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« Celui qui a peur reste chez lui » !
26/10/2016 | 10:14
4 min
« Celui qui a peur reste chez lui » !

Par Nabil Ben Azouz*

 

Ah, bon ! Monsieur Chahed, oui comme vous dites : « celui qui a peur, reste chez lui » ! Mais au fait, qui a réellement peur ? Qui a peur de dégraisser le mammouth de la fonction publique qui a saigné le budget de l’Etat depuis la Troïka ? Qui, jusqu’à nos jours et malgré toutes les promesses, a peur d’apporter des réponses claires sur les vrais commanditaires de l’assassinat de nos martyrs Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, Lotfi Naguedh, nos militaires et nos sécuritaires ? Qui a peur de taper sur la table et de sonner la fin de la récréation à des députés plus populistes que moi tu meurs et plus patauds les uns que les autres ? Qui a peur de faire barrage à ces mafieux qui avec culot reconnaissent en direct et devant tous les Tunisiens leurs faits de corruption ?

 

Qui a peur de passer à l’acte face aux gros bonnets du banditisme et de la corruption avant de nous saigner davantage par des impôts de plus en plus lourds et iniques ? Qui a peur de nous montrer par des actions coups de poing et concrètes qu’il veut  réellement lutter contre la corruption ? Qui a peur de mettre à exécution tous les textes juridiques qui pourtant existent bel et bien et qui permettent la lutte contre la corruption et surtout son implantation dans les rouages de l’Etat ?

 

Qui tarde à agir tellement il est enfermé dans son bureau à nous concocter des lois et des décrets qui seront baladés, piétinés et certainement renvoyés aux calandres grecques ?  Qui a peur de tous les populistes rapaces et égoïstes à qui ont fait les yeux doux, avec lesquels on discute et on recule et que l’on caresse dans le sens du poil ?

 

N’ayez pas peur d’eux. Eux ils défendent « leurs » droits corporatistes et vous, monsieur le chef du gouvernement, vous devez agir pour l’Etat de droit et pour la justice. Il ne doit pas y avoir des gens plus égaux que d’autres. L’égalité devant l’impôt est un principe universel. La désobéissance fiscale est un crime. Victor Hugo disait « souvent la foule trahit le peuple », alors restez « droit dans vos bottes » et empêchez cette foule populiste de sévir et surtout, d’échapper à la loi, à l’égalité pour tous et à la justice fiscale. Vous ne pouvez satisfaire les uns, sans léser les autres. Commencez par leur dire ces vérités.

 

Nous voulons pousser le pouvoir exécutif à disposer de tous les moyens légaux pour agir et veiller ainsi au respect de toutes les libertés fondamentales quitte à lui résister lorsqu’il faiblit à certaines pressions soit disant exercées « au nom du peuple » ! On ne veut pas tout, ici et maintenant. On sait que cela prendra du temps. Mais montrez-nous rapidement que vous agissez fermement contre les gros poissons qui ne paient pas leurs impôts ou juste une misère et sur lesquels bizarrement, vous ne dites rien ! Ne vous attaquez pas seulement aux « sans dents » du petit trafic dans les ruelles sombres et miséreuses de Tunis et d’ailleurs. Que faites vous de réel contre le banditisme informel, les gros bonnets du trafic frontalier, l'évasion fiscale, les dettes fiscales impayées par les entreprises et les hommes d'affaires et qui s'élèveraient à 16 mille milliards de nos millimes, c'est à dire la moitié du budget de l'Etat ?

Qu'avez vous réellement fait pour récupérer tout l'argent des fonds dilapidés, mal gérés ou détournés à l'étranger depuis Ben Ali jusqu'à nos jours en passant par la Troïka ? Tout cet argent additionné équivaut largement à un autre budget de l'Etat, voire même plus.

 

Et on ne peut également passer sous silence une autre formule malheureuse pleine de dédain et qui a tendance à nous revenir souvent ces derniers temps. Elle frôle presque la démagogie à deux sous. Cette formule est hélas, répétée à satiété par plusieurs personnes, dont le pourtant sympathique journaliste Zied Krichen, quelques ministres et surtout le premier d'entre eux : "Tounis dakhla fi 7it wichaab ettounsi mahouch fahim" (Les tunisiens ne comprennent pas que la Tunisie va dans le mur). Pas moins ?! Décidément, ce gouvernement et certains de ses clercs marchent sur la tête. Ils veulent booster l'économie en relançant la consommation, mais tout en augmentant les impôts.

 

Messieurs posez la question aux simples Tunisiens et « presque » tous vous feront cette réponse : l'argent, dans ce pays existe et sachez que nous sommes des citoyens attachés à un véritable Etat de droit, au respect de la loi et à une véritable justice fiscale. Nous payons nos impôts et nous sommes toujours prêts à nous sacrifier pour notre Tunisie. Nous sommes confiants en son avenir. Mais lorsqu’un pays dont l’Etat de droit et surtout la loi, ne sont pas respectés, c’est finalement la démocratie elle-même que l’on étouffe. Et après ils disent que nous n’avons rien compris ! Alors avant de venir nous tomber dessus dru et à presque nous accuser de la situation dramatique de notre pays, commencez par le « haut ». N’ayez pas peur. Mais comme vous le dites si bien « celui qui a peur doit effectivement rester chez lui ».

 

 

*Militant indépendant     


 

26/10/2016 | 10:14
4 min
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Commentaires (15)

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Bouraoui Trabelsi
| 29-10-2016 22:52
Cher Nabil, tu (excuse moi si je vous tutoie, en fait, nous nous sommes connus à la fameuse faculté des Lettres de le Manouba) es toujours fidèle à tes convictions et à tes rêves pour un lendemain meilleur. En revanche, l'histoire, en tant que discipline, nous a enseigné, que Mille est Une Nuits était fabriquée pour faire rêver la populace, Les Prolégomènes d'Ibn Khaldoun, pourtant toujours d'actualité, était une 'uvre pour empêcher l'élite de rêver.
Cher Nabil, la Tunisie n'est pas une Nuit, elle n'est qu'un nombre dans les calculs des grands et des grandeurs. Le Premier ministre n'est pas le vizir d'un sultan, il n'est pas censé nous écouter et nous sommes pas censés le conseiller ou bien de lui reprocher quoi que ce soit. Nous sommes là pour analyser sa poltique.
Le monde est en train de connaître un grand tournant, le monde est désormais un village numérique, chaque pays a un rôle à jouer et ce rôle est défini par les Puissants. Le premier ministre est là pour appliquer les consignes tout en les traduisant socialement. Le FMI, par exemple, nous dicte ce qu'il faut faire, le premier ministre est là pour obéir, sans rôle est de manipuler les paramètres pour que ce diktat passe. Bref, un bon premier ministre est celui qui sait gérer.
« Celui qui a peur, reste chez lui » veut dire celui qui a peur d'appliquer les consignes des Puissants, ou bien qu'il a peur d'assumer ses responsabilités, doit jouer à l'autriche.
Tous sont d'accord pour dire que la Tunisie passe par une mauvaise crise, néanmoins, pour chaque crise il y a une solution. Les puissants de ce monde vous proposent des solutions, le bon politicien est celui qui sait les traduire à ses citoyens. La Tunisie n'est plus ce royaume de Mille et une Nuits où le sultan doit être bon, où le vizir doit écouter ses sujets.

nazou
| 28-10-2016 13:48
Revenez quand même, y-à des" torchon "plus sympa que d'autres.
Même si votre" torchon "est de gauche (personnes n'est parfait).

DHEJ
| 28-10-2016 10:57
Impot est un volume a-t-il une ENERGIE d'après BERNOULLI?


Or à WIKIPEDIA il est dit concernant L'EGALITE DEVANT L'IMPOT:

- L'équité verticale module l'imposition en fonction de la « capacité contributive », exigeant un impôt plus important aux personnes les plus aisées. Il motive le principe de l'impôt progressif ;

- L'équité horizontale impose un traitement équivalent à une situation équivalente. Il s'oppose aux exonérations catégorielles.


Verticale ENRGIE et Horizontale perte de charge linéaire ...


L'IMPOT est UNE INJUSTICE devant les yeux du MINISTERE DE LA JUSTICE représentant du MINISTERE PUBLIC!!!

Nabil
| 28-10-2016 09:47
Merci cher(e)s ami(e)s pour vos commentaires parfois sympa et parfois très durs. Mais c'est la règle du jeu et il faut l'accepter. Vos avis me sont toujours utiles et m'enrichissent. J'ai juste quelques petites remarques à faire à certains : est-ce que vous pensez une seconde que pour moi un riche nabab et un simple ouvrier vont tous les deux payer la même somme de cinq millimes d'impôts ? Par ailleurs, les torchons sont utiles dans les cuisines et je connais des couples qui se sont chamaillés grave, voire même sont allés jusqu'au divorce pour des ces broutilles de torchons, de serpillières ou d'éponges introuvables :) Pour ce qui est de mon langage, vous m'en voyez désolé, car je suis un enfant de la balle, ayant vécu longtemps dans les quartiers sombres de Paname et du 9-3. Encore merci à vous tous.

observator
| 27-10-2016 20:45
Vous vous n'êtes pas manifesté cette foi-ci mais sans rancune.

observator
| 27-10-2016 16:47
Réflexions critiques sur un principe à texture ouverte :
l'égalité devant l'impôt Laurent
F ONBAUSTIER
*
Professeur à l'Université de Rennes I
RÉSUMÉ.
'
1.
En raison d'un paradoxe,apparent seulement, tenant aux conditions historiques et philosophiques de
la naissance du principe d'
égalité devant l'impôt ainsi qu'aux
facteurs complexes (économiques,sociaux, culturels)
qui en ont orienté l'évolution, le Principe d'égalité fiscale réelle
implique une politique d'égalité par
l'impôt qui elle-même engendre
l'inégalité devant l'impôt.
Cette inégalité impose qu'on substitue
au terme d'égalité devant l'impôt
celui,actuellement plus pertinent,
de non-discrimination (injustifiée)
devant l'impôt. L'étude, sceptique,
pose la question, devant l'étendue
et la variété des
discriminations permettant d'aménager
ou d'affecter le principe d'égalité
devant l'impôt, d'un horizon
d'objectivité, de la part du juge ou
du législateur, dans la détermination
des critères susceptibles de fonder
les inégalités en droit.
Le contrôle jurisprudentiel sur les
discriminations législatives en
matière fiscale ne réalise-t-il pas
une simple substitution organique
[p.79-102] L. F ONBAUSTIER Arch.phil.
droit 46 (2002)."............(extrait)

L'auteur parle de substituer le principe de la non-discrimination à celui de l'égalité devant l'impôt.
On est encore loin de l'universalité.

observator
| 27-10-2016 15:51
En matière d'impôt, tous les contribuables ne sont pas soumis aux mèmes règles fiscales ni qu'ils doivent payer le mème montant d'impôt au mème taux d'imposition.
L'égalité devant la loi fiscale exige seulement que les contribuables placés devant des situations identiques soient traités de manière identique par la loi.

Donc l'égalité devant l'impôt n'est pas un principe universel.

Abou Walid
| 27-10-2016 10:23
Assis sur le mamelon de la colline, on peut tout dire et même s'ériger en moralisateur, voire en juge, comme l'énonce ce dicton tunisien "El mit'farrej fâ'res" (le spectatateur et bon cavalier) ou cette sagesse française "La critique est aisée mais l'art est difficile". La sagesse exige de ne pas s'élancer sans calcul dans une mêlée où la réussite est incertaine, voire hasardeuse, mais d'avancer d'un bon pied et de glaner les réussites graduellement. A un gouvernement qui n'a pas bouclé son premier trimestre, rien ne lui sert de courir, il lui faut partir à point, car beaucoup de forces occultes doivent l'attendre au tournant ?!

zaiane
| 27-10-2016 01:20
M.Ben Azouz, je vous félicite pour cet article . J'espère , pour le bien du pays , que M. Chahed va le lire et surtout qu'il en prendra compte.

Correcteur
| 26-10-2016 21:04
Le nahdaoui ne sait pas que «l'équité» signifie:justice naturelle!On doit juger et se comporter et agir avec équité!Je ne sais pas si cette vertu est intégrée dans votre Charia!En revanche,dans toutes les sociétés organisées l'égalité c'est:agir ,régir,se comporter et juger selon "les règles du droit positif"!