C’est fou combien la situation peut basculer, dans un sens ou un autre, dans un régime démocratique. Plusieurs pays en font les frais et les exemples sont nombreux. La Belgique reste un modèle de ces situations de gouvernements fragiles qui se font ou se défont à la faveur de quelques voix, mais aussi l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni… De ce prisme, et uniquement de ce prisme hélas, la Tunisie est un véritable pays démocratique. Dans les faits, on reste cependant loin d’en être un.
Dans les pays cités ci-dessus, vous ne trouverez pas un chef du gouvernement qui s’accroche pieds et mains à son poste jusqu’à ce que le président de la République lui intime « l’ordre » de démissionner. Dans ces démocraties, le procureur près du pôle financier aurait déjà entamé son instruction et émis les convocations nécessaires, voire des interdictions de voyage. Dans ces démocraties, vous ne trouverez pas un député qui appelle à l’interdiction des journalistes d’accéder au Parlement et vous ne trouverez pas de députés rattrapés par le fisc, mais qui continuent quand même à pavoiser dans le Parlement. Dans ces mêmes démocraties, il ne viendrait à l’idée de personne qu’un citoyen puisse injurier et défier publiquement un magistrat et continue à jouir de sa liberté. Dans ces mêmes pays, vous ne trouverez pas un patron de média en prison en dépit de la décision d’une cour de cassation appelant à sa liberté et un autre patron de média/patron de parti sur qui on a mis un couperet prêt à lui trancher sa gorge si jamais il dévie de la ligne qu’on lui a fixée. Vous n’y trouverez pas non plus un individu classé dangereux par les autorités entrant comme bon lui semble dans les bâtiments officiels de l’Etat, tout comme ses amis repris de justice. Non, la Tunisie est loin d’être un pays démocratique en dépit de la totale fragilité de son gouvernement et de la division totale de son PSarlement.
C’est dans cette ambiance instable que deux motions de censure ont été déposées la semaine dernière, l’une contre le chef du gouvernement et l’autre contre le président de l’assemblée. La première a été rendue obsolète par la démission (oh combien tardive) de l’intéressé. La seconde fait son bonhomme de chemin et risque de tomber à l’eau le jour du vote. Il suffit qu’un seul député s’absente et ne vienne pas voter pour que le président de l’assemblée soit maintenu à sa place. L’avenir de la présidence du parlement tunisien dépendra d’une voix, d’un député qui fait la grasse matinée, d’un député qui ne trouverait pas un moyen de transport pour venir, d’un député qui vend sa voix pour quelques dinars de plus. Voilà où nous en sommes ! Vous voulez la démocratie ? Voici votre démocratie ! Continuez à vous diviser au nom de la démocratie et de ses petits calculs.
La Tunisie est aujourd’hui en chute libre, l’économie était déjà chancelante et sa situation s’est aggravée avec le Covid-19 et en l’absence de toute aide réelle des autorités. Pour ne rien arranger, des troubles sont observés à Gafsa et à Tataouine là où l’on a quelques kilos de phosphate et quelques m3 de pétrole. Conséquence directe d’une absence totale d’un Etat fort et conscient de la nécessité d’aider ses entreprises, le chômage va grimper, la crise économique va s’accentuer et le risque d’une crise sociale majeure augmente de jour en jour. La conséquence de cette conséquence sera la famine qui frappera à nos portes, comme elle a frappé aux portes du Liban et du Venezuela. Si jamais ça explose, c’est toute la classe politique qui risque d’en pâtir, ça risque d’être une véritable révolution.
En dépit de cette situation, nos partis sont en train de se quereller et d’essayer de marquer des points.
En dépit de cette situation, notre chef du gouvernement fait son petit business et limoge ses ministres. Des ministres pourtant méritants (au moins Zitoun et Mekki) qui sont humiliés juste pour leur appartenance politique.
En dépit de cette menace qui nous guette tous, on a des partis en train de faire des calculs d’épicier. Les uns cherchent à faire passer une motion de censure contre un gouvernement déjà démissionnaire, les autres veulent écarter 16 députés d’une autre motion de censure, juste pour que leur couleur politique ne soit pas associée aux leurs. Y a-t-il un sage dans la barque ?!
Notre économie chancelle et on est en train de nous battre pour des babioles. Qui va siffler la fin de la récréation ? Pas le président de la République en tout cas.
Comme l’exige la constitution, le président de la République a le devoir de consulter les partis pour désigner un chef du gouvernement. C’est du déjà vu, on lui doit déjà Elyes Fakhfakh. Curieusement, personne ne lui reproche ce choix en dépit du scandale frappant son poulain. Et, curieusement aussi, la popularité de Kaïs Saïed ne cesse de grimper en dépit de ce choix malheureux.
Visiblement, le président de la République va utiliser les mêmes ingrédients que la fois précédente et espère obtenir un résultat différent cette fois. Il a envoyé un courrier aux différentes forces politiques de l’assemblée pour leur demander de lui suggérer un chef du gouvernement. Dans le lot, il va en choisir un. Qu’énonce la constitution ? Dans son article 89, le président de la République engage, dans un délai de dix jours, des consultations avec les partis, les coalitions et les groupes parlementaires, en vue de charger la personnalité la plus apte pour former un gouvernement, dans un délai maximum d’un mois. Kaïs Saïed a une lecture très restrictive de cet alinéa constitutionnel, car pour lui une consultation est synonyme dans les consultations des marchés publics. Une sorte d’appel d’offres en somme où les adjudicataires font la course au moins disant pour obtenir le marché. C’était le cas en février dernier quand Kaïs Saïed a choisi Elyes Fakhfakh, il était celui qui était cité le moins par les partis. Opérera-t-il pareillement cette fois ? Visiblement oui.
Ce qui va suivre ne va être entendu par personne, ni par les forces politiques, ni par le chef du gouvernement et c’est à la limite de la naïveté. Je me dois cependant de le dire, pour l’Histoire et pour la conscience de ce journal dont vous, lecteurs, êtes les fidèles témoins.
Au vu de la crise actuelle, l’heure n’est pas au marquage des points politiques et la victimisation dans les médias, l’heure est au sauvetage du pays, sinon le temple va tomber sur tout le monde, les politiques en premier. Kaïs Saïed se doit de le savoir.
Ce qu’il faudrait, c’est de mettre nos différends de côté et réfléchir ensemble à un plan de sauvetage général. Kaïs Saïed devrait pouvoir l’élaborer.
Ce qu’il faudrait, c’est une trêve politique qui fait asseoir autour d’une table les Karama, Ennahdha, PDL, Attayar, Qalb Tounes, Tahya Tounes et le reste des partis pour ce plan de sauvetage présidé par un chef du gouvernement consensuel. Kaïs Saïed devrait pouvoir imposer cela.
Il faudrait que la classe politique, toute entière et toutes couleurs confondues, prenne conscience de notre situation et renvoie un signal au peuple pour lui dire, d’une seule voix, nous allons te sauver. Kaïs Saïed avec sa popularité presque soviétique, devrait pouvoir envoyer un tel signal.
Au vu de la crise économique aigüe que nous vivons, Kaïs Saïed a aujourd’hui le devoir de réunir toute cette fichue classe politique pour lui expliquer que la barque va couler avec tout le monde si ces capitaines élus ne se mettent pas d’accord sur la direction à suivre. C’est impératif, c’est urgent !
Deux citations pour finir et je sais que l’une d’elles est chère à notre président : « La démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », disait Abraham Lincoln. La démocratie c’est aussi « l’oppression du peuple par le peuple, pour le peuple », disait Oscar Wilde. A Kaïs Saïed de choisir…
N.B : Le titre de la présente chronique a été utilisé il y a quelques mois. L’Histoire bégaye…
le Royaume Uni fonctionne bien sans constitution écrite.
La principale conclusion des rapports actuels est que les marges extrêmes augmentent. Corona pourrait désormais aggraver ce développement. Parce que la pandémie effrayante éveille les peurs primaires de la mort, de la perte d'emploi, de statut, de biens et d'existence sociale.
Si la pandémie devait entraîner une récession persistante, des licenciements massifs et des difficultés de distribution, les débats houleux pourraient désormais devenir encore plus radicaux. Malheureusement, malgré toutes les contre-mesures du gouvernement, la crise de Corona risque de faire de nombreux perdants. La frustration pourrait agir comme un accélérateur d'incendie pour les courants extrémistes.
Et la grande inconnue - la guerre en Libye - ne doit pas être perdue de vue !
Non je ne suis pas convaincu que nôtre ROBOCOP est integre
Je rigole mais le coeur saigne hélas.
Je peux garantir des résultats à condition de jouer le dictateur muni d'un gros bâton pour pouvoir mettre en pratique mes 35 années d'expérience sur le terrain dans 9 gouvernorats avant de rejoindre le parlement pour 7 ans.
G&G
RCDiste et fier
Si les tunisiens savaient ce qui plane sur leur tete ils seraient tous en train de trimer
Que voulez vous vous voyez bien sue quelque fois les prejuges s'averent globalement justes
Mchet tournes Allah yarhamha
C'est la démocratie.
Un week end bien rempli aurait il suffit a lui faire retrouver sa lucidite
Enfin .....En tout cas son article est pertinent
La crise sociale sera ineluctable sauf miracle
L'UGTT a un role decisif
Le soutien aux defavorises par le gouvernement aussi
Le plan de relance doit se deployer au plus vite
Le reste ce sont des futilites
N"est ce pas Si Nizar
( mais qu'est qu'il lui pris d'ecrire cet article)