38 associations tunisiennes ont pris part, ce jeudi 8 avril 2021, à la polémique suscitée par le remplacement effectué à la tête de la TAP et la nomination, par la présidence du gouvernement, de Kamel Ben Younes en tant que nouveau PDG de l’Agence Tunis Afrique Presse.
Elle ont estimé que l’appel téléphonique , le 5 avril courant, de la présidence du Gouvernement à la présidente directrice générale de l’Agence Tunis Afrique presse pour l’informer de la décision de mettre fin à ses fonctions, sans aucune évaluation objective de sa prestation depuis sa nomination en juin 2020, à la tête de cette institution d’information publique, fait partie d’un plan pour imposer le contrôle, par les partis au pouvoir, des médias publics financés par les contribuables. Cette stratégie vise aussi à étendre l’hégémonie de ces partis à une institution , objet depuis sa création en 1961, du dévouement de générations d’hommes et de femmes journalistes qui ont fait des sacrifices pour son autonomie et pour la libérer de l’hégémonie du pouvoir politique.
" Les associations signataires expriment leur solidarité avec le personnel de l’agence Tunis-Afrique Presse qui a annoncé, à la suite d’une réunion syndicale tenue le 6 avril, son "refus catégorique de toute collaboration " avec le journaliste Kamel Ben Younes, nommé par le chef du Gouvernement, Hichem Mechichi, pour succéder à la journaliste Mouna Mtibaa. Ce personnel a fait observer que cette position était due à l’implication de ce journaliste, "avant la révolution," dans "des violations de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de la liberté syndicale », dans la propagande au service la dictature, dans des tentatives pour saper l’autonomie de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, sans compter son implication dans la violence contre la femme, et le fait qu’il a continué, après la révolution, à servir « des agendas politiques suspects et connus de tous ».
Les associations appellent le chef du Gouvernement à revenir sur sa décision et à cesser de récompenser les partis qui le soutiennent en leur permettant de dominer les médias publics et les autres institutions de l’Etat. Elles l’invitent à renoncer à favoriser les serviteurs de ces formations politiques au détriment des personnes hautement qualifiés et non assujettis à ces dernières et aux lobbys financiers.
Les associations expriment également leur solidarité avec le personnel de Shems FM, en sit-in depuis le 15 mars dernier, pour protester contre la nomination, comme directrice générale de cette radio confisquée depuis 2011, d’une journaliste connue pour son allégeance à la présidence du gouvernement. Ils ont souligné que la décision de sa nomination ne tenait pas compte de la « situation financière difficile » que traverse leur institution qui a, de leur point de vue, besoin d’un gestionnaire administratif et financier" possédant une expertise dans le domaine de la gestion.
Il convient de rappeler que les tentatives de domination des médias publics ont commencé en janvier 2012, deux semaines après la formation du gouvernement de la "Troïka", avec la nomination d’un certain nombre de présidents directeurs généraux qui ne répondaient pas aux exigences de compétence, d’expérience et d’indépendance d’opinion, ce qui a miné la crédibilité des médias et a porté préjudice à la situation politique et sociale du pays.
Les médias confisquées, dont Radio Zitouna, dominée depuis 2012 par le mouvement Ennahdha et Dar Assabah, libérée de la mainmise du même mouvement, à la suite d’un long et décisif sit-in au cours de la même année, n’ont pas échappé, à leur tour à la mauvaise gestion administrative financière et à l’ingérence des partis au pouvoir dans leurs affaires".
Les associations signataires
- Association histoire et mémoire commune pour la liberté
- Association Attalaki pour la liberté et l’égalité
- Association Citoyenneté, Développement, Cultures & Migrations Des Deux Rives
- Association de solidarité civique - Tunisie
- Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement
- Association Tunisienne d'Action Culturelle
- Association tunisienne de défense des libertés individuelles
- Association tunisienne de défense des valeurs universitaires
- Association tunisienne des femmes démocrates
- Association tunisienne pour la justice et l’égalité
- Association Vigilance pour la démocratie et l’Etat civique
- Association Wachm
- Centre de Tunis pour la liberté de la presse
- Coalition tunisienne pour l’abolition de la peine de mort
- Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie
- Forum Attajdid pour la pensée progressiste
- Free Sight Association
- L’Association Arts et Cultures des deux Rives
- L’association Création et Créativité pour le Développement et l'Embauche
- L’association Perspectives el Amel tounsi
- La Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives
- La Fondation Hassen Saadaoui pour la démocratie et l'égalité
- La ligue des électrices tunisiennes
- L'association L'ART RUE
- L'association Tunisienne de Prévention positive
- L'Association tunisienne de soutien aux minorités
- Le Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique
- Ligue des écrivains tunisiens libres
- Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme
- L'union des Tunisiens pour l'Action Citoyenne
- Nachaz-Dissonances
- No Peace Without Justice
- Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’Etat
- Organisation 23_10 de Soutien au Processus de la Transition Démocratique
- Organisation contre la torture en Tunisie
- Tunisian forum for youth
- Union Tunisienne des medias associatifs
- Syndicat national des journalistes tunisiens