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Youssef Chahed : Un bureau dans chaque région
30/11/2017 | 19:59
5 min
Youssef Chahed : Un bureau dans chaque région

Alors que la débandade perdure sur la scène politique, certains préfèrent  tirer leur épingle du jeu. C’est le cas de Youssef Chahed. Le chef du gouvernement a bien compris que c’est sur le terrain que tout se joue et il en a fait sa meilleure arme.

 

Aujourd’hui, Youssef Chahed quitte la ville de Kairouan après une visite de trois jours. La première d’une longue série de déplacements prévus dans les régions dans le cadre d’une nouvelle politique régionale. L’idée étant de décentraliser la Kabsah, de Tunis vers des régions aux besoins plus urgents.

« Ce que nous avons vu n’est pas digne des aspirations de notre peuple et de celles du gouvernement d’union nationale. Il est temps de réfléchir à changer le mode de développement dans ces zones difficiles. Il faut améliorer les indicateurs économiques et redonner à la ville son rayonnement […] en adoptant une vision plus globale », avait déclaré Youssef Chahed à Kairouan.

Et y arriver, Youssef Chahed n’a pas peur de mouiller sa chemise.  Lors de cette visite, il s’est, entre autres, rendu au collège pilote de Kairouan, à la cantine scolaire de la Mansoura, au Bassin des Aghalbides, au marché de gros de Kairouan pour, ensuite, se réunir avec les députés de la région et des représentants de la société civile.

Dans chacun de ses déplacements, Chahed était accompagné d’une « importante délégation gouvernementale ». Plusieurs ministres étaient donc également de la partie dont ceux de l’Education, Hatem Ben Salem, du Commerce, Omar Béhi, des Domaines de l'Etat, Mabrouk Kourchid mais aussi de son conseiller Faycel Hafiane.

Une source autorisée à la présidence du gouvernement avait expliqué mardi 28 novembre 2017, à Business News, que cette campagne permettra à Chahed de « multiplier les actions sur le terrain, de mieux communiquer avec les citoyens et la société civile et d’être au plus près de leurs préoccupations afin d’annoncer des décisions effectives ».

 

Des décisions « effectives » il y en a eu en effet. A l’issue des trois jours passés à Kairouan, Youssef Chahed a annoncé une nouvelle vision de développement stratégique en faveur du gouvernorat de Kairouan. Une vision qui s’articule autour de quatre objectifs, selon un communiqué de la présidence du gouvernement. Il s’agira de renforcer les indicateurs de développement humain au niveau national; transformer Kairouan en pôle économique basé sur l'agriculture, la manufacture et les industries traditionnelles ; améliorer les infrastructures et la représentation régionale et transformer Kairouan en un pôle culturel, touristique et religieux. 

 

Chahed a aussi ordonné d’accorder des titres de propriété à 560 familles, soit 2.500 personnes. Cela concerne des habitations que ces familles occupent dans une zone du gouvernorat de Kairouan qui s’étend sur 70 hectares. Il a, aussi, inauguré, mercredi, une usine sidérurgique dans la zone industrielle à Sbikha (dans le gouvernorat de Kairouan). D’un coût de 83 millions de dinars, le projet sera doté d’une capacité d’emploi de 500 personnes.

 

Les déplacements dans les régions n’ont jamais fait peur à Youssef Chahed. Des visites, il en a effectuées plusieurs depuis sa prise de fonction en août 2016. En l’espace d’un an et demi, Youssef Chahed a multiplié les visites dans les régions. Djerba en mars, Sfax et Tataouine en avril, Bizerte en mai,  Béja en juin, Zarzis en juillet, Gafsa et Kairouan en novembre.

 

Cette dernière visite marque cependant un tournant dans la politique régionale du gouvernement. Il s’agit en effet de la première fois qu’une délégation gouvernementale consacre trois journées consécutives à un même gouvernorat. La visite de Kairouan est en effet la première à avoir duré autant de temps. 3 jours de terrain, au plus près d’une région connue pour être « difficile ».

 

Conscient de la nécessité d’accorder plus d’intérêt à certaines régions qu’à d’autres, Chahed a misé sur une nouvelle approche. Le chef du gouvernement annonce vouloir décentraliser les prises de décision locales afin de faire la lumière sur des problématiques plus spécifiques. L’idée étant de se déplacer lui-même dans les zones « à problèmes » afin de constater l’ampleur des « dégâts » sur place, mais aussi de rassurer la population locale trop habituée aux décisions déconnectées de la réalité et donc irréalisables.

 

 

Des visites dans les régions, la Kasbah avait annoncé cette volonté de sortir de Tunis pour aller à la rencontrer des régions intérieures depuis le mois d’avril 2017. La première ville visitée dans ce cadre était celle de Sfax en avril dernier.

La capitale du sud et deuxième plus importante ville du pays a longtemps été politiquement marginalisée. Une visite attendue depuis des mois dans la région et à l’issue de laquelle plusieurs grandes annonces dont la création de 1345 emplois dans la région, le début des travaux du nouveau CHU, le lancement de 600 petits projets qui créeront 845 emplois mais aussi, et surtout, le démontage immédiat des unités polluantes de la SIAPE.

 

« Sfax n’a pas eu sa part du développement, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens. Il est temps de redonner sa considération à cette ville à travers un ensemble de décisions et de projets dans les domaines de l'environnement, de la santé, du sport, de l'infrastructure... » a déclaré Youssef Chahed ce matin du jeudi 20 avril 2017, à l’adresse des habitants de la capitale économique de la Tunisie. « Je suis fier d'être aujourd'hui à Sfax. Sfax a joué un rôle important dans le mouvement national et la révolution du 14-Janvier », ajoute le chef du gouvernement.

 

Toutes les promesses de Youssef Chahed faites lors de ses visites dans les régions n’ont pas été tenues et ses adversaires politiques ne tardent pas à le lui faire remarquer. Certaines sont en cours d’exécution et les différentes parties prenantes mais aussi la bureaucratie, ralentissent leur exécution.

 

Les déplacements de Youssef Chahed, mais aussi sa nouvelle stratégie régionale, ne peuvent qu'envoyer un signal fort aux citoyens tunisiens dans les régions éloignées de la capitale. Cependant, compter uniquement sur une volonté politique qui existe vraisemblablement, serait insuffisant. Les différents intervenants pour la concrétisation des promesses gouvernementales devraient, eux-aussi, jouer pleinement leur rôle. Youssef Chahed avait appelé, alors qu’il était encore à Kairouan, à ce que le secteur privé mette aussi la main à la pâte. Avant de crier aux slogans mensongers, il est temps d’abord que chacun y mette aussi du sien…

 

 

30/11/2017 | 19:59
5 min
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Commentaires (12)

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Jean Claude sternhell
| 03-12-2017 06:28
Cher si Youssef prière de planifier de visites inopinées aux petits villages du nord ouest ,les citoyens Tunisiens meurent dix fois par jours ,tous est a scléroser rien ne marche et ....et ....sans exhacerber la liste est trop longue et épaisse et affreuse pour nos jeunes comme ci on est au Harlem ,même pires.....

Jean Claude sternhell
| 02-12-2017 20:48
Cher si Chahed venez me voir d urgence afin de vous rendre habilité a diriger le gouvernement de cette pauvre Tunisie.je vous présente des idéologies et méthodes et d auxiliaires extras. Et ça va carburer .

Narjes
| 01-12-2017 15:44
Tandis essrouj fih raha rabbi ma3h . Ici on ne laisse pas les gens. Travailler tiraillé entre le bien du pays et les biens d ennahdha et ses acolytes il en avait raz le bol

DHEJ
| 01-12-2017 14:07
Et pourquoi pas une adresse e-mail?

Le GOUVERNEUR est le représentant du PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE et le BUREAU est le représentant du GAMIN!

Nephentes
| 01-12-2017 09:31
Chahed représente - enfin- un espoir réel pour le sauvetage de ce pays.

Il a compris que l'administration tunisienne, mélange hautement toxique de voyous et de bureaucrates, était l'un des principaux dangers pour notre avenir et celui de nos enfants.

Dieu merci, il existe encore quelques fonctionnaires compétents et intègres, qui ont su résister au nivellement benaliste.

Y en aura t-il suffisamment ?

Espérons que Chahed aura le temps et la capacité de réformer cet ennemi du peuple qu'est devenue l'administration tunisienne.



Hedia
| 01-12-2017 06:56
Hélas, cela n'est que trop vrai. La femme,source de civilisation, à préfère rejoindre cette sauvagerie en adoptant un mode de vie dominé par la laideur et le manque de grâce

Jilani
| 01-12-2017 00:08
Plusieurs Tunisiens ne doutent pas sur la sincérité de YC. Mais que font BCE son fils et ses alliés, ils pensent toujours à le destituer et ne font que saboter ses décisions. Il ne peut même pas désigner un nouveau ministre et il ne fait que perturber les postes pour éviter le passage par l'Europe. l'UGTT ne laisse rien faire pour avancer dans les réformes . Un mal que seul Bourguiba a su le dépasser en emprisonnant Habib Achour.

Kays
| 30-11-2017 23:33
C'est moins pour la proximité des dirigeants vis à vis les citoyens même si elle est nécessaire pour être plus au fait des problèmes quotidiens de la société que pour le SUIVI de l'APPLICATION des politiques d'Etat vis à vis de leur administration que cette proximité est nécessaire. Car oui nous savons que les services de l'administration sont parfois inégaux et qu'il est certain que la proximité régulière des autorités de tutelle permet souvent d'éviter la négligence de certains fonctionnaires, négligence qui nuit grandement à l'efficacité des politiques gouvernementales quelque soit leur justesse et leur bien-fondé.

Une administration displinée, efficace et aux ordres pour ne pas dire au pas aura un effet vertueux sur toute la société, ceci est une certitude.

Chahed semble l'avoir compris et il a raison.

Bonne et lumineuse fête de la naissance d'un des messager de l'espoir et de la bonne nouvelle (pour ceux qui veulent et font le bien) à tous, dont Martin Lings avait dressé une passionnante biographie, prières et paix sur lui quelques jours avant la fête de la naissance d'un autre messager de la bonne nouvelle, prières et paix sur lui.

Tahya Tounes.

Nephentes
| 30-11-2017 23:26
Si le constat de cataclysme majeur s'applique véritablement aux conséquences de l'exode rural anarchique - L'exemple de la décadence de Kairouan massacrée est emblématique- , il ne faut pas confondre Arabes et bédouins.

Oqba Ibn Nafaa et ses troupes, puis leurs successeurs, étaient originaires de l'actuelle Arabie Saoudite;

Il en a résulté une civilisation brillante, parmi les plus sophistiquées de l'époque.

Les grandes familles kairouanaises, en voie d'extinction, sont les descendants directs de ces arabes, et constituent la véritable aristocratie tunisienne, engendrant des lignées d'érudits et de magistrats.

Idem pour les grandes familles tunisoises, dont une partie sont d'ailleurs originaires de Kairouan ( la famille Chahed s'est implémenté à Tunis au 12 ème siècle).

Avec la disparition de ces grandes lignées,la partie essentielle du patrimoine de la Tunisie est moribonde. la Tunisie ne s'en relèvera pas.

Ce que je désigne par bédouins est un mélange composite et peu sympathique de tribus nomades non originaires de la Tunisie, sédentarisées par les colons français pour en faire des ouvriers agricoles dociles et dénués d'identité forte susceptible de déboucher sur des conflits.

Ces tribus pastorales, sans nationalité précise, ennemies ancestrales des agriculteurs sédentaires des plaines de la Mejerda, d'El Fahs, du Sahel et de Sfax, suivaient un itinéraire qui les amenaient des piémonts des Aures ( pâturages d'été) vers la plaine de Beja et du Fahs en automne et hiver et la plaine d'Enfidha au printemps.

Les contes des populations sédentaires locales, à Beja par exemple, relatent ces parcours plus ou moins mouvementés.

C'est ce type de population , malgré les efforts louables de Bourguiba pour les scolariser, qui pose à mon avis le problème d'effondrement civilisationnel le plus redoutable auquel a été confronté ce pays depuis l'invasion des benihilal.



et sophistiquée s étaient initialment

hadj
| 30-11-2017 22:54
ce gouvernement est incapable de changer le quotidien des tunisens englués dans de véritables fléaux :chômage; perte de pouvoir d'achat ,insécurité, incapacité de l'état à imposer l'ordre et la loi ;immergencce de castes d'intouchables ,villes polluées habitat spontané qui atteint des proportions inquiétantes et qui bouffe les terres agricoles autour des grandes villes, évasion fiscale économie plombée par le commerce parallèle, départ massif des investisseurs tunisiens et étrangers vers des cieux plus cléments, une élite marginalisée qui cherche refuge à l'étranger, une classe politique médiocre égoïste et opportuniste, une administration tentaculaire et inefficace, une corruption qui gangrène tous les domaines ,un niveau d'instruction qui se dégrade de jour en jour,un peuple qui n'est pas très porté sur l'effort, un syndicat qui s'acharne à détruire le pays.. que peut faire ce gouvernement face à tout ça? il ne peut malheureusementque gesticuler