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Youssef Chahed a encore toutes ses cartes
03/08/2017 | 19:59
5 min
Youssef Chahed a encore toutes ses cartes

 

Très commentée, l’interview télévisée de Rached Ghannouchi a beaucoup fait réagir. Alors que le leader islamiste tente, ouvertement, de tirer le tapis sous les pieds d’un Youssef Chahed en plein envol, ses propos, pourtant accompagnés d’une stratégie de com’ bien ficelée, n’ont visiblement pas produit l’effet recherché. La présidence de la République, qu’on a aussitôt associée à cette sortie, prend ses distances et Youssef Chahed, qui n’a rien demandé, préfère jouer la prudence.

 

« C’est encore Béji Caïd Essebsi qui tient les ficelles » semblent répéter, à l’unisson, présidence de la République et parti au pouvoir en réponse à ceux qui auraient tendance à l’oublier, influencés par le raz de marée populaire du chef du gouvernement. Carthage et Nidaa ont insufflé cette idée maîtresse presque entre les lignes.

 

Saïda Garrache, fraîchement nommée porte-parole de la présidence de la République, s’est exprimée en ce jeudi 3 août 2017, sur Shems FM. « Rien n’est entrepris sans l’aval du président de la République », a-t-elle déclaré en substance ajoutant que la présidence suit de près la campagne de lutte contre la corruption. Campagne qui fait aujourd’hui la popularité du chef du gouvernement, propulsé en tête des sondages d’opinion.

Elle a également tenu à rappeler que si Youssef Chahed est en poste aujourd’hui, c’est à Béji Caïd Essebsi qu’il le doit. « Le président a choisi Youssef Chahed, envers et contre tous, pour mener le gouvernement d’union nationale sur la base du document de Carthage et rien dans ce document n’interdit de se présenter à la présidentielle » a-t-elle souligné. Elle rappelle dans ce cadre qu’il est inutile de faire une comparaison entre Youssef Chahed et Mehdi Jomâa puisque la feuille de route issue du Dialogue national de l’époque interdisait moralement à ce dernier de briguer un mandat à Carthage.

Quant à l’interview de Rached Ghannouchi sur Nessma tv, mardi, elle a souligné que « le président de la République n’était pas au courant du contenu de l’interview et qu’il l’avait suivie, à la télévision, comme n’importe quel citoyen tunisien ». Selon Saïda Garrache, la présidence de la République ne serait pas « dans le coup » et Béji Caïd Essebsi ne ferait donc pas partie du jeu de Ghannouchi.

 

Même son de cloche du côté de Nidaa Tounes. Le chargé des affaires politiques du parti, Borhène Bsaies, a déclaré dans une interview donnée ce matin à Mosaïque Fm que « le pays a d’autres priorités plus urgentes en ce moment » ajoutant qu’ « il n’y a eu aucune concertation entre Nidaa Tounes et Ennahdha sur les élections de 2019 ». « Certaines parties poussent, selon lui, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, à adopter le rôle de la victime sujette aux complots battant les tambours et voulant être eux-mêmes plus royalistes que le roi ».

De son côté, le président du bloc parlementaire du parti, Sofiène Toubel s’est exprimé hier sur sa page Facebook écrivant dans son post que ce sera à Béji Caïd Essebsi de trancher sur la question de l’élection présidentielle de 2019 « compte tenu de sa symbolique et de sa légitimité de président fondateur du parti ».

 

Youssef Chahed a été reçu aujourd’hui au palais de Carthage par le président de la République Béji Caïd Essebsi. Si le communiqué de la Kasbah qui a émané de cette rencontre s’est contenté, dans une version très laconique, de mentionner « le développement de la situation dans les régions incendiées ces derniers jours » et « l’amélioration progressive des indicateurs économiques », le message qui en émane est plutôt clair : Youssef Chahed, chef de gouvernement, doit encore rendre des comptes à Béji Caïd Essebsi, président de la République.

D’ailleurs, le document de Carthage datant du 3 août de l’année dernière, mentionne clairement que c’est le président de la République qui a nommé le chef du gouvernement, en vertu des articles 89 et 98 de la constitution tunisienne et l’a chargé de constituer l’équipe gouvernementale. Un document que des proches de la Présidence se sont amusés à partager aujourd’hui, en piqure de rappel, afin de « remettre les choses à leur place ».

 

Cette apparition télévisée du président d’Ennahdha a aussi fait réagir du côté d’Al Joumhouri qui soutient ouvertement Chahed. Issam Chebbi a affirmé, dans une déclaration à Shems FM mercredi 2 août 2017, que «si le conseil de Rached Ghannouchi est innocent, il devrait commencer par l’appliquer lui-même, en annonçant dès maintenant qu’il ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle ». Le secrétaire général d’Al Joumhouri considère ainsi que l’appel du leader d’Ennahdha à Youssef Chahed à ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle, sans que ce dernier ne l’exprime ouvertement, est « une tentative d’écarter un rival potentiel et sérieux, qui peut l’entraver lui ou ses alliés » mais aussi une manouvre consistant à « mélanger les cartes avant de les redistribuer ».

Force est de reconnaitre, en effet, qu’aucune carte n’a été jetée à l’heure actuelle et qu’aussi bien Rached Ghannouchi, qui semble préparer sa campagne en misant sur une nouvelle stratégie com’, que Youssef Chahed, qui privilégie la discrétion, n’a fait part de sa volonté de se présenter à la présidentielle, prévue dans 2 ans. «Le pays a d’autres priorités plus urgentes en ce moment », a affirmé Borhène Bsaies.

 

Youssef Chahed, pragmatique et toujours aussi discret et prudent, a en effet préféré ne pas commenter. D’ailleurs, il n’a jamais réellement tranché sur l’éventualité d’un mandat présidentiel. Alors que les chiffres sont en sa faveur, en une période de crise où les hommes ou femmes politiques populaires se font rares, Chahed ne dit pas clairement s’il compte en tirer profit. « J’ai 41 ans et j’ai toute la vie devant moi » a-t-il déjà affirmé, questionné sur le sujet lors d’une ancienne parution médiatique.

 

 

Synda TAJINE

03/08/2017 | 19:59
5 min
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Commentaires (11)

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LARIO
| 06-08-2017 14:45
Notre chére TUNISIE est au bout de souffle, au bout du tunnel, elle est en train de vivre une banqueroute et nos décideurs politiques s'amusent avec les pronostics du promosport des partis et du positionnement concernant la fameuse échéance de 2019?! VRAIMENT C'EST ECOEURANT ET C'EST REVOLTANT de voir des dirigeants politiques de ce niveau?!ILS ne commentent et ne parlent et n'ont qu'un seul souci matin et soir et le dimanche que sur des amalgames , des fourberies, et des odieuses ruses pour confisquer, accaparer et se privilégier du pouvoir et "d'elmanaseb" , et malheureusement ils n'ont pas pu se patienter et attendre deux autres années pour lancer d'autres venins , nullités , égoismes et fantasmes à un peuple trés fatigué et qui connait toutes les sortes de souffrance, , de misére et de privation .Notre TUNISIE la bien aimmée, la verte, se brule, s'incendie par ses propres fils ,voyous mercenaires et traitres, et voilà SOIXANTE ans d'indépendance et elle n'a pas pu posséder un avion canadair pour faire face à la calamité des incendies sauvages.Depuis ce BRUSQUE soulévement de 2011, des milliers de milliards d'euros sont entrés dans la caisse de l'ETAT comme dons ou comme des préts et aucun tunisien de mateur à ben guerdene n'a constaté aucune amélioration , aucun changement, aucun avancement , aucun dévelopement. Où sont nos différentes institutions de copntrole administratifs et financiers de l'ETAT????????où est cet armada de nos inspecteurs financiers, nos experts comptables, nos conseillers économiques? et surtout cette majorité( sans généraliser) des représentants du peuple qui pétent la santé et ménent une vie de château et qui se sont distingués par leur absentéisme , leur inertie, leur imcompétence et leur m'enfoutisme

kameleon78
| 04-08-2017 22:31
C'est quand même bizarre que BCE ne se soit pas exprimé publiquement pour soutenir son Chef de Gouvernement. Je pense que le président de la république trouve en Youssef Chaed un concurrent sérieux dans le camp moderniste pour affronter un islamiste (Ghannouchi ou un autre) à l'élection présidentielle de 2019. En effet BCE s'est habitué aux voyages aux G7 et G20, il a apprécié de serrer les mains de Merkel, Macron, Poutine, Trump etc...on voyait les belles photos avec tout ce beau monde autour de lui et BCE aura cette nostalgie de cette belle période faste pour lui et voici qu'un jeune blanc-bec va lui ravir ce plaisir (briguer un second mandat)!!!

BCE aime Youssef Chaed comme un exécutant de sa politique et il voit d'un mauvais oeil l'émancipation de son Chef de Gouvernement donc je soupçonne BCE d'avoir comme allié objectif Ghannouchi juste pour critiquer un rival dangereux pour le président. Pour être plus clair chacun y trouvera son compte, BCE se débarrassera d'un rival dangereux dans son camp et pour Ghannouchi il souhaiterait éliminer un YC trop curieux sur les affaires de la Nahda.

takilas
| 04-08-2017 19:53
Mais est-ce que l'ARP peut, une fois sans sa vie, être honnête et admettre cette "réelle" démocratie, quoique cela peut causer une crise de nerfs à l'impolie et malhonnête Samia Abbou.

Mansour Lahyani
| 04-08-2017 17:39
J'adore ce "encore"... Chahed est à un âge où d'autres politiciens n'ont pas encore franchi le Rubicon, il n'a que quelque deux ou trois ans d'activité politique : cela n'a pas empêché Synda de décider qu'il a "encore" toutes ses cartes en main ! La malédiction que lui a jetée un gourou très quelconque lui aurait-elle donc à ce point rogné las ailes ?
Il ne fait aucun doute que les sorts jetés trop imprudemment et trop injustement se retourneront un jour contre ceux qui les ont jetés. Mais ici on n'aura aucun besoin de recourir à la magie des cabinets noirs : la sagacité des électeurs y pourvoira suffisamment!

Jojo
| 04-08-2017 13:05
MR le président la population tunisienne est victime de son administration cette dernière ne fournit aucun effort et trainaille 2h par jour ces très très grave on prend l exemple du bureau des douanes à nabeul les fonctionnaires avr rivent à partir de 8h30 discuté entre eux jusqu'à à 9 h puis boivent le café et à 9h30 ,10 h commencent à travailler un accueil très très désobligeant envers les citoyens et tout cela se passe devant les citoyens ce n est pas normal cette situation à un respect des horaires de travail. Le citoyen n est peu plus il faut vraiment donné des sanctions et revoir ce travail à mi-temps l été c est vraiment catastrophique pour le pays et le peuple.

vghfjk
| 04-08-2017 11:56
Youssef Chahed a actuellement un support populaire inégalé. Il connait que la résolution des dossiers brûlants de l'économie ne sont soutenus ni par Ennahdha, ni par l'UGTT, ni par les 150000 prsones recrutés dans les institutions publiques qui ont mis à genoux l'économie tunisienne depuis 2011.Il est à présent l'unique opportunité de règler ces dossiers à l'insu de l'UGTT et des partis politiques dont Ennahdha. Il ne doit pas râter cette occasion et comme il l' a fait pour la corruption prendre des mesures unilatérales sans aviser quiconque. D'ailleurs le FMI vient de lui rappeler qu'il devrait prendre ces mesures le plus tôt possible.

OBSERVATEUR
| 04-08-2017 11:52
Les propos du cheikh démontrent clairement que ce dernier et ses adeptes sont terrifiés,ils paniquent. Ils ont la certitude que si Youssef CHAHED prendra la présidence il fera tout son possible pour les déférer en justice et répondre des méfaits qu'ils ont causés à notre pays.

DHEJ
| 04-08-2017 10:20
Niet, un GAMIN mais bon connaitre-t-il l'age de puberté?!!!

Pseudo-Intello
| 04-08-2017 08:28
Je pense qu'il est impropre de dire"insuffle cette idee"mais "souffle cette idee"ou a la limte "suggere cette idee".

kameleon78
| 03-08-2017 20:34
"Prévue dans deux ans et non quatre ans".

BN: merci d'avoir attiré notre attention.