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Chroniques
Kaïs Saïed, pas oiseau rare, mais phénomène de foire
Par Synda Tajine
11/06/2019 | 16:59
4 min
Kaïs Saïed, pas oiseau rare, mais phénomène de foire

 

 

Parmi les Abir Moussi, Nabil Karoui, Fayçel Tebini, Kaïs Saïed sort du lot et fait tout pour le montrer. Cet outsider de la vie politique se présente comme ce candidat « malgré lui », poussé par un élan de responsabilité et de dévotion à servir la Nation…en devenant président. « Je n’ai aucune ambition », dit-il, sauf celle de devenir président de la République.

Ce constitutionnaliste pense à sa candidature depuis 2014, sans grand succès. Les sondages d’opinion le propulsent en 2019 deuxième candidat favori des Tunisiens, après le chef du gouvernement Youssef Chahed, et figure de « l’anti-système ». Il jubile et décide donc de confirmer sa candidature et d’énoncer une ébauche de programme.

Dans une – longue – interview donnée à Kaouther Zantour et publiée ce matin dans les colonnes du journal Acharaâ Al Magharibi, Kaïs Saïed dit une chose et son contraire et se contredit à chaque bout de phrase. Kaïs Saïed se portera candidat à la présidentielle, mais ne se considère en compétition avec personne. Kaïd Saïed ne croit pas à la démocratie parlementaire mais prône des élections locales qui donneront naissance à un parlement. Kaïs Saïed vomit le système politique actuel mais n’hésite pas à vouloir l’intégrer et à en faire partie. Il dit que les partis politiques sont voués à disparaitre. Idem pour le Parlement. D’un autre côté, Kaïs Saïed refuse de commenter le bilan des partis politiques influents sur la scène nationale, Ennahdha comme exemple, et n’hésite pas à rejoindre le parti sur bien des idées.

 

Kaïs Saïed dit n’être soutenu par personne. Aucun parti politique, ni partie quelconque ne se cache derrière sa candidature. Il n’a pas de directeur de campagne et n’est même pas soutenu par sa famille. Il se présente donc seul, élabore son programme seul et se dresse envers et contre tous en ayant l’idée de bousculer les bases de la politique tunisienne d’aujourd’hui.

Comme ébauche de programme, Kaïs Saïed énonce des idées aussi vagues que rétrogrades telles que rétablir une peine de mort effective, éliminer les associations, annuler les élections législatives, refuser l’instauration de l’égalité successorale et se dresser contre l’homosexualité.

Tout en présentant des idées farfelues, Kaïs Saïed reste évasif sur l’essentiel. Son programme politique ? Il sera élaboré par le peuple. Qui conduira la période à venir ? Ce sera au peuple de le faire. Les partis politiques ? Ils n’ont plus de raison d’être et le peuple s’organisera de la manière qu’il jugera adéquate. Quelle diplomatie pour la Tunisie ? Ce sera celle du peuple. La présidentielle ? Ce n’est ni une course ni une compétition, et le peuple sera libre de choisir et de rejeter celui qui se portera candidat. Kaïs Saïed va même plus loin dans ses élucubrations en affirmant qu’il n’appellera aucun électeur à voter pour lui et que lui-même glissera un bulletin blanc le jour du scrutin. Mais il ne faut surtout pas parler de populisme, Kaïs Saïed affirme ne pas savoir ce que ce mot veut dire.

« Je me présente, en étant contraint […] la responsabilité est une contrainte. Quand vous êtes sur le front de guerre, tel un soldat qui ne doit pas être tué mais qui doit combattre. L’opération n’est pas pour moi une ambition personnelle. Mon ambition est purement scientifique » affirme Kaïs Saïed entre autres réponses assez difficiles à déchiffrer.

Alors véritable génie dont le dessein est inaccessible au commun des mortels ou phénomène de foire politique loufoque et déconnecté de la réalité ? Les élections trancheront sans doute et ce sera aux électeurs de décider si l’oiseau rare Kaïs Saïed – qui refuse par ailleurs d’en être un – sera apte à les représenter à la magistrature suprême.

Mais entre ce qu’il dit et ce qu’il fera réellement, existe un océan de réalité et d’idées farfelues. Kaïs Saïed semble avoir le vent en poupe grâce aux derniers sondages d’opinion qui le placent dans la liste des favoris. Rien ne présage pour l’instant que les sondages à venir se prononceront en sa faveur et rien ne présage, non plus, qu’il ira jusqu’au bout de son idée, ni que les Tunisiens le suivront jusqu’au bout dans ses élucubrations…

Par Synda Tajine
11/06/2019 | 16:59
4 min
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Commentaires (18)

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Justinia
| 12-06-2019 15:29
On aura tout vu.Voilà un "spécialiste" de droit constitutionnel qui est contre la constitution (la meilleure du monde,parai il).Et il se veut président de la République,GARDIEN DE LA CONSTITUTION".Il prétend ne pas avoir d'accointance avec Ennahdha mais il va dans leur direction...Les fleurs qu'il a jetées aux islamistes ont fini tous dans la poubelle.
Vous avez du plaisir avec votre hétérosexualité? Alors laissez les autres avoir du plaisir avec leur homosexualité.

houda
| 12-06-2019 14:05
de la lecture de son interviw au journal echaraa el magharibila je conclue que kais said est PLUS TARTOUR QUE NOTRE TARTOUR issue des elections de 2011 plutot designè par la constituante tartourienne et est plus maladee et perturbè que le tartour version original

ABC
| 12-06-2019 12:52
Kadafi avait aussi usé de ces termes '?'. Pouvoir au peuple '?'. et on a tous vu le résultat

Zohra
| 12-06-2019 00:03
https://youtu.be/-rDteE3-T9g

Quelle honnêteté ?

Roger Rabitt
| 11-06-2019 22:24
Histoire de ne pas garder leurs oeufs dans le meme nid nos gypaetes barbus ont toujours su diversifier leurs couvees

Cette fois ils vont nous proposer un sacre volatile ;ce n est pas un canard c est un coucou

Le chant du coucou tranquillise dit on
c est pourquoi on l utilise parfois comme appat pour faisander les perdreaux dont le sens du discernement est a vrai dire assez limité

Alya
| 11-06-2019 22:16
Mme je ne suis pas rétrograde et je connais bien Saisie vous conseille de l interwieuver avant de le présenter comme un clown je pense que vous serez particulièrement surprise

Professeur de droit
| 11-06-2019 21:19
Qu'un type pareil puisse avoir une partie de l'opinion qui le soutient signifie simplement que ce pays n'est pas capable de vivre en démocratie.

Zohra
| 11-06-2019 21:08
Faut-il être pragmatique pour se lancer dans la course à Carthage ? Ces quelques spécimens marginaux, farfelus, voire ubuesques, prouvent bien que non. Il suffit juste un peu de fantaisie et de dérision.
Ces candidats frappés par le syndrome de Diogene XX siècle

URMAX
| 11-06-2019 21:07
... certains partageant des idees / programmes presque similaires, il est clair que s'est une course [aux interets personnels] et non dans l'interet de la Nation qui se joue, afin de pouvoir asseoir son honorable posterieur sur le ssiege supreme ...
Tel systeme est voue a disparaitre, parce que plus credible aux yeux de quiconque ... ni meme des marionnettes de politiciens ...

Abir
| 11-06-2019 20:27
Je ne suis pas d'accords avec votre amalgame quand vous mettez Abir Moussi au même niveau que Kais et Karoui là c'est vraiment inadmissible, cette dame patriote qui a des programmes importants dans tout les domaines devant ces deux types bidons