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Réponse d'Ennahdha à Business News
22/09/2011 | 1
min
Réponse d'Ennahdha à Business News
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Méthode statique simpliste de l’auteur incomparable avec les résultats d’un modèle macro-économique dynamique

En réponse à l’article paru dans Business News en date du 19/09/2011 sous le titre « Les similitudes entre les programmes d’Ennahdha et de Ben Ali », nous remercions l’auteur d’avoir passé le temps qu’il faut pour lire le programme et dégager les similitudes avec le programme de Ben Ali ainsi que les erreurs qu’il considère fatales. Nous attirons l’attention de l’auteur que ses calculs, trop simplistes, ne conduisent pas à ses conclusions puisqu’il partait de certaines hypothèses inexactes pour démontrer que les résultats d’Ennahdha sont erronés. En fait, aucune comparaison ne puisse se faire entre l’approche statique de la « règle de trois » de l’auteur avec un modèle dynamique multisectoriel d’équilibre général, le fruit de l’expérience d’une centaine d’experts en la matière.

On se rappelle bien lorsque Mohamed Ghannouchi a promis la création de 300 000 emplois nouveaux en deux ans et c’est idiot de le croire parce que c’était bien de l’utopie. Entre la promesse de créer 300 000 emplois en deux ans et celle de créer 590 000 emplois durant cinq années, il y a une énorme différence puisque selon les promesses de Ben Ali, il y aurait création de 750 000 emplois nouveaux en cinq ans, soit une différence de 160 000. Même si nous adoptons votre approche simpliste qui consiste à comparer les valeurs moyennes, le programme du mouvement d’Ennahdha prévoit la création moyenne de 118 000 emplois par an alors que celui de Ben Ali a promis de créer 150 000 emplois par an. Si nous voulons être plus professionnels et considérer une montée en cadence dans les créations d’emploi durant le quinquennat 2012-2016, nous allons trouver que le programme d’Ennahdha prévoit la création de l’ordre de 203 000 emplois au cours des deux premières années, soit les deux tiers de celui promis par Ben Ali. Nous pensons que la promesse du président déchu (la création de 750 000 emplois nouveaux) est utopique si l’on garde le même système, qui depuis la moitié des années 1990s se trouve incapable d’absorber les demandes additionnelles d’emplois, c’est un système complètement saturé, il n’a pas réussi à dépasser le seuil d’absorption de 92% des demandes additionnelles d’emploi. Théoriquement, le modèle Ben Ali est celui de l’économie de marché où coexistent deux secteurs, privé et public avec un Etat qui crée les conditions propices au développement de l’initiative privé. Mais dans la réalité, ce modèle se caractérise par un Etat corrompu, dominé par les familles proches du président qui se considèrent comme le propriétaire de tout le capital, qu’il soit public ou privé et qu’elles se voient comme ayant le droit aux revenus de ce capital.

Nous proposons une relation saine entre ces deux acteurs basée sur le respect mutuel de la vocation de chacun dans le processus de croissance ; l’Etat doit être au service du secteur privé et non un agent concurrentiel de celui-ci. Notre modèle de croissance est basé sur trois acteurs : secteur privé, secteur public et celui de l’économie sociale et solidaire. Contrairement à ce que pensait l’auteur de l’article en question, notre programme n’étant pas de surcharger les entreprises publiques, bien au contraire, nous proposons une économie de marché où l’Etat se concentre sur les secteurs stratégiques ; pas de place pour les entreprises publiques dans les secteurs concurrentiels dans notre conception. C’est seulement dans une première étape de relance où l’Etat devrait accélérer ses dépenses, particulièrement en infrastructure que se créent les incitations nécessaires au décollage de l’investissement privé. Une meilleure allocation sectorielle et régionale des ressources publiques nécessite une administration efficace dotée de cadres supérieurs adéquats. C’est pour cette raison que nous proposons une amélioration du taux d’encadrement non seulement au niveau de l’administration publique mais aussi au niveau des entreprises privées.

L’auteur s’est basé sur une approche statique du taux de chômage comme si le 1 point du taux de chômage génère toujours le même nombre de chômeurs. En fait, en calculant le 1 point du taux de chômage, l’auteur s’est référé à celui de 2011, soit le taux le plus élevé sur la période et qui génère un nombre de chômeurs de 48 275. Or ce nombre ne peut pas être identique à ceux des années ultérieures puisque le numérateur et le dénominateur du taux de chômage ne seront plus les mêmes. Au fils des années, le numérateur (le nombre de chômeurs) diminue alors que et le dénominateur (la population active) augmente. Le calcul de l’auteur est malheureusement erroné puisque 1 point du taux de chômage de 2011, qui est de 48 275, ne peut pas être identique à celui de 2016. Il faut, dans ce cas, calculer pour chaque année, le 1 point du taux de chômage sur la période 2012-2016. C’est très facile à faire mais je ne pense pas que votre méthode de la règle de trois nécessite 182 experts pour l’appliquer.

Plus grave est de penser que l’incidence de la croissance économique sur le taux de chômage se résume également en une règle de trois. Les experts d’Ennahdha se sont basés sur un modèle macro-économique sectoriel très désagrégé au niveau même des branches où tous les agrégats macro-économiques sont inter-reliés. Ce n’est pas à travers une règle de trois que l’auteur puisse dégager une deuxième incorrection dans les calculs du modèle d’Ennahdha. En fait, dire que 1 point de croissance (on ne dit pas 1% du taux de croissance) crée environ 16 000 emplois est une démarche statique et donc erronée puisque si l’on se réfère à la période 2000 – 2010, les créations d’emplois pour 1 point de croissance sont très variées. Par exemple, en 2009 et en raison de l’effet important de la crise financière internationale, 1 point de croissance a créé environ 14 000 emplois alors que seulement une année plus tard, en 2010, 1 point de croissance a créé environ 26 000 emplois nouveaux, soit près du double. En plus, les calculs de l’auteur sont trop superficiels puisqu’au niveau sectoriel 1 point de croissance ne donne pas toujours les mêmes créations d’emplois, il y a des secteurs à forte intensité de main d’œuvre alors que d’autres secteurs sont plutôt à forte intensité de capital.

Une deuxième incorrection au niveau des calculs de l’auteur peut apparaître clairement si l’on se réfère aux dernières estimations publiées par le ministère du plan et de la coopération internationale. L’ensemble des demandes additionnelles d’emplois sur la période 2012-2016 est estimé à 389,3 milles, nous proposons de créer 590 milles emplois avec 7% en moyenne par an (soit 118 000 par an et non pas 112 000), le différentiel étant alors de 198,7 milles et non pas 100 milles sur les 5 ans, c’est bien le double.

Il faut dire que nous sommes d’accord sur le fait que la mauvaise gouvernance ne peut pas être la seule contrainte au développement. Nous avons relevé dans notre premier travail de diagnostic (voir la version détaillée du programme d’Ennahdha) plusieurs insuffisances de l’économie tunisienne dont notamment la faiblesse du taux d’encadrement qui limite les créations d’emplois des diplômés du supérieur, le faible degré d’intégration au niveau des secteurs, la dépendance technologique et financière, le déséquilibre régional, sectoriel et entre les catégories socioprofessionnelles, etc…

Enfin, nous restons toujours ouverts à toute critique constructive de notre programme et nous appelons tous les tunisiens à participer dans la réalisation de ses objectifs qui ne sont que les objectifs de la révolution.


Réponse de l’auteur :

Tout en remerciant les experts du Mouvement Ennahdha d’avoir pris la peine de commenter notre article, je tiens à attirer leur attention sur une incorrection évidente qui ne nécessite pas une centaine d’experts pour la vérifier : en admettant que les données que vous avancez sont correctes (au fait, ce sont les données officielles que vous extrapolez un peu), et que ‘l’ensemble des demandes additionnelles d’emplois sur la période 2012-2016 est estimé à 389,3 mille, nous proposons de créer 590 mille emplois avec 7% en moyenne par an (soit 118 000 par an et non pas 112 000), le différentiel étant alors de 198,7 mille et non pas 100 mille sur les 5 ans, c’est bien le double’, il ne faut pas être sorcier pour comprendre que ces résultats ne sauraient ramener le taux de chômage de 14,5 % à 8,5 %.
Donc, et après lecture et relecture de votre réponse, elle ne développe pas vraiment une nouvelle approche du modèle de développement en Tunisie, il y a des similitudes évidentes avec les mesures du programme présidentiel et le programme du gouvernement actuel présenté au G8 à Marseille.
Avec mon respect.
M.B.M.
22/09/2011 | 1
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