Viol de 41 enfants tunisiens : les autorités n'y ont vu que du feu !
Thierry Darantière, humanitaire français de 53 ans, directeur d’une maison de retraite aux Yvelines, a été reconnu coupable le 22 juin 2016, de viols aggravés sur mineurs et corruption sur mineurs, en Tunisie, en Egypte et au Sri Lanka. Il a été condamné par la cour d’assises de Versailles, à 16 ans de réclusion criminelle assortis d'une injonction de soins pendant 10 ans pour avoir agressé sexuellement 66 victimes.
French Doctor, comme il aimait se faire appeler, mène en réalité une double vie. Selon ses proches et ses collègues, il s’évertuait à cacher sa double vie affichant un profil bien poli à sa famille et dans son travail. Et pourtant, à l’insu de tous, il profitait de ses récurrents séjours à l’étranger, sous couvert d’actions humanitaires, pour laisser libre cours à sa déviance sexuelle et violer et torturer des dizaines d’enfants.
En 2011, le FBI le repère sur internet, la police française l’interpellera un an plus tard. Dans les disques durs saisis chez Thierry Darantière, les enquêteurs découvrent des milliers de photographies et des centaines de vidéos qui le mettent en scène avec des mineurs, lors de voyages en Tunisie, en Egypte et au Sri Lanka, où il s’était rendu plusieurs fois après le tsunami de 2004 pour le compte de deux associations humanitaires.
L’accusé tenait une collection de clichés et de vidéos mettant en scène ses « ébats » avec de jeunes garçons. Des images obscènes qu’il se repassait régulièrement, de retour en France, précise le journal Metronews. C’est d’ailleurs cela qui a mis le FBI sur sa trace, un lien de téléchargement intercepté par le service fédéral de police judiciaire des Etats- Unis, qui a transmis le renseignement aux policiers français.
En une dizaine d’années, indique le journal Le Monde, quarante et une victimes âgées de 6 à 17 ans ont été recensées en Tunisie, dix-neuf au Sri Lanka, et six de 12 à 17 ans en Egypte. « Si la Tunisie et l’Egypte avaient coopéré, d’autres victimes auraient sans doute été identifiées », disent les enquêteurs. L’accusé lui-même s’est dit horrifié par ce chiffre « affolant » devant les assises, lors de son procès. Il a, par ailleurs, refusé de faire appel afin de ne pas envoyer, à ses enfants, un message minimisant ses crimes.
Les médias français, ont tous fait état de l’absence ou du moins de la faiblesse de la coopération de la justice tunisienne et égyptienne dans cette affaire, qui les concerne directement. L'avocat de l’accusé a même souligné, selon Metronews, que son client est « tombé dans la facilité, dans ces pays qui ferment les yeux sur la prostitution infantile ». « Est-ce une coïncidence si tous les pédophiles se rendent là-bas ? Il y a même des tours opérateurs qui proposent ce genre d’activité », a-t-il argué.
Si le Sri Lanka a fait preuve de coopération judicaire dans le cadre de ce dossier, précise le journal, la Tunisie et l’Egypte n’ont, elles, pas aidé à l’identification des victimes. Dans la mesure où l’accusé lui-même n’a pas pu évaluer le nombre exact de ses victimes, rien n’exclut qu’elles puissent être, en réalité, bien plus nombreuses. Le juge d’instruction Etienne Lesaux et l’Office central pour la répression des violences aux personnes n’ont pu identifier les victimes que partiellement, précise L’Obs, « l’Egypte et la Tunisie n’ont jamais répondu aux demandes d’entraide judiciaire internationale. Le Sri Lanka, pour sa part, a largement pris part à l’enquête » peut-on lire.
La ministre tunisienne de la Femme, de la famille et de l'enfance, Samira Meraï, a réagi indiquant que son ministère suit de près l’affaire des 41 enfants tunisiens violés par l’humanitaire français, en coordination avec le ministère de l’Intérieur et celui des Affaires sociales. Elle a précisé que des mesures seront prises pour renforcer l’encadrement des enfants sans abris et pour faciliter désormais leur identification, notamment à travers leurs empreintes digitales.
Samira Meraï a souligné que son ministère ne souhaite pas se prononcer actuellement sur l’affaire avant d’avoir « compris ce qui s’est réellement passé » elle a ajouté « qu’une commission suit cette affaire et prépare une logistique pour identifier les victimes et préparer une stratégie globale pour protéger les enfants des rues ».
Le ministère tunisien de la Justice, a précisé, pour sa part, dans un communiqué publié le 23 juin 2016, que la direction générale des affaires pénales a reçu une commission rogatoire internationale de la part des autorités judicaires françaises, émise dans le cadre des poursuites en cours contre Thierry Darantière.
La dite commission rogatoire a été transférée à la partie judiciaire compétente. Par ailleurs le ministère a affirmé qu’il est en train de suivre les étapes de réalisation de cette commission rogatoire internationale en collaboration avec le magistrat de liaison français en Tunisie, afin d’achever les procédures dans les plus brefs délais.
Thierry Darantière a tenté tout au long de son procès d’expliquer ses actes, d’axer les faits, plus sur son orientation sexuelle, que sur l’horreur de ses pratiques et l’âge de ses victimes. Il a affirmé avoir payé, parfois de l’argent parfois de la nourriture ou une coupe de cheveux, à ces enfants qui étaient « consentants ». L’accusé, désormais déclaré coupable, a affirmé : « Ce n'est pas moi qui allait à eux. Ils venaient. J'en étais forcément surpris ». Propos glaçants, quand on sait le nombre d’enfants qui pullulent dans les rues de Tunisie, d’Egypte et d’autres pays frappés par la crise et la pauvreté, et le nombre de prédateurs qui y rôdent.
Thierry Darantière est un pédophile parmi d’autres. Il a violé 66 gosses, dont 41 enfants tunisiens pour être ensuite jugé en France. Pendant toutes ces années où il a sévi, les autorités tunisiennes n’y ont vu que du feu. Dans une Tunisie frappée d’une crise économique sans précédant, les enfants des rues, les enfants issus de familles pauvres constituent une proie idéale et facile pour un tourisme sexuel d’un nouveau genre.
Faire l’autruche quand ce sont des prostitué(e)s qui offrent leurs corps à des touristes en mal d’exotisme est une chose, être intransigeant et protéger des enfants affamés, réduits à être des choses, voila un défi de plus auquel la Tunisie devra désormais faire face.
Myriam Ben Zineb