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Youssef Chahed dans le collimateur de Béji Caïd Essebsi
20/03/2019 | 19:59
5 min
Youssef Chahed dans le collimateur de Béji Caïd Essebsi

 

Comme à l’accoutumée, le discours du président de la République, à l’occasion du la célébration du 63ème anniversaire de l’Indépendance, n’a laissé personne indifférent. Un discours controversé, rempli de messages indirects...mais aussi d'autres très directs.


Le président de la République a prononcé son discours du 20 mars devant une salle loin d'être comble. Plusieurs personnalités de la scène nationale ont été présentes, mais d’autres ne l’étaient pas. La question même de l’assistance a suscité la polémique. On parle d’exclusion, de mépris et de comptes personnels. Même l’emplacement des invités a été critiqué. C’est dire que l’absence de Slim Azzabi, coordinateur général du nouveau parti Tahya Tounes, a été fortement remarquée, tout comme la présence de Hafedh Caïd Essebsi qui siégeait à côté de Rached Ghannouchi avec son large sourire.

 

Ces détails, futiles pour certains, ont une grande importance et sont très significatifs pour les observateurs méticuleux des moindres développements de la scène nationale. Mais, ce n’est pas tout. Le discours de président de la République était, en grande partie, orienté contre le chef du gouvernement Youssef Chahed. Il l'était aussi, dans une moindre mesure, dirigé contre certains partis politiques comme Ennahdha, Machrouû Tounes ou encore Al Joumhouri.

 

Ceux qui ont suivi la cérémonie ont dû remarquer rapidement le choix précis des versets coraniques soigneusement sélectionnés avant le démarrage de l’allocution du président de la République, et qui se voulaient être une représentation de la réalité de la scène politique. Et c’est avec le démarrage du discours que les choses ont commencé à se corser. Le président de la République n’a pas ménagé Youssef Chahed, chef du gouvernement qu’il a lui-même désigné. Il lui a directement signifié qu’il a enfreint la Constitution lorsqu’il l’a exclu lors du dernier remaniement ministériel. C’est dire que la Constitution stipule que le président de la République et le chef du gouvernement sont à la tête du pouvoir exécutif, chose qui n’a pas été respectée lors du dernier remaniement ministériel puisque BCE n’a pas été consulté par son ancien poulain.

Il faut dire que depuis le temps, la rupture a été bien consommée entre le père et le fils spirituel. Simplement, Béji Caïd Essebsi ne s’est pas arrêté là. Déterminé à faire passer un mauvais quart d’heure à Youssef Chahed, il a tenu, chiffres à l’appui, à brosser un tableau noir du bilan économique du gouvernement actuel allant du taux d’inflation au déficit de la balance commerciale, tout en passant par le taux d’endettement. Et sans se défaire de son humour habituel, Béji Caïd Essebsi a appelé Youssef Chahed à un retour à la raison, avec un jeu de mots aussi franc que direct, tout en l’invitant à retourner au bercail.

Outre les piques lancées au chef du gouvernement, et à degré moindre à certains partis politiques, Béji Caïd Essebsi a mis l’accent sur la nécessité de l’union nationale pour sauver le pays de la crise actuelle. Il a, donc, appelé au rassemblement des forces nationales pour l’étape à venir, notamment, à l’approche de l’échéance électorale, tout en mettant en garde contre le nomadisme parlementaire, qui selon lui, doit être sanctionné par la loi. D’ailleurs, il a profité de ce point pour annoncer qu’il est nécessaire d’amender la Constitution, soulignant que sa proposition à ce propos est déjà prête.

 

Mais si Béji Caïd Essebsi a affirmé pendant son discours qu’il ne fait que relater des faits, appelant même ceux qui ont la moindre objection à intervenir, plusieurs analystes s’accordent sur une aberration au niveau de la forme du discours présidentiel. En effet, voir le mot du président de la République lors d’une fête officielle, se transformer en un moment de règlement de comptes personnels, ne peut être correct sur les plans éthique et moral. Un chef de l’Etat qui se doit d'être fédérateur et rassembleur de toutes les composantes de la scène nationale, président de tous les Tunisiens, ne peut se permettre de s’adonner à un monologue où il étale ses différends avec le chef du gouvernement qu’il a lui-même désigné.

 

Face à ce constat, d’autres voix s’élèvent pour rappeler que le chef du gouvernement avait, déjà, agi de la même manière, au moment où il s’est emparé de l’antenne de la chaîne publique afin de régler ses comptes personnels aussi, avec le fils du président de la République et son entourage, en l’accusant d’avoir détruit le parti Nidaa Tounes.

 

En tout état de cause, il est clair qu’à l’approche de l’échéance électorale, tous les coups semblent permis. Béji Caïd Essebsi, estimant probablement qu’il n’a plus rien à perdre, a voulu jouer la carte de l’attaque frontale sans se soucier de l’image que ça peut donner, notamment, au niveau de la forme. Le chef du gouvernement, a, quant à lui, dû encaisser le coup, et devait s’attendre à ce que la riposte du père ne peut être aussi indulgente face à sa rébellion. Cependant, les dés sont loin d’être jetés et les jeux ne sont pas encore faits même si nous sommes à quelques mois des élections. Chaque partie dispose encore de plus d’un tour dans son sac. Simplement, il faut se rappeler que tout cet effritement ne peut que servir la partie adverse.

 

Sarra HLAOUI

20/03/2019 | 19:59
5 min
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Commentaires (6)

Commenter

Zohra
| 21-03-2019 11:09
LOL
BN écoutez bien ces gens et ne soutenez pas la démocratie. Ils veulent que votre soutien va à la dictature.

N'est-ce pas une mascarade ? Ce qu'ils vous demandent.

Si les Médias ne savent pas ce qu'ils font. '?a serait bien grâve.

Bon courage BN, vous allez voir des jours difficiles avec cette foutu élection.


observator
| 21-03-2019 10:53
Soyons francs :
Qui en 2011 a ramené BCE au pouvoir ?
Ce sont ces milieux qui contrôlent BCE et le chef du gouvernement .
Ce sont eux qui etaient derriere la creation du Nidaa qui l ont detruit et qui ont recréé Tahya Tounes.
C est le système qui jongle pour perdurer au pouvoir.
Et la guéguerre supposée entre BCE et Chahed n est qu une piece de théâtre
pour duper les Tunisiens une fois de plus. Une bataille au sein du système corrompu pour la chaise.
La preuve BCE ou Chahed ont ils changé quelque chose pour le quotidien des Tunisiens.
L un et l autre servent le systeme cortompu et leurs interets personnels.

Donc cette soi disant querelle est une man'?uvre de plus pour berner les Tunisiens.
Ils ont encore enfoncé plus le pays.
Aucun programme aucun signe positif que des querelles. Vous les voyez ils n ont rien à foutre de nous. Ils n'ont aucun respect pour nous.
C est voulu et entretenu par le systeme corrompu.
Donc tunisiens pensez y lors des prochaines élections pour nous debarrasser de tous ces gens et mettre à leur place des serviteurs zélés integres pour redresser notre pays.

Nephentes
| 21-03-2019 10:49
Pathétique, grotesque

Sont-ils au moins conscients de leur futilité et surtout de leur nuisance ?

Ont-il réellement conscience des conséquences de leur irresponsabilité ?

Comment envisagent-ils la réaction de cette malheureuse population qui n'en finit pas d'être bernée et escroquée

Liberté
| 20-03-2019 22:47
BCE est un cinique qui a trahi la Tunisie. Il faut ignorer ce cinique sénile.
Plus dangereux que BCE est Youssef Chahed, juste parce qu'il est jeune et il a des années devant lui pour bien détruire le pays.
De mon côté, j'appelle BN de retourner à la raison et d'arrêter de soutenir le looser Youssef Chahed.

Trop tard!
| 20-03-2019 21:00
inna lillahi wa inna ilayhi raji3oun,
khaf rabbi!

Trop tard!
| 20-03-2019 20:54
Carthage serait bientôt libré du clan BCE et ses intrigues!