alexametrics
jeudi 28 mars 2024
Heure de Tunis : 16:55
Chroniques
Une opposition sans proposition n'est qu'un mouvement d'humeur
25/02/2015 | 15:59
4 min

 

La démocratie tunisienne naissante restera boiteuse en l’absence d’une opposition cohérente et offrant une alternative au pouvoir en place. Cette démocratie, dite « consensuelle », instaurée par Ennahdha et Nidaa Tounes, avec la complicité d’autres petits partis, ne présageait, déjà, rien de bon pour la construction démocratique en Tunisie. L’absence d’une opposition crédible prive cette démocratie naissante de l’un des impératifs d’une construction viable.

 

Que ceux qui sont au pouvoir croient détenir la vérité et qu’ils ressortent des slogans comme « laissez le gouvernement travailler » est compréhensible. Ce qui l’est moins c’est cette incapacité de l’opposition à en être une, déjà. On a longtemps critiqué l’opposition, depuis les élections de 2011. Mais toutes ces critiques sont restées lettre morte puisque les opposants ont continué à surfer sur leur héritage de lutte contre la dictature. Ils ont continué à se parer de « révolutionnisme » avec un discours creux et stérile. Ce sont eux qui, par leur incompétence, ont ouvert grandes les portes du retour des représentants de l’ancien régime et ont favorisé l’accession de Béji Caïd Essebsi au pouvoir. Aujourd’hui encore, ils se débattent dans leurs querelles de gamins sous les yeux d’un peuple qui en a marre.
Aujourd’hui, quatre partis de droite sont au pouvoir. Inutile ici de revenir sur tous les arrangements qui ont donné naissance à ce gouvernement. En face, la gauche tunisienne est en pleine traversée du désert. On était pourtant prêts à y croire en voyant les résultats du Front populaire et de Hamma Hammami, mais le second souffle a fait défaut. Le discours est tellement vide que la majorité des opposants nous renvoient à leurs combats héroïques contre la dictature de Ben Ali. Les propositions et les programmes ont vite fait d’être rangés dans les tiroirs pour faire place aux calculs politiciens de bas étage. La critique constructive de l’action gouvernementale est mise en berne pour l’instant, le temps de s’assurer la présidence de telle ou telle commission.

 

L’opposition en Tunisie est beaucoup trop occupée aujourd’hui à se tirer dans les pattes pour une présidence de commission ou pour une déclaration médiatique. Ils n’ont toujours pas compris que leur attitude est honnie par les Tunisiens qui ne voient en eux que de grands enfants parachutés à des postes de responsabilité qu’ils ne méritent pas. Pourtant, ça ne les empêche pas de monter sur leurs grands chevaux et de prononcer des discours enflammés à propos de tel ou tel sujet. Ils ne comprennent pas qu’ils sont à l’origine de la décrépitude et de l’hécatombe de la gauche tunisienne.

 

Au-delà des aspects techniques et juridiques des luttes au sein de l’ARP, les politiciens qui se disent « opposants » offrent un spectacle affligeant à l’opinion publique. Ils ne font que creuser encore plus le fossé qui les sépare des Tunisiens. Pour s’en convaincre, il faut revoir l’échange entre Mongi Rahoui et Iyed Dahmani sur le plateau de Nessma le 23 février passé. A la fin, ils en étaient réduits à s’accuser mutuellement de n’avoir rien fait contre la dictature de Ben Ali…
Ce triste spectacle fait dire à certains que Ben Ali aurait dû laisser ses opposants s’exprimer. S’il les avait laissés s’adresser au peuple, les Tunisiens auraient vite compris qu’il n’y avait rien à espérer de ces gens-là. Ils en ont donné la preuve plus tard, dans les travaux de l’Assemblée nationale constituante. En réalité, il n’existe pas de réelle différence entre l’opposition d’aujourd’hui et celle de Ben Ali. Certains visages ont changé, mais les discours demeurent les mêmes et la volonté de se concilier avec le pouvoir en place prime sur la force de proposition. « Une opposition sans proposition n’est qu’un mouvement d’humeur », disait l’écrivain français Robert Sabatier. Les seules propositions qui en émanent jusqu’à ce jour ne font que servir les intérêts de ceux qui les prononcent.

 

Pendant ce temps là, les déçus de la gauche tunisienne n’ont plus de refuge. Ils n’ont plus de représentation et presque plus d’espoir. Les Don Quichotte de la politique tunisienne sont hors du temps, hors des impératifs de la période. En somme, en Tunisie, nous avons un gouvernement qui gesticule en faisant des « visites inopinées », une présidence sclérosée et absente, une assemblée paralysée et enfin, une opposition déconfite sans idées et sans projet. Il ne fait pas bon être concerné par la chose publique en Tunisie.

 

Le modèle tunisien, tant vanté par nos politiciens, dans l’état actuel des choses, n’est pas une réussite. Nous avons dépassé le stade où la réussite consistait à éviter le bain de sang. Aujourd’hui, d’autres défis se posent à la Tunisie et il en va de la responsabilité de chacun. Mais nos chers politiciens ont toujours eu du retard sur les réalités et ce n’est pas en train de changer. Alors, on continuera à jeter de la poudre aux yeux et à vanter la réussite d’un « modèle » dans lequel le chômage est endémique, la sécurité inexistante, la précarité galopante. Oui, il faut être politicien tunisien pour oser parler de « modèle ».

25/02/2015 | 15:59
4 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous
Commentaires (9) Commenter
Rien de plus banal !!
Stouko
| 04-03-2015 05:34
Comme à l' accoutumée, des invités de l'opposition étaient assis autour d'une table ronde, sur un plateau d' Al Watania 1. Ils parlaient de la dictature de Ben Ali:
- les zones d'ombre, dit qqu'un, c'était la misère !
- aujourd'hui, c'est la m... répliqua, audacieusement, l'animateur.
- attendez SVP, coupa l'interlocuteur, laissez moi poursuivre.
Et il continue :
- vous savez, dit-il, ces gens là n'avaient même pas de quoi manger. Une fois, nous sommes allés les voir sur place. RRRIEN, à part qques plantations de cactus. Les misérables habitants étaient très contents de nous voir, à tel point qu'ils nous ont offert tout ! Tout ce qu'ils possèdent : des figues de barbarie ! Nous avons tous mangé, trop même ! Imaginez qu'en rentrant, Hammami a eu un fécalum !

- les pauvres, soupira l'animateur.


C'est ainsi que ça se passe. Vous zappez et vous tombez sur qqu'un qui crie à tue-tête, en gesticulant avec ses 4 membres, yeux exorbités et veines jugulaires prêtes à éclater.

Une fois, un invité qui se dit de l'opposition, avait apporté avec lui une boite de jus de fruits, une boite métallique. Et paf ! Il décapote et garde le couvercle ente le pouce et l'index, car il était absorbé par un débat qui commence à chauffer de plus belle. À peine une minute passée et il lança le couvercle. Il a failli trancher l'oreille à Med Abbou qui le traitait de tous les noms pour avoir dénigré Marzouki !

Daïmi était de la "fête". Il profita d'un moment de distraction de l'invité indésirable et lui arracha la boite. Il goba d'un trait le reste du jus et la lui écrasa sur le crâne. Un vrai scandale.
Un accident banal
Stouko
| 04-03-2015 03:15
L'opposition ! Mais quelle opposition !
L'autre fois, sur le plateau Nessma TV, un mec était venu pour témoigner de la faiblesse de ladite opposition. L'animatrice était sur le point de lui poser la première question, quand le bruit d'une sirène retentit hors du studio.
Elle fit semblant de ne rien entendre et lève la tête en direction de l'invite.
Surprise. Il n'était plus là !!

Mongi Rahoui, avec la complicité de Iyed Dahmani, viennent de le défenestrer au moment où l'animatrice, tête baissée, lisait la question.
- surtout ne dis rien, avait lancé furtivement Iyed à Rahoui.

Le lendemain, les journaux parlaient d'un suicide !!
Les magnifiques tours d'horizon de Marouen !!
Stouko
| 03-03-2015 23:36
Toujours sur le qui-vive et à l'affut du "most recent", Mr Achouri reste égal à lui-même.
Cette chronique qui parait "dépassée", pour certains, renferme dans ses "entrailles" une vérité irréfutable: l'erreur de Ben Ali, c'est de ne pas avoir permis à cette pseudo-opposition d'apparaitre sur les plateaux comme elle le fait aujourd'hui !! Moi je dis : bien vu !! Car s'il l'avait fait, certains "imprudents" qui, aujourd'hui, regrettent de l'avoir dégagé, auraient probablement réfléchi avant de se jeter dans les bras de cette opposition qui est passée maitresse dans l'art de labourer dans la mer et de pisser dans le sable... juste après.

Labourer dans la mer ! J'aime ! Surtout quand ça rapporte... des fruits de mer.

Inconscistance et superficialité
Bechir Toukabri
| 28-02-2015 22:44
Cet article ne dévoile aucune analyse sérieuse. C'est juste la description de la déconfiture de l'opposition qui n'apu queregroupertous les mécontents dedreoite ou de gauche. Et non déplaise auxanti communistes/socialistes primaire, la seule explication valable passe par le filtre de l'appartenance declasse. Lamajorité de nos opposants politiques et intellectuels appartiennent à la petite bourgeoisie ou à la classemoyenne. Deplusles partis "cartonnés" de gauche n'ont aucuneassise sociale en dehors de la capitale. Même au niveau des idées ils sont restés fixés auxnotions d'Etat, de justice sociales. Pourtant aprèsp plus de 80ans de la revolution russe, l'idéologie marxiste-léniniste en theorieet dans la pratique à beaucoup évolué. Il suffisait de lire Samir Amine et de voir l'escension rapide des pays émergents comme la chine devenue 2ième puissance mondiale, de l'Inde, du Brezil, du Venezuela....etc.
Militantisme et journalisme
Ahmed Ramy
| 26-02-2015 16:23
AUcune analyse profonde ni consistante. Rien que des propos de quelqu'un de dépité par l'échec de la gauche comme s'il y avait encore une gauche dans les démocraties. En France, Hollande ou Sarkozy, c'est du pareil au kif. J'espère que vous ne croyez pas les laudateurs qui vous collent le titre de celui du "meilleur".
Il faut faire la part des choses entre journalisme et militantisme, deux concepts que vous semblez ignorer. Vous donnez libre cours à une cabale contre la droite et le libéralisme. Les intellectuels de gauche d'aujourd'hui mènent la belle vie en se la coulant douce tout en faisant le militantisme de salons.
Chapeau, Marouen !
Jalila
| 26-02-2015 07:54
Je pense qu'il faut encourager les belles analyses et les belles plumes, quand on les trouve. C'est le cas de Marouen Achouri que je trouve être le meilleur, à Business news. Continuez et faites mieux, vous êtes jeune. Ceci dit, Inès Oueslati n'est pas mal du tout !
La vielle femme est emportée par l'eau d'innondation et elle dit ...
dadilesage
| 26-02-2015 06:10
I think that may be I have finally come to the point that the most optimistic diagnosis would find that it will take Tunisia ten to twenty ears just to return to the level of the last year of Ben Ali's dictatorial reign,2010, and that is a very sad commentary on who we are as a people.
Gauche et politique
Farabi
| 25-02-2015 23:49
J' ai voulu ecouter la gauche que je croyais debarrasse du carcan de la lutte des classes et de ses theories aujourdhui ,obsoletes .Et bien je doit dire que je suis terriblement déçu.Je retrouve du Melenchon mauvaise version : de l'Obstruction ,de la demagogie mais surtout aucune idee constructive et realiste pour notre Tunisie,et comme a dit un jour un celebre politique : si on n'a pas ete communiste a 20 ans c'est qu' on a pas de coeur mais si on le reste a 40 c' est qu' on pas de tete.Affligeant!!!!!!!
Opposition forte ou opposition déstabilisatrice ?
Sana
| 25-02-2015 16:44
Je suis étonné par l'acharnement d'une frange d'intellectuels tunisiens qui réclame à cors et à cris une opposition "forte" Qu'appelle t on une opposition forte ? Est ce une opposition qui doit s'opposer au gouvernement pour le faire capoter ? Sinon quel rôle doit jouer cette opposition "forte"? Alors que la faillite économique pointe à l'horizon...Cette frange d'intellectuels (que je ne veux pas situer sur l'échiquier politique)place t elle l'intérêt du pays avant l'intérêt politique de son idéologie et de sa tendance politique ? That is the question...