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Chroniques
Investisseurs, cachez votre fric !
Par Marouen Achouri
18/05/2022 | 16:59
4 min
Investisseurs, cachez votre fric !

 

La Banque centrale de Tunisie a décidé, dans une démarche attendue par l’ensemble des observateurs de la scène économique, de relever son taux d’intérêt directeur de 75 points. Si certaines entreprises en Tunisie continuaient à vivoter après la crise du Covid et dans cette incertitude politique sur l’avenir du pays, le glas est maintenant sonné et la poursuite de leur activité est sérieusement mise en doute.

Devant cette inflation galopante dans le pays, la BCT n’avait d’autre choix que d’utiliser son outil de prédilection, qui est le taux d’intérêt directeur. Toutefois, cela signifie, mécaniquement, que le coût de la location de l’argent va augmenter. Il ne faut pas être un docteur en économie pour comprendre que d’un côté, cela va augmenter les coûts financiers des entreprises qui répercuteront cette hausse sur le prix de vente de leurs produits. D’un autre côté, investir dans ces conditions ressemble plus à de la témérité qu’à une décision réfléchie. Si l’on prend le cas d’entreprises ayant déjà contracté des prêts auprès des banques, l’augmentation des frais financiers va forcément pousser les chefs d’entreprise à faire de douloureuses concessions. La première est celle de renoncer à tout développement, agrandissement ou élargissement de leurs activités puisque emprunter de l’argent coûte trop cher. La deuxième est de devoir se séparer d’employés pour couvrir les nouvelles augmentations de charges, surtout après l’augmentation des prix de l’énergie.

 

Après avoir été vilipendée et diabolisée, la communauté de chefs d’entreprises et d’investisseurs devra faire face à cette nouvelle difficulté dans un contexte des plus délétères. Le secteur privé tunisien est le seul à pouvoir créer de la richesse et à s’échiner à faire tourner la roue économique du pays, garantissant ainsi emploi, prospérité et revenus pour l’Etat. Mais cette simple réalité, accessible à un étudiant de première année, semble être difficile à comprendre pour les instances dirigeantes du pays. Le président de la République, Kaïs Saïed, a régulièrement pris pour cible cette communauté en ressassant les stéréotypes et les idées reçues selon lesquelles ce sont des voleurs qui se sont enrichis sur le dos du bon peuple, humble et travailleur. Le fait de réussir et de gagner de l’argent est devenu suspect et représente une raison légitime pour que l’intégrité et l’honnêteté soient systématiquement remises en doute. Par contre, ce sont ces mêmes personnes que les services de l’Etat viennent voir quand il s’agit de financer le train de vie de ce mammouth inefficace. Durant les derniers mois, les services du ministère des Finances auraient même demandé à certains s’il leur serait possible de payer leurs impôts en avance pour que l’Etat puisse boucler ses fins de mois.

Tout cela a lieu dans un cadre fiscal des plus contraignants pour chaque entreprise qui souhaite travailler dans la légalité et la transparence. C’est un peu plus du tiers des revenus des entreprises qui vont directement dans les caisses d’un Etat qui se permet, aussi, de taxer les dividendes. Les chefs d’entreprises et même certains partenaires étrangers de la Tunisie évoquent le problème de « l’insécurité fiscale » car chaque loi de finances apporte son lot de surprises. Il est tout bonnement impossible d’établir un business plan fiable sur cinq ans en Tunisie. Tout cela est enveloppé d’une atmosphère générale tendue dans laquelle l’avenir politique est flou, la situation sociale explosive et la justice aux ordres du plus puissant. Sachant tout cela, pourquoi n’importe quel investisseur irait jeter son argent en Tunisie ? Nous n’avons pas encore parlé des difficultés administratives et des lois obsolètes régissant l’investissement en Tunisie.

 

Dernier maillon de cette chaine funeste, le citoyen tunisien. Au lieu d’être au centre de toutes les politiques, il en est l’otage et la victime. Toutes les personnes physiques qui ont un prêt en cours vont voir les prélèvements augmenter dans une période où son pouvoir d’achat est au plus bas. Les augmentations des prix de différents produits ainsi que l’augmentation des prix de l’énergie, aussi bien au niveau du carburant que de l’électricité finiront par épuiser son portefeuille. Les emplois des Tunisiens s’en trouveront également menacés car les chefs d’entreprises vont être obligés de licencier. Tout cela sans parler de l’insécurité et de la frustration relative à des questions comme la santé, l’éducation ou le transport.

 

Pendant ce temps-là, l’Etat agit comme un racketteur qui vient chercher son dû quelle que soit la situation. L’Etat ne réfléchit même pas à ce genre de problématiques et ne semble pas conscient du fait que la chaine va se briser et que la faillite n’est pas seulement un mot invoqué pour faire peur. L’Etat, à son plus haut niveau, est préoccupé par son référendum, ses élections et sa constitution. Les préoccupations des entreprises et des Tunisiens concernant la chose économique ne sont même pas sur la table de nos gouvernants. Mais nous pouvons nous rassurer, la cheffe du gouvernement décrit le versement des salaires et le paiement des dettes comme des « réalisations ».

Par Marouen Achouri
18/05/2022 | 16:59
4 min
Commentaires
EL OUAFI
Mr, Achouri Marouen
a posté le 19-05-2022 à 18:53
(Le précédent commentaire a été publier intempestivement, mes excuses)
Autrefois, le tunisien, aimé, chouchouter, pris en charge, aidé, 1/2 siècle d'existence dans ce pays (France) Un revirement, à 180° de comportement envers cette nouvelle diaspora.
Honnies, cette frange de nouveaux modèles, une autre mentalité décevante, contaminé par cette nouvelle génération qui a conquis l'héritage de ce qui reste de l'ère Bourguibienne.
Jadis, on admirait ce beau pays, de nos jours acculé par ses enfants à la mendicité par leurs comportements sauvages et indécents où le respect et la morale ont déserté les cerveaux de notre jeunesse.
Investisseurs de tous poils, cachez votre argent.
EL OUAFI
Mr Marouene Achouri je vous fais une confidence !
a posté le 19-05-2022 à 14:41
Autrefois, le tunisien, aimé chouchouté, pris en charge aidé, 1/2 siècle d'existence dans ce pays (France) Un revirement, à 180° de comportement envers cette nouvelle diaspora.
Honnies ces cette frange de nouveaux modèles, une autre mentalité décevante,contaminé par cette nouvelle génération qui a conquis l'héritage de ce qui reste de l'ère Bourguibienne.
Autrefois on admirait ce beau pays, de nos jours acculé à de ses enfants la mendicité par le comportement.
Investisseurs de tous poils cachez votre argenterie.
Toni
M. Marouan Bonjour !
a posté le 19-05-2022 à 13:30
Vous ne faites que répéter ce que le GRAND Emir de Carthage a bien annoncé à partir de la France (la Tunisie n'est pas pour les investissements..) , n´est-ce pas ?

Nous le savons déjà et nous sommes convaincus que dans cette dictature militaire, chaque investissement est une perte de temps et d'argent.

Sans démocratie on ne peut que tourner le dos à la Tunisie!
Zend
Pas besoin de conseil
a posté le 19-05-2022 à 12:36
Si Marouen. Pas besoin de conseiller les investisseurs, ils ne sont débile pour investir en Tunisie. A commencer par les nationaux.. j'en suis un
EL OUAFI
Expert en conseil
a posté le 19-05-2022 à 11:45
'?videmment vous vous manifestez en donneur de conseils, prétentieux ? Ils n'ont pas besoin de vos recommandations, ils savent reconnaître l'ivraie du bon grain,
L'expérience décennale des khounjias les a bien vaccinés, les matelas bien bourrés à l'abri des regards, des curieux de BN, bien caché, sous l'oreiller en compagnie le seul compagnon qui répond aux difficiles.
Plus de confiance un pays corrompu jusqu'à la moelle comment ne pas cacher le seul refuge auquel on peut compter sur sa bienveillance ?
En cette Tunisie sous le joug des islamistes traîtres et satellites d'opportunistes rien ne va plus !
Un navire à la dérive, sauve qui peut !
On a compris ! Plus jamais confiance en vous tous !
Lol
Des impressions
a posté le 19-05-2022 à 09:30
Les tunisiens adorent réinventer la roue, l'économie dans ce cas.
Parfois poser des questions à un vrai professeur en économie capable de vous expliquer comment ça se passe en théorie et aussi chez les autres vous évitera de vous ridiculiser.
L'indépendance des banques centrales et les politiques monétaires n'ont pas été inventés hier.
El chapo
Message du c'?ur à Lella Bouden
a posté le 18-05-2022 à 23:57
Mashallah pour tes réalisations elephantesques ,?!
G&G
Le retour de la manivelle
a posté le 18-05-2022 à 23:22
Plusieurs fois j'ai publié des mises en garde contre le comportement égoïste du secteur bancaire.
Dans une économie de récession il n'y a que les voleurs qui font des bénéfices jusqu'à un certain moment. A ce moment là, un choc en retour balaiera tous ces préteurs qui jonglent avec l'argent du contribuable.
MAHLEK
Je travaille et travaille et me bats..
a posté le 18-05-2022 à 21:35
Je vais voir si je peux chasser des souris dans la forêt de Carthage. Je pourrai alors me faire un filet de souris avec du chakchouka. Pour la viande et le poisson, je n'ai et n'aurais plus d'argent.
El chapo
Mahlek ...mahleeeeeek ya Goldina !
a posté le à 00:01


Une petite brochettes de souris ou de rats ....quel bonheur !!

Conviez y Sieur caillasse, ça le ravira
AMMAR BEZZOUIR
La Tunisie en marche ..
a posté le 18-05-2022 à 21:14
Tout à l'heure, j'ai vu deux retraités fouiller dans les poubelles. Cela m'a rappelé certains films de zombies où les zombies cherchent aussi quelque chose à manger.
DHEJ
On ne peut pas cacher son argent...
a posté le 18-05-2022 à 20:15
Mais investir pour qui?

Le pouvoir d'achat du tunisien est très bas.

D'ailleurs les gens de la STEG l'ont dit tre haut: 85% du peuple tunisien est pauvre.
GZ
Faillite
a posté le 18-05-2022 à 20:04
"Si La France était une entreprise, elle serait en faillite" disait F. Fillon du temps où il était premier ministre. La France était alors loin, bien loin de la situation dans laquelle se trouve La Tunisie aujourd'hui.
Tout arrive à point nommé a qui sait attendre. Cela ne saurait tarder.
VOILA
Vous rêvez d'un prêt auprès d'une banque tunisienne ?
a posté le 18-05-2022 à 18:58
Un exemple concret!
Montant du prêt 250 000 DT
Taux d'intérêt débiteur 10,00 intérêts débiteurs p.a.

Août 2022 Premier versement

Résultat du calcul
Mensualité du prêt : 3 291,67
'?' dont intérêts (63,29% de l'acompte) : 2 083,33
'?' dont remboursement (36,71% de l'acompte) : 1 208,33
Intérêts débiteurs p.a. : 10,00 %
Remboursement par an la première année : 5,80 %
Durée du prêt jusqu'à amortissement complet : 10 ans, 0 mois
La durée du prêt a été déterminée à intérêts débiteurs constants.

A la fin du prêt
Montant remboursé : 250 000,00
Total des paiements d'intérêts : 147 478,98 (Allahou Akbar !)
Dernier versement du prêt : 2 478,98