Presque instinctivement, on se représente la Tunisie comme étant une femme. C’est une question sur laquelle devraient pencher les sociologues tunisiens. En attendant une réponse à cette question, tous les hommages ne sauraient rendre grâce à la femme tunisienne. La Tunisie se joint au monde pour célébrer la journée internationale des femmes en ce 8 mars. Mais cela sert-il à quelque chose ?
En Tunisie, nous célébrons la femme deux fois. Le 8 mars à l’occasion de la journée internationale des femmes et le 13 août, journée nationale de la femme. Pourtant, cela ne veut pas du tout dire deux fois plus de droits ou deux fois plus de considération.
D’abord, il existe un débat sur le fait de consacrer une journée à la femme, comme si elle était exclue des 364 autres jours de l’année. Dans bien des cas, cela ressemble trop à une fête organisée pour se dédouaner ou soulager sa conscience par rapport à toute la maltraitance que subit la femme. Le 13-Août illustre cette idée. On y célèbre le code du statut personnel qui a consacré les droits de la femme et qui était une préoccupation importante pour le leader Habib Bourguiba. C’était, sans conteste, une avancée et un progrès remarquable par rapport à nos voisins et des générations de femmes tunisiennes ont bénéficié de cette loi. Mais aujourd’hui, il faut bien se rendre compte qu’il s’agit d’un code adopté en 1956, il y a donc 64 ans. On pourra toujours se gargariser de cette loi fondatrice et démontrer l’importance de la femme en Tunisie par le vote d’une loi sexagénaire. On pourra continuer à y consacrer deux ou trois lignes dans tous les discours officiels qu’on entendra ce jour-là. Mais a-t-on vu une loi si étroitement liée à la chose sociale ne pas évoluer, rester la même en 64 ans ? Le code du statut personnel n’a-t-il eu besoin d’aucun lifting en 64 ans d’existence ? N’a-t-il pas été altéré par les affres du temps ?
Limiter la célébration de la femme à une journée ou deux pour y célébrer une vieille loi en compagnie de ce que compte l’intelligentsia tunisienne de femmes est obsolète depuis longtemps déjà, mais cela devient en plus insultant.
Derrière les discours complaisants à propos de la femme tunisienne et de son importance dans la société, cette même femme tunisienne reste la victime quotidienne de la violence et de la discrimination. Les célébrations sont orchestrées pour cacher cette réalité que l’on n’admet pas. Certains pensent même que les femmes en Tunisie ont « beaucoup trop de droits » et qu’elles empiètent sur les droits légitimes des hommes. Cependant, les hommes ne subissent pas toute la violence dont sont victimes les femmes au quotidien.
Il suffit de demander à n’importe quelle femme tunisienne ce qu’elle subit en marchant dans la rue ou en prenant les transports en commun. Il suffit de leur demander de lister tous les commentaires et les petites remarques sexistes et déplacées qu’elles entendent au travail. Il suffit de faire un tour sur le hashtag #EnaZeda pour avoir une idée sur l’ampleur du harcèlement dont sont victimes les femmes. Il suffit de voir comment les autorités gèrent les cas d’agression rapportés par des femmes violées ou agressées. Il suffit de voir comment les politiciens, à la moindre escarmouche, réduisent instinctivement leurs homologues féminines à leur condition de femme et utilisent cela comme une arme contre elles. Même lorsque ça chauffe entre deux femmes, elles s’insultent en se traitant de « femme de… ». Alors on aura beau se féliciter de l’existence d’une loi sur le statut personnel ou d’une loi criminalisant la violence envers les femmes, les faits sont têtus et la réalité n’a que faire des discours et des déclarations d’intention. La femme tunisienne est maltraitée quotidiennement, dans l’indifférence générale et devant tout le monde.
Aujourd’hui, le dispositif législatif n’arrive plus à cacher cette réalité. Les chiffres et les faits rapportés se font de plus en plus insistants et surtout de plus en plus audibles. Consacrer un 8-Mars ou un 13-Août à la femme sans prendre ses maux à bras le corps est devenu une arnaque. Se serait une supercherie de se féliciter de droits pour lesquels on ne fait rien, qu’on ne matérialise pas en réalité.
La femme tunisienne est bien trop importante pour que l’on se permette de l’arnaquer et de lui mentir. Elle est bien trop intelligente pour se laisser embarquer dans la supercherie d’une célébration ayant perdu toute substance. La défense des droits du citoyen tunisien de sexe féminin n’est pas l’affaire de discours ou de cocktails annuels. C’est une affaire de conviction et de changement de mentalités. Au travail !
Marouen Achouri
Abir Moussi, rouleau compresseur, buldozer, ne prends pas de pincettes pour dire les 4 vérités sur les islamistes terroristes, qui sont à l'origine du lavage de cerveau de ceux qui se sont fait exploser vendredi dernier.
«L'avenir de l'homme est la femme
Elle est la couleur de son âme
Elle est sa rumeur et son bruit
Et sans elle, il n'est que blasphème
Il n'est qu'un noyau sans le fruit
Sa bouche souffle un vent sauvage
Sa vie appartient aux ravages
Et sa propre main le détruit»
Je fais confiance aux femmes tunisiennes
pour défendre leurs acquis et les élargir car rien n'est donné sans lutte et il y a du travail comme le souligne très bien cet excellent article de Marouen Achouri.