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Ennahdha, la claque !
12/01/2020 | 15:59
6 min
Ennahdha, la claque !

Crédit Photo : Yassine Gaidi

 

 

 

Alors que tous les indicateurs étaient à l’orange, qu’au lendemain même des résultats des législatives, tous les partis ou presque ont exprimé leur volonté d’être dans l’opposition, Ennahdha vainqueur relatif des législatives de 2019 a tenu à chapeauter le processus de formation du gouvernement. Légitimement certes, mais contre la logique et l’avis même de certains des membres de son parti, Rached Ghannouchi nomme Habib Jamli, «indépendant », pour mener les concertations avec les partis. Jonglant entre la présidence de l’ARP et des négociations très serrées avec des partis qui, cette fois étaient prêts à en démordre, Ghannouchi a perdu cette fois et a laissé sur le parquet de l’hémicycle bien des plumes…

 

 

Ils ont dit non, 134 députés ont voté le 10 janvier contre le gouvernement de Habib Jamli, qu’on surnomme plus communément le « gouvernement d’Ennahdha ». Jusqu’à la dernière seconde, habitués aux surprises et aux voltes face, les Tunisiens ne savaient pas si les discours allaient, pour une fois, correspondre aux actes. Hormis le PDL, qui a affiché dès le départ, une position claire qu’on savait irrévocable, les autres partis pourtant férus de slogans anti système actuel, dont Ennahdha fait partie intégrante, ont entamé les démarches de marchandage jouant le jeu du parti islamiste.

 

C’est sans doute sur cet «opportunisme » politique qu’Ennahdha a voulu miser. Se sachant moins populaire, entouré de partis hostiles ou alors tout juste tolérants, de bribes de mouvements dont les actions et les discours jettent surtout sur lui la honte et le discrédit, le parti islamiste a pensé faire comme d’habitude et exploiter l’avidité des autres. « Et tiens que je te donne 2 ministres, non en voici 5, prends ces portefeuilles, non je veux les autres. Toi je ne négocie pas avec toi, pas en public en tout cas. Vous, vous en demandez trop et après tout c’est nous qui avons gagné, oui pas de trop mais quand même, c’est nous qui devons décider » voilà à quoi a ressemblé la scène politique les deux derniers mois. Un souk aux ministères grandeur nature. Jusque-là le commerce était le fort d’Ennahdha mais cette fois-ci le client n’a pas mordu.

 

Si les partis qui ont mené cette fronde contre Ennahdha fanfaronnent en ce moment, les observateurs s’accordent à dire qu’il n’y a pas grand mérite car c’est le contexte qui a guidé leurs actions et non la noblesse de leurs principes. Quoiqu’il en soit, les faits sont là et sitôt mis en échec, les rangs se sont formés pour finir d’achever le parti jusque-là inébranlable.

 

Nabil Karoui président de Qalb Tounes deuxième parti en terme de nombre de députés à l’ARP et homme le plus courtisé des dernières 24h avant le vote, a annoncé tout de suite après la plénière consacrée au vote de confiance du gouvernement de Habib Jamli, que son parti, le mouvement Echaâb, Tahya Tounes, ainsi que les blocs parlementaires de la Réforme nationale et El Mostakbal vont s’unir pour présenter une initiative au président de la République.

 

« Nous sommes plus de 90 députés, et nous allons présenter une initiative au président de la République. Je tiens à rassurer les Tunisiens que nous n’allons pas vers l’inconnu. Nous avons des garanties : le président de la République, la Constitution et le parlement. Nous restons ouverts à tous les partis sans exclusion » a-t-il assuré, dans une déclaration enflammée le soir même du vote.

Le PDL a appelé, pour sa part, dans un communiqué publié au lendemain du vote tous les députés des blocs qui ont voté contre le gouvernement de Jamli, d’adopter une motion de censure pour le retrait de confiance du président de l’ARP et chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi.

 

Cet appel vient « corriger l’erreur monumentale commise à l’encontre de l’institution parlementaire pour laquelle a coulé le sang des martyrs » annonce le parti.

 

Le parti de Abir Moussi, a aussi appelé toutes les forces politiques nationales modernistes à choisir une figure nationale consensuelle pour rompre avec l'islam politique pour l'assigner à former un gouvernement excluant « l’organisation des Frères et ses dérivés ».

 

La position du PDL a également été partagée par le leader de Machrouû Tounes, Mohsen Marzouk, qui a également affirmé que Rached Ghannouchi n’était clairement plus apte à assumer ses fonctions à la tête de l’ARP. « Il est clair qu’après ce qui s’est passé à la plénière et ses déclarations incendiaires, il est incapable d’avoir la neutralité requise pour la prochaine étape » a souligné M. Marzouk. Sur les réseaux, cet appel a eu grand écho et a largement été relayé.

 

Si Ennahdha n’est plus aujourd’hui meneur de la partie, que les manettes sont désormais passées aux mains du président de la République, Kaïs Saïed, qui aura la lourde tâche de nommer le candidat à la primature, le parti de Rached Ghannouchi multiplie tout de même les messages auto-rassurants. « Ennahdha est incontournable, c’est la moelle épinière de la vie politique en Tunisie et nous serons plus que jamais concernés par les concertations » martèlent ses dirigeants.

 

Certes, Kaïs Saïed ne pourra pas faire fi des partis politiques dans un système parlementaire et devra composer avec tous les partis représentés à l’ARP s’il veut passer « son » gouvernement mais les derniers développements ont clairement montré qu’Ennahdha ne mènera plus la danse.

 

Le parti islamiste parle aujourd’hui de gouvernement d’union nationale ou gouvernement de sauvetage, concept désormais « utopique » lance le leader de Machrouû Tounes, Mohsen Marzouk. Dans un paysage aussi morcelé, rassembler tous les partis sans exception sera chose ardue. La paix des braves signée par Nabil Karoui et Youssef Chahed, qui ont multiplié les rencontres peu de temps avant le vote de confiance du gouvernement Jamli ne présageait rien de bon pour Ennahdha et le parti islamiste en a récolté les frais.  

 

Pour finir d’enfoncer le clou, Rached Ghannouchi n’a rien trouvé de mieux à faire que de se rendre en Turquie pour rencontrer le président turc Recep Tayyip Erdoğan. Un déplacement qu’on a jugé « inopportun » et mal venu et qui a suscité l’indignation d’une bonne partie de la classe politique.

 

Qu’on ait voté en âme et conscience, par respect pour ses principes, pour l’intérêt du pays ou pour des considérations purement politiques les faits sont là. Grâce à cette unification des positions des parties « progressistes », bien que fruit de circonstances, un élan semble être donné pour remettre Ennahhda à sa juste place. Les grandes réalisations qui naissent d’un mouvement de masse spontané et même désorganisé ne sont pas étrangères à la Tunisie. Maintenant il s’agira d’attendre pour voir si le paysage politique tunisien profitera de cette lancée pour mener sa « révolution » ou si les calculs étroits finiront par reprendre le dessus….

 

 

Myriam Ben Zineb

 

 

12/01/2020 | 15:59
6 min
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Commentaires
dégage vendu
hichem hafsia
a posté le 13-01-2020 à 17:57
je vous conseille de quitter l'ARP le plus vite si non nous viendrons le faire
Nergie
Inventaire
a posté le 13-01-2020 à 15:46
'? la place de Rached Ghannouchi je commencerais par dresser un état des lieux, procéder à un inventaire de toutes les bévues que j'ai commises et les porter à la connaissance de la Nation. Présenter mes excuses et me retirer. Même sur une durée de cinq ans( la législature). Il peut gagner à ne pas rater la sortie.
antireligions
DE HAMMAM ECHATT
a posté le 13-01-2020 à 13:57
Tu sais ton opinion sur la situation et surtout le jugement que tu portes sur ce que j'appelle le Molok nahdhaoui RG: peuvent être logique, mais il y a quelque chose qui t'échappe. Il faut savoir que RG est un mégalomane de la pire espèce, et ce spécimen ne cède pas voir ne partage jamais le pouvoir qu'il a gagné d'une manière quitte la plus horrible, même par stratégie. Il est capable de tout détruire que de lâcher une bribe
Sidi Bou
Ghannouchi / Naahdha Dégage
a posté le 13-01-2020 à 13:55
La Tunisie n'a pas besoin ni de Ghannouchi ,ni des Naahdhaouistes
Plus de 55 Ans notre pays a été ,plus ou moins ,bien géré dans tous les domaines.
Bourguiba a fait de ce pays ,un pays exemplaire à tous les niveaux( des lacunes il y en a partout dans le monde). 2011 depuis que les frères en pris le pouvoir directement ou indirectement la Tunisie à reculer à tous les niveaux d'au moins 15 à 20 ans.Terrorisme,pauvreté,corruption ( Généralise)et les finances catastrophique de l'état.
Les 134 députés qui ont votés contre Ennahdha vendredi dernier, doivent aujourd'hui faire virer Ghannouchi de la présidence du parlement. Le pays n'a pas besoin de ces incompétents ni en religion,ni en économie et ni en sociale.ils ne sont des opportunistes.
amine
@hamam echat
a posté le 13-01-2020 à 11:31
Je suis d'accord avec une partie dv raisonnement Mais : rg n'est pas le plus fort , mais ses adversaires ont été tellement opportunistes ce qui les a empêché de S'UNIR. S'il se sont rassemblés il y a quelques années ( par exemple en 2014 ou depuis 2011) ennahdha aurai alors repris sa taille réelle qui a été depuis le début très gonflée ( effet psychologique du nouveau gagnant). Et puis surtout, nous connaissons très bien les nahdhaouis depuis plus de 50 ans, ce ne sont pas des gens bosseurs dans l'intérêt du pays et ils n'ont pas le niveau élevé qu'il faut pour approcher celui d'un pays développé. Par contre ils aiment bosser en conclave comme dans des souks car foncièrement ils n'aiment pas les gens évolutifs et mieux qu"eux, c'est dans leur gènes. Le prédicateur-missionnaire rg n'a pas travaillé pour améliorer ce côté chez ses suiveurs ( ce qui leur aurai rendu un très grand avantage ), mais il leur a renforcé l'esprit de vengeance , ce qui explique que nous sommes divisés. Donc les bétises de rg sont MONSTRUEUSES ( constatez les dissidents internes qui se réveillent très tard pour sauver leur face et intérets-d'où également la logique de passer les patates chaudes aux autres en rapport avec leur incompétence ). En plus rg achète les gens par l'argent et surtout les maîtrise par des dossiers secrets compromettants moyennant des agents dévoués bien payés. Beaucoup d'autres arguments, mais ceci est déjà largement suffisant pour vous inviter à réviser Votre analyse et ne plus avancer qu'il est le plus fort. BJ.
Expert
Une deuxième revolution
a posté le 13-01-2020 à 02:29
Et oui après la principale révolution il y a une correction de la trajectoire par des mini révolutions et la s en est une espérant qui elle ira vers le bon sens
Kays
CONSTITUTION BANCALE
a posté le 12-01-2020 à 22:37
FEU BCE l'avait clairement exprimé, c'est la Constitution de 2014 qui rend le pays si difficilement gouvernable.
Tous les experts le savent et au premier chef le Président de la République.

Ennahda a absolument voulu ce type de régime mais aujourd'hui c'est bien ce parti qui en paie les frais. On ne louvoie pas longtemps en politique. '? un moment il faut être clair, avoir une stratégie précise et une vision.

Faut-il une crise sans précédent pour que la Tunisie se dote d'une Constitution permettant un gouvernement qui gouverne vraiment ?

KAIS SAIED saisira t-il l'opportunité de former un gouvernement fort à même d'être suivi par l'ARP et capable de continuer les efforts du précédent gouvernement (oui le gouvernement Chahed a travaillé mais les résultats prennent du temps en politique)


Il n'a pas le choix, il s'agit d'un impératif catégorique pour le pays.


TAHYA TOUNES
RAFIK DE JENDOUBA
ERDOGAN A GHANNOUCHI: le parlement sent mauvais
a posté le 12-01-2020 à 22:23
Arrogant, méprisant à satiété le seigneur d'Ennahdha vient de tomber de son piédestal , il semble avoir perdu les pédales il ne sait plus ou donner de la tête, contesté par ses lieutenants , sa base en ébullition se déchire ,les intellectuels quittent le navire, un électorat en peau de chagrin, un lieutenant docile sans charisme pressenti chef de gouvernement vient de chuter.
C'est la bérézina
A court de malices ,sa parole ne porte plus , , son jeu est maintenant mis à nu, sa dernière déclaration truffée de contradictions et de confusions dénote sa fébrilité devant des évènements qui lui échappent
Menaces à peine voilée pour la classe politique de son ensemble ,j'y suis j'y reste et personne ne peut me déloger « Ennahdha est la moelle épinière de la politique en Tunisie et personne ne peut l'ignorer donc nous serons toujours au c'?ur des concertations » dit-il sans ambages
Au président de la république il veut lui rappeler qu'il ne peut agir sans le consentement d'Ennahdha
« il va devoir mener des concertations avec le premier parti du pays ».
fidèle à son art de trompe l'?il et son amalgame il déclare refuser de donner le pouvoir aux technocrates , il désavoue son poulain sans ménagement et s'en lave les mains ( l'opération de Ponce Pilate)
Son cynisme n'a pas de bornes , il donne raison à ceux qui ont refusé le gouvernement auquel il a pourtant accordé sa bénédiction; d'un revers de main il déclare « le pouvoir doit revenir aux politiques ».
Avec les casseroles qu'il traine il a du se faire renvoyer sur les roses par le président
Alors que faire ?
Dans sa perversion instinctive (malignité, dissimulation , mensonge , narcissisme, mégalomanie et paranoia ) il n' a plus d'autres alternatives que de s'aplatir devant son sultan à la recherche de la potion magique pour sauver sa peau
Seigneur Erdogan je suis aux abois !!. Ils vont me chasser de la présidence du parlement , je suis découvert ,les assassinats ,l'organisation secrète , les terroristes que je t'ai envoyés tu te rappelles ! etc'?'. même les gens de chez moi veulent m'éjecter comment peux-tu me protéger seigneur ?
C'est méconnaitre le grand méchant loup aussi cynique que son serviteur il lui aurait dit :ghannouch méfies toi balayes devant ta porte le parlement ça sent mauvais



Alya
Je pense que son voyage a Istanbul etait programmé!!!!!
a posté le 12-01-2020 à 19:51
Si je me rappelle bien il est déjà parti déjà rencontré Erdogan juste après son ascension à l arp pour recevoir félicitations Donc je pense que mégalomanie oblige ,ghannouchi était sur d acceder par le biais de jemli a la primature du gouvernemental aurait donc maintenu le rv de la rencontre on ne peut modifier l agenda d un chef d etat(ERDOGAN) a quelques heures avant
De Hammam Chatt
Ne nous leurrons pas , RG est le plus fort
a posté le 12-01-2020 à 19:05
et c'est lui qui a voulu la chute de gouvernement Jamli parce qu'il a décidé que Nahda prenne un break et passe le témoin de commande du pays aux partis qui prétendent pouvoir faire mieux.
C'est très intelligent de sa part du fait des difficultés que trouve le gouvernement pour boucler son budget de cette année et des problèmes sociaux qui pointent avec le slogan «le peuple veut » des fans du Président de la république.Aux difficultés budgétaires il faut ajouter les graves conflits qui pourraient survenir des pays voisins et de l' ingérence Turque dans la région.
RG est conscient de tout cela et il lègue ces cadeaux aux partis qui seraient les plus empressés pour prendre en charge ces patates chaudes.
RG est le plus intelligent des politiques en Tunisie.
RB
Bien fait
a posté le 12-01-2020 à 18:01
Cetait la seule fois en 9 ans que jai aime lARP
Kamelti
Agonie de l'islam politique ou repos de Saladin
a posté le 12-01-2020 à 17:28
Il faut être aveugle ou sournois pour minimiser le revers essuye' par les islamistes à l'arp qui les a renvoye' à leur juste place et juste poids dans l'echiquier politique tunisien.
Voulant transformer la chute vertigineuse en simple glissade leur cheik se jouant de la subtilite' linguistique évoque les vertues de la démocratie et accable le pauvre jomli en l'accusant de se derober aux dehiratas d'ennahdha.
Le même cheik s'est engoufre' dans le premier Avion en partance pour istambull le lendemain du scrutin trahisant du reste l'état d'esprit du feu dans la demeure.
Ca serait très beau si le cheik qui est en même temps president de l'arp s'est envole' a Oman pour les condeleances du peuple omanais ami qui a perdu son sultan. Non la voiture electrique turc ne pourrait pas attendre et n'attend que Gannouchi pour la faire démarrer.
Ce comportement du cheik traduit des erreurs de pilotage inherent à un sentiment de désarroi et de doute qui s'installe dans le camps de montplaisir.
Le recours a erdogan le grand frere est une insulte pour le tunisien et son intelligence et a ce titre le president de l'arp doit rendre des comptes à l'arp et au peuple tunisien.
Dans tous les cas il y a un avant et un après le 10 janvier 2020 pour l'islam politique et pour la, carrière de Gannouchi dont l'avenir est conteste' a bourjel mais aussi et a juste titre au sein de l'arp. Son election à la tête de l'arp est mise en cause pour usage de diatribes politiques.