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Chroniques
Youssef Chahed ne peut pas aller plus vite que la musique
28/08/2017 | 15:59
5 min

Le mois d’août touche à sa fin et la rentrée arrive à grands pas. Où en sommes-nous de cette rentrée ?

On devrait être en plein débat autour de la Loi de finances 2018 et on n’a toujours pas de ministre des Finances.

On devrait préparer la rentrée scolaire et universitaire et on a toujours un ministre par intérim pour occuper les deux portefeuilles.

La priorité est de ramener des investisseurs de tous bords, pour booster la croissance et créer de l’emploi, mais on n’a toujours pas de ministre de la Coopération internationale.

 

Les rumeurs vont bon train quant au remaniement ministériel et la composition du nouveau gouvernement de Youssef Chahed. Ce dernier est prêt, il sait ce qu’il veut, comment et où il veut y aller. Sauf que le pilote a beau savoir piloter (CQFD), a beau vouloir rouler vite, la machine reste grippée et le flic l’empêche d’accélérer. Il appuie sur le champignon et la voiture ne démarre pas. Quand bien même elle démarrerait, on l’attend au tournant pour le verbaliser. Telle est la situation aujourd’hui : un bon pilote (on aimerait croire ça du moins), mais une voiture vétuste, une chaussée glissante, des piétons partout qui vous bloquent la route et des flics aux aguets.

 

Des échos nous parvenant de la Kasbah, on sait (ou on croit savoir) que la liste de Youssef Chahed est prête avec des ministres compétents capables de mener la barque à bon port (on aimerait croire ça du moins).

Le « souci » est qu’on est en démocratie et qu’en démocratie, le chef ne peut pas faire ce qu’il veut. On a beau vouloir rejeter le lien « démocratie et croissance ne vont pas bien ensemble », les faits sont là pour nous pousser vers nos vieux démons dictatoriaux. 

Youssef Chahed a donc bien préparé sa liste, mais cette dernière doit être soumise aux partis ayant un poids à l’Assemblée et ceux signataires de l’Accord de Carthage. Sinon, il ne pourra pas travailler, il ne pourra pas faire passer des lois, il ne pourra pas avancer. Outre l’assemblée, il ne pourra pas obtenir la bénédiction du président de la République, garant de ce dialogue d’union nationale.

Les partis ayant un poids à l’ARP sont Ennahdha et Nidaa dont les transfuges ne présagent rien de bon. C’est principalement dans ce vivier partisan qu’on oblige Youssef Chahed de puiser ses futurs ministres. Et s’il n’en veut pas ? Et s’il estime qu’ils ne sont pas bons, qu’ils sont toxiques, qu’ils trainent des casseroles ? Qu’ils ne vont pas lui permettre de rouler à 150 à l’heure comme il le voudrait ? Eh ben tant pis, il devra faire avec ! C’est ça la démocratie. Elle doit être respectée, même si tout le monde est d’accord que la machine est grippée !

 

Le passage en force est inimaginable, il sera bloqué à l’ARP. Laquelle ARP n’est même pas prête à le recevoir puisque les députés sont actuellement en vacances. Youssef Chahed a bien demandé à Mohamed Ennaceur de convoquer une session extraordinaire, le président de la « plus haute autorité de l’Etat » n’a encore rien fait. Du coup, tout est bloqué, jusqu’au retour de nos députés de vacances.

En dépit de l’urgence signalée, le remaniement est donc reporté pour l’après-Aïd et il faudrait attendre que tous les députés rentrent du congé de l’Aïd (y en a qui vont prolonger de quelques jours) et ceux qui sont partis au pèlerinage.

 

Pendant ce temps-là, les médias et les observateurs de tous bords l’observent, l’épient, le critiquent en le rendant seul responsable de la machine grippée. Il ne s’agit pas de Youssef Chahed, mais de n’importe quel chef du gouvernement chargé de conduire le pays, quelle que soit sa couleur politique.

Comment demander à un pilote de rouler à 150 à l’heure tout en respectant le code de la route, en lui imposant une machine grippée, en lui mettant des bâtons dans les roues et en lui plaçant un flic à chaque carrefour ?

Faut-il tourner le dos à la démocratie et au système qu’elle impose pour autant ? Assurément non, mais il faudrait peut-être un peu de réalisme dans la gestion des affaires publiques de notre pays.

 

Il y a des urgences pour lesquelles nous sommes tous d’accord : lutte contre le terrorisme, lutte contre la corruption et croissance. Ces objectifs étant fixés, tous les intervenants (présidence de la République, assemblée, opposition, médias et société civile) se doivent de donner les moyens nécessaires au chef de l’exécutif de les atteindre. On ne peut pas demander au chef du gouvernement (quel que soit son nom) d’atteindre ces objectifs tout en le privant de la liberté de nommer qui il veut et en lui imposant un casting puisé dans le seul vivier des partis. On ne peut pas lui demander de procéder immédiatement à un remaniement, tout en lui imposant de passer par l’ARP et d’attendre que les députés rentrent de vacances. On ne peut pas lui demander de prendre des mesures efficaces contre la corruption, alors que les lois nécessaires trainent dans les commissions parlementaires. Il faut savoir ce qu’on veut. La démocratie comme dans les pays développés ? Soit ! Alors que tout le monde agisse comme les pays développés en mettant la main à la pâte ! Il est aberrant d’exiger de l’exécutif d’être efficace, de respecter les règles de la démocratie, alors que le reste de la composante politique se prélasse sous les parasols et derrière les écrans pour dénigrer la machine grippée sur Facebook.

 

Un agent de la Garde nationale, Fayçal Ismaïl, est décédé samedi 26 août 2017, percuté par un camion de contrebande. Paix à son âme !

La loi devant protéger les forces de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions a bien été soumise par le gouvernement à l’Assemblée, mais elle dort encore dans les commissions du parlement. Chers députés, continuez à vous prélasser !

28/08/2017 | 15:59
5 min
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Commentaires (16)

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CHANOUBA
| 05-09-2017 15:34
Nul n'est prophète dans son pays. le bras de fer entre frères et camarades et autres qui ne cesse de s'aggraver et qui va tout détruire à son passage. l'ouragan religieux va tout emporter .Les frères de Londres après moi le déluge

adel
| 05-09-2017 09:52
Avec la cacophonie il ne peut aller nulle part.

DIEHK
| 30-08-2017 15:51
On l'écoutera Monsieur.
Toutes les musiques sont bonnes à écouter, à étudier...
Seulement, il faut se boucher les oreilles avec certaines musique et surtout celles de 2011!!!
A tout entendeur, Salut et bonne bonne musique!!

harki
| 29-08-2017 19:54
le chef du gvt.a eu tout le temps .pour combler ...les departs .

le chef du gouvernement .est redevable a monsieur...BCE...arretez de critiquer .le president ...c'est a monsieur chahed d'etre plus reactif .plus malin..sinon il laissera .sa place....le pilotage a quelqu'un plus audacieux et plus convaicant..pour faire passer ces idees.BCEne va pas faire le travail a sa place ....il faut que chef donne l'exemple..a mon humble avis il n'a pas la carure tout simplement ....etre convaicant pour faire passer ses idees tout en respectant les procedures .echahed n'a pas les moyens ..il lui manque l'experience ....malgres son volotarisme....

Samir
| 29-08-2017 17:55
le président met les batons dans les robâtons de si chahed. Il est le principale frein de la tunisie . Je ne compreds pas .... la reussite de chahed est bien benefique au bilan du président ..... pourquoi toutes ces contraintes alors que le pay est au bord du goufre .... entre temps les salaires sont payés et la note de la Tunisi passe a spéculatif le fmi réclame des reformes . Pour une fois qu un honette homme et patriote Est la . trouve que des obstacles. Reveil toi bce ou degage.

Aida BOUCHADAKH
| 29-08-2017 12:01
Vous savez sans doute que le respect du code de la route est nécessaire pour garantir une circulation non dangereuse pour les uns et pour les autres. Et plus les uns et les autres respectent les règles du code de route, plus la circulation devient fluide. Il en est de même en politique. Les uns et les autres doivent se rappeler qu'il n y a de légitimité qu'issue des urnes et que les résultats des sondages n'ont aucune valeur juridique, à supposer même que la population a effectivement été sondée.

zorba52
| 29-08-2017 10:56
La scène politique actuelle est si médiocre et sans intérêt, fait que le chef d'orchestre actuel Mr Chehid occupe la place de figurent plus que décideur.
Quand le groupe des musiciens joue chacun sa note et son rythme et que le chef doit se plier aux exigences et caprices de certains,le résultat est certain : échec total.Le patriotisme pour certains n'est qu'un simple slogan pour arriver au but.

takilas
| 29-08-2017 00:15
Point nenni toutes les initiatives sont freinées par méchanceté et par pique de la part de nahdha.
Pourtant c'est évident qu'ils ont mis les bâtons dans les roues de nida tounis dès la première mobilité en Février 2016 ; soit des sabotages à la pelle et réguliers, et qu'on ne peut plus narrer tellement caractérisés par un antinationalisme écoeurant.

takilas
| 29-08-2017 00:04
Ces malades destructeurs de nahdha doivent être plutôt contents que les déflagrations de leurs sabotages ont donné des résultats pour perturber soit le parti qui a eu le plus de voix, et puis que leurs complètes latitudes de dominer le pays comme lors troïka, n'existent plus pour continuer leurs arnaques et leurs escroqueries.

Forza
| 28-08-2017 22:27
Ça dépend sur quelle échelle de temps on analyse. La démocratie est comme un investissement, si vous regarder seulement les premières années, vous auriez un business case déficitaire. De même pour l'éducation ou la formation des jeunes. Si vous calculez le coût de la formation de vos enfants alors qu'ils sont encore jeunes, vous allez dire trop d'argent dépensé et pas de retour, mais si vous regardez les gains sur toute une vie, le rendement est imbattable. Bien sûr qu'ils existent des exemples comme la Corée du sud qui n'était pas une démocratie et qui s'est démocratiser assez tard alors qu'elle est devenue puissances industrielle et bien sûr il y'a l'exemple de la Chine mais sur le long, l'Inde va battre la Chine car elle a des structure démocratiques, plus efficientes sur le long car les vraies innovations ont besoin de la liberté.