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Youssef Chahed avance ses pions, Hafedh Caïd Essebsi pleurniche chez papa
14/06/2018 | 16:59
6 min
Youssef Chahed avance ses pions, Hafedh Caïd Essebsi pleurniche chez papa

 

La guéguerre au sommet de l’Etat se poursuit. Entre le chef du gouvernement et le chef du parti au pouvoir, rien ne va plus, tout le monde le sait, puisque le linge sale se lave en public depuis des semaines. Nouveau round : après la Kasbah, Hafedh Caïd Essebsi s’attaque désormais publiquement au palais de Carthage en s’en prenant, publiquement, au conseiller du président de la République. Pendant ce temps-là, la Banque centrale de Tunisie a augmenté, conformément aux directives du FMI, de cent points de base son taux d’intérêt directeur.

 

La journée du mercredi 13 juin est à inscrire dans les journées politiques noires de la Tunisie, bien qu’il n’y ait eu aucun événement spectaculaire. Mais l’addition de plusieurs petits événements (à l’apparence non significative) montre que la capitainerie chancelle et que l’Etat est en déliquescence. Au point que certains, parmi les fervents défenseurs de Béji Caïd Essebsi, en sont au point de dire que les choses étaient meilleures sous la troïka !

La couverture du dernier numéro de Jeune Afrique, distribué avant hier, donne le topo de la situation. Elle expose Hafedh Caïd Essebsi en bon héritier du pouvoir détenu par son père. A l’intérieur, un portrait reluisant du « fils » qu’on présente comme un excellent observateur et manœuvrier qui induit en erreur ses interlocuteurs. Les lecteurs les plus avisés, qui connaissent bien Hafedh Caïd Essebsi, restent scotchés : la Tunisie en est-elle à ce point ?

Sur le terrain, la réalité est amère, car Hafedh Caïd Essebsi n’a pas abdiqué après le discours télévisé de Youssef Chahed, en dépit de la crise politique que vit le pays et de la déliquescence réelle de Nidaa Tounes depuis qu’il en a pris les commandes. Ni les réactions des hommes et femmes politiques, ni les critiques très virulentes des médias n’ont eu raison de lui. Hafedh joue la fuite en avant, envers et contre tous, poussé par sa petite famille et encouragé par son premier cercle de laudateurs parmi les opportunistes et intéressés. Et un article comme celui de Jeune Afrique de cette semaine ne peut que l’inciter à aller dans cette voie.

 

Sauf que cette voie n’est pas une autoroute et la Tunisie n’est pas une monarchie où l’on peut hériter du pouvoir par le simple lien du sang. Et faire semblant de respecter la démocratie en mettant la main sur Nidaa n’est pas suffisant pour avancer vers Carthage, car la Tunisie n’est pas une écurie non plus.

Mercredi 13 juin, en fin de journée, Youssef Chahed a réuni les ministres de Nidaa et un nombre de députés parmi les membres de la commission de suivi du travail du gouvernemental. Parmi les présents, des supposés proches de Hafedh dont Sofiène Toubel, chef du bloc parlementaire de Nidaa et Selma Elloumi Rekik, la prétendante non-déclarée à la succession de Youssef Chahed à la Kasbah.

Il était temps, car le chef du gouvernement a promis, depuis son discours du 29 mai, d’inviter « toutes les parties sociales pour mettre les dernières touches à la mise en place du Conseil du dialogue social. Ceci est primordial pour dépasser la crise. L’unique ligne rouge est l’intérêt national ». Il a promis ça dans les prochains jours, mais il a quand même mis deux semaines pour inviter les Nidaistes.

Toujours est-il que Youssef Chahed avance ses pions pour barrer la route à Hafedh Caïd Essebsi qui n’apprécie pas spécialement que son adversaire se réunisse avec ceux qu’il considère comme lui étant acquis.

 

Hafedh ne reste cependant pas les bras croisés et prépare, lui aussi, une riposte en utilisant dans son combat politique la carte paternelle.

Pour convaincre députés et ministres de se joindre à lui, Hafedh Caïd Essebsi a un seul et argument aussi inépuisable qu’invérifiable : « le président a dit ». Quant à son père, il est en train de le « cuisiner » à la maison familiale pour qu’il exécute l’article 99 de la Constitution stipulant que le président de la République peut demander à l’Assemblée des représentants du peuple le vote de confiance sur la poursuite de l'action du Gouvernement. Le message a été transmis auprès des intéressés invités à la rencontre de Youssef Chahed le mercredi 13 juin : « n’allez pas à sa rencontre, papa va le limoger dans les prochains jours ! ».

C’était sans compter la surprise de la mi-journée. Firas Guefrech, conseiller principal du président de la République chargé de la communication publie un post Facebook de trois lignes sur sa page personnelle dans lequel il rappelle que le président de la République reste garant de la stabilité politique de la Tunisie et que les propositions faites au président pour activer l’article 99 de la constitution et la volonté de le trainer dans des combats partisans médiocres sont inutiles. Le message, relayé comme une trainée de poudre par les médias, est reçu 5/5 par les ministres et députés concernés. Les trois lignes publiées par Firas Guefrech, avec l’aval du chef du cabinet présidentiel Slim Azzabi, renferment surtout un autre message encore plus subtil : les ordres soi-disant transmis par le président de la République, via son fils, sont faux.

Il aurait fallu à peine deux heures pour que Hafedh Caïd Essebsi tombe les pieds devant dans le piège. Il publie un post Facebook pour démentir le conseiller du président de la République en laissant entendre qu’il s’est entretenu préalablement avec son père avec qui il aurait vérifié s’il était au courant, ou non, du post Facebook de Firas Guefrech. En clair, Hafedh Caïd Essebsi, autoproclamé porte-parole officiel de la présidence, s’immisce dans les affaires de l’Etat en profitant de ses liens familiaux et il dévoile ça lui-même devant l’opinion publique, nationale et internationale.

La réunion s’est quand même tenue en dépit des manœuvres de Hafedh et les plus fidèles de ce dernier étaient présents avec Youssef Chahed.

 

Les partisans de Nidaa s’arrachent les cheveux et l’opposition ricane. Non seulement le linge sale de Nidaa se lave en public, mais voilà qu’il se traite désormais sur Facebook ! Pire, le fils du président et autoproclamé directeur de Nidaa, aveuglé par ses ambitions personnelles, n’hésite pas à démentir publiquement le responsable de la communication de la présidence ! On a rarement vu pire dans l’Histoire de la Tunisie depuis l’indépendance. Même les querelles de la famille Bourguiba, avec Saïda Sassi et Wassila Ben Ammar, n’ont pas atteint ce niveau. Après avoir attaqué frontalement et publiquement la Kasbah, sur Facebook déjà, Hafedh Caïd Essesbsi attaque Carthage et sur Facebook encore !

Sommes-nous proches de la déliquescence de l’Etat ? Avec cette tentation dynastique (pour reprendre le titre de Jeune Afrique), les signes annonciateurs sont là !

Pendant ce temps-là, la Banque centrale de Tunisie publie un communiqué annonçant l’augmentation de cent points de base le taux d’intérêt directeur, passant de 5,75% à 6,75%. Un communiqué cru qui ne s’embarrasse même pas de la forme et se moque de la psychologie des Tunisiens. Le même contenu aurait pu être passé autrement, fait remarquer un ancien ministre (de Ben Ali) et ce en axant sur l’épargne plutôt que sur le taux d’intérêt directeur et les crédits, puisque les deux sont corrélés.

 

Nizar Bahloul

 

14/06/2018 | 16:59
6 min
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Commentaires (10)

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EL OUAFYA
| 17-06-2018 00:03
Je vous remerciez d'avoir nous rappeler d'un pouvoir excellent qui déroulait plein de dignité , de justice sociale quand au prix des matières de première nécessité étaient à la porté de tous les classes également la sécurité qui régnait tout le territoire du pays grâce aux efforts de notre maître ( SIDNA Amar 4x4 04 ) .
les fils de Si Mohamed Trablsi ont été une partie de notre passé c'est le bonheur .
A h on a pas oublier le rôle de son excellence Lala Leila Trablsya la défenseuse du droit de la femme qu'elle demeure toujours fidèle et loyale à son mari dans le meilleur et le pire , elle applique scrupuleusement des recommandations de notre prophète c'est normale elle reflète l'image de marque des nobles femmes Libyennes elle applique intégralement ce que son père lui avait appris les traditions et les coutumes libyens il l'insistait d'être le modèle excellent des nobles femmes de leur pays d'origine qui se compose du courage , la fidélité , la patience l'obéissance du mari et le respect de la religieux ( le Hadith et le coran ).
Ah nous avons pas oublier ce que les nobles fils de trablsi ont réalisé pour la société comme ils sont des investisseurs qui ont influé positivement sur l'économie national les postes de travail rentables étaient disponibles on le connait de leurs relations diplomatiques Economiques ceux qui ont ramenaient plusieurs investisseurs au pays mais hélas certains jaloux qui destestent la race libyenne ont été à l'origine de sabotage de cette famille d'origine libyenne comme ils non pas pris en compte l'intérêt du pays et qu'ils ne sont pas au courant qu'il n y a pas de distinction entre Libyen et Tunisien que chez ceux qui ont divisé ces Tribus si ce n'est pas les pays colonisateurs L'Italie et la France .
Mais Hadef C.E une personnalité carisma qui ne cherche pas a s'enrichie au détriment de l'autre sa simplicité dans la vie il insiste toujours à ses fidèles partisans de s'occuper de l'intérêt général avant l'intérêt personnel et c'est pour cella que certains partisans sont un peu mécontent de la philosophie de H C E dans la gestion du parti mais la majorité du parti de Nida partage avec lui l'idée d'être au service du peuple avant l'intérêt personnel certains proches de H C E ont témoigné que H C E au moment de sa sieste il rêve que la Tunisie devenue un paradis le taux d'inflation et de 1 % et le nombre chômeurs est rétrogradé,la sécurité règne à travers tout le pays et L'écrivaine Ben Brik Taoufik fait de l'éloge à H C E sur le plateau de T V Nesma.

HSE 1994
| 16-06-2018 16:55
HCE represente un concentré des Trabelsis
Mettez un Belahsan ajoutez ce qu'il y a de pire chez Leila plus un Imed entier passez au Mixer vous obtenez un HCE
Il finira par avoir le même sort que les Teabelsis mais en pire
Il est aveuglé par le pouvoir et les courtisans et ne réalise pas l'ampleur de la haine populaire
Jamais depuis les Teabelsis une personne n' a été autant détestée par les Tunisiens

EL OUAFFYA
| 15-06-2018 18:56
Le future Président du pays H C E est le plus stratège il est à la hauteur d'assumer les taches d'un président c'est l'homme qui travaille trop et parle peu , il est au courant de tout qui se passe dans le pays comme il s'entoure de l'extérieur ainsi des elits ( intelligence Tunisienne ) ceux qui ont prouvé leur efficacité dans la gestion de l'Etat ils ont été le socle des deux système
( Bourguiba et Ben Ali ) et pour cella que ces deux système ont duré .
Pour H C E ces scénarios qui se déroulent pour l'instant sa ne lui fait ni chaux ni froid comme il n'a pas de crainte envers les pays des Imarattes au contraire ces pays vont l'aider s'il réussira dans les prochains élections présidentiels méme la majorité des crises qui connait l'Etat pour l'instant seront résolus progressivement et surtout le problème de l'emploi des jeunes qui est inscrit dans son agenda en première lieux il est très inquiétant de la situation qui vive les jeunes il sait bien qu'il y a parmi eux qui n'est pas en mesure de pays un café ni alimenté son compte téléphonique dans une vie désespérée ,avec un niveau bas moralement si ce n'est pas une vie misérable comme il y a certain proche du président que ce fils ne se porte pas à l'aise vue la situation précaire de la majorité des jeunes et pour cella il ne donne pas de l'importance à son parti Nida Tounés pour lui les éléments de ce parti non pas de problème financier ils sont bien soignés ,bien habillés ,bien véhiculés hormis la majorité des jeunes souffrent par manque d'emplois .

Raouf
| 15-06-2018 18:27
C'est fini le temps où cette hebdomadaire fait trembler certains régimes.aujourd'hui jeune Afrique est très peu lu et n'a plus cet impact sur la vie politique des pays du Maghreb.
Quoi que dise jeune Afrique,hafed essebssi demeure hafed sebssi

LARIO
| 15-06-2018 15:03
a ce moment et jusqu'à nouvel ordreLa TUNISIE n'a devant elle aucun issu que de compter sur elle méme et sur ses fils, . Un oiseauu rare de ses propres compétences, de ses excellences doit surgir et établir un plan marshall national. LES FAUX JETONS, les énerguménes, les dénis nous trompent, par leurs fantaisies et leus basses fourberies et les remédes se trouvent ailleurs.L'histoire et la mémoire du peuple ne pardonnent pas les magouilleurs et les imposteurs, et il viendra le jour tot ou tard où ils seront déshonoré et avilis

Imad
| 15-06-2018 13:34
Certain avancent les noms de Mr M:K:Nabli d autres le nom de MR M.Znaidi pour succeder a Youssef Chahed.... Ghannouchi restera le seul obstacle a la nomination de l un d eux...De l avis des experts seul un de ses deux personalites ou les deux a la fois peut conduire l economie du pays a des jours meilleurs..ils ont en la stature d homme politique et de tres bons gestionnaires....

citoyenne
| 14-06-2018 22:00
je ne sais pas combien de temps a pris la rédaction d'un tel article pour parler des tenants et aboutissants de ce différend,or jaurais aimé que ce temps ait été consacré aux actions entreprises pour le pays ds un qq domaine ou région. de telles actions auraient été le meilleur rempart pour le gvt contre tte dérive; au lieu de se chamailler et exécuter les instructions du fmi.

Moustache
| 14-06-2018 21:51
J'adore ce que fait ces temps ci votre infographe.
Félicitation!!! cela ajoute de la valeur ajoutée. Dommage qu'il n'ai pas gardé le béret et le chapeau d'origine :(

Trop tard!
| 14-06-2018 19:18
d'après la photo HCE est échec et mat en trois coups!

parent haifoufa
| 14-06-2018 18:19
M.N B j'ai lu et suivi toutes les analyses faites par vos soins à propos du différend opposant les deux FILS de BCE je trouve que vous vous êtes rangés, sans le savoir ou volontairement, du côté de Youssef Chahed ce qui est contraire à la déontologie professionnelle de journaliste que vous êtes.