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Le coup de com’ raté de Youssef Chahed
02/08/2019 | 19:59
4 min
Le coup de com’ raté de Youssef Chahed

 

A la veille du dépôt des candidatures à la présidentielle, le chef du gouvernement et président de Tahya Tounes, Youssef Chahed, a accordé une interview à la chaîne nationale, à Hannibal TV et à radio Shems Fm. On y retrouve un discours qui se rapproche plus de celui de chef de parti et de candidat à la présidentielle que de chef du gouvernement.

 

Annoncée vers la fin de l’après-midi, l’interview du chef du gouvernement, Youssef Chahed a été suivie par une grande partie des Tunisiens, ainsi que par la majorité des observateurs de la scène politique nationale. En effet, tous s’attendaient à une grande annonce, comme une démission de son poste à la tête du gouvernement, ou encore sa candidature à la présidentielle.

Mais il n’en fût rien. Durant plus d’une heure et demie, Youssef Chahed n’a fait aucune annonce ! Cependant, il a profité de son passage à l’écran de la télévision nationale pour affirmer que sa relation avec le président défunt Béji Caïd Essebsi était au beau fixe durant les 5 derniers mois, soit après le 20 mars. Il a, également, tenu à parler de l’épisode de la maladie du président en évoquant la visite qu’il lui a rendu à l’hôpital militaire le 27 juin 2019, alors que quelques heures auparavant il était à la salle d’opérations au ministère de l’Intérieur à la suite des deux attentats terroristes qui ont eu lieu le jour même.

Youssef Chahed n’a pas, aussi, manqué de parler des préparatifs des funérailles organisées « par le gouvernement en collaboration avec la présidence de la République ». Un passage où il a vaguement survolé le rôle joué par le ministère de la Défense dans l’organisation de cet évènement mémorable pour tous les Tunisiens et qui a été applaudi à l’échelle internationale.

 

Comme attendu, le chef du gouvernement n’a pas raté l’occasion présentée par l’interview diffusée à une heure de grande audience, pour revenir sur les amendements du Code électoral refusés par le président de la République, Béji Caïd Essebsi. Et bien qu’il ait considéré que la non-signature constitue une véritable énigme, il a insinué que la famille du président est intervenue à ce sujet, puisque « des membres » lui ont signifié l’annulation d’une rencontre programmée au dernier moment et à la veille des délais impartis pour la promulgation des amendements. Affirmant que ce sujet est, désormais, clos, Youssef Chahed a tenu, quand-même à banaliser la chose esquivant la partie « exclusion » taillée sur mesure pour certains candidats. « Ces amendements imposent la présentation d’un bulletin n°3, la déclaration des biens et une attestation du paiement des impôts, ce n’est pas trop demandé pour un candidat à la présidentielle », assure le chef du gouvernement, ommettant l'essentiel des amendements. 

Et au fil de l’interview, les téléspectateurs n’ont pas perdu espoir, d’avoir une véritable annonce, sauf qu’à leur surprise, le chef du gouvernement a passé en revue le bilan habituel de son gouvernement, les entraves qu’il a rencontrées, les réformes douloureuses, la guerre contre la corruption, la digitalisation de l’administration. Le discours coutumier et monotone auquel, les Tunisiens ont eu droit à chacun de ses passages médiatiques.

 

Le moment fatidique venu lorsqu’il a été interrogé sur ses intentions de se présenter à la présidentielle, Youssef Chahed n’a pas répondu en avançant qu’il est présent en sa qualité de chef du gouvernement et non de président de parti. Toutefois, il a tenu à assurer que sa décision est prise et qu’il l’annoncera le moment opportun.

 

Une fois l’interview terminée, les réactions ont été virulentes. Youssef Chahed aurait profité du service public, pour se blanchir, se débarrasser de l’étiquette de « traitre » qu’on lui a collée et pour torpiller le rôle du ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi, l’étoile montante pour la présidentielle. Une vision non partagée par les sympathisants du chef du gouvernement, qui, eux, ont estimé que le passage était nécessaire pour dissiper les doutes et rappeler les difficultés rencontrées par le gouvernement, ses actions et la nécessité ainsi que l’importance des réformes qu’il a effectuées.

 

En tout état de cause, il semble que le chef du gouvernement n’a pas, vraiment, réussi son coup de communication cette fois-ci. S’il a été applaudi par certains lorsqu’il a eu le courage de pointer les dérapages de Hafedh Caïd Essebsi sur antenne à une époque bien déterminée, il n’en fût pas le cas cette fois-ci. C’est dire que la course vers Carthage est tellement rude, et la barre a été placée très haut surtout à la suite du décès du président de la République Béji Caïd Essebsi.

 

 

Sarra HLAOUI

02/08/2019 | 19:59
4 min
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Commentaires (9)

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Trop tard!
| 04-08-2019 09:32
Je dirais plutôt que YC a imposé sa volonté non seulement contre BCE et son fils mais aussi et en particulier contre le clan RG et toute la mafia qui est tout autour...


Le clan RG aurait tant aimer destituer YC de son poste de Premier Ministre. Le clan RG s'est même attaqué à la femme de YC (pour ce clan tous les moyens sont bons, c'est un clan sans éthique et sans principe).

Pourquoi le clan RG n'a pas pu destituer YC, eh bien parce-que les pays du nord, qui ont injecté 25 milliards d'euros en Tunisie, ne pouvaient pas laisser le clan RG continuer à faire des conneries et entraîner notre pays encore plus dans le désastre socio-économique. Et c'est légitime, quand on voit qu'une bande de bornés et d'assoiffés de pouvoir ne voudrait pas se retirer de la scène politique et laisser le pouvoir aux plus jeunes...

Oui, je dirais que YC a imposé sa volonté non seulement contre BCE et son fils mais aussi et en particulier contre le clan RG et toute la mafia qui est tout autour...

YC a quelques conquérants de grand calibre et d'une grande popularité et ce n'est pas évident qu'il pourrait conquérir Carthage. Mais il a de bonne cartes.

Mon conseil: méfiez vous des candidats pseudo-indépendants qui travaillent pour le clan RG, et ceci est valable pour les présidentielles que pour les législatives.

Mes pronostiques: Si la candidature de Nabil Karoui sera bloquée (annulée) par notre ISIE, c'est Abir qui va gagner les élections présidentielles. Et ça sera un vote "vengeance"... Je signale, pour ne pas être mal compris, que je ne suis pas un fan de Nabil Karoui...

@Clan RG: quand on monte très haut, il faudrait savoir redescendre au bon moment afin de ne pas tomber trop bas. Il est temps que vous laissiez la place aux plus jeunes, vous avez causé trop de dégâts socio-économiques en Tunisie

Majda
| 04-08-2019 08:37
Il s'est précipité à la TV pour se montrer comme un chef capable de diriger le pays. Il était grillé car il a trahi BCE maintenant il est complètement cramé car il a prononcé des contres vérités grossières.

cesarios
| 04-08-2019 00:23
Nos député(e)s des partis qui gouvernent, nos ministres,, et un bon nombre de nos journalistes ont toujours la tendance et le culot de transformer tout ce qui est échec en réussite et tout ce qui est décadence et recul en progrés et bien étre ,et essayent par toutes les magouilles, les mimacs, les bouffonneries, les combines à nous faire avaler leurs couleuvres et leurs nullités , voilà où niche nos malheurs et nos inquiétudes du sort et de l'avenir de nos actuelles et futures générations, ils s'obstinent de ne pas reconnaitre la méfiance du peuple qui s'agrandit de jour en jour, leur ignoble attachement à ne pas transmettre le témoin et le tour de role du pouvoir à d'autres est parmi les principaux handicaps et embuches de notre transition démocratique et cela est dù à notre confection du fameux mesquin"meilleur destour du monde"et de notre loi des élections qui grouille de défaillances et de douteux et de sordides calculs dont les conséquences , non bien traitées et prises en considération et ne seront qu'imprévisibles

mansour
| 03-08-2019 13:57
Si Habib vos illustres enfants Madame Abir Moussi et Monsieur Abdelkrim Zbidi soutenus par la majorité du peuple tunisien patriotes et Bourguibistes fêterons la victoire du Bourguibisme cher aux tunisiens aux élections présidentiel et législatifs

Kane
| 03-08-2019 11:30
Cet article est résolument à charge contre Y.Chahed. Quoi de plus normal pour un chef de gouvernement de défendre son bilan à la veille de l'échéance de son mandat ? Il a dit ses vérités sur certains faits, notamment la non-ratification de la loi électorale, et nous n'avons aucune raison de ne pas le croire. Certaines coïncidences sont troublantes, comme la présence quasi constante de N.Karoui à Carthage pendant toute la période concernée. Quant à l'annonce de sa possible candidature, il ne pouvait pas la faire alors qu'il est toujours chef du gouvernement, et il ne peut annoncer sa démission à l'antenne puisque c'est au président Ennacer qu'il doit la présenter. Alors calmons-nous et évitons les acharnements bêtes et méchants.

Premiumwatcher
| 03-08-2019 09:51
Je ne suis pas un partisan de Chahed, mais j'estime qu'il a réussi sa prestation du fait du caractère technique de son discours. Vous vous attendez à des déclarations politico-politiciennes et c'est toute la problématique actuelle de la Tunisie. Je suis content que la loi électorale n'ait pas été amendée, car elle va permettre aux politiques, aux journalistes et au peuple d'apprendre à combattre un nouveau fléau que celui du populisme. Et la seule manière de le faire est effectivement de cesser de se focaliser sur les faits politico-politiciennes et se concentrer sur le concret : les programmes économiques et les détails techniques et en cela votre responsabilité est toute aussi grande que le celle des politiques. Je ne vois pas pour l'instant aucun programme économique et c'est grave car c'est une autoroute ouverte aux populistes tout aussi dangereux que les islamistes. Macron a réussi à battre Lepen lors du second tour en mettant à nu la légèreté de son programme et aujourd'hui la Tunisie et les tunisiens sont prêts pour qu'on dépasse les discours vides de sens. L'apprentissage est désormais salutaire aussi bien pour les politiques sérieux que pour vous les journalistes et en cela votre responsabilité est toute aussi importante qu'au moment où on a dû combattre les islamistes.

Aksel
| 02-08-2019 22:56
Dans les autres pays on n'enterre pas leurs présidents ils se démerdent tous seuls

Mannou
| 02-08-2019 22:15
Il est bien au niveau de la barre placée très haut.

Microbio
| 02-08-2019 21:55
Un successeur du président BCE devrait répondre à quatre exigences importantes.
Le chef de l'Etat représente l'?tat, du niveau Présidentiel aux municipalités. Il représente avant tout les Tunisiens dans leur intégralité. BCE (Allah Yarhamou oua Naamou) a très bien réussi.
Que faut-il au prochain président tunisien ou - il est vraiment temps - à un président pour avoir les mêmes succès ou analogues que BCE?

Condition 1: Humour
Ceci est particulièrement important dans le Palai de Carthage: l'humour. Parce que le chef de l'Etat représente les Tunisiens et que les Tunisiens aiment rire - peu importe la façon dont ils discutent parfois, quelle que soit la gravité de la situation.
Particulièrement quand á la Kasba, l'ARP ou un autres Instances, les sujets sont sérieux et les visages sont extrêmement sérieux, quelqu'un dans le tissu politique, la Tunisie doit aussi pouvoir rire une fois, chaleureusement et avec emphase..

BCE l'a démontré dans son mandat de 2014 à 2019. Au milieu de la crise économique, au milieu de la terreur de DACH. C'est quelque chose que doit ressentir un chef d'?tat - quand il est temps de relativiser la morosité par le biais de la gaieté et de redonner une attitude à la vie.

En campagne électorale, le patriotisme doit certainement ne pas être tabou avec le slogan "Tunisiens, nous pouvons à nouveau être fiers de notre pays".

Bien entendu, le chef d'?tat avec son humour ne devrait pas se comporter comme un frère "Leichtfuss". Personne ne veut ça. Le Poste du Président n'est pas la chose la plus importante dans la politique quotidienne, bien qu'il soit au sommet en termes de protocole.
Mais quiconque vit dans le Palai de Carthage devrait toujours montrer que la Tunisie se prend au sérieux. Surtout si la politique quotidienne manque un certain sérieux. De telles situations existent de temps en temps. Alors, il est très bon que les Tunisiens puissent être fiers d'un organe constitutionnel.

Condition 2: tact et attitude confiante
Pour la même raison, le tact et l attitude de serenité sont nécessaires. La Tunisie n'est plus un pays dans lequel les m'?urs civiles ont la priorité, comme allégeance respectueuse aux conventions et aux autorités, beaucoup pensent que c'est la liberté.

Aujourd'hui, vous pouvez aller au concert en tee-shirt ou vous défendre contre les décisions des autorités politiques. L'état de droit avancé offre de nombreuses possibilités.
Mais si cela compte vraiment, s'il y a des accidents graves ou coups de chance, alors la grande majorité voudrait avoir la confiance inconditionnelle que le chef de l'Etat n'est ni indécis ni surchargé. Elle veut pouvoir compter aveuglément sur le fait que le chef de l'?tat garde toutes ses formes et trouve les mots justes, ni trop sentimentaux ni trop sobres.
BCE a rendu à la Tunisie la fierté de sa présidence, de son pays, mais aussi de sa sagesse publique, qui n'a pas toujours été très appréciée.
Un président de la république qui donne à de larges couches de la population la possibilité de s'identifier à leur '?tat sans que quiconque ait à se plier, à tolérer ou à s'adapter à leur style de vie - un tel chef d'?tat tient cette société ensemble.

Condition 3: Non vaniteux et politicien expérimenté
Pour que le Palais de Carthage soit perçu comme une voix pertinente, il faut que la personne soit sans prétention et pleinement consciente du fonctionnement réel de la politique nationale et internationale. Il n'est pas obligé d'être lui-même de la politique. Cela peut parfois être préjudiciable, comme l'a montré BCE.

Les démissions à Nidha étaient également dues au fait qu'il était le président du parti, dont l'effet à long terme l'a rattrapé. Les collègues du parti avec lesquels il a eu affaire ont approfondi la crise concernant Youssef Chahed et HCE.
Cependant, le chef de l'Etat devrait être en mesure de très bien connaître les processus politiques et d'évaluer la dynamique des processus complexes de prise de décision en politique nationale et mondiale. Aujourd'hui, environ la moitié du temps de travail du président est consacrée à la politique étrangère, à la lutte contre le terrorisme ou à la politique économique internationale.
L' une de ses tâches importantes consiste à examiner les lois adoptées par l´ARP avant leur rédaction afin de garantir leur constitutionalité.

Condition 4: Sensible et dur à la fois
Par conséquent, le prochain chef d'?tat doit faire preuve à la fois d'empathie et de dureté. Il a l'occasion de montrer que cette Tunisie n´exclue personne, le président représente tous les tunisiens. Mais cela garantit également que la Tunisie ne soit pas restreinte politiquement. Ce qu'est la Tunisie n'est pas défini par un sous-groupe. Notre pays vit comme un tout.