Descentes policières jusqu’à l’aube chez Sami El Fehri
La décision de mettre en garde à vue le directeur, producteur et animateur Sami El Fehri a été prise hier mardi 5 novembre à 21h30. Pour l’intéressé, ce n’était pas la fin d’un calvaire qui a duré les treize heures de l’interrogatoire de police, mais le début.
On apprend ainsi que, juste après la décision de l’arrêter, ainsi que l’administratrice judiciaire et le gérant d’Eight prod, de multiples descentes policières ont eu lieu. Chez lui d’abord où il n’y avait que ses deux filles mineures, mais également chez des parents et de proches amis, et ce en plus des sièges de la société de production et de la chaîne de télévision. Ces descentes policières, composées de dizaines d’agents, se sont poursuivies jusqu’à l’aube, nous indique Abdelaziz Essid, avocat de Sami El Fehri qui précise qu’ils n’ont absolument rien trouvé.
L’avocat pense que les agents recherchaient les enregistrements du documentaire spécial réalisé par Sami El Fehri à propos du financement illicite du parti islamiste Ennahdha. D’après lui, les interrogatoires vont se poursuivre aujourd’hui sans qu’il n’y ait aucune affaire pendant devant la justice officiellement, sans qu’il n’y ait aucun juge d’instruction saisi. « Seul le parquet décide tout seul, décide d’interdire de voyage, de placer en garde à vue, de faire des descentes policières, nous n’avons pas vu cela dans les plus grandes affaires de terrorisme », observe Me Essid.
Ce qu’il faut savoir est que Sami El Fehri, Elhem Tordjman et le gérant de Cactus sont interrogés dans le cadre de leurs relations avec l’homme d’affaires Slim Riahi.
Le parquet a le droit de garder à vue les suspects pendant cinq jours au maximum. Une décision extrême qu’on prend quand il y a un risque que les suspects disparaissent dans la nature. Ensuite, il se doit de présenter l’affaire à un juge d’instruction qui décidera si oui ou non il faudrait un mandat de dépôt.
On note que le documentaire sur le financement illicite d’Ennahdha, que les agents de police semblent chercher, sera diffusé que Sami El Fehri soit en prison ou pas. Plusieurs médias se proposent de le diffuser, dont Business News. Et ce genre de documentaires n’existe pas sur des bandes magnétiques, ni numériques, ce que les agents de police semblent ignorer. Désormais, il y a le cloud et Internet où l’on archive les documents susceptibles d’être saisis ou volés.
Le lien entre la diffusion de ce documentaire et l’arrestation de Sami El Fehri est établi par plus d’un observateur d’autant plus que les islamistes sont montés, le week-end, dernier au créneau pour menacer ouvertement de poursuites pénales si jamais le producteur diffuse ce documentaire.
N.B.