alexametrics
jeudi 28 mars 2024
Heure de Tunis : 12:16
Chroniques
Rached Ghannouchi commence à appuyer sur les boutons
Par Nizar Bahloul
22/06/2020 | 16:59
5 min
Rached Ghannouchi commence à appuyer sur les boutons

 

Tataouine gronde, le gouvernement vacille, Ennahdha menace et Al Karama plaisante.

L’actualité de la semaine a comme un air de déjà vu. Un air de 2017 quand Youssef Chahed, alors chef du gouvernement, était dans un bras de fer inextricable avec Hafedh Caïd Essebsi et Ennahdha. A l’époque, en mai 2017, M. Chahed subissait des pressions de toutes parts pour élargir son gouvernement à certaines têtes et plusieurs pariaient sur son départ avant l’été. C’était en ce mai 2017 qu’El Kamour, puis Tataouine, se sont embrasés en jurant la peau de Youssef Chahed et c’était en mai 2017  que l’ancien chef du gouvernement a annoncé sa guerre contre la corruption. Youssef Chahed menait plusieurs batailles en parallèle et il avait peu de soutiens. Ceux qui ont parié contre lui (Ennahdha et Nidaa) pensaient pouvoir l’achever avec El Kamour, mais c’était lui qui a eu leur tête avec un franc succès qui a « failli » l’emmener à Carthage. La suite, on la connait, grisé par un succès qu’il n’a pas su capitaliser, il a fini par tout perdre.

 

Janvier 2020, la crise politique est à son apogée. Ennahdha, petit vainqueur des élections, n’a pas réussi à imposer son chef du gouvernement Habib Jamli. Conformément à la constitution, le président de la République va devoir proposer à l’assemblée un autre candidat et il en a ramené un autre venu de nulle part, Elyes Fakhfakh. C’était lui ou la dissolution du parlement. Soucieux de ne pas prolonger davantage la crise, pressé de voir Chahed quitter la Kasbah, Ennahdha a temporisé : « va pour Fakhfakh, on le limogera dans six mois, via une motion de censure, si jamais il n’est pas consensuel ».

Juin 2020, Elyes Fakhfakh ne semble pas consensuel et doit mener quelques batailles. Ennahdha veut élargir le gouvernement, la crise économique est des plus aigües et ses soutiens ne sont pas nombreux. Ici et là, on tente de le fragiliser autant que faire se peut dans un remake de ce qui a été subi par son prédécesseur.

Comme en mai 2017, El Kamour appelle au départ du gouvernement.

Comme en mai 2017, on fait pression sur le chef du gouvernement pour faire entrer quelques têtes partisanes indésirables.

Comme en mai 2017, quelques dossiers de corruption commencent à s’ouvrir.

Comme annoncé en janvier dernier, on parle de motion de censure.

Sachant que les coïncidences n’existent pas en politique, on peut conclure que certains commencent à appuyer sur les boutons pour créer un climat propice à une fragilisation et un échec du gouvernement. Et ceux qui savent appuyer sur ce type de boutons ne sont pas nombreux, ils se comptent sur les doigts de la main et à leur tête, il y a l’inégalable Rached Ghannouchi.

 

En janvier 2020 quand il a été désigné par Kaïs Saïed, Elyes Fakhfakh avait tout à gagner et rien à perdre. Il a participé à la présidentielle et il s’en est sorti avec un très maigre 0,34% (11500 voix). Décrocher le poste de chef du gouvernement après avoir obtenu un tel score devient un exploit qui s’inscrit dans les annales et c’est le cas.

Aussitôt nommé, survint le covid-19, le confinement, la crise économique et tout le reste. Du covid-19, et au vu du très faible nombre de décès en Tunisie et de l’excellente et efficace politique sanitaire mise en place, Elyes Fakhfakh a fortement réussi. Sur le plan économique, il a publié plusieurs décrets qui devaient sauver l’économie nationale et les entreprises tunisiennes. Sur le plan politique, il a réussi à jouer l’équilibriste entre les différentes factions.

 

Au vu de tous ces résultats positifs, moins de cent jours après sa nomination, Elyes Fakhfakh a désormais tout à perdre s’il ne capitalise pas sur ces succès.

Premier exercice, l’économie nationale. Ses décrets, aussi beaux soient-ils, sont restés encre sur papier. L’administration et la fameuse commission d’aide aux entreprises sinistrées, ont vidé de leur sens toutes les décisions gouvernementales. Du coup, les promesses d’Elyes Fakhfakh et de son ministre des Finances Nizar Yaïche, risquent de devenir de simples paroles. S’ils n’entreprennent rien pour stopper les décisions bureaucratiques médiévales de cette commission, ce sont des milliers d’entreprises et des centaines de milliers d’emplois que l’on va perdre.

Deuxième exercice, la politique. Ennahdha exige qu’Elyes Fakhfakh opère un remaniement et intègre d’autres ministres, notamment de Qalb Tounes. Dans sa dernière interview, le chef du gouvernement a écarté cette possibilité. Comme par hasard, deux jours après son niet, l’opinion publique apprend qu’il est actionnaire dans une société ayant de très gros contrats avec l’Etat et cette société ne vit que grâce à ces contrats. Sous d’autres cieux, cela aurait donné lieu à un débat éthique mais chez nous, ces accusations sont utilisées pour faire de la politique. Encore deux jours et voilà la (re)naissance de la crise de Tataouine.

Non, ce n’est pas une coïncidence. Ce sont des titillements et de tous petits avertissements adressés à un chef qui doit connaitre ses limites.

S’il n’accepte pas de céder aux desiderata de Rached Ghannouchi et de s’asseoir avec lui autour d’une table, Elyes Fakhfakh risque fort la motion de censure. Dans les coulisses, on répète de plus en plus que Ghannouchi est carrément prêt à de nouvelles élections.

Troisième exercice, financier. Les caisses de l’Etat sont vides et le gouvernement s’apprête, dès cette semaine, à négocier avec le FMI. Si Elyes Fakhfakh se met à dos les entreprises du privé à qui il n’a rien donné et le parlement sans qui aucun prêt ne peut être voté, il peut être sûr qu’il va échouer dans ces négociations. Le troisième exercice dépend des deux premiers et, s’il n’est pas réussi, il va lui causer un quatrième exercice, celui d’une grave crise sociale. 

Atterri brusquement de nulle part, Elyes Faakhfakh a su donner bonne figure pour ses cent premiers jours. Sauf qu’il est facile d’être premier, le plus difficile est de le rester. Pour Fakhfakh, avec des promesses économiques non tenues et un consensus politique non trouvé, il risque de partir brusquement, aussi vite qu’il est arrivé.

Par Nizar Bahloul
22/06/2020 | 16:59
5 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous
Commentaires
aldo
==== IL A TELLEMENT APPUYER SUR LES BOUTONS ====
a posté le 24-06-2020 à 16:55
qu'il a déja tout fait casser ----- PAR CONTRE LES TUNISIENS CHERCHE UN TRES BON (((( BOUTONNIER ))) POUR QUE khriji cesse définitivement de casser les peux de boutons qui nous restent !!
EL OUAFI
Mr Nizar Bahloul
a posté le 23-06-2020 à 18:31
Vous avez vu juste Mr NIZAR ! Mr Ghannouchi fait des testes en appuyant sur les butons, attiser le feu des revendications, des supposées promesses non tenues !
Il est de même perturber le voyage officiel que Mr le President effectuait en France, en lui rappelant à travers ces manifestations à Paris en scandant "Tataouine-cammour etc. . . " des revanches déguisées ,un rappel au pouvoir exécutif leur presence sur la scene politique et qu'il faut prendre leurs doléances en compte !
KaÏs Saied leur rappel "qu'il faut rappeler à l'ordre ceux qui ont envie de prendre le pouvoir des autres » a ajouté le président.
Ces man'?uvres et manifs sporadiques ne sont qu'occupation du terrain, car ils ont peur l'électorat s'éloigne de leur mouvement ils sont critiqués partout ils ont peur de perdre leur potentiel électif. (Manai)
Tunisino
Oui, c'est RG!
a posté le 23-06-2020 à 12:07
Pour:
1. Soulager Nakba dans l'ARP.
2. Ridiculiser Fakhfakh.
3. Ecarter Chaab.
4. Elargir le gouvernement.
RG fait tout sauf servir les pauvres tunisiens, et ce depuis 2011. Ce type est d'une méchanceté incroyable!
Justinia
La guerre des boutons!
a posté le 23-06-2020 à 11:35
"Rached Khrigi commence à appuyer sur le bouton?" Mais mes amis, il n'a pas arrêté d'appuyer sur n'importe quel bouton
Disons que maintenant il appuie plus fort sur les boutons en s'orientant vers la Mecque,en récitant la Fatiha...Ainsi ce misérable veut une Tunisie nue pour faire plaisir aux frérots.
takilas
Les malheurs causés par nahda continuent....
a posté le 23-06-2020 à 06:37
Un brassage clair des interminables malheurs de la Tunisie, qui durent et empirent continuellement depuis unecdecennomie déjà.
Mais quoiqu'il en soit :
- " Tant que nahdha est là rien n'ira en Tunisie " . Perte sèche de temps exavcrement pareil à letat desprir et de perte de temps des tunisiens en général surtout avec ces inutiles députés qui viennent ces jours-ci, à l'AR, à la différence des autres jours qu'ils passaient, la plupart du temps, en voyage dans leur ville de résidence à Paris, rien que pour contrecarrer la vaillante et brave Abor Moussi la combattante, et ce de peur de perdre leur place devenue éjectable à tout moment par la loi.
Non! ghanouchi n'a plus d'argent pour corrompre les élections. C'est un coup de bluff de sa part ce détraqué, que Cheikh Khamis Mejri dailleurs connait ses combines sur le bout des doigts.
MH
Pas d'accord avec cette analyse
a posté le 22-06-2020 à 23:00
Nahdha n'a aucun intérêt à faire tomber gouvernement Fackfack. Elle est dans le même bateau, son succées est le sien, son échec aussi. Il faut m'expliquer comment un membre de la coalition gouvernementale peut mettre des bâtons dans les roues ? ça va à l'encontre de ses propres intérêts? Nahdha est sous pression, on l'attend au tournant. Son échec cuisant en politique sociale et économique depuis 2011 lui colle sur le dos. Elle joue son avenir, c'est pour ça qu'elle cherche à élargir cette coalition pour diluer ses responsabilités.
EL OUAFI
Appuyer sur les boutons en est-il sure de reverser la vapeur ?
a posté le 22-06-2020 à 22:19
>> Dans les coulisses, on répète de plus en plus que Ghannouchi est carrément prêt à de nouvelles élections".
Chiche Mr Ghannouchi opérez pour la dissolution, non il n'en est pas capable ! Ces foyers allumées par-ci par-là ne sont que des man'?uvres d'intimidations, pour faire croire à l'opinion public qu'ils sont soucieux de la vie des citoyens et qu'ils essayent de leur venir en aide,pour dissuader le chef du gouvernement de la lâcher du leste qui est d'ailleurs n'a pas les moyens,en premier lieu, et secondo céder au chantage et de cette façon ouvrir la brèche des contestations dans tous le pays, un jeu très risqué,qui pourrait conduire à un soulèvement généralisé !
Ennahdah attise le feu et crée des soulèvements sporadiques pour obliger le chef du gouvernement à se plier à leurs revendications,à savoir l'élargissement de la coalition gouvernementale en intégrant Klebs tounes pour le service rendu (election de rached Ghannouchi president de l'ARP) .
Il n'est pas innocent non plus en cette période de visite officiel de Kais Saied en France pour lui faire de l'ombre et détourner les regards vers leur électorat (insatisfaite des promesses non tenues !)
Mr Ghannouchi marque son territoire et attire l'attention du chef de l'Etat qu'il est capable de prendre sa revanche et il a son mot à dire et ne pas me sous estimer (R G) Manai
Zohra
UNION
a posté le 22-06-2020 à 22:06
Je vous l'avais dit et redis sans l'union et sans le déchirement politique, n'importe quel gouvernement ne pourras réussir. Ce nest pas une question de personne.

Vous pouvez analyser tant que vous voulez. Il vous faut un dictateur pour que ça marche.
Saib alik mel hadra
Abir de Gabès
J'adhère à votre papier
a posté le 22-06-2020 à 21:40
Bravo
Virtuel
Ce n est pas ce que tu crois
a posté le 22-06-2020 à 20:36
Contrairement a ce que croient les analystes politiques, y compris bn, ennahda, ne pese pas lourd sur la scene politique. la verite , behiri se donne des airs qui dissimulent la deconfiture a terme d ennahda .a mon avis fakhfakh doit ignorer les requetes d ennahda
selim
JOUER AU HALLAB
a posté le 22-06-2020 à 19:29
Au jeu du Hallab, le poker national, EFakak n'a que KS pour le soutenir mais il risque de découvrir qu'il n'a pas de poids face au khwan. Alors au Hallab, il faut qu'il renverse la donne en jouant sur la chasse à la corruption et aller chercher les casseroles des khwan et pourquoi pas la famille du grand khwenji, le ministre khwanji Q5 et les membres du choura. après tout il doit jouer le tout pour le tout.
Ghazi
Parlons plus simple : C'est quoi LES FAMEUX BOUTONS ?
a posté le 22-06-2020 à 18:47
Tout simplement c'est :
-Les cadres qui prennent les décisions quotidiennes dans tous les domaines
-La hiérarchie (3omda, délégué, maire, gouverneur) en contact avec le "Citoyen"
-Le socle du parallèle à l'état qui concerne tout les domaines, même sécuritaire et militaire
-Le socle "Mercenaire" interne et externe, composés de personnes sans foi, ni loi qui agissent par action-Facture

Voilà les boutons dont cette secte utilise, en dehors des noms des personnes et de leurs fonctions, ces boutons pilotent tout un "Tableau de bord" que ce parti a mis, il y a 5 mois, entre les mains du Turc Erdogane, pour l'exploiter au profit de son pays et au profit de la cause de cette secte.
Et rassurez-vous, il n'y aura pas de mention pour désigner "Les frères musulmans terroristes" à l'ARP, elle a été reporté aujourd'hui et elle n'aura pas lieu, TOUT a été vendu et acheté sous la table (Comme on dit), voilà, la majorité d'un parlement traitre à l'image de la majorité d'un peuple ingrat.

@ Tunisiens : Croyez-moi, des jours SOMBRES sur tous les plans vous attendent.
Rappelez-vous bien de la date du 22-06-2020, elle est pareille que celle du 19-06-2019 (Que vous avez certainement oublié).
watani horr 2
Le pays est en danger
a posté le 22-06-2020 à 17:49
Si le Président de la République ne réagit pas, il endosse aussi une grande responsabilité car c'est lui qui doit protéger les intérêts de la nation. Le Gourou a beaucoup de dossiers non ouverts : sécurité de l'Etat, *** politique, ***, vendre la Tunisie à Erdogan et à Qatar, des attentats qui ont massacré l'armée présidentielle, la police, la gardes nationale, vider les caisses de l'Etat, destruction de l'économie et de l'Etat. La Tunisie n'est pas un jouet entre ses mains et les mains de ses semblables comme AL Karama. L'assemblée est devenu un kermesse de règlement de compte. Où on va ? La Présidence et l'armée doivent prendr leur responsabilité devant cette secte pour arrêter cette hémorragie qui a longtemps durée. Urgence : ouvrir ces dossiers et juger les personnes derrière ce massacre, il y va de la sécurité de l'Etat et des tunisiens, renvoyer les députés et enfin préparer des élections anticipées
dbh
le gourou poussent ses pions
a posté le 22-06-2020 à 17:48
le gourou a déjà pris sa décision de la date de son audition
Abir
Où est l'Etat, où est l'autorité judiciaire
a posté le 22-06-2020 à 16:58
Si le chacal traitre appuie sur les boutons pour semer la pagaille , pourquoi l'autorité ne fait pas de même ? Gannouchi à dans sa vie criminelle beaucoup de dossiers qui s'endorment dans les étagères de la justice, il est temps de les sortir et que les victimes y compris le pays prennent leurs droits, est temps que ce criminel paye ses crimes ,même s'il est au perchoir du parlement, c'est question de sécurité nationale
kol
at best, c'est un amateur un peu niais...
a posté le 22-06-2020 à 16:32
at worst, il est caremment imbecile et ne comprend rien a rien...

a choisir entre la peste ou le cholera, j'espere de nlles elections, qui auraient du d'ailleurs arriver en janvier!