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UTICA -UGTT : Qui a tort, qui a raison ?
29/09/2015 | 19:59
5 min
UTICA -UGTT : Qui a tort, qui a raison ?

Après la pluie, le beau temps qui précède l’orage. C’est la description que l’on peut donner aux relations entre les deux centrales, syndicale et patronale en Tunisie. L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) déterrent, de nouveau la hache de guerre et se lancent dans une phase où les accusations, les attaques allant jusqu’aux menaces, fusent des deux côtés laissant entrevoir le pire en matière de climat social dans le secteur privé.

 

L’opinion publique a cru que la brouille était terminée entre les deux parties, notamment avec l’annonce par le chef du gouvernement d’un accord sur la paix sociale impliquant, de fait, une trêve jusqu’à fin 2017. Une paix chèrement « achetée », comme l’a signifié le ministre des Affaires sociales, puisque son coût s’élève à pas moins de 1,8 milliard de dinars.

Or, à regarder de près, cette « paix » sociale ne concerne que le secteur public puisque rien n’a été fait, jusque-là, dans celui privé. Pire encore, de ce côté-là, c’est carrément le bras de fer entre les deux parties. Une situation qui semble dans l’impasse et qui peux exploser à tout moment, tellement les positions paraissent, a priori, inconciliables.

En effet, si on se réfère aux déclarations des uns et des autres, on penserait, plutôt, à des « déclarations » de guerre puisque, d’un côté, l’UGTT, par le biais de son secrétaire général adjoint, Belgacem Ayari, menace de recourir à l’escalade et à une grève générale dans le secteur privé.

La réponse de l’UTICA n’a pas tardé en rendant public un communiqué dans lequel elle réaffirme qu’elle ne discute pas sous les menaces et que les déclarations de M. Ayari ne la « terroriseront pas».

 

Le secrétaire général adjoint de l’UGTT, chargé du secteur privé, Belgacem Ayari avait estimé que la réaction de la commission des affaires sociales à l’UTICA est une attaque gratuite contre la centrale syndicale et une tentative visant à marginaliser le droit des travailleurs. Elle servirait, selon lui, à inventer des disputes secondaires visant à envenimer la situation sociale et à altérer le climat dans les entreprises.

 

Dans une déclaration accordée aux médias le lundi 28 septembre 2015, à l’issue de la réunion du groupement du secteur privé qu’il préside au sein de l’UGTT, tenue suite à la suspension des négociations avec l’UTICA, M. Ayari a menacé d’organiser une grève générale dans le secteur privé.

« Il est clair que nous allons bouger, s’il le faut et s’il n’y a pas une réactivité de la part de l’UTICA. Nous sommes prêts à décréter une grève générale dans le secteur privé. Une grève qui sera historique », a-t-il affirmé en substance.

 

Il a atténué, toutefois, ses propos en précisant que l’UGTT demeure attachée à l’ouverture de négociations sérieuses sur les majorations salariales et la révision des aspects financier et réglementaire des conventions sectorielles collectives.

Il a, néanmoins, imputé à l’UTICA et au gouvernement la responsabilité juridique dans la non- publication, au titre de 2014, des annexes de régulation des conventions sectorielles collectives des cafés et des secteurs du gardiennage, du transport de marchandises et d’hydrocarbures, de la distribution en gros de médicaments, des jardins d’enfants et du cinéma.

 

Dans sa réponse, la commission des affaires sociales au sein de l’UTICA a exprimé son mécontentement suite à ces propos qualifiés « d’irresponsables » et visant à « envenimer les rapports entre l’UGTT et l’UTICA » et « semer la discorde entre les deux organisations ».

L’UTICA affirme que le projet, qu’elle avait présenté aux négociations, était sérieux et réaliste. Et d’ajouter qu’elle avait demandé parmi les facteurs à prendre en considération, lors des négociations, de tenir compte du taux d’inflation ainsi que de la croissance et de la productivité.

 

Et à M. Ayari de rétorquer, lors de son passage sur la chaîne d’El Hiwar Ettounsi, que dans aucun pays au monde, l’on n’exige une pareille condition préalable dans une négociation sociale. « Nous ne sommes pas contre la nécessité d’accorder de l’importance au facteur de la production et de la productivité, mais non de l’évoquer lors des négociations sectorielles. D’où notre proposition de poursuivre les négociations des autres points et de reporter ledit point de divergence pour la fin des discussions. Et pour toute réponse, les représentants  de l’UTICA ont quitté les pourparlers », affirme M. Ayari.

 

Le secrétaire général adjoint de l’UGTT a évoqué, l’affaire de la grève des transporteurs, reportée aux 5,6 et 7 octobre 2015 pour prendre le public en témoin quant à la bonne foi des syndicalistes en affirmant que ledit report a été décidé unilatéralement par la partie syndicale puisqu’un seul membre de l’UTICA a assisté à la réunion tenue sur proposition de l’UGTT, et il n’y est resté que pendant trois minutes avant de quitter la séance.

 

M. Ayari, prenant, encore une fois, le public en témoin, a crié haut et fort que tout le monde est prévenu que la grève des transporteurs aura bien lieu du 5 au 7 octobre si les travailleurs du secteur concerné n’obtiennent pas satisfaction de leurs revendications portant sur des accords d’augmentations et d’indemnités pour l’année 2014. « Qu’on ne vienne pas dire, ensuite, que l’UGTT veut faire paralyser la dynamique de la vie quotidienne dans le pays », s’est-il écrié.

 

Ainsi, il semble qu’on revit un remake de l’épisode du milieu de l’année 2015 où les chefs des deux principales organisations étaient allés trop loin dans un bras de fer qui a connu son point culminant un certain 1er Mai 2015 avec des accusations très graves de part et d’autre.

 

Houcine Abbassi avait, alors, critiqué ouvertement la domination des « réseaux de contrebande et l'adoption d'une logique de gain rapide chez certains hommes d'affaires» lors de son intervention durant la cérémonie organisée par les trois présidents à l'occasion de la fête du Travail.

Ce à quoi, Wided Bouchamaoui, présidente de l'UTICA, avait répliqué en appelant à « mettre un terme à la campagne de diabolisation des hommes d'affaires et à la logique des réclamations »

 

S’achemine-t-on vers un point de non-retour entre les deux centrales, syndicale et patronale, surtout après la tendance de personnifier le conflit entre les deux parties ? Ou bien la raison finira t-elle par prévaloir comme il est devenu de coutume en Tunisie ?

29/09/2015 | 19:59
5 min
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Commentaires (12)

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JEAN GABIN
| 30-09-2015 17:39
Ce que je retiens de cet article :

D'un côté on nous dépeint l'UGTT comme des illuminés irresponsables qui menaceraient de mener le pays vers le chaos économique et social. *** qui prennent en otage les outils de travail pour leurs revendications quitte à mettre en péril l'économie nationale.

De l'autre l'UTICA, qui souhaite réduire les acquis sociaux pré et post-révolution, pour ne pas dire les supprimer. Des esclavagistes des temps modernes, qui voient le droit du travail comme une limite à la réalisation de leurs profits. Peu regardants sur la protection sociale, *** bref tout pour plaire.

Mais ce qui est certain c'est que les deux n'agissent pas pour le bien du peuple quoi qu'ils en disent. Les travailleurs ne sont pas des esclaves corvéables à merci et ils doivent avoir une protection sociale. Les patrons ne sont pas tous des voleurs et doivent avoir une garantie quant au rendement de leurs employés et à la pérennité de leurs entreprises.

Je suis pour un partenariat gagnant-gagnant, mais les deux parties ne semblent pas de mon avis.

Observez juste qui roule dans les dernières voitures de luxe depuis 2011, et qui s'est enrichi depuis la révolution...

JEAN GABIN
Consultant en savoir vivre,
Nul besoin de vanter diplômes car références solides
La LOI et l'ORDRE

dinosaure
| 30-09-2015 15:52
Le mariage contre nature a commencé à exploser après l'atteinte du premier objectif, la sortie de la TROIKA du pouvoir, le deuxième objectif est atteint pour l'UTICA après la victoire de BEJI et du NIDAA respectivement des élections présidentielles et législatives de 2014, mais pas pour l'UGTT puisque NIDAA a composé avec NAHDHA, ce qui ne convient pas a une frange de la centrale syndicale, d'où la demande du retour du dialogue national, suite a l'échec de cette même frange a conquérir la rue après la proposition par le président de la loi de la réconciliation, ce que l'UTICA à rejetée, puisque le pouvoir en place lui convient, il est de son coté à partir de cet instant, dame nature a repris le dessus et le mariage a éclaté.

watani
| 30-09-2015 15:01
Certains responsables de l'UGTT extrémistes et haineux ne veulent pas du bien pour la Tunisie sèment le désordre dans le pays en incitant les ouvriers à la grève en raison de l'absence de l'augmentation des salaires. Ces gens là ne savent pas que le pays ne supporte plus ces dépassements ? Ok, pour l'augmentation salariale mais avec des négociations mais pas de menaces. On ne souhaite pas arriver à des situations d'impasse ou de dispute entre les 2 clans. On ne veut pas arriver à une situation où l'ouvrier ne trouve plus de travail si l'entreprise ferme ou si elle coule. Dans des conditions pareilles, est-ce que l'UGTT est capable d'assurer le salaire de l'ouvrier en cas de faillite de l'entreprise ? Sachant que toute augmentation salariale est liée à la productivité de l'ouvrier, si non ça n'a pas de sens, c'est comme quelqu'un qui prend un congé de maladie et qui réclame à son administration ou à son patron la prime de rendement. C'est honteux alors qu'il n'a fourni aucun rendement uyisqu'il est en congé de maladie.

Jilani
| 30-09-2015 13:54
Tout le monde reconnaît qu'il y a une baisse de prix dans le quotidien du tunisien. Pourquoi donc aller dans des augmentations salariales qui risquent encore de mettre l'économie à genoux. Il faut lutter maintenant contre la contrebande, améliorer la situation des agriculteurs, améliorer les recettes de l'état par une fiscalité équitable. C'est ça l'essentiel. Courir vers des augmentations salariales sans amélioration dans la productivité et la qualité est une fuite en avant vers le déficit.

omysaj
| 30-09-2015 12:17
mais faut-t-il le faire un peu plus vite, comme ça nous nous réveillons plus rapidement

Najib
| 30-09-2015 12:03
L'UGTT est dirigée par des individus qui n'ont pas de rapport directe avec les facteurs de production . Ils ne sont ni employeurs ni employés ni investisseurs . Il regardent l'activité économique de l'extérieur , sans même comprendre ses rouages , vivant sur le dos des employés ( cotisations des adhérents à l'UGTT ), sous prétexte qu'ils défendent leurs intérêt .
Donc ces responsables n'ont rien à perdre quelque soit la situation . Ils sont plus gagnant quand il y a des augmentations de salaires car les cotisations augmentent et les caisses de l'UGTT se renflouent mieux.
Quant à l'UTICA , ses dirigeants, et à leur tête Mme Bouchamaoui , sont des actifs qui font partie de la chaine de production , en tant que patrons ,chefs d'entreprises, investisseurs, employés ou employeurs . Ils connaissent parfaitement les rouages économiques . Et en tant que partie prenante ,ils ne cherchent que l'évolution et le progrès du domaine , à leur profit et au profit des autres parties ( employés et Etat ).
En faisant cette comparaison on peut facilement dire qui doit avoir raison .

patron et citoyen
| 30-09-2015 11:31
Chaque organisation critique l'autre pour beaucoup de choses vraies et quelques-une fausses.Ce qu'il faut pour les deux,c'est un processus de réforme mené de l'intérieur,une auto-évaluation sincère et s'il le faut(et c'est ce que je crois),des hommes et des femmes nouveaux.

Aymen
| 30-09-2015 10:13
Commentaire de forme et non pas de fond:
BN vous n'êtes pas gentilles.Il y a qd mm de meilleurs photos ou on vois les deux sous des meilleurs profils.

Tunisien
| 30-09-2015 09:35
Comment peut-on parler de dialogue lorsque le pseudo syndicat du nom d "UGTT" déploie ses biceps de goujat et de bandit de grand chemin.
Avec une telle attitude et un tel langage on se croirait sur un ring de box dans un cartier déshérité où la loi animale prévaux.Ils cherchent à tromper le public en le prenant à témoin... Que c'est simple. Bien entendu d'esprit...
J'espère que cette organisation comporte des gens plus sereins et plus sages que les énergumènes à qui les médiats accordent plus d'importance qu'ils n'en méritent.

Anti greve.
| 30-09-2015 09:26
Et si on mettrait ZABA a la tête de L'UTICA que va t'il faire Mr Ayari ?HHHHH.