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SUR LE FIL
Janvier, le mois de tous les espoirs et de toutes les craintes
Par Nizar Bahloul
04/01/2021 | 15:59
5 min
Janvier, le mois de tous les espoirs et de toutes les craintes

 

Bonne année 2021 à tous nos lecteurs, meilleurs vœux de santé et de succès.

Le mois de janvier a souvent été pour les Tunisiens un mois chaud. Les dates du 26 janvier 1978, du 3 janvier 1984, du 14 janvier 2011 demeurent encore dans les mémoires et symbolisent la colère du peuple contre sa classe gouvernante. Les tensions extrêmes trouvent généralement leur épilogue en ce premier mois de l’année, soit avec une cassure profonde caractérisée par des manifestations houleuses ; soit avec une solution acceptable qui calme les esprits et permet un retour à la normale.

En 1984, un discours télévisé de quelques minutes de Habib Bourguiba avait permis de renverser la vapeur et de transformer la colère populaire en « vivats ».

En 2011, les discours télévisés de Zine El Abidine Ben Ali n’ont rien pu faire. On a bien vu quelques « vivats », mais c’était du surfait.

En 2014, l’ANC a enfin pondu sa constitution, avec plus d’un an de retard, ce qui a calmé une tension extrême qui pouvait aboutir à une guerre civile.  

En 2021, la tension est palpable un peu partout. A l’exception de la classe dirigeante, qui navigue dans d’autres airs, tout le monde la ressent cette tension. Y aura-t-il une explosion ? La réponse à cette question fait que le mois de janvier soit à la fois le mois de toutes les craintes et celui de tous les espoirs.

 

Qu’est-ce qui nous attend en ce janvier 2021 ? Une explosion ou une accalmie ? Les signaux sont bien contradictoires.

La même UGTT qui menace ici et là de grèves sectorielles et régionales est celle qui a pondu un projet de dialogue national pour calmer les esprits.

Les mêmes politiciens qui appellent à la réduction des prix pour préserver le pouvoir d’achat du consommateur sont ceux qui ont approuvé moult augmentations de produits à forte consommation. Exemple parmi d’autres, le prix de la bière qui a augmenté de 200 millimes ce qui fait de la bière tunisienne une des plus chères au monde. Les consommateurs de la blonde ne sont pas tous aisés, loin s’en faut, et ils sont bien à 200 millimes près, surtout que c’est la énième augmentation depuis 2011.

Les mêmes gouvernants qui appellent à ce qu’on reste chez nous et qu’on ne fasse pas la fête prennent l’avion pour passer le réveillon à l’étranger en croyant, naïvement, qu’ils pouvaient passer les frontières incognitos.

Le même président qui dénonce la corruption et la magouille est celui qui parle en énigmes et ne dévoile le nom d’aucun corrompu.

Les mêmes médias qui allument le feu s’interrogent d’où provient la fumée.

Au vu des signaux contradictoires ici et là, on ne sait plus quoi penser de ce mois de janvier 2021, s’il va être le mois de l’explosion ou le mois de la solution.

 

Pour calmer les esprits, rien de mieux qu’un débat national. C’est la solution imaginée par l’UGTT et validée par la présidence de la République. Rien n’est moins sûr pourtant, car ce débat national exclut, dès son entame, ceux que l’opinion publique (et la présidence) désignent comme étant des corrompus. Qui sont les corrompus ? Personne ne le dit clairement. Certains montrent les islamistes du doigt, d’autres les hommes d’affaires rentiers et d’autres encore les dirigeants de Qalb Tounes.

Un des maux qui rongent le pays est, sans doute aucun, la corruption. A un moment ou un autre, il faut se rendre à l’évidence et se dire que l’on doit tous, absolument tous, nous mettre autour d’une table pour regarder les problèmes en face et imaginer, ensemble, une solution réaliste et réalisable.

On ne peut pas faire un débat national et établir un plan national en excluant des membres de la société. C’est un peu comme si l’on voulait signer un traité de paix sans discuter avec son ennemi.

Si l’UGTT et la présidence veulent sauver le pays, elles se doivent de n’exclure personne et de rassembler tout le monde. Il ne saurait y avoir de solution sans parler avec les contrebandiers, les corrompus et la racaille.

Ici et là, on dit que la place de cette racaille est la prison. Soit. Mettez-les en prison !

Sauf que la réalité est toute autre. Notre racaille à nous se trouve à l’Assemblée nationale, elle se trouve dans les hautes sphères du pouvoir, elle se trouve(ait) au gouvernement (pensée au ministre de l’Environnement placé en détention il y a quelques jours), elle se trouve dans les grands groupes industriels et commerciaux.

Soit, on met toute cette racaille en prison et on entame un dialogue national entre personnes propres. Soit, on admet que nos systèmes politique et judiciaire sont incapables d’arrêter tout le monde et on se fait violence en s’asseyant autour d’une table avec les corrompus et tous ceux qui empoisonnent la vie publique tunisienne. C’est une évidence, c’est notre réalité, nos corrompus sont intouchables, car ils sont en train de gouverner le pays.

 

Le débat que s’apprêtent l’UGTT et la présidence à organiser est un débat hypocrite. La présidence veut éliminer Qalb Tounes, mais accepte que Ennahdha y soit. Or, et c’est un secret de Polichinelle, Ennahdha est cent fois plus corrompu que Qalb Tounes. On exige que Nabil Karoui soit exclu, mais on accepte que Seïf Makhlouf soit présent. Or Nabil Karoui est un évadé fiscal autant que Seïf Eddine Makhlouf. L’UGTT, organisatrice du débat, traine elle-même des casseroles et ne peut pas prétendre à la virginité.

Si Kaïs Saïed et Noureddine Taboubi veulent sauver l’année 2021, il est impératif pour eux de regarder la réalité en face, c'est-à-dire d’admettre que nos corrompus sont intouchables, car ils sont en train de gouverner le pays. Il est impératif pour eux d’accepter cette amère pilule. S’ils veulent des solutions, et à défaut de pouvoir mettre toute cette racaille en prison, ils se doivent de réunir tout le monde, absolument tout le monde, autour de la table. Il est impératif pour eux de se conformer à la règle établissant que l’on ne peut faire la paix qu’avec l’ennemi. Toute autre solution sera de la littérature et de la poudre aux yeux qui ne feront que reporter le problème à plus tard.

 

 

Par Nizar Bahloul
04/01/2021 | 15:59
5 min
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Commentaires
aldo
==== BONJOUR BUSINESS NEWS ====
a posté le 11-01-2021 à 15:40
sur autre journal que le votre , je viens de lire un truc qui m'a donné mal à la tête , est ce que c'est normal qu'un journaliste ou équivalent écrie en arabe MENZEL TEMIME et en français MAISON DE TAMIME ( akhar khabar .tn )
EL OUAFI
Pour un état fort
a posté le 06-01-2021 à 12:47
La centrale syndicale tunisienne (UGTT) récidive et tente d'établir un dialogue notionale réunissant différents protagonistes,ces partis représentés au parlement qui n'ont cessés depuis la prise de leur fonction à l'ARP.
La rivalité la mésentente sont quotidiens des séances houleuses interminables, une conduite devenue insupportable et même dangereuse pour un quelconque consensus pour les lectures,et les votes des lois un désintéressement total.
L'hémicycle est devenu une basse-cour ! Où
Les discussions des projets des lois sont à l'abandon des discussions stériles et personne n'en est conscient de la gravité , un tohu-bohu permanent, cet hémicycle est devenu une écurie où les voix des animaux retentissent aux coins de cette prestigieuse bâtisse où fût proclamé notre République voici 64 ans.
Pesonne ne songe un petit laps de temps à
ce qu'en découle du résultat de ce comportement irresponsable.
Cette crise qui secoue le pays depuis 2014 .
la première intervention de la centrale syndicale fût récompensée par un succès mitigé qui à consisté à colmater les brèches, d'ailleurs le résultat est catastrophique par ce zèle que beaucoup se sont accommodés une sorte de poudre au aux yeux !
Comme vous l'avez souligné Mr Nizar qu'il ne peut y avoir de solution sans parler avec cette corporation de mafia cette racaille,sauf que la réalité est tout autre.
La racaille est à l'assemblée nationale, elle est dans la sommité de la sphère du pouvoir, elle se trouve au gouvernement, or on est dans un contexte exécrable et même dans l'apogée de sa dangerosité, des connivences tissées il y a des décennies, des réseaux bien huilés et qui fonctionnent à merveille une
politique gangreneé par ce lot,non négligeable de contrebandiers, de ces intouchables, de ces corrompus, les mettre tous en prison ? La procédure est insensée,de l'utopie un rêve à la Hitchcock ! Revenons sur terre .
Mr Nizar aviez-vous analysé cette démarche et ces conséquences et de surcroît est-ce légalement admis ? Et par quel bout de la lorgnette alliez vous commencer pour les coffrer? Vu qu'ils sont tous aux hauts de la sphère du gouvernement ! Et particulièrement le (MI) ce ministère de l'intérieur où à l'aube du soulèvement populaire contre ben Ali fût occupé immédiatement par les supplitifs de Nahdhaouis.
J'ai peur d'un boomerang ou l'arroseur arrosé, ! ! !
Non il ne peut y avoir de dialogue avec ce lot, ce contingent de délinquants en coles blancs des corrompus si important que vous pouviez les coffrer si facilement tous,les mettre sous les verrous une tâche ardue insensée et je dirais même impossible !
Emprunter ce transfuge de dialogue avec syndicats-president d'un côté et ceux qui tiennent fermement le gouvernail au sommet de la sphère de l'état,des mafieux, c'est abdiquer,mettre genoux à terre devant ces hors-la loi !
défaite pure et simple.
Non Mr Nizar Bahloul, est-ce raisonnable qu'un état se permet de discuter avec des délinquants ?En quelque sorte des demandeurs de rançon est-ce logique ? L'auront ils fait des états avant nous, je cite en vrac des exemples : l'Espagne avec L'?TAT,
La France avec le FLNC
l'ITALIE avec les Brigades Rouges et j'en passe.
cette man'?uvre ne peut que provoquer qu'un cataclysme dans le pays, et personne n'en sortira indemne ! Les dégâts collatéraux seront énorme,et l'aboutissement à un résultat qui ne pourrait satisfaire l'ensemble, ne serait-ce que plonger le pays dans l'inconnu, et c'est un très grand risque.
Une guerre civile se dessinerait aux horizons est inéluctable, la fuite dans l'obscure ne peut-être sollicitée par quiconque.
Il nous reste la dernière option qui peut être réalisée sans dégâts je dirais même sage,que Mr le président de la République, sort de sa tour d'ivoire et descend dans l'arène et entreprend des démarches de pédagogie au peuple lui expliquer méthodiquement, les causes de notre échec,échec du processus entrepris voici une décennie, que nous l'avons approuvé au début de la révolution, leur expliquer pourquoi ça n'a pas fonctionné, les raisons de l'impossibilité de continuer dans cette voie,un immobilisme qui ne peut en aucun cas être productif, et durer car le pays s'achemine vers le chaos et la régression et l'affaiblissement de l'état persévérez nos acquis à savoir notre liberté, notre indépendance.
Sans autorité de l'état
n'augure aucune stabilité ni de résultats meilleurs.
Mr Kais Saeid doit leurs (nos concitoyens) expliquer amplement qu'il est le garant de la liberté la dignité des citoyens le garant de la sécurité de ce pays et qu'il devrait impérativement, agir en conséquence pour mettre fin à ce désastre accumulé voici une dizaine d'années.
<< appel à un R'?F'?RENDUM >>: (Révision de la constitution, et la loi électorale)
Pour sortir de cette spirale d'anarchie et paralysie institutionnelle qui bride toutes les activités et l'action du gouvernement et les institutions du pays en dû et bonne forme.
un état où tous corporatismes malveillants seraient bannis.
Nous aspirons à un état libre démocratique où les lois de la République doivent être respectées, notre vaillante Armée veillera à ce que l'ordre soit respecté et la continuité de l'état perdurera (Manai)
aldo
==== MAHEUREUSEMENT ====
a posté le 05-01-2021 à 10:13
c'est plus vers les craintes que l'espoir , HELAS ! -------- personne ne veut bosser dans ce bled ! la majorité des bras cassés veulent le beure l'argent du beure et le cul de la fermière , TANT QU'IL N' Y A PAS UNE MAIN DE FER QUI FRAPPE FORT TRES TRES FORT SUR TOUT CE QUI DEVIE !!!!
Moncef REBAI
Commentaire-Réponse
a posté le à 17:32
Ah non ! Surtout pas "frapper" ! Et encore moins "frapper très fort" ! Car à travers ce que vous dites, j'ai cru comprendre que vous invitez les "détenteurs du pouvoir" à appliquer les méthodes "musclées" ( et efficaces, tout de même) de la "main de fer", c'est à dire de la "dictature" ( sans la nommer ) ! J'espère que ce n'est pas le cas, pour ce qui nous concerne ! J'ai pu comprendre aussi que vous invitez les "détenteurs du pouvoir" à "appliquer la Loi" avec l'extrême rigueur ! Ce qui est plus rassurant, car nous, les Tunisiens ( qui bossons à longueur d'année ) sommes encore "loin" de vivre en "hors-la-loi" ou dans l' "anarchie" ! Donc il n'y a pas lieu de chercher une main de fer pour "frapper", ni "fort" ni "très fort" ! Il suffit tout simplement d' "appliquer la Loi" pour que ça marche ! Vous voyez combien je suis "conciliant et "optimiste" !
Alya
Bonne annee Nizar Bahloul
a posté le 05-01-2021 à 00:52
J adhere a ce que vous dites. Mais j avais l impression d une valse a 3 racailles. Oui vous avez raison,il est impératif de trouver des solutions avec tout le bazars qu on a la!!!Malheureusement,on ne peut changer le type de régime et la loi electorale
DHEJ
Bonne année 2021
a posté le 04-01-2021 à 20:55
Et meilleurs voeux !

Toutefois quel PROBL'?ME sera reporté à plus tard ?


Le problème c'est le tunisien et son quotidien , or en lisant le programme de l'UGTT je trouve aucune indication comment améliorer le quotidien du tunisien.

A défaut de reporter, sera l'explosion.
Esprit libre
Responsabilite
a posté le 04-01-2021 à 20:53
Si on parle de l'UGTT. Ce dialogue lui permet d'avoir une nouvelle virginité qui est le responsable des grèves ? Les lignes rouges ? Les non absurdes pour la privatisation? Ouvrons le débat.
takilas
Les corrompus et les commanditaires de l'assassinat de Chokri Belaid, de Brahmi et tant d'autres sont connus
a posté le 04-01-2021 à 20:28
Que de temps perdu à reformuler les mêmes phrases entendues depuis le 23/10/2011; mais sans aucune suite.
Tout est étouffé dans l'oeuf ni plus ni moins, en attendant que tout soit dévoile (tout, tout, tout la liste est longue et interminable depuis belle lurette), ce sera le "jour de gloire" ; un jour sans date pour le moment.
mansour
Et le grand perdant du dialogue national initié par les islamistes d'Ennahdha, L'UGTT ET kais Said
a posté le 04-01-2021 à 19:43
sera le pays et la douloureuse attente des tunisiens victimes des ratés de 10 années destructrices du pouvoir corrompue des islamises freres musulmans salafistes d'Ennahdha
The Mirror
Un énième appel au Président de la République : REFERENDUM
a posté le 04-01-2021 à 18:21
Monsieur le Président,

Vous êtes l'unique personne élue par suffrage universel direct. De ce fait, vous n'avez de comptes à rendre qu'au peuple tunisien.
La Tunisie va mal, va trop mal Monsieur le Président. La Tunisie s'éclipse jour après jour.
Il ne faut pas compter sur les partis politiques pour relever la Tunisie. Tous les partis politiques se valent, ils sont tous à côté de la plaque : ils magouillent pour prendre le Pouvoir, et ils pillent le pays lorsqu'ils sont au Pouvoir.
Il ne faut pas non plus compter sur les débats, les dialogues et les consensus pour sortir le pays du fond du tunnel. Cela a été essayé auparavant, sans aucun résultat concret, à part les discours de langue de bois.
Que faire ?
Je me permettrais Monsieur le Président de vous donner la solution : prendre l'avis des tunisiens.
Comment ?
Organiser un référendum sur deux sujets cruciaux :
- Le régime parlementaire, origine de tous les problèmes de notre pays,
- La loi électorale qui ramène au Parlement tous les malfrats du pays.

Les tunisiens attendent votre décision, vous pouvez l'annoncer le 14 janvier, dans dix jours, pour redonner à cette date symbolique la valeur qu'elle mérite.