regretté «le manque de transparence et de neutralité politique» dont Hamadi Jebali, chef du gouvernement, a fait preuve.
Mais si certains dénoncent, Rached Ghannouchi précise que ces nominations ne relèvent nullement du «scandale politique», mais qu’il est naturel pour « tout parti au pouvoir, d’œuvrer à s’entourer d’hommes de confiances, proches de sa stratégie ».
Un manque de concertation entre les alliés au pouvoir qui a également été dénoncé lors de la nomination des hauts cadres des médias publics. Décision dans laquelle l’opinion du CPR et d’Ettakatol semble avoir été totalement occultée.

Pis encore, certains membres du parti islamiste n’ont pas hésité à qualifier Mustapha Ben Jaâfar de «danger pour l’identité arabo-musulmane», privilégiant ainsi un député indépendant au poste de président de la commission mixte, convoité par le secrétaire général d’Ettakatol.
Dans les coulisses et devant les médias, les jeux de dénigrement vont bon train. Si Karima Souid, élue d’Ettakatol, critique les décisions de Samir Dilou et le manque de neutralité de Hamadi Jebali, Yamina Zoghlami, élue d’Ennahdha, fustige l’inaction de Khelil Zaouia, concernant le dossier des martyrs et des blessés de la révolution.
Ettakatol, jouant pleinement son rôle d’opposant, va même jusqu’à dénoncer certains agissements d’Ennahdha sur sa page officielle.
Avec les prochaines élections, prévues pour l’année 2013, ces dernières péripéties semblent sceller de plus en plus la perte d’influence de ces deux partis auprès de leur électorat et de l’opinion publique.
A tel point, que les deux partis ont annoncé une éventuelle fusion dans les prochains mois. Une alliance qui est censée leur permettre de faire face à l’hégémonie d’Ennahdha dans la Troïka, mais qui devra composer avec les tensions qui règnent au sein même des deux partis

Alliés au pouvoir ou simple caution pour le parti islamiste, le CPR et Ettakatol, laissant tomber la chance historique de devenir leaders d’une opposition qu’ils auraient pu rassembler, ont préféré se contenter de pouvoirs limités et d'une coalition hégémonique dans laquelle ils se sont révélés être un excellent soutien dans la prise de pouvoir d’Ennahdha.

Force est de reconnaître que le parti de Rached Ghannouchi demeure pour l’instant le seul bénéficiaire de la Troïka, jetant aux oubliettes les prérogatives de ses deux alliés. En effet, avec un président honorifique et un gouvernement aux larges attributions, Ennahdha reste pour l’instant le favori des élections prévues en 2013.


Synda TAJINE
01/04/2012 | 1
min
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