alexametrics
vendredi 29 mars 2024
Heure de Tunis : 10:00
Chroniques
Vivement la rentrée !
23/08/2017 | 15:59
3 min

C’est une rentrée politique mouvementée qui s’annonce pour septembre et octobre prochains. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, doit effectuer un remaniement ministériel ne serait-ce que pour remplacer tous ceux qu’il a viré depuis un an qu’il est au pouvoir. Par contre, on ne sait pas encore s’il pourra nommer qui il voudra ou si on va lui « suggérer » fortement telle ou telle personne. On ne sait pas non plus s’il va se draper derrière le voile usé et rapiécé du consensus, et nommer un Ridha Saïdi aux finances par exemple, ou s’il aura le courage de privilégier la compétence et trouvera un kamikaze prêt à se battre pour la Loi de finances 2018. Le plus probable c’est que ce sera un mix des deux pour faire taire les critiques et donc, pour ne pas avancer d’un poil.

 

On verra aussi si Rached Ghannouchi, parton d’Ennahdha, continuera à porter une cravate ou pas. Comprenez par là s’il compte réellement se mettre en ordre de marche pour une élection en 2019 ou s’il fait le lièvre pour quelqu’un d’autre. Il est vrai que ça brûle à Montplaisir et que Rached Ghannouchi a de plus en plus de mal à maîtriser ses troupes. Les lignes de démarcation au sein du parti islamiste sont de plus en plus prononcées et même si l’on ne l’avoue pas, la succession de Rached Ghannouchi est un sujet brûlant.

 

On regardera également du côté de Carthage et on surveillera l’évolution de l’initiative présidentielle en faveur des femmes. Il est beau de former des commissions pour étudier des choses, encore faut-il passer à l’action. Le tout sachant que les Tunisiens ont de mauvais souvenirs avec les commissions. On ne se lassera pas de rappeler la commission formée pour enquêter sur les évènements du 9 avril 2012, son rapport n’a toujours pas été livré. Il sera également intéressant de voir la position du président de la République concernant le remaniement ministériel prochain.

 

Il y aura également le sujet des élections municipales. Prévues pour décembre 2017, il est fort à parier qu’on parlera encore de leur organisation en 2018. Une instance pour les élections amputée, un cadre légal vieux de 50 ans puisqu’il tiendrait du miracle que nos députés arrivent à voter le code des collectivités locales, des partis qui ne sont pas prêts à faire campagne tout en braillant le contraire…autant de raisons qui montrent que la tenue d’élections municipales en décembre semble compromise. A qui la faute ? On en parlera longuement sur les plateaux mais il n’est pas exclu que la majorité des regards se tournent vers une certaine coupole au Bardo…

 

On continuera également à suivre l’actualité des 205 autres partis de Tunisie. On suivra leurs rencontres de « coordination » et leurs consultations en vue de « former un front civil commun capable de tenir tête au duo Ennahdha-Nidaa ». Des formules éprouvées qui ne veulent plus dire grand-chose mais qui restent matraquées par des services com en mal d’inspiration. On en verra encore des meetings à une centaine de personnes avec des discours grandiloquents et des ambitions démesurées, faites sur mesure pour flatter les égos de leaders en mal de reconnaissance.

 

Au niveau économique, on attendra les chiffres de fin d’année pour répéter les mêmes argumentaires et tirer les mêmes sonnettes d’alarme. On redira que la situation est grave, qu’elle devient intenable, qu’il ne faut pas espérer une amélioration tant qu’il y aura une telle masse salariale dans le secteur public. On assistera, impuissants, à la dégringolade de notre dinar national et on nous expliquera que c’est maîtrisé et qu’il y a quand même de bons côtés. Quand on se rend compte que l’ensemble de l’allocation touristique annuelle équivaut aujourd’hui à un peu plus de 2000 euros, il y a de quoi avoir du mal à positiver…

 

En tout cas, il s’agira d’une rentrée chaude en termes d’actualité et parions que les hostilités seront lancées avec les premières fuites d’un projet de Loi de finances très attendu. On reparlera de la fiscalité des médecins et des avocats, de la lutte contre la corruption et d’endettement pour boucler le budget. On enchaînera ensuite sur les débats à l’assemblée et on plongera, tête la première, dans une actualité politique harassante. Ça promet !

23/08/2017 | 15:59
3 min
Suivez-nous

Commentaires (3)

Commenter

Samir
| 24-08-2017 09:51
Pendant ce temps les autres nations avancent ....nous nous reculons.
Reste à espérer que si chahed aura les mains un peu plus libre pour choisir sur la base de la competance les futures ministres et non sur l étiquette politique .... les problèmes sont identifiés. ... Reste le ou les remèdes. ... je me pose la question comment faire pour réduire le nombre d une de fonctionnaires dans provoquer des mouvements sociaux? Pourquoi la réforme bancaire tarde encore ? Pourquoi la question des privatisations pour renflouer les caisses de l état n est pas d actualité? Aussi l éducation pour changer les mentalités sur le travail la république l honnêteté les droits et devoirs des citoyens .....

Zohra
| 23-08-2017 18:57
suggérer » fortement telle ou telle personne".la place est bonne. Chacun attend son tour. En attendant le peuple est dégoûté de la politique et abou la politique. Et n'arrive même pas à apporter un peu de joie dans sa famille.

Bedra
| 23-08-2017 18:53
Oui, cette rentrée sera comme vous dites, drôlement chaude. Ainsi vont les choses. Espérons que cette cacophonie promise, n'est tout simplement qu'une "anarchie créatrice" (Fawdha khalla9a).