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Chroniques
Youssef Chahed aura-t-il les coudées franches ?
15/09/2017 | 15:59
3 min

 

Trois importants discours ont été prononcés par Youssef Chahed, chef du gouvernement : celui formulé lors de sa première investiture, en août 2016, l’autre le 14 janvier 2017 et enfin le dernier, le 11 septembre 2017 pour un renouvellement de mandat avec une équipe gouvernementale remaniée. Rien ou très peu les différencie au niveau des constantes stratégiques pour sortir le pays de la crise économique : redresser les finances publiques, mettre en œuvre les réformes qui permettent de redémarrer les moteurs de la croissance et pérenniser les acquis sociaux. Rien ou presque ne les différencie sur la conduite à entreprendre pour les concrétiser. Pourtant, les deux premiers discours ont été suivis.

 

Certes, les objectifs que s’est fixé le gouvernement peuvent paraître ambitieux. Compte tenu de la situation actuelle, ils le sont. Cependant, il convient d’inscrire ces objectifs dans une configuration dynamique où les objectifs sont sous-tendus par les réformes économiques. Cela valide-t-il pour autant l’objectif d’une croissance de 5% en 2020 contre un peu plus de 2% prévu en 2017, d’un déficit budgétaire limité à 3% du PIB alors qu’il dépassera allègrement les 6% cette année , d’un taux d’endettement de 70% laissant supposer qu’il dépassera cette proportion au cours des deux prochaines années ? Sera-t-il possible de ramener l’enveloppe des rémunérations dans le budget de l’Etat à 12,5% du PIB contre environ 15% actuellement, alors que l’UGTT annonce un nouveau cycle de négociations sur des augmentations de salaires dans la fonction publique au début du second trimestre de 2018 ?

Il est vrai, le pari est énorme. Il est d’autant plus énorme que les choix du gouvernement pour les atteindre demeurent les mêmes et les sacrifices qu’ils présupposent restent toujours douloureux. Youssef Chahed aura-t-il cette fois-ci les coudées franches pour mener sa politique et son programme ? Rien n’est moins sûr. Et les exemples sont nombreux pouvant illustrer cela.

 

La réforme du système fiscal et celle de la fonction publique, tout autant que la restructuration des entreprises publiques et la révision du dispositif de retraite, tout comme la transformation de la politique de subvention et la refonte du financement public de l’économie, sont des choix unanimement qualifiés de nécessaires. Sauf que, à l’épreuve des faits, les blocages émergent subitement. On a vu par exemple ce qu’il est advenu, l’année dernière, du projet de réforme de la fiscalité des professions libérales. On a constaté également ce qui survenait à la suite d’une tentative de restructuration d’une entreprise publique, comme tension sociale soutenue par l’UGTT. Celle-là même qui refuse catégoriquement toute réforme des Caisses sociales et particulièrement du régime de retraite qui passerait par un allongement de l’âge de départ, une révision du salaire de référence et du nombre d’années d’activité et une augmentation des cotisations. Plus encore, les partenaires sociaux accepteront-ils l’idée émise par le Chef du gouvernement d’une contribution exceptionnelle des salariés et des employeurs aux Caisses sociales au cours des prochaines années ? Il faudrait que le partenaire syndical ne plaide pas la détérioration du pouvoir d’achat et que le partenaire patronal ne mette pas en avant la charge supplémentaire qui lesterait la compétitivité du tissu productif. De ce point de vue, rien n’est garantit. 

Et ce n’est pas tout. Youssef Chahed pourra-t-il mener à son terme la réforme de la politique de subvention, compensation et aides sociales confondues. Cela passe impérativement par la mise en place du système de l’ « identifiant unique ». Sauf qu’aucun moyen n’a été alloué pour. Or ce système n’exige qu’une poignée de millions de dinars. En revanche, il ferait économiser à l’Etat des centaines de millions de dinars de dépenses. Youssef Chahed a promis sa mise en place en 2018. On n’en serait convaincu si le financement de ce fameux système d’ « identifiant unique » est d’ores et déjà prévu dans le projet de budget 2018. Ce qui à ce jour n’est pas le cas.  

 

Au niveau des intentions, Youssef Chahed a été, à chaque fois, au rendez-vous. Cette fois-ci le sera-t-il au niveau des actes ? Tout dépendra de ses soutiens, particulièrement politiques. Oseront-ils mettre à la trappe leur agenda partisan et privilégier l’intérêt général qui n’est autre que celui de la nation et son devenir ? Répondre à la question fournirait l’éclairage idoine sur la marge de manœuvre de Youssef Chahed et ses capacités à sortir le pays de l’ornière de la crise. Un premier test se profile : le projet de loi de finances et de budget. 

15/09/2017 | 15:59
3 min
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Commentaires (3)

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Nephentes
| 17-09-2017 19:26
JE vous félicite Si Houssine de la pertinence de votre article qui encore une fois aborde les sujets de fond qui engagent l'avenir du pays.

Mais les Tunisiens,lecteurs de BN compris, s'intéressent -ils aux sujets de fond, c'est à dire à leur réalité, celle qui concerne directement leur avenir ??

DHEJ
| 16-09-2017 08:32
C'est un GAMIN comme tous ses semblables: "aya naamlou harb"!!!

Pour dire, combien dépense-t-il d'argent d'une façon non civilisé??? C'est le point de départ pour tous les maux de la Tunisie... et non sa fameuse "GUERRE"!

LIBRESPRIT
| 15-09-2017 16:48
Nous sommes tous concernés et dans le même pétrin...Donc soyons sages...Réfléchissons avant d'agir...Travaillons...Produisons plus et Consommons moins..C'est notre SEULE ISSUE.