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Présidentielle 2019 : je voterai Manel Amara !
Par Nizar Bahloul
05/08/2019 | 16:59
10 min
Présidentielle 2019 : je voterai Manel Amara !

 

En 2014, nous avons eu « le vote utile », nous sommes allés unis vers les urnes et nous avons été 1,731 million (55,68%) à voter pour Béji Caïd Essebsi. Par cet acte patriotique, nous avons limité l’hégémonie islamiste et éjecté du palais de Carthage son pire locataire, un pantin du Qatar et de la Turquie. Pour 2019, ça va être l’inverse puisqu’on tend visiblement vers ce que j’appellerai « le vote inutile ». Au vu des tractations actuelles, il y a comme un consensus pour un candidat unique proposé par les laïcs et soutenu par les islamistes. On hésite entre Youssef Chahed, actuel chef du gouvernement, et Abdelkrim Zbidi, actuel ministre de la Défense. Alors voilà, si nos gouvernants se sont mis d’accord (alors qu’ils sont censés être opposés) pour désigner un candidat unique, à quoi cela sert-il d’aller voter ? Le vainqueur est connu d’avance, il passera dès le premier tour et peut-être même qu’il aura du 90% ! A quoi servent les urnes, les élections, les bulletins, les autres candidats ?! A quoi sert la démocratie tout court si Nidaa, Tahya Tounes et Ennahdha se sont mis d’accord pour faire candidater Chahed ou Zbidi ?

Au vu des hurluberlus qui se sont présentés les trois premiers jours à l’Isie (Instance supérieure indépendante pour les élections) afin de déposer leurs candidatures à la présidentielle, il y a de quoi maudire la démocratie et se dire, allons donc vers l’ancienne formule despotique du candidat unique (ou candidat de consensus comme on dit maintenant) ! Ou bien, allons vers une autre formule encore plus progressiste, vers une candidature tellement improbable, tellement loufoque, tellement désespérée qu’elle peut devenir une réalité. Et elle l’est devenue dans d’autres contrées. Je pense à notre chanteuse et artiste, la belle voix et la belle tout court, notre charmante et divine princesse Manel Amara. Avant de développer cette idée, commençons par le commencement pour voir ce qui se présente à nous comme candidats. Passons sur les cas comiques et malades qui vont d’un mauvais sosie de Karl Lagerfeld à un clone d’un caïd des années 70 qui a raté son casting dans Scarface

Passons aussi le cas de cet  avocat-universitaire misogyne et macho, Nidhal Kraïem, qui conteste la légalité des 10.000 dinars de caution alors que c’est indiqué clairement dans l’article 42 du code électoral, comme Business News l’a vérifié pour ses lecteurs. Voyons les cas « dits sérieux » de personnes censées être sensées.

 

Kaïs Saïd, 61 ans :

Professeur à l'université de Tunis, spécialisé en droit constitutionnel. Avec sa voix rauque et monocorde, il a prouvé, plus d’une fois, qu’il ne connait rien du monde politique, ni même de la société dans laquelle il vit. Brillant universitaire, mais piètre politicien, puisqu’il n’a jamais adhéré à un parti ou fait de politique. Il n’a aucune expérience managériale, ni dans l’administration, ni dans le privé et à l’exception de ses salles de cours, il n’a absolument rien dirigé. Il n’a même pas été capable de préserver les parrainages qu’on lui a signés. Lui donner les rênes du pays, c’est comme si l’on offrait une Lamborghini à un néophyte qui vient de réussir son code et n’a pas encore passé une heure de conduite.

 

Nabil Karoui, 56 ans :

Célèbre homme de média. Très célèbre, tout comme son associé Silvio Berlusconi, ancien président du conseil italien. Il a bien envie de devenir chef du gouvernement comme lui, sauf que pour le moment, Nabil Karoui partage d’autres points communs avec Berlusconi, il traine une réputation sulfureuse et des affaires en justice. Il est présumé innocent, certes, mais comme on dit en Tunisie, Mimouna connait le bon Dieu et le bon Dieu connait Mimouna.

Ce qui joue en faveur de Nabil Karoui (sur le plan de l’image), c’est qu’il a failli être la victime du régime de Youssef Chahed qui a concocté une loi rétroactive de toutes pièces pour l’éjecter des élections. Le fait qu’il ait été harcelé par la sulfureuse ONG I Watch, financée par George Soros et l’Union européenne, a également joué en faveur de Nabil Karoui. Mais tout cela ne nous fait pas oublier que Nabil Karoui a souvent joué dans des terrains marécageux, qu’il a essayé (en vain) de blanchir le terroriste Abdelhakim Belhadj et a été très proche du mis en examen pour complot contre la sûreté de l’Etat, Chafik Jarraya. On s’interroge d’ailleurs à quelle hauteur les deux copains Belhadj et Jarraya ont financé les affaires de Karoui.

 

Youssef Chahed, 44 ans

Durant ses trois ans de Kasbah, l’actuel chef du gouvernement a fait un parcours sans faute et a entamé les réformes nécessaires pour sauver le pays. Il a vraiment fait ce qu’il fallait faire, mais il faut donner du temps au temps pour recueillir les dividendes de ses réformes (dont plusieurs sont encore bloquées à l’Assemblée). Sa première erreur a été de ne pas savoir quitter la table quand il le fallait, c'est-à-dire en décembre 2018. Son premier échec a été de ne pas avoir su faire main basse sur Nidaa, ce qui l’a conduit à faire sa deuxième erreur, c'est-à-dire créer un parti de nulle part, qu’il a fait remplir d’opportunistes. Sa première faute a été de tenter d’utiliser sa position au pouvoir pour éjecter des adversaires politiques en usant de moyens déloyaux, contraires à l’éthique et anti-démocratiques. Conséquence, on a rapidement découvert son masque cachant un visage de futur despote, qui n’est même pas éclairé. Résultat des courses, ses amis ont pris leurs distances, ses proches ne savent plus quoi lui conseiller, les opportunistes qui l’ont entouré l’ont quitté ou s’apprêtent à le quitter ou le poignarder et sa belle image s’est bien détériorée au fil de ces dernières semaines au grand dam de ses fans.

 

Abdelkrim Zbidi, 69 ans

L’actuel ministre de la Défense bénéficie d’une excellente réputation, tout comme l’armée qu’il dirige. Son statut de médecin nous rappelle, hélas, de mauvais souvenirs d’un ancien locataire de Carthage, mais ceci est un détail. Quelles cordes a-t-il à son arc ? Très peu. Quelles prouesses a-t-il vraiment réalisé par le passé ? Très peu. Quelle expérience politique a-t-il par le passé ? Aucune ! Quelle phrase remarquable ou débat frappant ont-ils marqué les esprits ? Aucun !

Abdelkrim Zbidi, en dépit de sa très belle image, ne peut réussir qu’avec l’appui des islamistes d’Ennahdha auprès de qui il bénéficie, aussi, d’une bonne presse. Ce point à lui seul est suffisant pour ne pas voter pour lui. La démocratie que l’on veut n’a pas besoin et ne veut pas d’un candidat consensuel qui ménage la chèvre et le chou. On ne veut pas d’un candidat gris qui entretient le doute sur sa véritable couleur politique et dont on ne connait pas vraiment grand-chose. Qu’il fasse l’effort de se faire connaitre d’abord (et on ne se fait pas connaitre en deux mois, on ne devient pas président en deux mois, c’est impossible, ça n’a jamais existé), après on verra. 

 

Abir Moussi, 44 ans

Cette avocate a été parmi les très rares personnalités politiques de l’ancien régime à assumer son passé de RCDiste et à ne pas retourner sa veste. Elle a fait preuve d’un extraordinaire courage face aux islamistes, aux radicaux et aux « révolutionnistes ». Ils ont tout fait pour la faire taire, ils l’ont intimidée, ils l’ont suspendue du barreau, ils l’ont menacée, rien à faire, elle est restée debout. Ce courage hors-pair impose à lui seul tout le respect. Sauf que voilà, la bonne dame, aussi courageuse soit-elle, n’a pas d’autre programme que l’exclusion des islamistes du paysage politique et la fin de la parenthèse démocratique. Pire, elle se prononce contre l’égalité de l’héritage. Pareil positionnement est une grosse erreur pour un homme. Pour une jeune femme, c’est une faute, Abir Moussi ne représente pas l’avenir, elle symbolise le passé.

 

Moncef Marzouki, 74 ans

Quand il a échoué en 2014, il a promis de ne plus se présenter et de passer le flambeau. Il a été aussi contre l’idée qu’un président soit âgé de plus de 75 ans. On paie encore les conséquences de son passage à Carthage et il a admis lui-même, plus d’une fois, ses fautes et ses erreurs. Il a été incapable de préserver son parti CPR et il a cassé en mille morceaux son nouveau parti Irada (devenu Harak). Il a été lâché par tous ses amis ou presque d’avant 2011, par tous les opportunistes d’après 2012 et par tous ses nouveaux amis, y compris les plus fidèles, d’après 2014. Par centaines de preuves à l’appui, de démocrate et de droit-de-l’hommiste, Moncef Marzouki n’en porte que le nom.

En 2019, en dépit de tous ses échecs et en dépit de toutes les débâcles de son parti en 2014 et en 2018, il a quand même le culot d’envisager de se représenter !  Ce week-end, un de ses fidèles et zélés courtisans a demandé, platement, à ce que ses « camarades » idéologiques retirent leur candidature pour lui laisser place (à savoir Mohamed Abbou, Kaïs Saïd et Seïfeddine Makhlouf).  

 

Seïfeddine Makhlouf, 45 ans

Avocat controversé, très proche des salafistes radicaux, grand amoureux de la chariâa et de l’exclusion des laïcs et du progressisme, Seïfeddine Makhlouf est pire que Moncef Marzouki et Mohamed Morsi réunis dans un seul corps. Son nom ne parait pas vraiment dans les sondages et il n’a pas à figurer dans la liste de cet article, mais connaissant le bonhomme (à la très agréable compagnie), cela ne m’étonne pas qu’il crée la surprise comme l’a créée avant lui son copain Yassine Ayari.

Avis à ses aficionados, leur vedette est un évadé fiscal qui a eu droit en 2018 à un redressement de 260.000 dinars. Quels que soient la méthode de calcul et le type de contestation qu’on pourrait faire, on sait tous que l’administration fiscale n’invente jamais rien. Sur les 260.000 dinars qu’elle réclame à Seïfeddine Makhlouf, il y a bien un montant (aussi dérisoire soit-il) qui ne soit pas vraiment indu. Alors puisque Me Makhlouf a un public de radicaux, qu’ils appliquent leur radicalité sur eux-mêmes et leur protégé en étant conséquents avec leurs propres principes ! Petit rappel : l’évasion fiscale est considérée comme un vol (un vol de l’Etat, c'est-à-dire nous tous), et d’après la chariâa qu’ils prônent, le vol est puni par l’amputation de la main !

 

Coluche, Zelesky et Kitarović

1981 en France, le célèbre humoriste Coluche a créé un séisme dans le paysage politique français en se présentant à la présidentielle. Il a failli passer ! 

2019 en Ukraine, c’est le célèbre humoriste Volodymyr Zelensky, 41 ans, qui est élu avec 73,2% des voix. Il est juste producteur à succès de sketchs, il est néophyte et dénué de toute expérience politique.

En 2018, on se rappelle tous de Kolinda Grabar-Kitarović, la très belle présidente croate de 51 ans. Nous aussi, on a rêvé d’avoir une belle présidente pour nous représenter un peu partout dans le monde. N’est-elle pas meilleure ambassadrice que tous ceux que je venais de citer plus haut ? Son image, sa jeunesse, sa splendeur attireront touristes et investisseurs, bienveillance et indulgence !

 

Manel Amara, 38 ans

Nous avons en Tunisie plus belle que Kolinda Grabar-Kitarović, à savoir Manel Amara ! Chanteuse, comédienne, humoriste, belle, elle a tous les atouts du succès. Elle peut réunir les 10.000 parrainages en 24 heures par un simple post Facebook et publication Instagram. Elle peut réunir les 10 parrainages de députés par quelques coups de fil tirés de son propre carnet d’adresses.

Elle a créé sa propre entreprise et elle a réussi à la faire marcher, comme il se doit. Contrairement à ce que plusieurs pourraient penser, elle n’a pas réussi grâce à sa beauté et son attitude maniérée, elle a réussi grâce à son professionnalisme, sa culture et le sérieux de son entreprise et de son travail acharné. C’est une véritable femme d’affaires et je suis sérieux ! Pourquoi aime-t-on une blonde croate et pas une blonde tunisienne ?

Dans plusieurs pays, face aux candidats, les électeurs ont l’embarras du choix. En Tunisie, nous avons hélas le choix de l’embarras (phrase de mon confrère et ami Mehdi Kettou). Embarras pour embarras, soyons fous, allons jusqu’au bout de notre folie et votons pour quelqu’un qui a plus de chances de réussir sa mission de première présidente de Tunisie et plus de mérites que tous les candidats actuels qui passent à l’Isie !  

 

Par Nizar Bahloul
05/08/2019 | 16:59
10 min
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Commentaires (39)

Commenter

Lecteur
| 10-08-2019 12:56
Toute la famille, tout edouard, les ânes, les vaches, les chiens, préparez les bâtons, les fusils, creusez les tranchers****
Vous allez vraiment en avoir besoin, la surprise de votre Abir sera générale

EL Ghoudi
| 10-08-2019 10:37
moi et mes enfants aussi.

Lambda
| 06-08-2019 17:49
Tu peux toi aussi cirer les pompes de mauvais goût de abir moussi mais attaquer les journalistes est inutile. Ils sont là pour nous informer et analyser les choses pour nous. Ta moussi a bien été contre bochra belhahmida. Si tu ne veux pas voir ça tu peux ne pas le voir, mais tu ne peux attaquer les journalistes qui l'ont vu et nous le rappellent au moment opportun. A la place de BN j'aurais censuré ton commentaire d'ailleurs, tu pourras aller cirer les pompes de abir ailleurs qu'ici

Zohra
| 06-08-2019 15:18
Je ne cire pas les pompes de personne
C'est connu c'est mondiale de s'attaquer aux jounalistes surtout en période d'élection

Chaque candidat les veut pour lui

Monsieur Wellllllllllllles acceptez les critiques surtout quand elles sont justes. C'est comme ça qu'on corrige et on avance. Merci les journalistes qui attirent notre attention sur ce qui ne va pas.

Bon courage

Mohamed 1
| 06-08-2019 15:12
Cher Nizar, autant ta plume est courageuse et pertinente dans la quasi-majorité des cas, autant elle devient subjective et rejoint l'avis des fanatiques illuminés dès que tu abordes Abir Moussi. Les fanatiques, fidèles à leur ligne de conduite, lui font dire des choses qu'elle n'a jamais dites.

welles
| 06-08-2019 15:05
Les journalistes ne sont pas des intouchables; ils sont comme les autres avec un point de vue qui reflète leur sensibilité et leur subjectivité et donc on a le droit de rectifier leur opinion surtout quand elle soutient une contre vérité flagrante. Alors de grâce arrêtez de cirer les pompes à M. Bahloul

CESARIOS
| 06-08-2019 12:50
Mr NIZAR, vous étes parmi les rares journalistes qui cherchent à éclaircir, à éveiller, à informer vos électeurs" des trains qui arrivent en retard, et d'analyser les causes et les conséquences de ces contretemps", malheureusement cette fois-ci votre chronique ne contient que des constatations presque connues par tous ceux qui suivent de prés et périodiquement les nouvelles partisanes et vous voilà , vous nous avez présenté une chronique que vous ayez cloturé par nous donner un aperçu sur la personnalité d'une belle artiste qui est manal amara et vous nous proposez de l'élire comme premiére femme présidente de la REPUBLIQUE vous me paraissez en hors jeu et trop badin de ce que sent tout citoyen ou citoyenne qui nage dans le flou et dans l'imprévisible de ce qui pourra passer lors des élections. Mr niza le peuple est avide de connaitre de fiables statistiques et de sérieuses analyses économiques et sociales et de critiques constructives concernant les défaillances de notre "meilleur destour au monde" et des ignobles piéges et magouilles articles de notre loi électorale
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rayma
| 06-08-2019 12:15
Rentrer dans le marécage de Toubel Khammassi Harbaoui and co ils l'auraient lynché...Ceci dit C'est 1 sacrifice si Chahed se présente aux présidentielles car s'il y va c'est contre son gré mais il doit y aller et ce sera 1 pause pour lui de 5ans

Citoyen_H
| 06-08-2019 11:58
"Elle n'a jamais dévié de ses convictions."

Bien dit, l'ami.
Elle a mis le doigt droit dessus le point noir, la tumeur, qui envoya notre PATRIE directement dans les entrailles de l'enfer.
Aucun autre homme n'a eu le courage de le dire, même si certains le pense officieusement.
Rien que pour cela, ce petit bout de FEMME, force le respect.

Si il y a bien un symbole de PATRIOTISME émergent de la meute des sans coui.les, faisant des courbettes aux chléyék à toute heure de la journée, c'est à cette dame qu'il revient de droit.

@nomade
Excellent commentaire.

Salutations






Faouzi38
| 06-08-2019 11:26
Moi je voterai madame Abir MOUSSI la seule personne qui n'a jamais retourner et qui ne retournera jamais sa veste, son programme est clair et précis ...
Pas d'islame politique et changement de la constitution